A partir de sources orales et d'archives foncières, fiscales et administratives, cet essai sur la propriété africaine rend compte des pratiques foncières, résidentielles et sociales d'un groupe de commerçants africains qui investirent, durant la période coloniale, les quartiers européens de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso en Haute-Volta. La comparaison de ces villes inégalement insérées dans les circuits de l'économie coloniale renseigne sur les marges de manœuvre de ces commerçants, et notamment de leurs aptitudes à jouer des différentes réglementations foncières alors en vigueur. Au-delà des comportements collectifs qui révèlent généralement un double investissement résidentiel (centre européen/quartiers africains), les stratégies individuelles témoignent des liens fréquents entre l'assise foncière des propriétaires, leur envergure sociale et leur rôle politico-administratif.