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Climat, récoltes et vie des hommes à Genève, XVIe-XVIIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Anne-Marie Piuz
Anne-Marie Piuz*
Affiliation:
Département d'histoire économique, Genève
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Le domaine de l'histoire climat et récoltes,récemment encore neuf, a été — depuis quelques années — enrichi par de stimulantes études, au premier rang desquelles figurent les travaux d'Emmanuel Le Roy Ladurie. La présente recherche a simplement pour but de livrer quelques nouvelles pièces au dossier de l'histoire écologique.

Les sources sont diverses. En annexe, in fine,on a rassemblé toutes les notations trouvées, dans les chroniques et dans les registres publics, sur le climat, la météorologie, les récoltes, et les incidences de ces phénomènes sur la vie des hommes : prix, abondance, disettes.

Type
Histoire et Environnement
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 29 , Issue 3 , June 1974 , pp. 599 - 618
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1974

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References

1. Emmanuel Le Roy Ladurie, « Histoire et climat », Annales E.S.C., 14, 1959, pp. 3-34 ; « Climat et récoltes aux Xviie et XVIIIe siècles », id., 15, 1960, pp. 434-465 ; « Le climat des XIe et XVIe siècles : séries comparées », id., 20, 1965, pp. 899-922 ; Histoire du climat depuis l'an mil, Paris, 1967 ; « Pour une histoire de l'environnement : la part du climat », Annales E.S.C., 25, 1970, pp. 1459-1470. Voir aussi Jan Titow, « Le climat à travers les rôles de comptabilité de l'évêché de Winchester (1350-1450) », Annales E.S.C., 25. 197°. PP. 312-350.

2. Les sources, imprimées et manuscrites, qui ont fourni ces informations sont citées in fine.

3. Cf. E. Le Roy Ladurie (1959), pp. 27 ss. Passant du qualitatif au quantitatif, soit d'informations isolées rassemblées en séries, D. J. Schove, qui est météorologiste, émet l'hypothèse de l'alternance, au cours de l'histoire, de périodes climatiques à tendance maritime ou à tendance continentale. Selon cet auteur, dès le milieu du XVIe siècle se dessinerait une tendance « continentale », coupée de périodes d'hivers doux et d'étés frais (tendance maritime), par exemple entre 1680 et 1740.

4. RC 133, fol. 266.

5. RC 162, fol. 240 ; RC 171, fol. 191 ; RC 220, fol. 477 ; Jur. Pen. 12, 10.

6. Jur. Pen. 12, vol. 7, fol. 270 et 273. Jusqu'en 1749, on trouve l'établissement des vendanges dans le Registre du Conseil. Dès 1750, la police des emprises est remise à MM. de la Justice qui manderont les prud'hommes des villages de la banlieue. On fera appeler tous les gardes des vignes qui déclareront sous serment quel est l'état des vignes et quel sera le temps auquel on pourra vendanger, ceci « afin que chacun ne vendange pas arbitrairement, et souvent au détriment de son voisin », Jur. Pen. 12, 7, fol. 270. On n'a donc pas le droit de vendanger avant les emprises (exemples d'amendes infligées aux contrevenants) mais certains propriétaires vendangent plus tard. Pour Genève, la correction grégorienne intervient jusqu'en 1700 (moment de l'adoption du nouveau calendrier).

7. Cette remarque, et toutes celles de ce présent paragraphe, proviennent de Raoul Gautier, Georges Tiercy, L'Observatoire de Genève iyy2-i8so-ig50, Genève, 1930, chap. 1 et 11 ; Pierre Bouvier et Josette Ruche, « Deux siècles de météorologie à l'Observatoire de Genève », Archives des sciences, 1965, pp. 243-266.

8. Les observations de G.-A. de Luc ont été utilisées par Alfred Gautier, successeur de M.-A. Pictet à la direction de l'Observatoire, « Notice historique sur les observations météorologiques faites à Genève », Archives, 43, 1843. Raoul Gautier, petit-neveu du précédent, également directeur de l'Observatoire (où d'ailleurs il succède à Émile Gautier, son père) publie les observations de G.-A. de Luc et de Lubières dans Archives, 31, 1911, et en outre, il tire plusieurs articles que j'ai mentionnés plus haut, fondés en partie sur les observations des de Luc, père et fils.

