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Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
José María Aricó, un intellectuel socialiste argentin, disait en 1984, à propos d’un référendum populaire concernant l’acceptation d’un arbitrage international sur les frontières australes entre le Chili et l’Argentine, que « les frontières n’obéissent pas à des raisons métaphysiques mais sont l’expression des rapports historiques et de pouvoir1 ». Le livre de Daniel Nordman en est une excellente illustration et éclaire à son tour le problème des frontières et des limites territoriales dans l’histoire des Amériques latines.
Á propos du livre de Nordman, Daniel, Frontières de France : de l’espace au territoire, XVIe-XIXe siècle, Paris, Gallimard, 1998.Google Scholar
1 - JOSÉ María Aricó, Entrevistas, présentation de Horacio Crespo, Córdoba, Edicionesdel Centro de Estudios Avanzados, 1999, p. 41.
2 - Voir, par exemple, les ouvrages de BartolomÉ Mitre, Historia de Belgrano y de laindependencia argentina, Buenos Aires, Impr. y Libreria de Mayo, [1857] 1876 (Obrascompletas de Bartolomé Mitre, Buenos Aires, Edición del Congreso de la Nación Argentina, vol. VI, 1940), et LóPez, Vicente F., Historia de la República argentina. Su origen, surevolución y su desarrollo poli?tico hasta 1852, Buenos Aires, Carlos Casavalle Editor, 3 vols, 1883.Google Scholar
3 - L’aigle sur le nopal (figuier de Barbarie) était le signe divin par lequel, selon la tra-dition aztèque, le dieu Huitzilopochtli signala le lieu où devait être fondée Tenochtitlán,dans la vallée de Mexico (sur l’origine de cette tradition, des interprétations diver-gentes dans Duverger, Christian, L’origine des Aztèques, Paris, Le Seuil, 1983, pp. 303–314,Google Scholar et Austin, Alfredo LóPez, «El águila y la serpiente », in Florescano, E. (éd.), Mitos mexicanos, Mexico, Aguilar, 1995, pp. 15–25.Google Scholar
4 - Anderson, Benedict, Imagined Communities. Reflexions on the Origin and Spread of Nationalism, Londres, Verso, 1991.Google Scholar
5 - D. Nordman, Frontières de France…, op. cit., p. 58.
6 - L’article 2 de la constitution de la Grande Colombie (1819) en est l’exemple typique :” Son territoire sera celui de l’ancienne capitainerie générale du Venezuela et de la vice-royauté de la Nouvelle-Grenade, couvrant un territoire de 115 mille lieues carrées, dontles limites précises seront fixées en de meilleures circonstances » ( Noboa, Alejandro, Recopilación de Leyes del Ecuador, t. I, Constituciones, Quito, Imprenta Nacional, 1898, p. 4 Google Scholar).Dans les premières constitutions des Provinces unies du Rio de la Plata – la futureConfédération argentine – de 1815 à 1826, il est écrit : « Cette Constitution devra êtrejurée dans tout le territoire de l’État », sans pour autant le définir (constitution de 1819,art. 136, dans Galleti, Alfredo, Historia constitucional argentina, La Plata, Librería Editora Platense, 1987, vol. 1, p. 649 Google Scholar) ; ce « territoire de l’État » comprenait à cetteépoque des régions comme Tarija et la Banda Oriental qui, à partir de 1826 et 1828,appartiendront à la Bolivie et à l’Uruguay. Ainsi, très souvent, pour parler du « terri-toire », la documentation de l’époque utilise le mot «État », laissant apparaître la confusion qui régnait entre ces deux concepts ; en 1813, une déclaration de l’Assembléedu Rio de la Plata stipule : «On a fait circuler votre Déclaration souveraine parmi lespersonnes concernées sur le sol de l’État… » (Archivo General de la Nación [AGN],Buenos Aires, X-3-8-10).
7 - C’est aussi le cas de la Patagonie.
8 - Il faut signaler que, des deux côtés du fleuve Paraná, les Indiens Guarani continuaientà avoir des rapports entre eux (voir AGN, X-7-2-3, des années 1813-1814).
9 - «Le concept de frontière naturelle est à la jonction des deux notions précédentes :il est diplomatique et géographique, et, comme ses connotations sont également militaires, il constitue un des fondements de la géographie politique » (D. Nordman, Fron-tières de France…, op. cit., p. 63).
10 - Rejistro Oficial de la República Argentina…, Buenos Aires, La República, t. I, 1879,p. 471. Voir aussi les documents de 1813 inclus dans AGN, X-3-8-10.
11 - Voir Carlos Chiaramonte, JosÉ, «Acerca del origen del estado en el Río de la Plata », Anuario del Instituto de Estudios Histórico Sociales [IEHS], 10, Tandil, 1995, pp. 27–59,Google Scholar et ID., Ciudades, provincias, Estados: orígenes de la Nación Argentina (1800-1846), BuenosAires, Ariel, 1997.
12 - Documentos para la Historia Argentina, vol. XVIII, Relaciones interprovinciales. LaLiga Litoral (1829-1833), Buenos Aires, Facultad de Filosofi?a y Letras, Universidad deBuenos Aires, 1922, p. 83. Dans les différentes négociations des années 1830, on voitapparaître très souvent le titre de « gouvernements alliés » en référence aux provincesde la Confédération argentine.
13 - Voir, par exemple, les traités du Pilar (1820), de Benegas (1820) et du Cuadrilátero(1822), A. Galleti, Historia constitucional argentina, op. cit., pp. 665-670. L’anonyme” officier de la flotte » qui rédigea, en 1841, l’article tout à fait remarquable de la Revuedes Deux Mondes intitulé « Affaires de Buenos Aires », avait bien compris la situationquand il évoquait les provinces du Rio de la Plata : « Chaque État s’efforça d’isoler sonexistence de celle des autres États, et de former une unité indépendante. C’est un faitque jamais les treize provinces ne constituèrent un tout compact, un corps de nationbien unie et soumise à une loi générale. On les vit seulement s’associer et s’allierpartiellement deux à deux, trois à trois, sous l’empire d’un danger commun… La collection des traités et conventions des États en fait foi » (Revue des Deux Mondes, XXV,1841, p. 354).
14 - On appelait rincón le point d’intersection entre deux cours d’eau qui permettait demieux contrôler le bétail dans ces grandes plaines sans enclos.
15 - Nom indien d’une plante sylvestre, la Sagitaria montevidensis.
16 - AGN, X-20-10-7.
17 - Voir, par exemple, Miers, John, Viaje al Plata. 1819-1824, Buenos Aires, Solar/Hachette, 1968;Google Scholar Bond Head, Francis, Las pampas y los Andes, Buenos Aires, Hyspamérica, [1825-1826] 1986,Google Scholar ou encore William Mac Cann, Viaje a caballo por las provinciasargentinas, Buenos Aires, Hyspamérica, [1853] 1985.
18 - D. Nordman, Frontières de France…, op. cit., p. 71.