Dans le Treatise on Money, le prix des biens d’investissement n’est pas déterminé par le montant de l’épargne. Il dépend de l’état du sentiment baissier, des anticipations des entrepreneurs et de l’action du système bancaire. On sait moins qu’en 1930 une autre raison fut également avancée par Keynes pour nier l’influence de S sur I. C’est de cette autre raison que traite cet article.
Supposons une économie où des revenus de 100 ont été distribués pour réaliser la production courante. Les coûts de production s’élèvent à 80 dans le secteur 1 (consommation) et à 20 dans le secteur 2 (investissement). Les revenus se divisent en 70 de consommation et 30 d’épargne. Le secteur 1 subit une perte de (— 10). Quelle est la situation du secteur 2? La réponse usuelle est qu’il réalise un profit de (+10). Keynes soutient au contraire que l’excès d’épargne (10) trouve un débouché dans le financement des pertes du secteur 1, de sorte qu’il n’accroît en rien les recettes du secteur 2. Plusieurs commentateurs du Treatise on Money (Hayek, Kaldor, Kahn, Sraffa, Robertson) contestent cette thèse au début des années 30. Cet article expose les termes de cette controverse et tente d’en tirer les enseignements.