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Les mouvements longs de l'industrie lainière à Venise aux XVIe et XVIIe siècles*

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

Domenico Sella*
Affiliation:
Istituto Universitario di Venezia

Extract

Tout au long du XVIe siècle, Venise est restée un des centres économiques les plus vivants et importants d'Italie. Sans doute, à considérer sa seule activité maritime, marchande et « coloniale », a-t-on l'impression d'un déclin relatif. Rien de plus juste : des positions particulières de domination et de privilège économique ont été successivement perdues. Mais si Venise, dans certains secteurs, a perdu du terrain, dans d'autres elle a maintenu fermement ses positions anciennes ou même conquis de nouvelles supériorités : ainsi, à cette époque, a-t-elle été un des centres industriels les plus puissants de la péninsule, ce qu'établissent, sans plus, les quelques chiffres suivants : à la fin du xvie siècle, elle fabrique annuellement 28 000 pièces de drap de laine, contre 14 000 à Florence, 15 000 à Milan, 8 à 10 000 à Côme.

Type
Études
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1957 

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Footnotes

*

Cette étude fait partie d'une plus vaste enquête sur l'économie vénitienne aux XVIe et XVIIe siècles, engagée sous les auspices et avec l'aide généreuse de l'Istituto per la Storia délia Società e dello Stata Veneziano (Fondation Giorgio Cini, Venise).

References

page 29 note 1. C. M. Cipolla, « The Décline of Italy », Economie History Bevie, 1952, p. 178- La confrontation, pour être exacte, devrait naturellement tenir compte des dimensions caractéristiques des pièces, dans chaque centre de production. Mais il ne semble pas que les différences aient été considérables : les draps vénitiens mesuraient normalement 56 brasses (soit 38 m, 24) ; ceux de Trévise, 40 à 45 ; de Vérone, 56 à 60 ; de Côme, 50 à 5.

page 29 note 2. Archivio di Stato,e Venise (que désignera ensuite le sigle A.S.V.), Arte délia set, Busta 109, fasc. 203, c. 2.

page 29 note 3. L. Brenni, La tessitura serica attraverso i secol, Côme, 1925, p. 6.

page 29 note 4. C. M. Cipolla, op. cit, p. 17.

page 30 note 1. « L'épanouissement industriel de Venise au xvi6 siècle », Annale, 1947, p. 1.

page 30 note 2. Fonds Inquisitorato aile Arti, Busta 45. — Il s'agit d'un document imprimé donnant le nombre des pièces enregistrées par la Caméra del Purgo, où les draps de laine étaient lavés et marqués d'un sceau. La même série, manuscrite et arrêtée à 1667, se trouve dans Senato Rettor, f. 72, jointe au décret du 4 janv. 1669. Ces deux documents confirment et complètent les données de P. Sardell.

page 33 note 1. N. Fano, « Ricerche sull'arte délia lana a Venezia nel xine e xives. », Archivio Venet, 1936, p. 73-21.

page 33 note 2. On lit, dans un décret de 1433 : « Est impossibile quod in hac civitate possint laborari panni 3 000 et ultra… qui sunt necessari pro nostra draparia » ; pour remédier à cette insuffisance, on facilite l'importation de « panni forenses », A.S.V., Senato, Deliberazioni Mist, reg. 59, 15 sept. 143.

page 33 note 3. Voir le fameux discours de Mocenigo, dans Bilanci generali délia rep. venet, vol. I” tome I, Venise, 1912, p. 57.

page 34 note 1. Outre la difficulté de disposer d'eau pour le lavage et le dégraissage des draps l'industrie lainière vénitienne devait recourir à des ateliers de Trévise pour l'opération du foulage. Aux x m e et xive siècles, la République prit diverses mesures en faveur de l'industrie vénitienne et au désavantage des rivaux voisins de Padoue et Trévise, beaucoup mieux servis par les conditions locales (Fano, op. cit, p. 119.

