Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Depuis Cinquante Ans, nous assistons à la découverte, plus encore à l'exaltation du Baroque. Considéré encore au début du XXe siècle comme un style, il représentait la dernière forme, mais décadente, de l'art de la Renaissance. Par un véritable coup de théâtre, l'appréciation esthétique de plus en plus favorable de quelques œuvres, — particulièrement en sculpture et en architecture, — a fait peu à peu du Baroque l'art dominant, créateur, des XVIIe et XVIIIe siècles européens. Le voilà enfin, aujourd'hui, l'un des deux pôles de la création dans l'art, voire dans la vie elle-même ; l'autre pôle, le Classique, étant le pôle négatif, entendez l'académisme rigide. Le Baroque donc : rien moins que le génie, la création, la liberté de l'inspiration et de la forme, voilà beaucoup d'honneurs ! Mais, à ce jeu, le XVIIe siècle, jadis siècle classique, devient siècle baroque ; d'où un renversement spectaculaire des valeurs et du rôle réciproque des différentes notions.
L'article que les Annales offrent ici à leurs lecteurs est le texte d'une conférence prononcée en septembre dernier à Royaumont par M. P. Francastel.
page 208 note 1. C. Calcaterra, Il problema del Barocco in Momigliano, A., Questioni e correnti di storia letteraria, Milan, 1950 Google Scholar ; et Golzio, V., Il seieento e il settecento, Turin, 1950 Google Scholar, contiennent la bibliographie. 1. Cf. notamment Ragghianti, C. L., L'Arte e la critica, Florence, Valecchi, 1951.Google Scholar
page 209 note 1. Cf. notamment Ragghianti, C. L., L'Arte e la critica, Florence, Valecchi, 1951.Google Scholar
page 209 note 2. Cf. P. Francastel, « La Contre-Réforme et les arts en Italie à la fin du XVIe siècle ». in « A travers l'art italien », Revue des Etudes italiennes, 1046 ; — « Limites chronologiques, limites géographiques et limites sociales du Baroque », in IIIe Congrès d'Etudes Humanistes, Venise, 1954, Bocca, Rome, 1955 ; — Le Baroque, Ve Congrès des Littératures Modernes, Florence, 1951, Valmartina, Florence, 1955. On y trouvera la bibliographie.
page 213 note 1. Nef, J. U., La naissance de la Civilisation industrielle et le monde contemporain, Paris, Armand Colin, 1954 Google Scholar.
page 215 note 1. Koyré, A., Etudes galiléennes, Paris, Hermann, 1939 Google Scholar ; « Galileo and Plato », Journal of the history of ideas, New York, 1943.
page 216 note 1. L. Goldmann, Le Dieu caché, Etude sur la vision tragique dans les Pensées de Pascal et dans le théâtre de Racine, Paris, N.R.F., 1955 ; — Benichou, P., Morales du Grand Siècle, Paris, N.R.F., 1948.Google Scholar
page 218 note 1. P. Pbancastel, « Versailles et l'architecture urbaine au XVIIe siècle », Annales, 1955, n° 4.
page 220 note 1. Choce, B., La Spagna nella vita italiana durante la Rinascenza, Bari, Laterza, 1917 Google Scholar ; et Storia dell'età barocca in Italia, Bari, 1929, a touché ce problème mais la question est à reprendre d'ensemble et à partir des faits artistiques d'abord.
page 221 note 1. Le Centro Internazionale di Studi umanistici de l'Université de Rome a organisé déjà plusieurs Congrès dont les Actes ont été publiés sous la direction d'E. Castelli : IIe Congrès Cristianesimo e ragion di Stato, Rome, Bocca, 1955, où se trouve le texte de V. Tapie : « Le Baroque et la société de l'Europe moderne ». Cf. aussi : Testi umanistici su la retorica, Rome, 1953.
page 221 note 2. Je m'oppose en particulier entièrement sur ce point aux thèses de L. Goldmann, malgré la très haute valeur documentaire et critique de son récent ouvrage.
page 222 note 1. Organisée à Rome sous l'égide du Conseil de l'Europe, une Exposition intitulée : Le XVIIe siècle européen a prétendu, au mois de mars dernier, identifier avec l'art baroque la culture internationale de ce temps. Mal conçue et plus mal encore réalisée, cette manifestation a fait, au contraire, ressortir les limites étroites du courant baroque dans le domaine des arts figuratifs. La tentative vaut ce que vaudrait une présentation de l'art du XXe siècle limitée aux Salons traditionnels. Elle fait ressortir l'urgence d'une étude sérieuse du problème. Il n ‘y a pas d'unité rigide dans la pensée du XVIIe siècle, on ne peut en faire le siècle de l'angoisse, du déclin, du doute, de l'aspiration mystique à l'inconnaissable qu'en le mutilant grossièrement. Le découpage de l'histoire en compartiments déduits de la reconnaissance de soi-disant moments stylistiques est un des dangers de notre temps.