Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
À la tête de la cité d’Athènes entre 317 et 307 av. J.-C., Démétrios de Phalère fut gratifié de multiples statues honorifiques. Alors que durant toute l’époque classique ces distinctions étaient octroyées avec une grande parcimonie par le peuple athénien, ce législateur satura le territoire civique de ses effigies, mettant à l’honneur de nouvelles formes statuaires – la statue équestre –, investissant de nouveaux espaces – les dèmes –, tout en limitant les autres manifestations monumentales dans l’espace public. Les effigies honorifiques furent davantage imposées que négociées ou, à tout le moins, furent octroyées de façon bien moins tatillonne par la communauté qui, au demeurant, avait été redéfinie de façon restrictive. Au fur et à mesure qu’elles envahissaient l’espace public, par un phénomène de compensation, les effigies de Démétrios de Phalère furent ainsi détruites, transformées ou avilies, selon des modalités variées qui permettent de dresser les contours d’une véritable culture de l’outrage, établie sur la longue durée. Au-delà du cas de Démétrios de Phalère, les statues honorifiques se révèlent en définitive des objets « bons à penser »: elles permettent à la fois d’articuler le temps court des ruptures politiques et des réformes législatives, mais aussi le temps long des rituels et de la mémoire civique. Leur étude implique de concilier l’approche anthropologique et la perspective institutionnelle, voire procédurale.
Demetrius of Phaleron ruled over the City of Athens from 317 to 307 B.C., and was honoured with many statues. In constrast with the classical period, when such distinctions were only parsimoniously handed out by the Athenian people, Demetrius the legislator deliberately crowded the civic landscape with effigies of himself, as new sculptural forms were given pride of place – equestrian statues, for instance –, as new spaces were being invested – such as the demes –, and as other monumental manifestations in the public space were being curtailed. Those new honorary effigies were more imposed than negotiated; at least, the newly redefined and drastically reduced community was less strict with them. Yet, as they gradually cluttered up the public space, those effigies of Demetrius of Phaleron suffered destruction, transformation or desecration – a process of compensation. Those different modes of action allow us to define a genuine culture of outrage, as a longue durée phenomenon. Beyond the case of Demetrius of Phaleron alone, those honorary statues as historical objects shed light to the rapidly-succeeding events of political turning points and legislative reforms, but also the broader histories of rituals and civic memory. As such, they require the combination of an anthropological approach with an institutional – or even procedural – perspective.
Cet article est dédié à John Ma dont les séminaires ont inspiré cette recherche. Je remercie Patrice Brun, Cécile Chainais, Charles Delattre, Alain Duplouy, Pierre Fröhlich, Anna Heller, Paulin Ismard, Francis Prost et Pauline Schmitt pour leurs remarques et leurs critiques.
1 - Laërce, Diogène, Vies et doctrines des philosophes illustres, Paris, LGF, 1999, V, 75–77 Google Scholar (traduction légèrement modifiée). Les textes grecs et latins – et leur traduction – sont, sauf indication contraire, ceux proposés par la collection des universités de France et publiés par les éditions Les Belles Lettres à Paris.
2 - Oscillant entre adhésion et rejet du régime démocratique, ces écoles sont réintégrées, au cours du IVe siècle, à la vie de la cité, au point de devenir la vitrine d’Athènes à l’époque hellénistique. Voir à ce propos Perrin-Saminadayar, Éric, Éducation, culture et société à Athènes. Les acteurs de la vie culturelle athénienne (229-88 av. J.-C.): un tout petit monde, Paris, De Boccard, 2007 Google Scholar.
3 - Hugo, Victor, «La colère du bronze», La Légende des siècles, 2e s., XXI, 7, 1. 204–206 Google Scholar.
4 - Aristote, Déjà, Physique, trad. par Pellegrin, P., Paris, Flammarion, 2000, III, 1, 201AGoogle Scholar, utilisait l’exemple de la statue pour penser le rapport entre la puissance et l’acte: « il est en effet possible que le bronze soit en puissance une statue, mais pourtant l’entélé-chie du bronze en tant que bronze n’est pas un mouvement ».
5 - Voir par exemple Vernant, Jean-Pierre, Religions, histoires, raisons, Paris, F. Maspero, 1979, p. 105–137 Google Scholar; Id., Figures, idoles, masques, Paris, Julliard, 1990; en dernier lieu, Steiner, Deborah Tarn, Images in mind: Statues in archaic and classical Greek literature and thought, Princeton, Princeton University Press, 2001 Google Scholar.
