Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Contraception, mise en nourrice, illégitimité et abandon des enfants, toutes formes de comportement parental, émergent en ville à l'époque moderne, simultanément dans des milieux sociaux fort divers. Alors que certaines pratiques familiales résistent fortement à la campagne aux nouveautés imposées par la diffusion de la science (hygiène) ou par la législation (Code civil), on est frappé de voir s'introduire avec succès en ville des modifications profondes et rapides du comportement parental. Comme la part du culturel paraît dominante dans les attitudes à l'égard des enfants en bas âge, face à la part socio-économique ou médico-écologique, on serait tenté de différencier culture paysanne, rigide, et culture urbaine, ouverte à l'innovation. Voilà qui serait bien simpliste, car monde urbain et monde rural ne sont pas seulement en contact permanent : ils sont en perpétuel mélange.
Putting a child out to nurse, a very ancient aristocratic custom, is no longer an exceptional practice in French cities of the 18th century. How is such a shift in practice to be explained on the part of the parents, knowing all the risks to which the nurslings were subject to when seperated from the maternal breast? The obstacles to maternal nursing seem to be of several types : natural, material, and above all socio-cultural. The attitude of the father is fundamental : he encourages putting the child out to nurse as a means of protecting the conjugal life which in turn soon leads to the limitation of the number of pregnancies of the wife and to the appearance of a new family model.
It is then asked as a related question if the European and Christian tradition privileging bearing children in the arms (and not on the back) might not have incited mothers to have their children carried and then nursed by hirelings.
Communication présentée en juin 1984 au colloque organisé par la Maison des Sciences de l'Homme sur « Les villes et la diffusion de l'innovation en Europe occidentale, xve-xixe siècles : Innovation et culture urbaine ».
1. Fauve-Chamoux, Antoinette, « Les aspects culturels de la mortalité différentielle des enfants dans le passé », Congrès international de la population, Manille 1981 Google Scholar, Union internationale pour l'étude scientifique de la population, Liège, 1981, pp. 341-361. Les aspects médico-écologiques furent traités à cette occasion par le docteur Jean-Noël Biraben (ibidem, pp. 307-322) et le rôle socio-économique par Alfred Perrenoud (ibidem, pp. 323-340).
2. Fauve-Chamoux, Antoinette, « The Importance of Women in an Urban Environment : the Example of the Rheims Household at the Beginning of the Industrial Révolution », Family Forms in Historié Europe, édité par Wall, Richard en collaboration avec Robin, Jean et Laslett, Peter, Cambridge University Press, 1983, pp. 474–492.Google Scholar
3. Ne citons que les travaux de Bardet, J.-P., Garden, M. OU Poussou, J.-P. et le colloque franco-italien organisé par la Société de Démographie historique en 1981, « Villes du Passé », Annales de Démographie historique, Paris, 1982, 412 p.Google Scholar A. Schiaffino, travaillant sur la ville de Bologne insista sur « Un aspect mal connu de la démographie urbaine : l'émigration » (ibidem, pp. 231-241).
4. Voir mon rapport sur le thème « La femme seule et son travail », Annales de Démographie historique, 1981. Démographie historique et condition féminine, Paris, 1981, pp. 207-213.
5. A Reims, au début du xixe siècle, la femme sans conjoint est majoritaire. Nous découvrons une société de femmes déracinées, laborieuses et responsables. Cf. À. Fauve-Chamoux, « La femme seule, une réalité urbaine », Przeszlosc Demograficna Polski, n° 17, Académie polonaise des Sciences, Varsovie (à paraître, en polonais).
