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Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
UNE nouvelle querelle est née autour de Bartolomé de Las Casas à la suite de la publication récente du livre de Ramón Menéndez Pidal. Ce n'est, à vrai dire, que la reprise de controverses qui se firent jour au Congrès des Américanistes de 1935, à Séville, à la suite de l'offensive menée par Romulo D. Carbia contre l'illustre Défenseur des Indiens. On pourrait être tenté de penser que ce sont là vaines querelles, car la personnalité de Las Casas est souvent un simple paravent, derrière lequel s'abritent les tenants de l'impérialisme colonial, ou d'un libéralisme à tendance humanitaire et chrétienne. Mais, que l'histoire de ce moine du XVIe siècle, que l'interprétation du rôle qu'il a pu jouer gardent encore un tel pouvoir passionnel, voilà justement qui n'est pas indifférent et qui nous met au coeur de maints problèmes encore brûlants dans l'Amérique latine d'aujourd'hui. D'autre part, la discussion entre admirateurs et adversaires du dominicain n'aura pas été inutile ; car, depuis 1935, l'impulsion a ainsi été donnée à toute une série de publications : édition critique de la majeure partie de l'œuvre de Las Casas, recueils de textes relatifs à la Conquista, recherche — et découverte — d'inédits, études sur l'encomienda, etc. Peu à peu la réalité américaine de ce riche demisiècle en sort mieux connue, se dessine plus nettements.
1. El Padre Las Casas. Su doble personalidad, Madrid, Espasa Calpe, 1963.
2. La thèse de Carbia sur Las Casas, mystificateur et falsificateur a été reprise dans son Historia de la leyenda negra hispano-americana, Buenos Aires, 1943.
3. Entre autres : Obras escogidas (uniquement les ouvrages écrits en castillan), éditées par J. Perez de Tudela (t. 95, 96, 105, 106 et 110de la «Biblioteca de autores espanoles », Madrid 1957, 1958, 1960). Édition du De unico vocationis modo par Millares Carlo, Mexico, 1942. Édition du De thesauris par Angel Losada, Madrid, 1958.
Hanke, L. et Fernandez, M. Giménez, Bartolomé de las Casas. Bibliografia critica y cuerpo de materiales, Santiago de Chile, 1954.Google Scholar
L. Hanke y A. Millares Carlo, Cuerpo de documentas delsiglo XVI sobre los derechos de España en las Indias y las Filipinas, Mexico, 1943. — Zavala, Silvio, La encomienda indiana, Madrid, 1935 Google Scholar ; La filosofia politica en la conquista de America, Mexico, 1947.
Une énumération même approximative de tout ce qui a été publié, depuis 1935, touchant de plus ou moins près à Las Casas, serait infinie. Il suffit de renvoyer à la Bibliografía crítica…, de L. Hanke et M. Giménez Fernandez, citée plus haut (bibliographie qui est actuellement poursuivie par M. R. Mareus). En France, les articles de M. Marcel Bataillon font autorité. Ils viennent de paraître en recueil (édité par le Centre de recherches de l'Institut d'Études hispaniques sous le titre « Études sur Bartolomé de Las Casas »).
page 876 note 1. T. I : Bartolomé de Las Casas. Delegado de Cisneros para la reformación de las Indias (1516-1517), Séville, 1953 ; T. I I : Capellan de Carlos I. Poblador de Cumana (1517-1523), Séville, 1960.
page 876 note 2. Rappelons ses principaux ouvrages : La lucha por lajusticia en la conquista española en América, Buenos Aires, 1949 ; Bartolomé de Las Casas pensador politico, historiador, antropologo, La Havane, 1949 ; Bartholomew of Las Casas. An interpretation of his life and writings, La Haye, 1951 ; Aristotle and the American Indians, Londres, 1959.
page 876 note 3. Entre autres : « Codicia insaciable ? Ilustres hazañas ? », Escorial, n° 1 (novembre 1940) ; Vitoria y Las Casas, con otros temas de los siglos XVI y XVII, Madrid, 1958.
page 877 note 1. Voir La Nación, Buenos Aires, 24. XI. 1963 ; et : « Una nueva imagen de Las Casas y el arte critico de Menendez Pidal », Revista de Indias, n° 91-02, p. 1665.
page 877 note 2. « Sobre Bartolomé de Las Casas », Anuario de la Vnivortdad Hispalense, vol. XXIV, 1964, pp. 1-65.
page 877 note 3. Dans un article récent où il analyse les deux premiers volumes de M. Gimenez Fernandez (« Las Casas et la première crise structurelle de la colonisation espagnole », Revue Historique, janvier 1963), M. Pierre Chaunu a souligné l'importance, dans la politique relative aux Indes, des clans qui alternent au gouvernement : lorsque les « fonsequistes » sont tenus en échec par les « Flamands », c'est la première période favorable à Las Casas ; le retour des fonsequistes coïncide avec les difficultés que rencontre Bartolomé pour faire agréer son plan de colonisation de la « Terre Ferme ».
page 878 note 1. Cf. « Valor histórico de la Destructión de las Indias », Ciencia tomista, n° 244 (juillet-septembre 1952).