6 - Voir tout de même Henry, Alan S., Honours and privileges in Athenian decrees: The principal formulae of Athenian honorary decrees, Hildesheim, G. Olms, 1983, p. 294 Google Scholar sq., après les premiers travaux, restés sans postérité immédiate, d’ Francotte, Henri, «De la législation athénienne sur les distinctions honorifiques», Musée Belge, 3, 1899, p. 246–281 Google Scholar et 4, 1900, p. 55-75 et 105-123.
7 - Voir notamment Stewart, Andrew, Attika: Studies in Athenian sculpture of the Hellenistic Âge, Londres, Society for the Promotion of Hellenic Studies, 1979 Google Scholar; Zanker, Paul, The mask of Socrates: The image of the intellectual in antiquity, Berkeley, University of California Press, 1995 Google Scholar; Krumeich, Ralf, Bildnisse griechischer Herrscher und Staatsmänner im 5. Jahrhundert v. Chr., Munich, Biering & Brinkmann, 1997 Google Scholar et Smith, Robert R. R., «Cultural choice and political identity in honorific portrait statues in the Greek East in the second century A.D.», The Journal of Roman Studies, 88, 1998, p. 56–93 CrossRefGoogle Scholar.
8 - Voir notamment les travaux de Ma, John, «Hellenistic honorific statues and their inscriptions», in Newby, Z. et Leader-Newby, R. (dir.), Art and inscriptions in the ancient world, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 203–220 Google Scholar; Id., « The two cultures: Connoisseurship and civic honours», Art History, 29-2, 2006, p. 325-338, qui établit des ponts entre l’épigraphie et l’histoire de l’art.
9 - Oliver, Graham J., «Space and visualization of power in the Greek polis: The award of portrait statues in decrees from Athens», in Schultz, P. et von den Hoff, R. (dir.), Early Hellenistic portraiture: Image, style, context, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 181–204 Google Scholar; Perrin-Saminadayar, Éric, « Aere perennius. Remarques sur les commandes publiques de portraits en l’honneur des grands hommes à Athènes à l’époque hellénistique: modalités, statut, réception», in Perrin, Y. et Petit, T. (dir.), Iconographie impériale, iconographie royale, iconographie des élites dans le monde gréco-romain, Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne, 2004, p. 109–137 Google Scholar.
10 - Voir à ce propos Blank, Horst, Wiederverwendung alter Statuen als Ehrendenkmäler bei Griechen und Römern, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1969 Google Scholar et, toujours pour l’époque romaine, Julia L. Shear, « Reusing statues, rewriting inscriptions and bestowing honours in Roman Athens», in Z. Newby et R. Leader-Newby (dir.), Art and inscriptions..., op. cit., p. 221-246.
11 - Schmitt-Pantel, Pauline, La cité au banquet. Histoire des repas publics dans les cités grecques, Rome, École française de Rome, 1992, p. 153 Google Scholar; Azoulay, Vincent, Xénophon et les grâces du pouvoir. De la Charis et charisme dans l’œuvre de Xénophon , Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 88–89 Google Scholar; Tanner, Jeremy, The invention of art history in Ancient Greece: Religion, society and artistic rationalisation, Cambridge/New York, Cambridge University Press, 2006, p. 111 et 122Google Scholar.
12 - Gauthier, Philippe, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs, Athènes, École française d’Athènes, 1985, p. 12 Google Scholar, 27 et, plus largement, p. 92-103.
13 - Voir Osborne, Michael J., «Entertainment in the Prytaneion at Athens», Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 41, 1981, p. 153–170 Google Scholar; P. Schmitt-Pantel, La cité au banquet..., op. cit., p. 147-155. En dehors des tyrannoctones et de leurs descendants, Cléon est l’un des premiers citoyens athéniens à se voir accorder la sitèsis, après sa fulgurante victoire à Sphactérie en 424: voir à ce propos P. GAUTHIER, Les cités grecques..., op. cit., p. 95.
14 - Ibid., p. 96-102, sur ces statues alors réservées aux stratèges athéniens les plus brillants.
15 - Aristote, , Rhétorique, III, 10, 1411b6–12 Google Scholar.
16 - P. Gauthier, Les cités grecques..., op. cit., p. 96-112; Ma, John, «A gilt statue for Konon at Erythrai?», Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 157, 2006, p. 124–126 Google Scholar.