9. Voir un résumé de la thèse de Bruckner et de celle d'Utterström, dans E. Le Roy Ladurie, 1959, pp. 4 ss.

10. Cette chronologie, et celle qui suit, se retrouvent presque exactement à travers les études de E. Le Roy Ladurie. Voir notamment Histoire du climat, pp. 49 ss.

11. RC 212, fol. 612.

12. Les moyennes mobiles, même établies sur une base aussi étroite que 5 ans, faussent l'examen de la conjoncture très courte.

13. Du moins un réchauffement relatif, celui des périodes végétatives, ce qui n'exclut pas les hivers froids (schéma du climat continental). Voyez le graphique en bâtonnets : de 1653 à 1690, excepté la vendange universellement retardée de 1675 (Le Roy Ladurie), la majorité des emprises précoces. D'ailleurs, en 1675, à Genève, la récolte de blé est abondante : le 10 août, « plusieurs personnes… trouvoient estrange que l'on diminuoit pas le prix du bled veu la récolte abondante qu'on en avoit fait cete année », RC 1675, fol. 312.

14. Le prix du vin est fixé, chaque année, aux environs de la Saint-Martin, par les Conseils. J'ai attribué parfois à la fixation du taux du vin une motivation politique. Au terme de cette recherche, j'en doute. Ou plutót je dirais que les fluctuations du taux obéissent bien à la courbe des quantités produites, mais c'est l'amplitude des fluctuations des prix qui peut révéler les influences de groupes de pression comme les intérêts des producteurs opposés à ceux des consommateurs (” Note pour une interprétation de la politique genevoise du vin au Xviie siècle », dans Colloque international : Produzione e Commercio del Vino nella Storia d'Europa, Pavie, 1971).

15. Jean-François Bergier, « Commerce et politique du blé à Genève aux XVe et XVIe siècles », Revue suisse d'histoire, 14, 1964, pp. 521-550.

16. Anne-Marie Piuz, Affaires et politique. Recherches sur le commerce de Genève au Xviie siècle, Genève, 1964, pp. 34 ss.

17. Anne-Lise Head-König et Béatrice Veyrassat-Herren, « Les revenus décimaux à Genève de 1540 à 1783 », Les fluctuations du produit de la dîme. Conjoncture décimale et domaniale de la fin du Moyen Age au XVIIIe siècle, École pratique des Hautes Études, Paris-La Haye, 1972, pp. 165-179.

18. Ibid., p. 177.

19. E. Le Roy Ladurie, 1970, p. 1462.

20. Ce qui n'exclut pas, bien entendu, les initiatives isolées de propriétaires progressistes.

21. Ces travaux ont été commentés, à plusieurs reprises, par E. Le Roy Ladurie. Voir notamment Annales E.S.C., 1960, pp. 452, 453, 458.

22. Les calculs et les graphiques qui permettent de poser cette hypothèse ont été établis par Paule Rey, de l'Institut de médecine sociale et préventive de l'Université de Genève. Je la remercie vivement de cette collaboration.

23. La peste ou une autre épidémie surviennent souvent pendant les étés chauds ou pluvieux, 1571, 1615, 1616, 1768.

24. On a certainement là une illustration de la loi de King (effondrement des prix plus que proportionnel à l'augmentation de l'offre).

25. Selon le procès criminel n° 2342 (PC, 2e série), des informations sont prises à l'instance du Procureur général contre Pierre Danel et Jean Burnier qui ont mal parlé contre l'abondance du vin qu'il a plu à Dieu d'envoyer cette année.

26. E. Le Roy Ladurie : en 1675, les vendanges sont toutes tardives dans l'Europe entière, Histoire du climat, p. 49.

27. Marc-Auguste Pictet, en viticulteur éclairé, recherche la qualité et retarde sa vendange. C'est lui qui, en 1719, « n'est pas pressé de vendanger ». Le souci de la recherche de la qualité n'est le fait que de quelques grands propriétaires avisés.

28. M.-A. Pictet note, en marge de ces observations : « inoculé la petite vérole à mes deux enfants, forte épidémie à Genève ».