Orient-Occident, la fracture imaginaire, George Corm, Paris : La Découverte, Paris, 2005, 208 pages.

S'interrogeant sur l'origine de la fracture entre l'Orient et l'Occident, George Corm en vient, dans cet ouvrage, à porter un regard critique particulièrement incisif sur l'image que l'Occident se fait de lui-même. Comme l'annonce le titre, l'auteur établit rapidement le constat d'une fracture imaginaire entre ces deux mondes, fracture résultant d'une mise en scène identitaire à l'Ouest. C'est donc afin de mieux comprendre non-seulement le sens de cette fracture, mais aussi qui nous sommes, qu'il s'emploiera, dans cet essai, à déconstruire certaines idées préconçues et à briser les grands dogmes qui ont conduit à ce malentendu conceptuel.

Islam and Politics, Beverly Milton-Edwards, Cambridge: Polity Press, 2004, pp. vii, 217.

The Search for Arab Democracy: Discourses and Counter-Discourses, Larbi Sadiki, New York: Columbia University Press, 2004, pp. vii, 409

These two books approach Middle Eastern Arab and Islamic politics from a post-modern perspective informed by new European and American scholarship on democracy and gender. Both authors tackle a range of issues that should have been treated as discrete topics. Beverly Milton-Edwards and Larbi Sadiki, the two authors, are trying to define Islam and politics not only in terms of the world after 9/11, but also in terms of the recurring and yet-to-be-solved issue of the role of Islam in the modern world and its relationship to politics.

Telepopulism: Media and Politics in Israel, Yoram Peri, Stanford: Stanford University Press, 2004, pp. 376.

This is an ambitious work that does not achieve all that it sets out to do but is nevertheless stimulating and provocative. Peri tries to combine a general summary of the literature on media and politics in a rapidly changing technological environment with an application to the Israeli political system and a detailed analysis of how the government of Prime Minister Binyamin Netanyahu (1996–1999) fits into the picture. It appears that Peri's views on his general subject have been greatly affected by his observations during the Netanyahu years. Indeed he sees that prime minister as the quintessential practitioner of media-centred politics on the Israeli scene.

Building Democracy in Contemporary Russia: Western Support for Grassroots Organizations, Sarah L. Henderson, Ithaca: Cornell University Press, 2003, pp. xii, 229.

In this well-researched and provocative book, Sarah Henderson asks to what extent Western aid can facilitate the emergence of civil society in countries where civil society is domestically weak. Through an in-depth study of Western aid to Russian women's organizations, she argues that foreign assistance has dramatically affected NGO development in Russia, but not always in expected or positive ways. On the one hand, she finds that external funding “made a tremendous difference in improving and increasing the short-term financial viability, organizational capacity, and networking skills among recipient groups” (9). On the other, she argues that foreign aid contributed to at least four pathological developments within the NGO community. First, funded groups tended to copy the aid agencies' top-heavy and bureaucratic organizational structures. Second, funded groups lacked grassroots constituencies because they shifted their policy agendas to reflect aid agencies' preferences rather than objective domestic needs. Third, foreign aid encouraged the development of a “civic elite” among the domestic NGO community, exacerbating the differences between those groups that received funding and those that did not. Finally, the competition for foreign aid dollars encouraged uncooperative behaviour among funded Russian NGOs rather than bridge building and information sharing. She argues that these problematic unintended consequences were the result of avoidable mistakes in the foreign aid process, and states bluntly that “NGO development is not synonymous with civil society development, and the development of one does not necessarily imply the advancement of the other” (11).

Et si nous dansions ? Pour une politique du bien commun au Canada, Charles Blattberg, Montréal : Les Presses de l'Université de Montréal, 2004, 213 pages.

Notre pays est-il voué à l'éclatement ? Est-il possible de songer à la re-fondation du Canada autour de valeurs qui emporteraient l'adhésion de toutes les citoyennes et tous les citoyens ? Voilà les questions auxquelles Charles Blattberg tente de répondre dans son livre Et si nous dansions ? Contrairement à l'analyse d'autres auteurs, il croit qu'il est possible de définir un bien commun, à condition que celui-ci soit constitué de ce que Blattberg appelle des “ règles expressives ”, c'est-à-dire des principes qui sont l'expression de ce que nous sommes individuellement et collectivement.

Heidegger. L'introduction du nazisme dans la philosophie. Autour des séminaires inédits de 1933–1935, Emmanuel Faye, Paris, Albin Michel, 2005, 567 pages.

Pour un lecteur de Heidegger, l'ouvrage d'Emmanuel Faye est assez pénible. En faire une critique est périlleux car, en défendant la possibilité de lire Heidegger, on risque d'être catégorisé comme penseur nazi (rien de moins), fût-ce à son insu, et, en acceptant la démonstration de Faye, on s'interdit l'accès à une pensée qui a eu une influence décisive sur la philosophie contemporaine.

Le gouvernement du monde. Une critique politique de la globalisation, Jean François Bayart, Paris : Fayard, 2004, 448 pages.

La mondialisation constitue-t-elle une nouvelle ontologie dans le domaine des relations internationales? C'est la question principale qu'essaie d'aborder cet ouvrage de Jean François Bayart. Selon l'auteur en effet, la globalisation demande à être saisie dans son historicité, c'est-à-dire, dans sa banalité. Parce qu'elle est une configuration historique, la globalisation est singulière. Elle est un régime spécifique de pouvoir et d'accumulation et, en tant que telle, elle appelle un traitement ordinaire.

