Lorsque nos historiens de l'Afrique du Nord cherchent à expliquer l'échec final des Portugais et surtout des Espagnols en Berbérie, ils ne manquent pas de l'attribuer à la politique de l'occupation restreinte. En Berbérie, disent-ils, contrairement à ce qui se passe en Afrique noire, la politique des comptoirs n'est pas possible. Si l'on ne se décide pas à pénétrer dans le pays, si l'on se contente de s'accrocher à la côte sans occuper l'intérieur et sans détruire tous les foyers d'hostilité, ou bien l'on est un jour rejeté à la mer, ou bien l'on végète longuement, sans profit et sans gloire. De toute manière, on perd son temps, ses hommes, son argent. Tout dernièrement, un essayiste célèbre, l'écrivain espagnol José Ortega y Gasset, enregistrait à son tour l'insuccès : « Melilla, disait-il, conquise par les Espagnols à la fin du xve siècle, demeurait encore au xxe enfermée à l'intérieur de ses murailles, sans rapports avec le pays…. Chose étrange. Problème. »