17 - Cléon fut honoré par la nourriture au prytanée dès 425/4; les vainqueurs des concours olympiques, pythiques, néméens ou isthmiques, se virent décerner la sitèsis et la proédrie dès les années 430. Platon, Apologie de Socrate, 36d-e; Demosthene, Contre Leptine, Xx, 141 et, surtout, Inscriptiones Graecae (dorénavant IG ) I3, 131, l. 34 (datant des années 440-432 av. J.-C.). Voir, à ce propos, Kyle, Donald G., Athletics in ancient Athens, Leyde, E. J. Brill, 1987, p. 145–147 Google Scholar.
18 - É. Perrin-Saminadayar, « Aere perennius... », art. cit., p. 112-117. Voir aussi Gauthier, Philippe, «Le décret de Thessalonique pour Parnassos. L’évergète et la dépense pour sa statue à la basse époque hellénistique», Tekmeria, 5, 2000, p. 39–62 Google Scholar, ici p. 48 et n. 31.
19 - C’est pourquoi, dans cette étude, nous n’utiliserons pas le terme « portrait » qui implique une ressemblance – loin d’être avérée – entre le personnage et sa représentation statuaire. Sur la délicate question du réalisme figuratif, voir les remarques éclairantes de Prost, Francis, «Miltiade et le lièvre», in Lissarrague, F. et al. (dir.), Céramique et peinture grecques: modes d’emploi. Actes du colloque international, École du Louvre, avril 1995, Paris, La Documentation française, 1999, p. 245–255 Google Scholar.
20 - Aristote, Selon, Constitution des Athéniens, LVIII, 1 Google Scholar, le polémarque effectuait même des sacrifices funèbres (enagismata) à Harmodios et Aristogeiton, probablement près de l’enclos où se trouvaient les statues. Voir Brunnsåker, Sture, The tyrant-slayers of Kritios and Nesiotes, Stockholm, Svenska Institutet i Athen, [1955] 1971 Google Scholar; Taylor, Michael W., The Tyrant Slayers: The heroic image in fifth century B.C. Athenian art and politics, Salem, Ayer Company Publ., [1981] 1991 Google Scholar; Fehr, Burkhard, Les tyrannoctones. Peut-on élever un monument à la démocratie?, Paris, A. Biro, [1984] 1989 Google Scholar.
21 - Tel est, par exemple, le cas pour la statue de Chabrias: Nepos, Cornelius, Chabrias, I, 2–3 Google Scholar.
22 - Voir à ce propos les analyses de G. J. Oliver, « Space and visualization... », art. cit., p. 196-199.
23 - Voir P. Gauthier, Les cités grecques..., op. cit., p. 111-112. La réforme ne changea donc rien pour les bienfaiteurs étrangers: en 393 av. J.-C., Évagoras de Salamine avait été honoré sur le moment, tout comme, un peu plus tard, Pairisadès, Satyros, Gorgippos: Dinarque, Contre Démosthène, I, 43. Voir à ce propos G. J. Oliver, « Space and visualization... », art. cit., p. 190.
24 - P. Gauthier, Les cités grecques..., op. cit., p. 88.
25 - PS.-Plutarque, Vie des dix orateurs [Démosthène], 850F-851C. Voir les remarques de P. Gauthier, Les cités grecques..., op. cit., p. 105, qui discerne même l’influence de la réforme dès 293/2 av. J.-C., voire dès 307/6 av. J.-C. (sur des bases toutefois assez hypothétiques).
26 - P. Gauthier, Les cités grecques..., op. cit., p. 111. Voir aussi M. J. Osborne, « Entertainment in the Prytaneion at Athens », art. cit., p. 167 et 170, et Kralli, Ioanna, «Athens and her leading citizens in the early Hellenistic period (338-261 B.C.): The evidence of the decrees awarding the highest honours», Archaiognôsia, 10, 1999-2000Google Scholar, p. 133-161, ici p. 143.
27 - P. Gauthier, Les cités grecques..., op. cit., p. 109-110.
28 - Brun, Patrice, L’orateur Démade. Essai d’histoire et d’historiographie, Bordeaux, Ausonius, 2000, p. 83 Google Scholar. La présence du petit-fils de Démade parmi le personnel politique du premier quart du IIIe siècle ne plaide pas, en effet, pour l’existence d’une quelconque damnatio memoriae dans les années qui suivirent sa mort.
