La littérature du Droit des gens s'est enrichie, l'an dernier, d'un nouvel ouvrage dû à la plume du docteur G. Lueder, professeur de droit à l'université d'Erlangen. On connaît l'origine de ce travail. A l'occasion de l'exposition de Vienne en 1873, S. M. l'Impératrice d'Allemagne, un des plus fermes soutiens de l'œuvre de la Croix rouge, avait institué un prix de 2,000 thalers, a décerner à la meilleure étude sur la Convention de Genève. Le mémoire du docteur Lueder, soumis inachevé a l'appréciation du Jury international, fut néanmoins jugé supérieur aux autres écrits envoyés. Eventuellemeut désigné pour etre couronne, il fut rendu à son auteur qui le compléta à l'entière satisfaction des juges. Le jury, par une décision unanime, lui décerna alors la récompense offerte par l'Impératrice.

Dans deux gros volumes qui viennent de paraître à la librairie militaire de J. Dumaine, à Paris, M. le comte de Riencourt a entrepris une étude remarquablement approfondie de la situation des militaires blessés et invalides en France et à l'étranger, mais surtout en France.

Le 16me rapport annuel du Comité de la Société badoise des dames constate une grande activité de cette société pendant l'année 1875. Il y a eu deux assemblées générales et une correspondance très-suivie entre le Comité et les diverses sections; de nouvelles sections ont été fondées à Baden et à Mosbach. De nombreuses relations ont été entretenues ou entreprises avec plusieurs sociétés allemandes. Le Comité s'est fait représenter dans des assemblées tenues par ces sociétés, et particulièrement à Berlin où paraît depuis un an l'organe des sociétés allemandes de dames: Der Deutsche Frauenverband, rédigé par M. Bojanowski, et que recommande l'auteur du Rapport.

Le rapport présenté le 7 avril dernier sur l'exercice de 1875 est surtout financier; les détails purement administratifs qu'il renferme ne sont par conséquent pas d'un intérêt général. L'énumération des dépenses annuelles nous indique cependant ce qui fait, en temps de paix, l'objet de l'activité de cette section de la Société française de secours aux blessés des armées de terre et de mer.

Le Comité central belge a adressé à tous les Comités centraux des autres pays la circulaire suivante:

Bruxelles, le 22 mai 1876.

Messieurs,

Par notre lettre du 25 février dernier, nous avons eu l'honneur de vous inviter à prendre part à la Conférence qui aura lieu à Bruxelles au mois de septembre prochain.

Le Comité central belge a adressé à tous les comités centraux des autres pays, la circulaire suivante:

Ainsi que nous avons eu l'honneur de vous en informer l'année dernière, un Congrès d'hygiène et de sauvetage doit se réunir à Bruxelles, dans le courant du mois de septembre prochain.

A la suite des récits lamentables parvenus en Angleterre, au sujet des souffrances endurées par les malades et les blessés du conflit turco-serbe, souffrances aggravées non-seulement par l'absence de chirurgiens, mais encore par celle des soins les plus ordinaires, les membres directeurs de l'Ordre anglais de Saint-Jean pensèrent que des mesures immédiates devaient être prises, en vue de besoins si urgents et si dignes de pitié.

Le titre que nous mettons en tête de cet article est celui d'un mémoire de M. J.-E. Pétrequin, qui vient de paraître dans le tome XV, (1870–1874), des Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon. Classe des lettres. On devine que cette étude n'a pas une tendance pratique, mais c'est une œuvre d'érudition qui ne manque pas d'intérêt, et dont il ne sera pas déplacé de parler dans ce recueil. C'est, en effet, un travail inspiré par le rôle qu'a rempli la Croix rouge dans la guerre franco-allemande, et une page d'histoire qui se rattache directement à l'objet de cette institution. Les amis de notre œuvre ne sauraient d'ailleurs être indifférents au spectacle de la science lui apportant à l'envi le tribut de toutes les connaissances humaines; M. Pétrequin a mis pour elle à contribution les poètes grecs et latins, et nous dirons en peu de mots, ce qu'il y a trouvé.

