“le familier, non le bas …” L. S. Mercier. Du Théâtre.
“ … le familier devient populaire …” Marmontel à l'Académie, 1785.
Faut-il s’étonner si aucun manuel des lettres françaises ne place dans son jour authentique l'intervalle qui sépare, de la mort de Voltaire et de celle de Rousseau, la réelle époque révolutionnaire? Tantôt le lecteur est laissé sous l'impression que, ces deux antagonistes ayant disparu, Diderot n'a guère qu’à les suppléer de son mieux pour faire le pont entre les mouvements des lettres et ceux de l'histoire, tandisque Beaumarchais s'agite en aventurier politique autant qu'en écrivain. Tantôt, le Romantisme ayant à toute force à succéder au “siècle des lumières,” les prodromes des prochaînes nouveautés étant mis au compte de L. S. Mercier et de B. de Saint-Pierre, n'ont vraiment plus qu’à paraître de soudains protagonistes tels que Chateaubriand et Mme de Staël, pour opérer une de ces volte-faces qui sont, en réalité, l'un des problèmes par excellence de tout exposé se préoccupant de continuité. Ainsi qu'il est naturel quand “les arbres nous cachent la forêt,” les contemporains ont peut-être moins à nous dire à ce sujet que les historiens rétrospectifs: ni les Mémoires d'outre-tombe, ni les innombrables relations, plus ou moins fidèles, de l'Ancien Régime agonisant ne mettent, à mon sens, l'accent principal sur ce qui paraît bien avoir été la caractéristique maîtresse de ces douze quinze années—et maintenant que nous disposons d'un néologisme savoureux pour les désigner, pourquoi hésiter à dire que c'est une variété de “populisme” qui fut la dominante d'une pleine décade de littérature française?