Même si la plupart des manuels de science politique parlent du déclin des chambres hautes à notre époque, elles n'en continuent pas moins à poser un problème « classique » et «crucial». Ce sont les deux épithètes qu'emploie Georges Burdeau dans son volumineux et inégal Traité de science politique en précisant qu’ « il n'est guère de problèmes d'organisation constitutionnelle qui n'aient donné lieu, dans les milieux politiques, à des discussions plus âpres, et dans la doctrine, à une littérature plus abondante que celui de savoir si l'organe législatif doit être constitué par une assemblée unique ou par deux chambres». Dès l'antiquité, sous forme de ce qu'on appelait alors le régime mixte-la combinaison de la royauté, l'aristocratie, et la démocratie-le problème a passionné les esprits et Platon en a esquissé la théorie dans Les Lois. Aristote a précisé les idées de son maître dans sa Politique et a inspiré au Moyen Age Thomas d'Aquin qui, dans son régime politique idéal, veut combiner royauté, aristocratie, et démocratie. On ne possédait tout de même pas une idée très précise de la chambre haute qui ne s'incarna vraiment qu'avec la naissance et le développement de la Chambre des Lords en Angleterre. Mais ce n'est évidemment qu'avec l'avènement des idées démocratiques au dix-huitième siècle et surtout leur mise en pratique au dix-neuvième que se posa vraiment la question de la dualité des chambres. Après un débat fameux, en septembre, 1789, la Révolution française fut d'abord favorable à une assemblée unique mais dans la constitution de l'an III, le bicaméralisme triompha comme il devait triompher dans la plupart des constitutions pour servir de frein aux assemblées populaires. Il fut cependant, en 1830, l'objet d'une brillante attaque de la part de Jeremy Bentham dans sa lettre «to his fellow citizens of France on Houses of Peers and Senates».