page 34 note 2. Obligation faite aux citoyens de s'habiller de draps vénitiens, l'emploi de tissus étrangers étant limité aux tvjpes non fabriqués à Venise. Cf. le décret du 18 sept. 1430 (A.S.V., Senaio, Deliberazioni Mist, reg. 58, c. 4) qui limite rigoureusement l'usage des tissus d'importation afin de « providere misterio lane Venetiarum ». Exception pour les « sarzas, rassas, grisios, beretinos, albos, frisonos, cariseas ». Tous les autres tissus étrangers capables de se substituer à des produits vénitiens seraient enfermés, jusqu'à leur réexportation, dans les « solaria pannorum » (A.S.V., Senato,Deliberazioni Mist, reg. 59, 19 fév. 1433, m.v..

page 34 note 3. Rappelant les traits communs aux décrets de 1430, 1435, 1450, 1567, 1608 et 1622 (qui étaient tous en substance la répétition du premier) une relation officielle de 1647 fait observer qu'à Venise on a toujours autorisé tes tissus étrangers « che niente de pregiuditio inferivan alla pannina venetiana ». Mais on souligne les inconvénients qui, avec le temps, en sont découlés : sous le vieux nom générique de « pannina di Ponente » qui, autrefois, indiquait des tissus déterminés, de qualité et de prix inférieurs, se sont introduits des produits qui concurrencent la draperie vénitienne. Même le changement des goûts et de la mode font préférer ces draps étrangers par les consommateurs vénitiens. Il est significatif que le décret de 1647, bien que toujours calqué sur les précédents, interdise cette fois, d'une nouvelle formule, « t u t t e le pannine di lana… fabncate in stati alieni… che imitassero o potessero servire in vece di quelle che si fabricano in questa città » (A.S.V., Senaio Terr, fe 521, décret du 19 sept. 1647, et rapport du 12 juillet 1647). Mais, comme l'observaient les Savi alla Mercanzia,n 1716, les draps de Hollande et d'Angleterre « non imitano ne possono servire in vece dei parmi che si fabricano in questa città », car ils ne leur ressemblent ni par la qualité, ni par le poids, ni par le prix, etc., de sorte qu'ils n'entrent pas vraiment dans le cadre de la loi (A.S.V., Cinque Sav, n.s., b. 89, sept. 1716.

page 34 note 4. On a voulu voir une intention « modérément protectionniste », et pas seulement fiscale, dans le tarif douanier en vigueur en 1545 (S. Cognetti de Martiis, 1 due sistemi délia politica commerciale venezian, dans Biblioteca deW economist, série IV, vol. I, 1900, p. ccxxxvi). Ce tarif fixait, en effet, pour les draps importés (à l'exclusion toutefois des carisées) une taxe d'entrée de 7,3 % et, à la sortie (pour les draps qui avaient été importés à Venise sur les galères vénitiennes), de 1,9 %. La taxe de sortie pour les draps nationaux était de 5,6 %. L'avantage consenti aux produits nationaux aurait donc été assez modeste (2,6 %) . Mais il faut aussi songer au fait que les matières premières qui entraient dans leur fabrication avaient été, elles aussi, sujettes à un droit d'importation. Le tarif de 1545, par exemple, était de 3,2 % pour les laines espagnoles entrant à Venis.

page 35 note 1. G. Luzzatto, « La decadenza di Venezia dopo le scoperte geografiche nella tradizione e nella realtà », dans Archivio Venet, 1954, p. 165-17.

page 35 note 2. R. Fulin, «c I Portoghesi in India e i Veneziani in Egitto (Dai Diarii di Girolamo Priuli) », dans Archivio Venet, 1881, p. 162 et 26.

page 35 note 3. A. Zanelli, « La devozione di Brescia a Venezia e il principio délia sua decadenza economica », dans Archivio Storico Lombard, 1912, p. 3.

page 35 note 4. A.S.V., Senato, Miscellanea Dispacci antichi, Rettori :,elation des Recteurs de Brescia du 3 mai 154.

page 35 note 5. G. Mira, « Provedimenti viscontei e sforzeschi sull'arte délia lana a Como (1335- 1535) », dans Arch. Stor. Lombard, 1937, p. 397 et 39.

page 35 note 6. G. Mira, art. cité, p. 400 ; B. Caizzi, Il Comasco solto il dominio spagnol, Côme, 1955, p. 10.

page 35 note 7. Santoro, C., Matricola di mercanti di lana sottile di Milan, Milan, 1940, p. 28 Google Scholar. Voir aussi les observations Fanfani, d'A., Storia del lavoro in Itali, Milan, 1943, p. 99 Google Scholar.