page 878 note 2. Nous en reparlerons plus loin, à propos de l'article de M. Lewis Hanke.
page 879 note 1. M. Pierre Chaunu (art. cit.) parle d'un creux conjoncturel « à partir de l'automne 1518, qui entrave le financement de l'entreprise de Terre Ferme » : Les colons font un effort désespéré pour se procurer de la main d'oeuvre en direction de la côte orientale visée par le projet de colonisation pacifique » (pp. 98-99).
page 879 note 2. Cf. Manuel Maria Martinez, «Replica o la conferencia de Don Ram´n Menéndez Pidal sobre el Padre Las Casas », Ciencia tomista, n° 286, 1963.
page 880 note 1. « El obispo Marroquin y el fray Motolinía, enemigos de Las Casas », Boletin de la Real Academia de Historia, t. 134, 1953, n° 2, pp. 173-199.
page 880 note 2. « Bartolomé de Las Casas », Imago Mundi, Buenos Aires, 1. IX. 1963.
page 880 note 3. Hispanic American Historical Review, XLIV, n° 3, août 1964, pp. 293-340.
page 881 note 1. « Los franciscanos en el nuevo reino de Granada y el movimiento indigenista del siglo XVI », Bulletin Hispanique, t. LX, 1958, n° 1, pp. 9-11.
page 881 note 2. Caracteres de la conquista española en América y Mexico segun los textos de los historiadores primilivos, Madrid, 1901.
page 882 note 1. Pp. 102 à 104, d'après Archivo de Indias, Indif. General, leg. 1530 et 1624.
page 882 note 2. « The Church and the Repartimientos in the light of the third Mexican Council, 1585 », The Americas, XX, 1963, n ° 1, pp. 3-36.
page 882 note 3. « Las Casas y el movimiento indigenista en Espafta y América en le primera mitad del siglo xvi », Reirista de Historia de America, n° 34, 1952, pp. 339-411.
page 882 note 4. Vida y luchas de Don Juan del Valle, primer obispo de Popoyan y defensor de Indios, Popoyan, 1961.
page 883 note 1. Dans son Fray Bartolomé de Las Casas, Padre de América, Madrid, 1958, p. 812.
page 883 note 2. Lettre au Roi, de 1552 : « (…) Que Votre Altesse se souvienne combien de fois j'ai insisté auprès du Conseil Royal pour qu'on ne permette pas de passer aux Indes, principalement au Pérou, à des gens de cape noire, des fainéants. » (Cité par Martinez, op. cit., p. 86).
page 883 note 3. Zumarraga au Conseil Royal : « On ne vient ici que pour amasser or et argent, en prendre tout son plein et aller le vider là-bas (en Castille). Il faudrait que viennent des laboureurs, car la terre est très fertile (…) » (Cité par Martinez, op. cit., p. 87).
page 883 note 4. Le Marquis de Cañete, au Roi ; cité par Mabtinez, op. cit., p. 86.
page 884 note 1. Cité par Plancarte, G. Méndez, Humanismo mexicano del giglo XVI, Biblioteca de estudios universitarios, Mexico, 1946, pp. 77 ss.Google Scholar
page 884 note 2. Cf. Bataillon, Marcel, « Vasco de Quiroga et Bartolomé de Las Casas », Revista de Historia de América, n° 38, juillet 1952, pp. 83–95 Google Scholar.
page 884 note 3. Publiées en majeure partie par A. M. Fabié, Vida y escritos de don fray Bartolomé de Las Casas, t. II, et analysées dans Mabtinez, op. cit., pp. 301-807.
page 885 note 1. Dans sa préface au tome I (Madrid, 1957) de son édition de l'Historia de las Indias (Biblioteca de autores españoles, t. XCV).
page 885 note 2. Nous n'avons pu prendre connaissance du compte rendu consacré par le P. B. M. Biermann au livre de R. Menendez Pidal (« Las Casas, ein Geisteskranker ? », Zeitschrift für Missionsmissenschaft und Religions, juillet 1964), M. R. Marcus a bien voulu le résumer pour nous comme il suit : « Le P. Biermanna critique violemment la biographie de don Ramon. Il déclare qu'il s'est à son tour muni d'ouvrages de psychiatrie et que les définitions qu'il a trouvées ne s'appliquent nullement à Las Casas. Il affirme que les conquistadores ont failli à leur mission spirituelle ; que l'encomienda, destinée à faire encadrer les Indiens par des tuteurs qui les évangéliseraient, fut une parodie de ce projet, souvent tragique pour les Indiens ; que les crimes dénoncés par Las Casas le furent avant lui par les Dominicains et tirés de la réalité, et que les exagérations dans les chiffres, en particulier pour les dimensions et les distances, sont bien excusables chez quelqu'un qui n'était pas géographe. Il conclut que Las Casas a agi en grand chrétien, dans la ligne des bulles papales, que le livre de don Ramon « n'est pas une biographie mais sa caricature » et que l'auteur a commis « une grave injustice à l'égard du grand Défenseur des droits de l'homme qui a secoué la conscience de l'Espagne comme nul autre et qui représente un honneur pour l'Espagne » (p. 191). »