Cette description se fonde sur des observations faites en plusieurs points du Territoire français des Afars et des Issas (Goda, Mabla, ‘Àlta, Gamàrri notamment), de 1973 à 1975, et sur le témoignage d'informateurs originaires, pour certains, de l'Àwsa. Ceux-ci nous ont permis d'acquérir la certitude qu'un même dialecte était parlé dans la zone comprise entre le delta lacustre de l'Awash (Kalo) et le golfe de Tadjoura. Il semble aussi que l'afar méridional s'étende en amont même de Ba'àdu et jusqu'au piémont éthiopien, (Dòk'a, Dawwe et Awra); d'autre part, il est attesté au nord, à Baylūl, mouillage au delà duquel commence l'afar septentrional. Si nous n'avons pu encore enquêter personnellement dans ces régions, la classification proposée par Mahafly nous paraît toutefois approximative. Il est hasardeux d'isoler l'Awsa des régions côtières. De nombreux faits historiques (comme en témoignent les traditions orales) et sociologiques fournissent la preuve du contraire. Les tribus ‘asayammàra établies au nord et à l'ouest du Territoire français atteignent le Kalo au cours de leurs migrations saisonnières. Les Debne de la plaine du Gōba'ad, en transhumant par Anḍaḍkàlu au sud du lac Abḥe, touchent le pays gal'êla qui, au début de ce siècle, s'étendait à la majeure partie du Gōba'ad. De plus, les famines, les affaires de sang ont souvent été jusqu'à un passé récent à l'origine de l'exode de tout ou partie d'un groupe tribal. Les guerres pour la conquête de la vallée de l'Awash ont également opéré des bouleversements démographiques importants. Le déplacement vers l'ouest des Mōdayto ou des Badoyta-m mēla en est une illustration. On pourrait aussi mentionner les relations commerciales, occasions d'une dissémination de plusieurs tribus spécialisées dans les opérations de transit, tels les Ḥasōba que l'on retrouve tout au long d'une piste caravanière allant de Bāte à Ambabbo, près de Tadjoura.