29 - P. Brun, L’orateur Démade..., op. cit.
30 - Au demeurant, lorsqu’il s’insurge contre l’attribution d’honneurs hyperboliques, Demosthene, , Contre Aristocrate, XXIII, 196 Google Scholar, vise explicitement les stratèges: « tant de citoyens qui avaient rendu de tout autre services que les stratèges d’aujourd’hui n’obtenaient pas de nos ancêtres des statues de bronze, ni des témoignages d’adulation ».
31 - De façon étrange, P. Gauthier ne fait pas mention de Démétrios de Phalère dans son ouvrage remarquable, laissant dans l’ombre tant le passage de Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 75-77, que l’inscription honorifique du dème de Sphettos en l’honneur du grand dirigeant d’Athènes.
32 - Tracy, Stephen V., «Demetrius of Phalerum: Who was he and who was he not?», in Fortenbaugh, W. W. et Schütrumpf, E. (dir.), Demetrius of Phalerum: Text, translation and discussion, New Brunswick, Transaction Publishers, 2000, p. 331–345 Google Scholar, tente une réhabilitation du personnage et gomme le caractère oligarchique de son action, en privilégiant les sources épigraphiques, au demeurant fort rares.
33 - Le seuil pour être citoyen fut établi à 1 000 drachmes. S’il était moitié moindre que sous Phocion (319-317 av. J.-C.), son existence même révèle le caractère antidémocratique du régime mis en place.
34 - Plutarque, , Vie de Phocion, XXXVIII Google Scholar (Phocion reçoit une statue en bronze sur l’agora et une sépulture publique). Voir à ce propos Dillon, Sheila, Ancient Greek portrait sculpture: Contexts, subjects, and styles, Cambridge, Cambridge University Press, 2006, p. 102–103 Google Scholar.
35 - Stewart, Andrew F., Faces of power: Alexander’s image and Hellenistic politics, Berkeley, University of California Press, 1993 Google Scholar, fait l’inventaire exhaustif des sources littéraires, épigraphiques et iconographiques sur le sujet.
36 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 75.
37 - Les passages sont commodément édités et traduits par Peter Stork, Jan Max van Ophuijsen et Tiziano Dorandi, «Demetrius of Phalerum: The sources, text and translation», in W. W. Fortenbaugh et E. Schütrumpf (dir.), Demetrius of Phalerum..., op. cit., fr. 1, l. 4-7; l. 26-29; l. 111-113; fr. 19, l. 15-18; fr. 24A-C et 25A-C.
38 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77; Plinel’ancien, Histoire naturelle, XXXIV, 12, 2.
39 - Strabon, , Géographie, IX, 1, 20 Google Scholar; Cornelius Nepos, Miltiade, 6; Plutarque, Préceptes des rois et des généraux, 820E. Voir aussi Ampelius, Liber Memorialis, XV, 19, in P. Stork, J. M. van Ophuijsen et T. Dorandi, « Demetrius of Phalerum... », art. cit., fr. 24B.
40 - Favorinus [Dion de Pruse], Discours aux Corinthiens, XXXVII, 41. C’est l’hypothèse séduisante proposée par É. Perrin-Saminadayar, « Aere perennius... », art. cit., p. 128.
41 - Ibid., p. 122-123, met en doute la rapidité du processus – qui doit manifestement être mise en regard de la soudaineté avec laquelle les effigies de Démétrios furent détruites.
42 - Plinel’ancien, Histoire naturelle, XXXIV, 12, 27, in P. Stork, J. M. van Ophuijsen et T. Dorandi, « Demetrius of Phalerum... », art. cit., fr. 25A. Voir aussi Nonius Marcellus, De conpendiosa Doctrina, XII, ibid., fr. 24C.
43 - Athéna G. Kalogeropoulou, «Base en l’honneur de Démétrius de Phalère», Bulletin de Correspondance Hellénique (dorénavant BCH), 93-1, 1969, p. 56-71. Voir Supplementum Epigraphicum Graecum (dorénavant SEG), 25, 1975, no 206.
44 - C’est au demeurant le seul témoignage avant l’époque romaine où l’on voit un dème accorder cet honneur suprême.