page 36 note 1. G. Aleati e C. M. Cipolla, « Iltrend economico nello Stato di Milano durante i secoli xvi e XVII : il caso di Pavia », dans Bol. délia Soc. Pavese di Storia Patri, 1951, p. .

page 36 note 2. State Papers, Henry VII, vol. VII, p. 226,12 sept. 1529, cité dans C.Barbagallo, Storia Universal, vol. IV, 1°, p. 49.

page 36 note 3. Relazione del Ducato di Milano di G. Basadonna, 1533, dans Alberi, , Le relazioni degli ambasciatori veneti…, série II, t. V, p. 333 Google Scholar.

page 36 note 4. « Relazione di Firenze di A. Suriano », 1529, dans Albert, op. cit, p. 420-42.

page 36 note 5. Luzzatto, G., Storia economica, L'Eté modern, 3e éd., Padoue, 1950, p. 96 Google Scholar.

page 36 note 6. Galiatzzi, R., Istoria del Granducato di Toscan, Florence, 1781, t. I, p. 288 Google Scholar.

page 36 note 7. G. Pardi, Disegno délia storia demografica di Firenze, Archivio Storico Italiano,916, p. 192 et 19.

page 36 note 8. Barbagallo, C., Storia universal, vol. IV, lr e partie, p. 507 Google Scholar.

page 36 note 9. Beltrami, D., Storia délia popolazione di Venezia dalla fine del sec. XVI alla caduta délia Rep, Padoue, 1954, p. 59 Google Scholar.

page 37 note 1. Caizzi, op. cit, p. 8.

page 37 note 2. A.S.V., Sindici Inquisitori di Terraferm, b. 63, Descritione fatta da Zuane da Leze… del 159.

page 37 note 3. A.S.V., Senato, Miscellanea Dispacci antichi, Rettori, Relation des Recteurs de Bergame du 24 avril 1540. Plein développement également de l'industrie de la soie dans de nombreux centres de la Péninsule : à Reggio Emilia est créée en 1546 l'Università délia seta ; entre 1550 et 1560, s'y trouvaient semble-t-il 4 000 métiers en activité ( Brenni, L., La tessitura seriea attraverso i secol, Côme, 1925, p. 91 Google Scholar et 94) ; à Pavie, la fabrication des soieries introduites en 1550, se développe rapidement ; de nombreuses boutiques nouvelles s'ouvrent chaque année (Aleati et Cipolla, art. cit, p. 10) ; pour Bologne, les quantités de soie grège qui pénètrent dans la ville entre 1568 et 1589 montrent aussi une nette expansion : 41 704 livres en 1568, 60 500 dix ans plus tard, 92 245 en 1589 (Brenni, op., cit., p.,1.

page 37 note 4. Galuzzi, op. cit., t.,II, p. 41.

page 37 note 5. Document cité par Galuzzi, loc. cit.

page 37 note 6. A.S.V., Senato, Dispacci, Costantinopol, Filza 12, 6 juillet 157.

page 38 note 1. Voir ce qu'écrit Braudel, F. (La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe I, Paris, 1949, p . 479 Google Scholar et sq., sur le « retour des Anglais ». La guerre de Chypre marque vraiment un tournant décisif pour l'économie vénitienne. Les contemporains en étaient conscients : elle datait à leur sens la fin irrévocable des voyages du Ponant et le début d'une ruineuse concurrence sur les routes du Levant. Quant aux voyages du Ponant, voir le préambule d'un décret du Sénat de 1581, cité par F. Braudel, p. 481. Pour la navigation du Levant, un document officiel de 1586 déclarait que « per la concorentia di diverse nationi che capitano in Levante con li loro vasselli li nostri hanno tralasciato quasi si puo dire quel viaggio » (A.S.V., Cinque Sa, Risposte, reg. 137, C. 164, 22 avril 1586). Un éloquent document de 1603 fait une référence explicite à la guerre de Chypre : « Con questa occasione [gli Inglesi] diedero principio alla navigazione di questi mari [di Levante]… et procurorono di impatronirsi ai questo negotio » (Ibid, reg. 141, c. 45). On ne se faisait pas d'illusions sur un changement possible : « Havendo costoro [gli Inglesi] hormai posto case in tutte le piazze mercantili del Turco et nelle isole di Vostra Serenità et in questa città, navigando con li loro vasselli in ogni tempo et in ogni luoco… hanno messo il piede eosi fermo in questi negotii che par quasi impossibile il poter del t u t to levarli da questi mari. » (Ibid, reg. 140, c. 98, 26 août 1600.

