Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Entre tous les acteurs de la république de Weimar et du régime nazi c'est — après Adolf Hitler — l'armée qui a suscité le plus d'intérêt. Journalistes et érudits, civils et militaires, avocats et procureurs s'accordent à lui donner un premier rôle dans la vie politique, en dépit ou à cause de son apolitisme. Dès 1938, J. Benoist-Méchin la montrait assurant la pérennité de l'Allemagne entre la grandeur de l'Empire et le « renouveau » national-socialiste; sympathique aux militaires et, plus qu'il ne l'avouait, au IIIe Reich, il en comprenait mieux les affinités que les oppositions. Puis les peuples victimes de la guerre eurent assez naturellement tendance à confondre l'uniforme gris-vert et l'uniforme brun ou noir. Encore que le tribunal de Nuremberg n'ait condamné ni l'armée allemande ni même le grand État-Major comme organisations criminelles, tous ceux qui, peu après 1945, se penchaient sur les origines de la guerre expliquaient celle-ci par la conjonction d'une tyrannie moderne avec un militarisme invétéré ; dans cette perspective, les complots militaires contre Hitler, dont on ne pouvait nier la réalité, n'apparaissaient que comme des épisodes, émouvants certes, mais voués à l'échec.
1. Jacques Benoist-Méchin, Histoire de l'armée allemande depuis l'armistice (2 vol. 1936-1938). L'édition récente en six volumes n'ajoute pas grand-chose à l'ancienne pour les questions militaires antérieures à 1938.
2. Le représentant classique de cette tendance est : John Wheeler-Bennett, The Nemesis of Power (1953), trad. fr. : Le drame de l'armée allemande (1955).
3. Harold J. Gordon, The Reichswehr and the Germon Republic 1919-1926 (1957), trad. allemande 1959 sous le même titre.
page 371 note 1. Gordon A. Craig, The Politics of tfie Prussian Army 1640-1945 (1955).
page 371 note 2. En France, Georges Castellan, Le réarmement clandestin du Reich, 1930-1935 (thèse 1954) se place au point de vue particulier du 2e Bureau français.
page 371 note 3. Walter Gôrlitz, Der deutsche Generalstab 1657-1945 (1950), plus vaste que son titre, mais plein d'erreurs. Gerhard Ritter, Staatskunst und Kriegshandmerk (les 2 vol. parus, 1954 et 1960, s'arrêtent à 1914) ; Waldemar Ekfurth, Die Geschichte des deutschen Generalstabes 1918-1945 (1957) traite les aspects techniques de son sujet mais s'égare aussi parfois dans le plaidoyer. De même Wiegand Schmidt-Richberg, « Die Generalstâbe in Deutschland 1871-1945 » (Beiträge zur Militär- und Kriegsgeschichte, Bd. 3, 1962).
page 372 note 1. La position du problème est bien indiquée par Hans Herzfeld dans un article bibliographique : « Zur neuren Literatur über das Heeresproblem in der deutschen Geschichte » (Vjh. f. Zeitg., 1956).
page 372 note 2. von Preradovich, Nikolaus, Die Führungsschichten in Osterreich und Preussen 1804-1961 (1955), pp. 75–77, 128-135.Google Scholar
page 372 note 3. Demeter, Karl, Das deutsche Offizierkorps in Gesellschaft und Staat, 1650-1945 (1964), pp. 66 Google Scholar et 214. Sur les transformations de la société rurale : Hans W. Graf Finck von Finckenstein, Die Entwicklung der Landwirtschaft in Preussen und Deutschland 1800-1930 (1960).
page 373 note 1. Demeter, K., op. cit., pp. 23–29.Google Scholar
page 373 note 2. Ibid., p. 42.
page 373 note 3. Ibid., pp. 26-27. Généraux nobles : 86 % en 1860,52 % en 1913. Sous-lieutenants nobles : 25 % en 1913.
page 373 note 4. Gerhard Papke, « Offizierkorps und Anciennität », in Untersuchungen zur Geschichte des Offizierkorps (Beitr. z. Militär-und Kriegsg., Bd. 4, 1962).
page 374 note 1. K. Demeter, op. cit., chap. 3 (« Honneur ») et 4 (” État »).
page 374 note 2. Demeter, K., op. cit., pp. 47–48 Google Scholar ; G. Papke, article cité. Sur les « bataillons et sections d'assaut », équivalents des « corps francs » de l'armée française, et qui devaient donner leurs hommes aux « corps francs » de Weimar et leur nom aux S.A. : Robert G. L. Waite, Vanguard of Nassism. The Free Corps Movement in Postwar Germany 1918-1923 (1952), chap. 2.