6. Voir Ladurie, Emmanuel Le Roy, « L'histoire urbaine de la France au xviiie siècle, vue par un historien rural », L'histoire et ses méthodes, Presses Universitaires de Lille, 1981, pp. 7–27.Google Scholar
7. Fauve-Chamoux, Antoinette, « Rémois et Rémoises d'Ancien Régime », dans Histoire de Reims, Toulouse, Privât, 1983, pp. 193–228.Google Scholar
8. Klapisch, C. et Herlihy, D., Les Toscans et leurs familles, une étude du Catasto florentin de 1427, Paris, Presse des Sciences Politiques, EHESS, 1978, p. 340 Google Scholar, et Klapisch, surtout C., « Parents de sang, parents de lait : la mise en nourrice à Florence (1300-1530) », Annales de Démographie historique, Paris, 1984, pp. 33–64.Google Scholar
9. Bénedicti, , Somme des Péchés, Édition de 1696, Livre II, p. 227.Google Scholar
10. Montaigne, Essais, 1580,1, 14.
11. Ibidem, Livre III.
12. Ibidem, Livre II, 8.
13. Ambroise Paré, De la génération, 1573.
14. Wall, Richard, « Inferring Differential Neglect of Females from Mortality Data », Annales de Démographie historique, 1981, Paris, p. 124.Google Scholar
15. R. A. P. Finlay, « Population and Fertility in London, 1580-1650 », Journal of Family History, 1979, pp. 34-35 ; « Gateways to Death ? London Child Mortality Expérience, 1570- 1653 », Annales de Démographie historique, 1978, pp. 105-134 et Population andMetropolis, the Demography of London (1580-1650), Cambridge University Press, 1981.
16. A. Bideau pour la ville de Thoissey en Dombes, de 1660 à 1814, Annales de Démographie historique, 1981, p. 51.
17. La situation à Reims ne semble pas différer de celle de Rouen, présentée par J.-P. Bardet, « La mortalité maternelle autrefois… », Annales de Démographie historique 1981, pp. 31-48, et Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Sedes, 1983, pp. 365-368.
18. Voir Gelis, J., « La pratique obstétricale dans la France moderne… », Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, 1976, n° 3, pp. 191–210 Google Scholar et L'arbre et le fruit, la naissance dans l'Occident moderne (XVIe-XVIIe siècles), Paris, Fayard, 1984, pp. 344-351. Cf. aussi, Laget, M., « Les fièvres puerpérales en Languedoc au xviie siècle », dans La qualité de la vie au XVIIe siècle, Marseille, 1977, pp. 63–68 Google Scholar et « La naissance aux siècles classiques : pratique des accouchements et attitudes collectives en France aux xviie et xviiie siècles », Annales E.S.C, n° 5, 1977, p. 967.
19. J.-P. Bardet, Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles, op. cit., 1983, p. 366 montre que l'Hôtel-Dieu multiplie par trois le risque infectieux. C'est l'infection qui emporte plus de la moitié des femmes mortes en couches (57 % de décès par infection, 17 °7o de décès par hémorragie dans l'État de Bade vers 1865, d'après Edward Shorter, Le corps des femmes, Paris, Le Seuil, 1984, p. 101).
20. Antoinette Fauve-Chamoux, « La femme devant l'allaitement », Annales de Démographie historique, 1983, Paris, p. 722.
21. On sert des litres de bouillon aux « gisantes » de l'Hôtel-Dieu de Reims (Archives municipales, Réglementations relatives aux hôpitaux sous l'Ancien Régime). Madame de Sévigné reproche à sa fille, nouvellement accouchée, de ne pas en consommer suffisamment (Lettre à Madame de Grignan, 30 décembre 1671). La tasse à bouillon est un élément important dans l'iconographie de la femme en couches : posée à portée de la main de la jeune mère, la tasse à bouillon n'est pas seulement signe de réconfort après l'épreuve : le breuvage facilitera la lactation (un bol de bouillon est visible sur un tableau du musée dauphinois de Grenoble, reproduit en couverture du livre de Shorter, cf. supra, note 19).
22. Sur la saleté habituelle du linge, voir Gelis, J., Laget, M. et Morel, M.-F., Entrer dans la vie, Paris, Julliard-Gallimard, 1978, p. 119.Google Scholar
23. Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, article « allaitement » rédigé par Jacquemier, Paris, 1875, p. 281.