page 38 note 2. En 1514, un décret significatif du Sénat abolit la taxe différentielle sur les tissus du Ponant : abrogeant la viei le loi qui imposait un droit supplémentaire de 8 % sur les draps importés par voie de terre et ceci « solummodo a fine di dar partito a le galee nostre di Fiandra », le nouveau décret substitue une taxe unique d'importation de 4 % pour tous les « panni coloradi et carisee », quel que soit le mode d'importation. La raison : « a cio se ne conduchino maior quantité… non andando hora esse galie al viazo predicto » (A.S.V., Senato Mar, reg. 18, c. 35, décret du 8 juil. 1514). La mesure fut prorogée au moins jusqu'en 1526 (Ibid, reg. 20, C. 21 t°). La taxe différentielle destinée à favoriser le trafic des galères réapparaît toutefois dans le tarif de 1545 sous une forme différente et atténuée : les tissus nordiques sont frappés à la sortie de Venise par un impôt de 1,9 % s'ils sont importés avec les galères vénitiennes, de 6,2 % si c'est par un autre moyen ; pour les carisées qui sont exemptées d'impôt à l'entrée, le droit d'exportation est de 1,8 % dans le premier cas, de 3 % dans le second (Cognetti DE Martiis, art. cit, p. ccxx). Ce fut l'ultime défense des « voyages de Flandres », destinés à bientôt disparaîtr.

page 38 note 3. A la fin du siècle, aux dires du superintendant des daces,e la Sérénissime, les Anglais étaient présents dans tous les principaux ports du Levant, apportant d'Angleterre carisées, étains, bois du Brésil et autres marchandises jusqu'aux échelles d'Alexandrie, Constantinople, etc. Entre 1594 et 1596 étaient arrivés dans ces ports 14 navires anglais avec, entre autres, 30 000 pièces de carisées (Museo Correr, Venise, Donà délie Rose 179, « Ricordo di Hieronimo Quarto », 1596). En 1612, les marchands vénitiens n'avaient plus que 5 des 20 maisons qu'ils avaient possédées à Constantinople, tandis que les Anglais en possédaient déjà une vingtaine (Relat. de Simon Contarini, 1612, dans Barozzi-Berchet, , Relazioni degV ambasciatori venet, Turchia, l l e partie, p. 235 Google Scholar.

page 38 note 4. Les Savi alla mercanzia écrivaient en 1602 : ce Non è dubbio che questa città non farà più faccende se non secondo la domanda del Levante » (A.S.V., Cinque Sav, Risposte, reg. 140, c. 178). Soixante-dix ans plus tard, ce grand affairiste et observateur aigu des réalités économiques qu'était Simone Giogalli, disait que la misère de Venise venait de la baisse de l'industrie, « non avendo più spaccio massime nel Levante, dove si consumavano pannine di lana e seda veneziane in grandissima quantità » (Scrittura inedita di S. Giogalli…, 1671, éd. p. E. Cigogna, Venise, 1856, p. 14). Sur le volume des exportations de draçs au Levant, les renseignements sont rares. Le 4 avril 1612, notant des signes de déclin, l'ambassadeur anglais à Venise écrivait : « Even the commodities of this citie which were wont to be carried into Soria fayle likewise of vent, insomuch that for some years past, there was 24 000 and 25 000 clothes sent thether a year. This last year 1611, there was but 15 000 and the next it is not thought there will be above 10 000 or 12 000 » (Public Record Offic, Londres, State Papers, 99, bundle 8, c. 343). En 1656, sutr une production de 10 000 pièces, le marché interne n'en absorbait que 700 (A.S.V., Arte délia set, b. 120, fasc. 341, c. 2). En 1671, sur une production de 6 896 pièces, 6 038 furent exportées (A.S.V., Senato, Rettor, fil. 82, 27 fév. 1671 m.c.

page 39 note 1. C. M. Cipolla, The décline of Ital, p. 178-17.

page 39 note 2. Cf. supr, note 4, p, 3.