page 375 note 1. Sur ce sujet, l'ouvrage de J. Benoist-Méchin, très prenant mais partial, est à remplacer par celui de R. G. Waite cité plus haut, notamment chap. 3 (organisation et caractéristiques), et par certaines indications de H. J. Gordon, op. cit.
page 376 note 1. H. J. Gordon, op. cit., trad. all., p. 440, reproche à Waite de sous-estimer le nombre de corps francs qui ont été intégrés dans l'armée. Mais la liste qu'il en fournit (Appendice I, 2e partie) ne distingue pas entre la Reichswehr provisoire de 1919 et la Reichswehr définitive de 1921 : on ne peut donc en tirer de conclusion, du moins pour l'intégration des hommes de troupe.
page 376 note 2. R. G. Waite, op. cit., dans son Appendice, énumère 87 chefs de corps francs devenus chefs de S.A. ; le manuscrit de l'ouvrage en compte même 250.
page 376 note 3. H. J. Gordon, op. cit., trad. all., pp. 63-65 et 73-75. Sur la loi de 1919 : Benoist-Méchin, J., op. cit., I, pp. 187–192.Google Scholar
page 378 note 1. Statistiques ou remarques convergentes dans : Craig, G. A., op. cit., pp. 394–395 Google Scholar ; Gordon, H. J., op. cit., pp. 193–201 Google Scholar ; Demeter, K., op. cit., pp. 49–55 Google Scholar.
Brillante synthèse et jugement sévère : Sauer, Wolfgang, « Die Reichswehr » (in : Bracher, Karl Dietrich, Die Auflüsung der Weimarer Republik, 2e éd., 1957), not. pp. 257–258.Google Scholar
page 379 note 1. État-Major : Craig, G. A., op. cit., p. 394 Google Scholar ; Gordon, H. J., op. cit., pp. 293–294 Google Scholar ; Erfurth, W., op. cit., passim et not., pp. 125–127 Google Scholar.
Avancement : Edgar Graf von Matuschka, « Die Befürderung in der Praxis » et G. Papke, article cité (tous deux dans : Untersuchungen…, op. cit), not., pp. 173 et 192.
page 379 note 2. Citation de Heye dans : Hans Black, « Die Grundzuge der Befürderungsordnungen » (in : Untersuchungen…, op. cit.), p. 143.
Opportunisme: Sauer, W., op. cit., p. 255 et note 89Google Scholar.
page 380 note 1. Apolitisme : W. Sauer, op. cit., passim, not., pp. 239-261. Conséquences psychologiques du réarmement : Idem : Die Mobilmachung der Gewatt, 3e partie de : K. D. Bracher, G. Schulz et W. Sauer, Die Nationalsozialistische Machtergreifung (1962), pp. 773-781.
page 381 note 1. Demeter, K., op. cit., pp. 178–179 Google Scholar et appendices 27 et 28 (proclamations de Groener) ; Sauer, W., Mobilmachung…, op. cit., p. 738 Google Scholar (Potsdam).
page 381 note 2. Plans de réarmement : G. Casrellan, thèse citée, not., p. 84.
Manque de soldats : Benoist-Méchin, J., op. cit., II, p. 421.Google Scholar
Appel à la Droite et aux S.A. : Sauer, W., Die Reichswehr, op. cit., pp. 273–280.Google Scholar
page 381 note 3. Castellan, G., « Von Schleicher, von Papen et l'avènement de Hitler » (Cahiers d'Histoire de la Guerre, N° 1, 1949), notamment, p. 28.Google Scholar
page 382 note 1. Donc bien avant le « pacte du Deutschland » du 11 avril 1934 qu'évoque J. Wheeler-Bennett, op. cit., trad. fr., p. 268, et dont on n'a d'ailleurs retrouvé aucune trace.
page 382 note 2. W. Sauer, Mobilmachung…, op. cit., pp. 934-966, remplace par une longue analyse les récits plus ou moins dramatiques de la « nuit des longs couteaux », dont Benoist-Méchin avait fourni le modèle.
page 383 note 1. G. Castellan, thèse citée, pp. 89-91 et 111 ; Sauer, W., Mobilmachung…, op. cit., pp. 712 et 796-806Google Scholar ; Erfurth, W., op. cit., p. 112 Google Scholar (rivalités de cliques bien vues par un homme de la maison). Les divergences techniques et les antipathies sociales entre le « caporal » et les officiers d'État-Major serviront d'alibi à ces derniers après 1945 : cf., entre les lignes, le livre de W. Erfurth et l'article de H. Schmidt-Richberg, cité plus haut.
page 383 note 2. Sauer, W., Mobilmachung…, op. cit., pp. 735–740.Google Scholar
page 384 note 1. Demeter, K., op. cit., p. 57 Google Scholar ; Craig, G. H., op. cit., pp. 482–488.Google Scholar
page 384 note 2. Demeter, K., op. cit., p. 196.Google Scholar