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Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Au lendemain de la rébellion de 1837-1838, John Hambton, « 1e r Earl de Durham », que Londres avait chargé d'une enquête au Canada, pensait que les difficultés politiques du Bas Canada avaient pour origine l'affrontement de deux « races » de culture inégale. Ce postulat fut le point de départ de tous les ouvrages historiques écrits par la suite.
Sans nier l'importance des antagonismes ethniques dans l'histoire du Canada, on peut se demander s'il ne serait pas plus fécond d'analyser l'opposition des groupes en fonction de la stratification sociale. Des études récentes — celles de Mason Wade , de Helen Taft Manning ou de Stanley B. Ryerson, entre autres — font déjà entrevoir l'intérêt de semblables tentatives. C'est dans ce sens que nous avons orienté notre réflexion, sans prétendre, pour le moment, définir autre chose que des hypothèses de recherche.
Cet article est le texte français d'une communication donnée à Vancouver, le 10 juin 1965, devant les membres réunis de la Société historique du Canada et de la Société canadienne de Science politique et économique, à l'occasion du congrès annuel des Sociétés savantes du Canada. Elle a été publiée en anglais dans les actes du congrès : Société historique du Canada, Rapport de l'assemblée annuelle, 1965, sous le titre : c Problems in the Study of the Stratification of the Canadian Society from 1760 to 1840. »
page 829 note 2. Le Canada avait été divisé en deux colonies distinctes par la loi constitutionnelle de 1791 : le Haut Canada, à grande majorité anglo-saxonne, sur le territoire baignant la haute vallée du Saint-Laurent, et le Bas Canada, à majorité canadienne française, sur le territoire de ce qui est aujourd'hui la province de Québec. Les deux colonies avaient connu la révolution civile de 1837.
page 829 note 3. Mason WADe, Les Canadiens français, traduit de l'américain par Adrien Venne, Montréal, Le cercle du livre de France, 2 vol., 1963.
page 829 note 4. Taft Manning, Helen, The Revoit of French Canada (1800-1835), Toronto Mcmillan, 1962.Google Scholar
page 829 note 5. Ryerson, Stanley B., The Founding of Canada : beginnings to 1815, Toronto Progress Books, 1963.Google Scholar Un prochain livre, sur la période suivante, sera bientôt publié aux éditions Parti-Pris.
page 830 note 1. Cet élément de conscience peut ne pas exister dans l'une ou l'autre clas.se ou être partiellement voilé à certains moments de l'évolution sociale.
page 831 note 1. Montréal, Fides, 1966. 2. Jacques Boucher, Les aspects économiques de la tenure seigneuriale au Canada (1760-1854), travaux et recherches de la faculté de droit et des sciences économiques de Paris, série « Sciences historiques », n° 3, Paris, P.U.F., 1964.
page 831 note 3. Si W. W. Rostow a raison de voir dans un mouvement de baisse Kondratieff une hausse relative de l'investissement dans l'activité nationale des pays industrialisés et un ralentissement de leurs investissements à l'étranger (British Economy of the Nineteenth Century, 1961, 17-19 et 25-26), il faut admettre que les économies coloniales subissent, durant une baisse Kondratieff, un fort ralentissement de la croissance.
page 832 note 1. Karl Maux, Le manifeste du parti communiste.
page 832 note 2. Moeazé, Charles, Les bourgeois conquérants, XIXe siècle, Paris, A. Colin, 1957.Google Scholar
page 832 note 3. Dans Les luttes de classes en France (1848-1850).
page 832 note 4. Pirenne, Henri, « Les périodes de l'histoire sociale du capitalisme », Bulletin de l'Académie royale de Belgique (classe des lettres), 1914, n° 5, p. 58.Google Scholar
page 833 note 1. Tel était le titre de la première édition du livre de Creighton, Donald, The Commercial Empire of the St-Lawrence, 1760-1850, Toronto, Ryerson Press, 1937.Google Scholar La dernière édition porte le titre : The Empire of the St-Lawrence, Toronto, Macmillan, 1956.
page 835 note 1. Durant les discussions, au congrès de Vancouver, le professeur Jack Madden a fait valoir qu'il n'était pas démontré que ces nouvelles activités ne procuraient pas des rémunérations supérieures à celles des activités traditionnelles des seigneurs. A quoi il peut être répondu que les succès des artisans et des marchands qui prirent les moulins en location, qui firent le commerce des produits de la seigneurie ou qui, finalement, achetèrent même ces seigneuries fourniraient un début de preuve. On pourrait également faire valoir que leurs nouvelles activités n'empêchèrent pas les seigneurs de disparaître peu à peu des couches les plus riches de la société.
page 835 note 2. Voir sa longue introduction à son édition de Wilson, Thomas, A discourse upon Vsury, et son livre La religion et Vessor du capitalisme, Paris, Rivière, 1951.Google Scholar
page 835 note 3. Karl Polanyi a démontré qu'une transformation profonde de la structure de la société peut modifier complètement la nature des classes sociales ; il a aussi démontré qu'aux critères économiques de définition des classes s'ajoutent des critères sociaux qui sont particulièrement déterminants quand la structure économique connaît des distorsions profondes. Cf. The Great Transformation, New York, Rinehart, 1957, ch. 13.
page 837 note 1. Op. cit., pp. 33-34.
page 838 note 1. Pour des hypothèses explicatives plus riches, voir : Lévi-Strauss, Claude, Les structures élémentaires de la parenté, Paris, P.U.F., 1949.Google Scholar
page 838 note 2. Jacques Dofny et Marcel Rioux, « Les classes sociales au Canada français », Revue française de Sociologie, 1962, III, pp. 290-300 ; pour une expression plus récente : Marcel Rioux, « Conscience ethnique et conscience de classe au Québec », Recherches sociographiques, vol. VI, n° 1, janvier-avril 1965.
page 839 note 1. G. F. Mcguigan, Land Policy and Land Disposai under Tenure of Free and Common Socage, Québec and Lower Canada, 1763-1809, thèse de doctorat, Université Laval (Sciences économiques), 1963, sous presse aux Presses de l'Université Laval, Québec.
page 839 note 2. Helen Taft Manning, op. cit., chap. 2 et 16.
page 840 note 1. Brunet, Michel, « La conquête anglaise et la déchéance de la bourgeoisie canadienne », La présence anglaise et les Canadiens, Montréal, Beauchemin, 1958, 49–112.Google Scholar
page 840 note 2. Hamelin, Jean, Économie et société en Nouvelle France, Québec, Presses de l'Université, Laval, 1960, p. 127.Google Scholar
page 843 note 1. Pour les effets de l'immigration irlandaise sur le marché du travail au Canada, lire : Pentland, H. Clare, Labour and the Development of Induslrial Capitalism in Canada, thèse de doctorat (Political Economy), Université de Toronto, dactylographie, 1960.Google Scholar
page 843 note 2. On pourrait toujours prétendre que les Irlandais se comportaient collectivement comme un groupe ethnique ; à quoi il peut être répondu que l'interprétation de la révolution irlandaise en termes de lutte de classes est elle-même plus « compréhensive » qu'en termes d'affrontement ethnique. Et peut-être est-ce à cause de l'influence, de part et d'autre de l'Atlantique, des grands leaders politiques irlandais que les revendications populaires de la Rébellion du Bas Canada ressemblent par tant de points à celle du Chartisme, en Angleterre, à la même époque.