page 39 note 3. R. Romano, « A Florence au xviie siècle : Industries textiles et conjoncture » Annale, 1952, p. 50.

page 39 note 4. A.S.V., Cinque Sav, Risposte, reg. 140, c. 173. Le même document affirme que les Anglais ont « dernièrement » amené au Levant une nave «c nella quale oltre aile altre m?rcantie per quanto si dice et è credibile vi erano 15 000 pezze di carisee ».

page 39 note 5. Ibid, reg. 144 c. 164, 31 mars 161.

page 39 note 6. Relat. de Simone Contarini, 1612, dans Barozzi-Berchet, op. cit, p. 21.

page 39 note 7. Relat. d'Alvise Contarini, 1640, Ibid, p. 38.

page 40 note 1. A.S.V., Senato reltor, filza 72, 30 déc. 166.

page 40 note 2. Relazione di Giacomo Querini, 1676, dans Barozzi-Berchet, op. cit, 2e partie, p. 178. Le baile Querini suggérait finalement de « fare prova di nuova fabbrica di pannina e lasciarsi dalla corrente e dall’ opinione trasportare ».

page 40 note 3. Pour les Flandres, cf. H. Van Wervecke, Bruges et Anver, Bruxelles, 1944, p. 76 ; pour l'Angleterre, Clapham, J., A concise Economie History of Britai, Cambridge, 1951, p. 243 Google Scholar.

page 40 note 4. A ce sujet, une allusion déjà dans un document officiel de 1636 où il est dit que vivres et loyers sont moins coûteux dans la Terre-Ferme, de sorte que beaucoup d'artisans de Venise y émigrent et font une forte concurrence à la capitale (A.S.V., Cinque Sav, b. 467, doc. 29 sept. 1636.

page 40 note 5. Luzzatto, La decadenza di Venezia…, p. 17.

page 41 note 1. Beltkami, op. cit, p. 6.

page 41 note 2. On ne peut cacher, écrivaient les consoli dei Mercanti en 1636, que à cause de la peste, « sono cresciute le mercedi dei tessitori quasi d'un terzo » (A.S.V., Cinque Sav, b. 467, 29 sept. 1636). E t une relation officielle de 1668 : « I mercanti dall'accrescimento, délie mercedi grande pregiuditio rissentono, alteratasi la tariffa délie medesime l'anno dopo la peste ne mai più abbassetasi » (A.S.V., Senato rettor, fil. 72, doc. 30 déc. 1668). La nécessité de réduire les salaires était soulignée en 1671 par un marchand vénitien qui subordonnait la reprise de l'exportation à une « particolar applicatione accio per l'awenire li panni di Venetia fossero fabbricati senza quelli eccessivi aggravi che ora li riducono a valere prezzi elevatissimi : e qui ricordo che le manifatture che son obligati a pagare le mercanti di lana agli operari riescono troppo esorbitanti, si che moderate che queste siino… si troveranno a vendere li panni a prezzi più tollerabili e per conseguenza verrassi ad augmentare l'esito » (Scrittura di S. Giogalli, cit, p. 16). Même opinion chez un groupe de commerçants qui pensent que l'unique remède serait de diminuer les prix de revient, « cosa che benissimo si puo fare levandogli qualche gravezza publicaj e correggendo le stravaganti spese di manifattura », alors que draps de Londres et Hollande coûtent « prezzi moderatissimi » (A.S.V., Senato rettor, filza 82, 21 janv. 1671 m.v..

page 41 note 3. Les activ tés qui réclamaient la plus grande habileté technique revenaient obligatoirement aux maîtres artisans et à leurs employés, de toute façon ne sortaient que des boutiques autorisées par la corporation. Il ne fut donc pas difficile aux tisseurs de soie, menacés par la concurrence de la main-d'oeuvre féminine non inscrite à la corporation et prête à travailler pour des salaires « vili et inferiori », de faire cesser cet abus grâce à l'intervention de l'Etat (A.S.V., Proweditori di Comu, reg. 7, 12 août 1687). La situation est différente pour les travailleurs plus humbles (par ex. pour le triage et le cardage des laines) qui sont pris à la journée par le marchand entrepreneur. Mais là aussi, on cherche à « fermer » ces métiers, en excluant les travailleurs non inscrits à un organisme corporatif. Ainsi les « cimolini » et les « garzotti » qui, en 1541, avaient obtenu déformer une corporation sans avoir d'ailleurs les mêmes privilèges que les corporations d'artisans, prétendirent en 1660 obliger les marchands à ne prendre que les membres inscrits à leur corporation, et il y eut bien huit ans de controverses et procédures judiciaires avant que l'Etat se prononce contre cette prétention (A.S.V., Senato rettor, fil. 72, papiers joints au décret du 4 janv. 1668 m.v..