24. Madame de Sévigné, lettre à Madame de Grignan, 18 décembre 1671.
25. Lettre à Madame de Grignan, 25 février 1671 et lettre du 15 juillet 1671.
26. Cependant les Florentins mettent plus souvent les filles en nourrice à la campagne que les garçons (68 % des filles contre 55 % des garçons) et ces derniers sont sevrés en moyenne plus tard que les filles, ce qui ne manque pas de désavantager ces dernières. Les cadets sont sevrés plus tôt que les aînés. Cf. C. Klapisch-Zuber, « Parents de sang, parents de lait : la mise en nourrice à Florence (1300-1530) », art. cit.
27. Richard Wall, « Inferring Differential Neglect of Females from Mortality Data », art. cit., p. 135.
28. Michel Poulain et Dominique Tabutin, « La surmortalité des petites filles en Belgique au xixe siècle et au début du xxe siècle », Annales de Démographie historique, 1981, pp. 105-118.
29. Alfred Perrenoud, « Surmortalité féminine et condition de la femme (xviie xviiie siècles), une vérification empirique », Annales de Démographie historique, 1981, pp. 89- 104.
30. Marvick, E., « Nature Versus Nurture : Patterns and Trends in Seventeenth Century Child Rearing », TheHistory of Childhood, Lloyd de Mause éd., 1974, p. 283.Google Scholar
31. C. Corsini, « Allaitement et mortalité infantile en Toscane aux xviiie et xixe siècles », Communications au Congrès de l'U.I.E.S.P., Manille, 1981 (texte dactylographié).
32. D'après C. Klapisch (pp. cit., note 26) les cadets sont mis en nourrice moins longtemps que les aînés dans les familles florentines, mais il ressort que malgré tout la mortalité infantile est plus élevée pour les garçons que pour les filles. L'échantillon de 26 petits garçons décédés avant leur premier anniversaire ne permet pas de distinguer statistiquement la mortalité selon le rang de naissance.
33. J. Magaud et L. Henry, « Le rang de naissance dans les phénomènes démographiques », Population, 1968, pp. 879-920. Du fait même de la mise en nourrice, de la mobilité familiale et du sous-enregistrement des « petites sépultures », il est très difficile d'étudier en ville la mortalité différentielle des enfants selon le rang de naissance, alors même que l'on dispose enfin de nombreuses familles. En milieu rural, paradoxalement, l'entreprise devrait être plus facile. J'ai, à partir de l'enregistrement systématique des enfants trouvés de Reims à la fin du xviiie siècle, reconstitué les familles d'une douzaine de ménages, vivant dans la petite ville de Fismes, proche de Reims, qui prenaient des enfants en nourrice, enfants abandonnés confiés par l'Hôtel-Dieu aussi bien qu'enfants d'artisans (Cf. A. Chamoux, « L'enfance abandonnée à Reims à la fin du xvinc siècle », Annales de Démographie historique, 1973, pp. 263-286). Les enfants de la nourrice ne semblent pas être placés ailleurs — contrairement à ce qui se passait dans les fermes en Toscane — ni favorisés par leur mère au détriment de leur frère de lait.
34. Voir l'annexe sur le port des enfants à la fin du présent article : « Genèse d'une conduite maternelle ».
35. Alphonse Daudet, « Nounou », texte republié par A. Chamoux, Annales de Démographie historique, 1974, pp. 529-525.
36. Antoinette Chamoux, d'après les statistiques du chirurgien Tenon pour 1770-1776, Annales de Démographie historique, 1973, p. 420.
37. Van De Walle, E., Preston, S. M., « Mortalité de l'enfance au xixe siècle à Paris et dans le département de la Seine», Population, \91A, 1, pp. 89–107.Google Scholar
38. Rollet, C, « Allaitement, mise en nourrice et mortalité infantile en France à la fin du xixe siècle », Population, 8, 1978, pp. 1189–1203.CrossRefGoogle Scholar
39. Bardet, J.-P., « Enfants abandonnés et enfants assistés à Rouen dans la seconde moitié du xviiie siècle », dans Sur la population française aux XVIIIe et XIXe siècles, Paris, S.D.H., 1973, pp. 28–29 Google Scholar ; voir aussi Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles, op. cit., pp. 368-372.