L'empire blessé : Washington à l'épreuve de l'asymétrie, Barthélemy Courmont, Québec : Presses de l'Université du Québec, 2005, 271 pages.

Dans son livre récent, Barthélémy Courmont soutient que l'empire américain fait face à une multiplication d'adversaires asymétriques depuis quelques années. À l'époque d'autres empires, on les appelait les “ barbares ”; aujourd'hui, c'est une multitude de groupes qui sont considérés comme menaçants ou terroristes. Les réponses politiques américaines ne sont plus adéquates pour faire face à de tels adversaires, dont la variété rend inopérante toute solution uniforme. Si l'empire américain veut éviter de suivre dans leur chute tous les autres empires qui l'ont précédé dans l'histoire, ses décideurs devront développer des solutions adaptées aux nouveaux opposants et aux menaces que ces derniers suscitent. Sinon, les coups répétés assénés par les opposants mineront la suprématie mondiale des États-Unis.

Power, Terror, Peace, and War, Walter Russell Mead, New York: Alfred A. Knopf, 2004, pp. viii, 226.

The Foreign Policy of George W. Bush: Values, Strategy, Loyalty, Alexander Moens, Aldershot, UK: Ashgate, 2004, pp. 227

The foreign policy of George W. Bush's administration has prompted a downpour of books, reflecting its vigorous response to the events of September 11, 2001, its highly controversial decision to invade Iraq, and its persistent defiance of the received opinions of foreign policy elites and international relations experts around the world.

Altermondialisation, économie et coopération internationale, Louis Favreau, Gérald Larose et Abdou Salam Fall (sous la direction de), Sainte Foy : Presses de l'Université du Québec, 2004, 384 p.

Six ans se sont écoulés depuis les manifestations de Seattle. Le mouvement altermondialiste, à l'origine uni par le refus d'une mondialisation néolibérale, en est maintenant à une étape cruciale de son développement, car il doit désormais proposer plus concrètement des mesures et des projets permettant de réaliser une mondialisation plus équitable, plus juste et plus démocratique. L'ouvrage Altermondialisation, économie et coopération internationale est issu d'une conférence intitulée Le Sud … et le Nord dans la mondialisation : quelles alternatives? Tenue à Gatineau en septembre 2003, elle a réuni des chercheurs et des acteurs d'organisations de la société civile, de groupes et associations communautaires, ainsi que des représentants des milieux syndicaux et de groupes de femmes qui sont impliqués dans des projets de coopération internationale. L'ouvrage répertorie un ensemble d'initiatives et d'innovations relevant de la solidarité socioéconomique Nord-Sud qui s'inscrivent dans un mouvement visant à offrir un “ nouveau ” modèle de développement. On peut distinguer deux catégories de contributions au volume; celles qui relatent des pratiques et expériences issues d'organisations de coopération internationale (OCI) et celles, plus analytiques, qui présentent, dans leur contexte, l'évolution des mouvements sociaux et politiques ou qui offrent une réflexion sur les débats et les défis auxquels ces mouvements sont confrontés.

Mouvements sociaux et changements institutionnels : L'action collective à l'ère de la mondialisation, Louis Guay, Pierre Hamel, Dominique Masson et Jean-Guy Vaillancourt (sous la direction de), Québec : Presses de l'Université du Québec, 2005, 420 pages.

Cet ouvrage dirigé par Guay, Hamel, Masson et Vaillancourt cherche à revoir la problématisation de l'action collective au regard des transformations sociales contemporaines. L'angle d'analyse privilégié par les différents auteurs est celui des rapports entre mouvements sociaux et institutions. Ce rapport ne peut plus être considéré comme nécessairement conflictuel étant donné que les mouvements sociaux “ n'hésitent plus à intervenir à partir ou au sein des institutions elles-mêmes ” (p. 2). Cette transformation des mouvements sociaux constitue en quelque sorte un paradoxe dont le chercheur intéressé à ces questions doit tenir compte car l'analyse traditionnelle des nouveaux mouvements sociaux – voir Offe, par exemple – a souvent considéré le caractère extra-institutionnel de ce type d'action collective comme une de ses particularités.

Protection de l'environnement et relations internationales, les défis de l'écopolitique mondiale, Philippe Le Prestre, Paris : Armand Colin, 2005, 477 pages.

L'ouvrage de Philippe Le Prestre se présente comme une tentative de clarification des débats internationaux sur la protection de l'environnement. Dès l'avant-propos, l'auteur nous dit : “ l'écopolitique internationale fait référence à l'ensemble des dimensions politiques de l'identification et de la résolution des questions environnementales et, plus particulièrement, aux tentatives des acteurs internationaux d'imposer leurs définitions de la sécurité face à la nature et à la qualité de vie des populations et d'utiliser les nouvelles pénuries à leur profit ”. En ce sens, l'auteur indique trois axes qui devront être développés pour saisir convenablement la position des enjeux environnementaux dans les relations internationales. D'abord, circonscrire le lieu du débat sur la protection de l'environnement dans le réseau plus large des problèmes internationaux et de l'élaboration des politiques publiques, ensuite tracer l'évolution historique de l'exigence environnementale dans les relations internationales, et ce par l'étude des positions nationales et multinationales pour chacune des principales étapes de ce développement, et finalement identifier les points d'arrimage entre les questions environnementales et les questions internationales de l'heure, notamment celles du libre-échange et de la sécurité. Ces trois axes correspondent aux trois parties du livre de Le Prestre, ce qui lui permet de synthétiser les différents aspects des questions environnementales internationales et de rendre compte des principaux éléments de cette problématique, tout en en montrant la complexité.