page 41 note 4. « Gli operari sicuri, per i decreti, di una determinata mercede non curano di perfezionare il lavoro perché conseguiscono il pagamento in qualunque modo sia fatta l'opéra » (A.S.V., Cinque Sav, n.s., b . 126, fasc. 62, 29 mars 1689). Un document de la même année affirme : « Le regole passate con cui… fu destinata agli opérai certa la mercede causarono… la rovina dei Lanificio » (Ibid, au 15 juin.

page 42 note 1. A la fin du xviie s., par ex., les Savi alla Mercanzia cédèrent aux demandes d'augmentation des salaires des tisseurs de soie, bien que reconnaissant explicitement que « la congiuntura non era favôrevole » (A.S.V., Cinque Sav, b. 477, 25 sept. 1696.

page 42 note 2. Quand les drapiers de Venise demandèrent l'autorisation de travailler les laines italiennes comme les espagnoles, ce dont ils attendaient une importante réduction des prix, ils en profitèrent pour demander aussi « una intiera libertà di prevalersi di quegli operari che sono di loro genio », ceux des corporations refusant « di fare le manifatture comme viene loro ordinato da mercanti ». Mais les bureaux gouvernementaux, tout en reconnaissant l'affaire pour « gravissima », estimèrent que « non fosse bene per hora alterar le cose praticate » (A.S.V., Cinque Sav, n.s., b. 126, fasc. 62, 18 mars 1690). I.e drapier flamand Pietro Comans, venu à Venise pour y commencer la fabrication de draps de type hollandais, veut d'abord l'assurance « di poter tenere in casa, accordare e spesare i lavoranti senz’ alcun immaginabile oppositione » et demande que « dall’ Arti di Venetia… non possa esser mai molestata questa mia fabbrica ne li fabbricatori che in essa si impiegassero » (A.S.V., Cinque Sav, n.s., b. 125, 16 janv. 1696 m.v..

page 42 note 3. Un exemple de la rigidité du système : en 1570, Paolo de Simone, filateur de soie, demande l'autorisation de prendre dans sa propre boutique un teinturier pour contrôler « de ses propres yeux », la teinture des soies. La corporation des teinturiers s'y oppose, de crainte que ce précédent n'entraîne d'autres artisans à prendre dans leurs boutiques des teinturiers, t tenendoli come schiavi e facendoli lavorare… per quei pretii che volessero », si bien que « tante botteghe e famiglie di tentori… restarebbero senza facende ». Les autorités donnèrent raison à la corporation (A.S.V., Proweditori di Comu, reg. 5, 18 déc. 1570.

page 42 note 4. A.S.V., Proweditori di Comu, reg. 7, 5 janv. 1673 m. .

page 42 note 5. A.S.V., Cinque Savi, s, b. 126, fasc. 62, 15 juin 168.

page 42 note 6. A.S.V., Cinque Sav, Risposte, reg. 159, ce. 79 sq., 3 juin 167.

page 42 note 7. Ibid, reg. 148, c. 12.

page 43 note 1. Ce principe de répartition du travail est invoqué par les autorités pour motiver leur refus de permettre à trois maîtres tisseurs appartenant à la même famille de réunir leurs métiers dans une seule boutique (A.S.V., Prov.-di Comu, reg. 7, 23 déc. 168.

page 43 note 2. En 1569, on réduit le nombre des métiers à deux par boutique à cause de la « calamità dei tempi ». E t ceci jusqu'à ce que « le cose mutassero e l'Arte potesse respirare con maggior abbondanza di lavori » (A.S.V., Prov. di Comu, b. 54, 23 août 1669.

page 43 note 3. A.S.V., Prov. di Comu, reg. 7, 26 mars 168.

