Published online by Cambridge University Press: 23 January 2012
Among the traditional patrilineal Zulu of South Africa, women are more often associated with mystical experiences than men. While on the one hand, as daughters or sisters, women may be associated with the positive mystical forces as diviners, on the other hand, as mothers or wives, women are often related to the negative polluting mystical forces. It is the logic behind these notions that I want to examine in this article.
NOTIONS DE ‘PURETÉ’ ET D'‘IMPURETÉ’ CHEZ LES ZOULOUS
Dans le système traditionnellement patrilinéaire des Zoulous, les femmes se trouvent fréquemment associées à certaines expériences mystiques. Le présent article étudie l'enchainement conceptuel sur lequel elles sont fondées.
Le concept de souillure représenté par umnyana (les ténèbres) est une force mystique qui réduit la résistance aux maladies, crée les conditions favorables au malheur, dans lesquelles se développe aussi tout ce qui est déplaisant et repoussant. Toutes les situations dans lesquelles il y a reproduction ou cessation de vie représentent des cas de souillure à divers degrés. Sur le plan pratique, les femmes y sont associées puisque, dans cette société, la mort et le deuil sont considéréd comme l'état inverse de la naissance et de l'allaitement. La personne qui conduit le deuil est done toujours une femme, la mort dans ce monde-ci devenant naissance dans l'autre monde; ainsi, les rites funéraires symbolisent le passage de l'esprit dans l'autre monde par l'entremise d'une femme mariée. Les femmes atteignent un point culminant de souillure au moment de la parturition et des éjections post-natales ainsi que pendant la période qui va de la mort à l'inhumation. Les femmes ainsi souillées représentent un danger pour les autres, leur état étant contagieux. Il est particulièrement intéressant de noter que l'on voit dans ce danger une menace à l'égard de la virilité des hommes: pour ces raisons, les femmes souillées se tiennent à l'écart des hommes.
Afin de comprendre ce qui motive une telle attitude, il est important d'examiner la nature du ‘pouvoir’ des hommes par rapport à celui des femmes. Un des facteurs essentiels qui indiquent la puissance de l'homme réside dans le contrôle qu'il exerce sur le liquide séminal. Alors que chez la femme la menstruation est involontaire, l'émission séminale a lieu chez l'homme dans ses rapports sexuels qu'il exerce de son plein gré. Bien que la virilité soit un symbole de ‘puissance’, la propagation d'une lignée dépend de la femme puisque c'est elle qu'on qualifie de stérile s'il n'y a pas de descendance. Ainsi les hommes qui théoriquement sont maîtres de cette puissance, dépendent néanmoins des femmes. Je pense que c'est l'existence de ce paradoxe qui a pour résultat de rendre les éjections de la femme, signes d'un pouvoir reproducteur, particulièrement dangereuses pour la virilité de l'homme. Ces éjections lui rappellent son incapacité de maîtriser une situation de reproduction. Il y a done ambivalence chez les femmes en ce sens qu'elles détiennent un ‘pouvoir’ qu'elles ne devraient pas posséder et, en tant que telles, sont dangereuses pour ceux à qui ce ‘pouvoir’ revient de droit.
Les soeurs et les filles ne sont pas rangées dans la même catégorie que les mères ou les épouses. Soeurs et filles font partie du même lignage que leurs frères et leur père: elles peuvent être possédées par les esprits des ancêtres et devenir divineresses. Leur pouvoir est reconnu comme positif en ce sens qu'elles sont considérées comme ‘pures’ plutôt ‘qu'impures’. Cependant, leur pureté les place en face d'un dilemne puisqu'elles vivent dans une société qui est elle-même moins pure qu'elles et qui menace done leur pureté. Leur comportement est donc orienté vers un contrôle et une limitation de l'ambiguïté de leur situation. Ainsi les femmes, comme mères et épouses, peuvent être ‘impures’ de temps en temps et représenter alors une menace aux yeux du reste du groupe social. Comme filles et soeurs, elles peuvent être ‘pures’, c'est alors la société qui pour elles est un danger. À travers ces deux cas, se manifeste ce ‘pouvoir’ mystique dont disposent les femmes.