40. Pour Paris, A. Chamoux, Annales de Démographie historique, 1973,p. 421.
41. A. Fauve-Chamoux, « Les aspects culturels de la mortalité différentielle des enfants dans le passé », op. cit., note 1.
42. Delasselle, C., « Les enfants abandonnés à Paris au xviiie siècle », Annales E.S.C., n° 1, 1975, p. 201.Google Scholar
43. A. Chamoux, Annales de Démographie historique, 1973, p. 428.
44. Ibidem, p. 428.
45. En 1948 Philippe Ariès publia une Histoire des populations françaises et de leurs attitudes devant la vie depuis le XVIIIe siècle, puis en 1960 L'enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime. L'apparition de la famille moderne lui paraissait directement liée à une nouvelle attitude à l'égard de l'enfant, mais il était conscient qu'ancien et nouveau « sentiment de l'enfance » coexistaient au xviiie siècle. De nombreux travaux dans les quinze dernières années sur l'histoire de la famille ont développé les intuitions d'Ariès dans diverses directions.
46. Cf. J.-J. Rousseau, Les confessions, Livre huit : « J'ai négligé mes devoirs, mais le désir de nuire n'est pas entré dans mon coeur, et les entrailles de père ne sauraient parler bien puissamment pour des enfants qu'on n'a jamais vus… » Voir aussi Les rêveries, 9e promenade.
47. J.-L. Flandrin a bien montré les étapes de l'évolution de la pensée théologique envers la vie de l'enfant, le mode d'allaitement et la morale conjugale, en particulier dans « L'attitude à l'égard du petit enfant et les conduites sexuelles dans la civilisation occidentale : structures anciennes et évolution », Annales de Démographie historique, 1973, Paris, pp. 192-205. Jacques Gélis intitule la troisième partie de son dernier livre (L'arbre et le fruit, op. cit.) « Les portes du ciel » ; il souligne l'importance du baptême et le sort réservé aux bébés qui n'ont pu recevoir vivants le sacrement (les limbes).
48. Madame de Sévigné, Lettre à Madame de Grignan, 13 décembre 1671.
49. Lettre à Madame de Grignan, 23 décembre 1671.
50. Lettre à Madame de Grignan, 15 juillet 1671.
51. Lettre à Madame de Grignan, 23 décembre 1671.
52. Lettre à Madame de Grignan, 8 avril 1671.
53. Lettre à Madame de Grignan, 11 mars 1676.
54. A la suite du livre d'E. Shorter, Naissance de la famille moderne, Paris, Éd. du Seuil, 1977 (traduction française de l'édition de 1975), un débat animé s'ouvrit sur la responsabilité parentale et l'apparente absence d'amour maternel dans le passé, débat ravivé par l'essai d'E. Badinter, L'amour en plus, histoire de l'amour maternel, XVIIe-XXe siècles, Paris, Flammarion, 1980. Le colloque sur « mères et nourrissons » (Annales de Démographie historique, 1983) offrit l'occasion de préciser les approches possibles d'une évolution dont on ne peut nier l'importance.
55. A. Van Gennep, Manuel de folklore français contemporain, t. 1, Paris, 1943, p. 120 : berceau, poules et tourterelles couvant des oeufs figurent sur le gâteau des relevailles. Comme ce gâteau ou pain prend des formes diverses dont la couronne, je ne suis pas persuadé qu'il symbolise à coup sûr le placenta (contrairement à ce que suggère J. Gélis, livre cité plus bas note 57, p. 295, sans donner de preuve). Mais l'appel à une fécondité ultérieure me paraît confirmée par l'examen de quelques scènes d'adoration des bergers où l'offrande d'un panier d'oeufs est mise en évidence [Catalogue de l'exposition Le Nain, Paris, 1978, p. 347 ou le tableau de Poznan (Musée National, Pologne, n° Moi) dû au peintre espagnol José Antolinez (1639-1676)] et par un témoignage oral récent que l'usage d'offrir à la jeune mère des « roulés » (oeufs frais) est encore en vigueur de nos jours en Bourgogne (indépendamment des « roulés » du temps pascal).