page 43 note 4. Cf., par ex., A.S.V., Prov. di Comu, b. 57. « Summario délia Mariegola… dell'Università dei Drappieri », 20 sept. 1620, 21 août et 5 sept. 1640 ; Ibid, reg., 7, 14 juin 1677, 10 mai 1678, 11 janvier 1683, 19 janv. 168.

page 43 note 5. Une relation des Savi alla Mercanzia, par ex., admettait, mais trop tard peut-être, que l'industrie lainière était « aggravata da pesi eccedenti » et que, « ridotti questi… potrebbe restar minorato ilpretio e cosi facilitata la vendita » (A.S.V., Cinque Sav, n.s., b. 126, fasc. 62, 29 mars 1689.

page 43 note 6. « …nelle scale già fatte grandi et abondanti di t u t t i li negocii non vi sono le gravezze di datii, ma negocio libero », alors qu'à Venise les droits d'entrée et de sortie sont très lourds (A.S.V., Cinque Sav, Risposte, reg. 149, c. 21t°, 31 dac. 1632.

page 44 note 7. Une relation officielle de 1689 affirme que l'opinion commune considère « il valore rigorosissimo » des draps vénitiens comme une des « cause fondamentali per le quali si estenuo la fabrica di Venetia », ceci à cause du haut prix des laines espagnoles (A.S.V., Cinque Sav, n.s., b. 126, fasc. 62, 15 juin 1689.

page 44 note 1. Les laines espagnoles, écrivait un marchand en 1662, « capitano in mano qui di tre o quattro mercanti, i quali non dubito punto, anzi ne sono eertissimo che se il Signore Iddio concedesse qualche respiro (cioè maggior esito) alla pannina, si unirebbero e farebbero aumentare il prezzo délie lane ad ogni loro capriecio… » (Scrittura inedita del marcadante Francesco Alborelli… nel,662 p.u. V. Scarpa, Venise, 1856, p. 1.

page 44 note 2. « La declinatione del negotio, observaient les Savi alla Mercanzia en 1640, dériva per la malsicura navigatione; il che cagiona che quelli che mandano a quelle scale (di Levante), no volendo arrischiare il valor de loro capitali, convengono assicurarsi… con aggravio délia mercanzia. » Les navires vénitiens « sono mal ad ordine et in stato cattivo, onde li viaggi riescono lunghissimi et li rischi grandissimi » ; les marchands n'y chargent pas volontiers, « ritardando molto al partire, onde passan gli anni prima che siano di ritorno… » (A.S.V., Cinque Sav, Risposte, reg. 152, c. 147-149, 12 sept. 1640.

page 44 note 3. Aux dires des armateurs vénitiens eux-mêmes, les bateaux anglais étaient préférés par les marchands, « perché fanno li loro viaggi in piciol spatio di tempo dove le navi veneziane sono molto più tarde » (Museo Correr, Venise, Cicogna, 3036/22, non daté, mais probablement du début du XVIIe s.). Les Savi alla Mercanzia disent que si les marchands vénitiens veulent « incaminare capitale di qualche consideratione aile scale di Levante, è necessario si valgano e noleggino vasselli fiamenghi e inglesi » (A.S.V., Cinque Sav, Risposte, reg. 146, c. 217, 29 dée. 1625). Sûreté plus grande voulait dire primes d'assurances plus faibles. En 1628, celles-ci étaient sur les naves vénitiennes à destination de la Syrie de 10 à 12 % si elles n'étaient pas escortées par des navires de guerre, de 4 à 5 % si elles l'étaient. La même année, des navires anglais de commerce'offraient leurs services aux exportateurs vénitiens avec des assurances de 4 % (A.S. V., Cinque Sav, Risposte, reg. 148, c. 13 et 35.

page 44 note 4. Relation d'Alvise Contarini, 1640, dans Baeozzi-Berchet, op. cit, p. 40.

page 45 note 1. A.S.V., Cinque Sav, n.s., b. 125, 24 fév. 1722 m..

page 45 note 2. Ibid, b. 126, fascicule « Cesarotti ».

page 45 note 3. A.S.V., Prav. di Comu, b. 7, 28 mars 167.

page 45 note 4. A.S.V., Cinque Sav, n.s., b. 139, fasc. « Processo n° 3, Caméra del Purgo ».

page 45 note 5. Ibid, b. 140, « Processo n° 4, Caméra del Purgo ».