Published online by Cambridge University Press: 23 January 2012
By the middle of the nineteenth century Niumi, a small Mandingo kingdom at the mouth of the Gambia river in West Africa, was on the verge of profound social changes. Until almost the end of the century it was swept by secular and religious warfare, important segments of its population were displaced, many members of its ruling clans were killed or driven into exile, and the state itself was divided to be later reconstituted under European colonial rule. It is the purpose of this paper to describe the social-political organization of Niumi in the 1850s before the traditional political system which had existed for over two centuries was destroyed. Niumi was one of fourteen small river kingdoms, ruled by Mandingo, some more clearly defined and centralized than others, together comprising one of the major areas of Mandingo settlement in West Africa. Although Niumi enjoyed a favoured economic position among these Mandingo states of the Senegambia its institutions were typical of Mandingo organization in the area and its history has proceeded along lines similar to the rest.
NIUMI: UN ROYAUME MANDINGUE AU XIXème SIÉCLE
Le petit royaume de Niumi, centre commercial prospère à l'embouchure de la Gambie, était gouverné par des immigrants mandingues venus de l'est, attirés dans le pays par ses possibilités économiques. L'organisation du royaume reproduisait sur une large échelle celle de la société traditionnelle mandingue à l'échelon local.
Les Mandingues étaient organisés en patrilignages vivant dans les quartiers (kabilo) d'unités de village. A ce niveau, les lignages descendant en ligne directe du fondateur de la communauté constituaient la base de la société. A ce noyau de proches parents se rattachaient des parents plus éloignés et des individus non apparentés, esclaves ou ‘étrangers’. L'autorité de chef kabilo était transmise collatéralement à l'intérieur du segment de lignage prétendant avoir reçu le premier les droits à la terre, kabilo. L'héritage était un facteur peu stable dans la société mandingue et des fragments de quartiers et de villages se séparaient souvent pour former ailleurs de nouvelles communautés. Le chef du village (sateotio alkali) était généralement le doyen de la plus ancienne branche du lignage en descendance directe du fondateur de la communauté. Il administrait le village avec l'aide d'un conseil d'anciens. Dépendant de lui, un alkali réclamait l'impôt foncier aux voyageurs et aux commerçants ainsi qu'aux résidents locaux. Il recevait les amendes des cas qu'il jugeait en conseil. Le travail public était assumé par des classes d'âge (kafo) recrutées sur la base du village. La classe d'âge la plus ancienne était souvent dirigée par l'alkali qui, avec les chefs des quartiers de la ville, dirigeait le travail des classes d'âge. A l'organisation du kafo était associé un culte bori de Hore, société secrète d'initiés caractérisée par une cosmologie élaborée, un rituel et un fort sentiment de solidarité à l'intérieur du groupe. Cette société exerçait des fonctions judiciaires à l'intérieur du village et prenait en charge l'initiation et la circoncision des membres du kafo.
La société mandingue était divisée horizontalement en 3 castes endogames: membres libres d'un lignage (foro), esclaves (jongo), artisans et griots (nyamalo). Des distinctions de caste privaient les membres des castes inférieures de privilèges économiques et sociaux tels que la possession de la terre et les fonctions politiques, avec les impôts et profits qui leur sont associés.
Niumi était sous l'autorité d'un roi mandingue et d'un conseil d'état. Les lignages en descendance directe des ancêtres fondateurs revendiquaient les droits souverains à la propriété de la terre dans tout l'état.
Les droits à la royauté étaient partagés successivement entre 3 lignages anciens établis dans les 7 villes principales ou capitales; ils étaient légitimés par l'histoire dupeuplement du pays. Le roi (mansa) était le plus ancien des chefs de lignage et avait des droits de propriété sur la terre dans tout le pays, ce qui lui apportait des bénéfices considérables sous forme d'impôts et de services. La plus grande partie de ses biens était investie dans du bétail et comprenait aussi ses agents personnels, clients, mercenaires et esclaves. Sa puissance était cependant limitée par la compétition avec les autres chefs de lignage et avec les autorités locales dont les droits à la terre et à ses bénéfices doublaient en partie les siens; de même, pour toutes les affaires importantes d'intérêt général, il était obligé de suivre les conseils des chefs des principaux lignages du royaume réunis en conseil.
Dans les années 1850, l'organisation de l'état, longtemps monopolisée par un noyau de clans aristocratiques, donnait des signes de tension; l'insatisfaction des pasteurs Peul, des Wolof, des Serahuli et des Musulmans, exclus des privilèges du groupe dirigeant, était manifeste. Niumi commençait également à sentir la pression de l'expansion européenne en Sénégambie, qui affaiblissait l'autorité du roi, à tel point que, vers 1890, la structure de l'autorité traditionnelle avait disparu au niveau de l'état.