Le Congrès d'hygiène et de sauvetage, dont parle la circulaire ci-dessus du Comité belge de la Croix rouge, doit avoir lieu à Bruxelles du 27 septembre au 4 octobre prochains. Il se subdivisera en trois sections: hygiène, sauvetage, économie sociale. C'est naturellement dans la 2me section, celle du sauvetage, que seront traitées les questions qui se rapportent aux secours en temps de guerre; elles occupent même la plus grande place dans le programme de cette section, qui comprend en outre des délibérations sur: a) les moyens préventifs, les secours et le sauvetage en cas d'incendie; b) les appareils et engins servant sur l'eau et dans l'eau pour diminuer les dangers, prévenir les accidents et porter secours; c) les appareils pour prévenir les accidents résultant de la circulation sur les routes, les tramways et les chemins de fer; d) l'outillage de secours pour les accidents qui surviennent dans les mines, les carrières et les ateliers.

Ce manuel, destiné à l'instruction des infirmiers militaires, pourra être utilisé avec fruit par tous les volontaires qui, en temps de guerre, se vouent au soulagement des blessés. Il se distingue par une grande clarté dans l'exposition et le soin avec lequel il évite les termes trop techniques. Le premier chapitre est consacré à une esquisse succincte et populaire de l'anatomie du corps humain. Le second chapitre expose les bandages les plus importants, le troisième les pansements, le quatrième les premiers soins à donner aux blessés sur les champs de bataille; les chapitres suivants sont consacrés aux divers modes de transport des blessés. Enfin, dans un appendice, l'auteur décrit en détail l'équípement des infirmiers anglais en campagne. Ce petit livre est accompagné de figures dans le texte, qui facilitent la compréhension des appareils et des procédés décrits.

Selon l'art. 1er de ses statuts, la Société néerlandaise a pour but de se préparer en temps de paix, exclusivement à la tâche d'adoucir le sort du militaire blessé et malade et d'y être toujours prête.

Elle tâche d'atteindre ce but en formant de bons infirmiers et en se pourvoyant du matériel nécessaire.

Les derniers numéros que nous avons reçus du journal de la Société espagnole, nous ont donné sur ses travaux des renseignements dont voici les principaux:

La Commission permanente de l'Assemblée de la Croix rouge à Madrid a été convoquée en séance extraordinaire, le 20 septembre dernier, pour s'occuper d'un article injurieux intitulé: La Croix rouge devant la guerre civile, publié dans la Correspondance médicale. La Commission, indignée des calomnies contenues dans cet article, décida d'exiger de l'auteur une rétractation complète, et en cas de refus, de le faire traduire devant les tribunaux.

La première des batailles livrées dans la seconde moitié de notre siècle qui ait épouvanté, par le nombre des victimes, fut celle Solferino. De part et d'autre, douze mille cadavres jonchèrent une étendue de quinze kilomètres; le chiffre des blessés s'éleva à près de vingt mille.

Un journal americain, The New-York Evening Mail, nous apportait au mois d'octobre dernier, un article consacré à l'une des héroïnes de l'œuvre de la Croix rouge pendant la guerre de sécession, et plus tard en Europe, pendant la guerre franco-allemande.

Au mois d'avril dernier, la Croix rouge a fait une grande perte par la mort du président de la Société espagnole, M. le comte de Ripalda, décédé dans sa terre d'Alfatar, près Valence. Après avoir participé en 1863 au Congrès de statistique de Berlin, où pour la première fois il fut question de créer des Sociétés de secours en faveur des militaires blessés, il s'en déclara d'emblée un chaud partisan et fut, avec le Dr Landa qui la même année avait représenté l'Espagne à la Conférence de Genève, un des principaux fondateurs de la Croix rouge en Espagne. En 1865 il assista à Berne au Congrès international des sciences sociales, attiré par un programme dans lequel se trouvait la question de l'activité des Sociétés de secours en temps de paix. Nous le retrouvons à la Conférence internationale de ces sociétés a Paris en 1867, où sa présence témoignait de son intérêt soutenu pour une œuvre dont il s'était fait le champion dans son pays.