56. D'après J.-P. Bardet, Annales de Démographie historique, 1981, p. 32.
57. Gélis, J., L'arbre et le fruit, la naissance dans l'Occident moderne, XVIe-XIXe siècles, Paris, Fayard, 1984 Google Scholar, consacre les pages 292-296 à l'usage des relevailles.
58. Faï-Sallois, Fanny, Les nourrices à Paris au XIXe siècle, Paris, 1980, p. 228.Google Scholar
59. Jean-Louis Flandrin, « L'attitude à l'égard du petit enfant et les conduites sexuelles dans la civilisation occidentale… », art. cit., p. 183.
60. P. Bourdelais et J. Y. Raulot, « Des risques de la petite enfance à la fin du xvne siècle, gestation, allaitement et mortalité », Annales de Démographie historique, 1976, pp. 305-318.
61. J.-P. Bardet, Rouen aux XVIIe et XVIIIe siècles, op. cit., pp. 279-283.
62. « Mortalité différentielle en Allemagne aux xviiie et XIXe siècles », Congrès de l'UIESP, Manille, 1981 et A. Wahl, Confession et comportement dans la campagne de Bade et d'Alsace (1871-1939), catholiques, protestants et juifs, thèse dactylographiée, Metz, 1980.
63. A. Fauve-Chamoux, « Rémois et Rémoises d'Ancien Régime », art. cit., p. 225.
64. Cf., édité par Fauve-Chamoux, A., Malthus hier et aujourd'hui, colloque international de démographie historique, Paris, C.N.R.S., 1984, 504 p.Google Scholar
65. Maillard, C., Le bon mariage, Paris, 1643 Google Scholar ; Hecquet, , De l'obligation aux mères de nourrir leurs enfants, Utrecht, 1767 Google Scholar ; De L'Epinoy, Rose, Avis aux mères qui veulent allaiter, Paris, 1785.Google Scholar
66. Portrait de la Princesse Lubomirska, vers 1780, musée de peinture de Lodz, Pologne, d'un peintre anonyme.
67. On trouvera une bonne reproduction de cette gravure de Hubert (1767) d'après Greuze, « Retour de nourrice », Cabinet des Estampes, B.N. Paris, dans Histoire économique et sociale de laFrance, vol. 2, 1660-1789, Paris, P.U.F., 1970.
68. Philippe Ariès a étudié de très près la robe des petits enfants, L'enfant et la vie familiale, 2e édition, Paris, Éd. du Seuil, 1973, pp. 42-55.
69. Sur le maillot cf. par exemple Entrer dans la vie, op. cit., pp. 115-118.
70. Il existe en effet un pendant très intéressant à cette gravure, intitulé « La privation sensible » (gravure de Simonet d'après Greuze, Cabinet des Estampes, Bibliothèque Nationale, reproduite dans Entrer dans la vie, op. cit., illustration n° 20). On y reconnaît bien les personnages et même le chien. La mise en nourrice semble affaire conclue par la grand-mère. Le village de placement doit être relativement éloigné, bien que la scène se situe déjà à la campagne, puisque le mari de la nourrice prépare l'âne sur lequel la nourrice, son nouveau pensionnaire dans les bras, s'apprête à monter et que le bâton de marcheur de cet homme attend en évidence le départ, encore posé sur le sol (voir annexe). La scène du retour se situera à l'intérieur de la maison, mais on apercevra l'âne dans la cour.
71. Je trouve confirmation de ces idées chez Daniel Ternois, L'art de Jacques Callot, Paris, F. de Nobele, 1962. Mais il ne semble pas attacher grande importance au goût de l'oriental. Je ne partage donc pas l'avis de Georges Sadoul pour qui ces bohémiens ne sont pas des gitans, mais des soldats mercenaires (” Les bohémiens de Callot étaient-ils Bohémiens ? », Les Lettres françaises, février 1955).