Depuis maintenant plus d'un siècle, soit depuis la parution en 1863 de la monographie de J. Freudenthal (Über den Begriff des Wortes øαντασια bei Aristoteles, Göttingen), la tendance générale des interprèetes qui se sont intéressés à l'imagination chez Aristote aura été, sans conteste, de privilégier l'examen du De anima III 3 et de certains textes des Parva naturalia afin de rendre compte de son rôle à l'intérieur de la psychologie aristotélicienne. Ce faisant, on a laissé quelque peu dans l'ombre, consciemment ou non, peu importe, la fonction de l'imagination dans l'explication du mouvement animal et de l'action humaine qu'Aristote nous a léguée essentiellement dans le De motu animalium et le De anima III 7, 9–11. Certes, étant donné l'importance de l'imagination en ces questions, certains exégètes n'ont pas manqué de s'y arrêter, mais la rareté des commentaires sur ces sujets, tout spéecialement le premier, et la possibilité d'apporter de nouveaux éclaircissements nous incitent àen reprendre l'examen. Nous traiterons d'abord du rôle de l'imagination dans l'explication du mouvement animal, puis dans celle, plus complexe, de l'action proprement humaine où l'imagination, de prime abord, pourrait sembler avoir une fonction préjudiciable à l'action réfléchie. Pour effacer ce soupçon à l'égard de la pensée du Stagirite, que bien des philosophes auront manifesté dans l'histoire, il nous faudra, notamment, discuter la question du bien apparent et du bien comme tel en regard de l'imagination délibérative.