Les renseignements qui suivent sont extraits d'une lettre adressée au Comité international par M. le colonel van Tuyll, en date de La Haye, 13 janvier 1876:

«En 1860 déjà, lors de l'exposition à La Haye, on avait pu se faire une idée de l'organisation de la Société néerlandaise et du matériel considérable que possède notre société. En 1870, quand éclata la guerre, l'ambulance volante de La Haye fut la première à offrir ses secours.

La Société monténégrine de la Croix rouge a vaillamment fait son devoir cet été pendant la guerre; mais, avec des ressources extrêmement restreintes, elle n'a pu faire face que très imparfaitement à tous les besoins. L'appel qu'elle avait adressé, au début des hostilités, à tous les comités centraux, est demeuré à peu près infructueux. A l'exception d'un don nécessairement très-modeste du Comité international, d'une somme de cinq mille francs envoyée par le Comité de Berlin, el d'un peu de matériel offert, par le Comité de Padoue, les Monténégrins n'ont guere été assistés que par la Société russe de la Croix rouge. Bien que de ce côté ils aient reçu des secours abondants, ils ont senti cruellement l'absence d'autres ambulances étrangères, et ils ont probablement vu avec un certain regret le grand courant de la charité passer à côté de chez eux sans s'y arrêter, pour se porter en Serbie. Ils se louent beaucoup des Russes; leurs médecins et leurs diaconesses, disent-ils, sont admirables de zèle et de dévouement, mais, par ordre de leurs supérieurs, ils se sont tenus généralement trop loin du théâtre de l'action, ce qui s'explique fort naturellement, il faut en convenir, par la conduite barbare des Turcs qui ne respectaient pas la Croix rouge.

Nous extrayons les renseignements suivants du compte rendu présenté par S. A. R. le due de Nemours dans l'assemblée générale des membres fondateurs, tenue à Paris le 3 mars 1876.

Dans le cours de ses nombreuses séances, le Comité a examiné près de 1400 demandes de secours; il a accordé 1257 secours représentant une somme de 80,874 francs, soit, pour l'intérieur: 1051 secours à des militaires infirmes, et 205 à des veuves on ascendants; plus nn don de 5000 fr. à l'œuvre dite des Orphelins des deux siéges, avec affectation spéciale pour les enfants des morts de l'armée régulière. Si les distributions de 1875 sont inférieures à celles des années précédentes, cela ne tient malheureusement pas à une diminution correspondante dans le nombre des misères à soulager; cela tient, dit le rapport, aux imperfections que présente encore le fonctionnement de l'œuvre en province. C'est la un point faible qui sera étudié. En attendant, le budget des secours a été fixé pour 1876 à 90,000 fr. an lieu de 100,000 francs, somme jusqu'ici affectée aux blessés, quitte à ce que le Comité puisse prélever sur la réserve tel crédit supplémentaire que les circonstances exigeraient.

Après quatre années de sang et de douleurs pour ses enfants, d'angoisses et de larmes pour les mères, d'horreur et de deuil pour la patrie, l'Espagne voit luire, enfin, le jour heureux de la paix.

La seconde partie de la brochure du docteur Schmidt a pour titre: Le Droit des gens et la Convention de Genève du 22 août 1864. En tête de cette seconde partie, l'auteur a réuni un certain nombre de textes du droit des gens, relatifs au sens des mots ennemi et neutre, à la manière de traiter les blessés et malades de l'ennemi, aux hôpitaux, au personnel sanitaire, etc.; enfin quelques préceptes sur la conduite de la guerre; Grotius, Vattel, Martens, Klüber. Wheaton, Durat-Lasalle, Heffter, Bluntschli sont tour à tour mis à contribution, et viennent affirmer leurs thèses en quelques lignes concises et absolues.