45 - Octroyant une statue équestre à « Démétrios, fils de Phanostratos », l’inscription IG II2, 2971 a été redatée des années 250 par Stephen Tracy sur des critères paléographiques. Il s’agit donc très probablement de la statue du petit-fils homonyme de Démétrios de Phalère, qui aurait assuré à cette époque les charges militaires d’hipparque et de stratège. Voir à ce propos SEG, 44, 1994, no 163 et Tracy, Stephen V., Athenian democracy in transition: Attic letter-cutters of 340 to 290 B.C., Berkeley, University of California Press, 1995, p. 41–46 Google Scholar. Sur le rôle politique du petit-fils, voir Habicht, Christian, Athènes hellénistique. Histoire de la cité d’Alexandre le Grand à Marc Antoine, Paris, Les Belles Lettres, [1995] 2000, p. 171–173 Google Scholar et Oetjen, Roland, «War Demetrios von Phaleron, der Jüngere, Kommissar des Königs Antigonos II. Gonatas in Athen?», Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 131, 2000, p. 111–117 Google Scholar.
46 - Comme l’a montré S. V. Tracy, « Demetrios of Phalerum... », art. cit., p. 336, l’inscription ne peut être datée sur la seule forme des lettres.
47 - G. J. Oliver, « Space and visualization... », art. cit., p. 201, n. 53 (avec bibliographie). Sur cette dernière inscription (IG II2, 1201, l. 2-13), voir Haake, Matthias, Der Philosoph in der Stadt. Untersuchungen zur öffentlichen Rede über Philosophen und Philosophie in den hellenistischen Poleis, Munich, C. H. Beck, 2007, p. 74–75 Google Scholar.
48 - C’est l’hypothèse de G. J. Oliver, « Space and visualization... », art. cit., p. 191 et n. 54.
49 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 75.
50 - Qu’il s’agisse d’une statue équestre, peut-être en bronze, est une conjecture fondée sur la forme oblongue de la base et la situation de l’inscription, placée sur sa face étroite, indiquant l’avant du monument. Voir à ce propos Jeanne et Robert, Louis, Bulletin Épigraphique, Revue des Études Grecques, 83, 1970, no 264Google Scholar.
51 - IG II2, 450, fr. B, l. 9-12. Outre cette statue équestre, Asandros reçut les autres honneurs suprêmes – la proédrie et la sitèsis. Voir notamment M. J. Osborne, « Entertainment in the Prytaneion at Athens », art. cit., p. 167.
52 - Voir à ce propos Siedentopf, Heinrich B., Das hellenistische Reiterdenkmal, Waldsassen, Stiftland Verlag, 1968, p. 12–13 Google Scholar, qui toutefois se trompe en faisant de Démétrios de Phalère le premier à adopter un tel registre statuaire. Voir aussi Chamoux, François, «Les origines grecques de la statue équestre à Rome», in Au miroir de la culture antique. Mélanges offerts au président René Marache, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1992, p. 55–66 Google Scholar, ici p. 59.
53 - Voir Knoepfler, Denis, Décrets érétriens de proxénie et de citoyenneté, Lausanne, Payot, 2001,Google Scholar décret no VII, ici p. 181, n. 479, qui souligne le précédent constitué par « le compte delphique, Fouilles de Delphes, III 5, 23 (réédité par Bousquet, Jean, Corpus des Inscriptions de Delphes, Paris, De Boccard, 1989 Google Scholar, II 34), qui fait mention des bases (bathra) d’Onymarchos et de Philomélos (col. II, l. 54 sq. ), dont il s’agit de débarrasser le sanctuaire avec leurs chevaux (hippous) et leurs statues (andriantas), preuve que, dans les années 356-352, les Phocidiens avaient dressé une statue de leurs deux chefs représentés, selon toute apparence, en cavaliers ».
54 - Voir D. Knoepfler, Décrets érétriens de proxénie..., op. cit., p. 175-189. L’auteur souligne que cette marque d’honneur resta accordée avec une grande parcimonie en dehors des grands sanctuaires (p. 178 et n. 440).
55 - S. V. Tracy, « Demetrius of Phalerum... », art. cit., p. 337.
56 - Xenophon, Helléniques, Ii, 3, 48 et II, 4, 2-8 et 24-26.
57 - Lysias, , Contre Alcibiade, XXIV, 11 Google Scholar. Voir plus largement Spence, Iain G., The cavalry of classical Greece: A social and military history with particular reference to Athens, Oxford/New York, Clarendon Press/Oxford University Press, 1993, p. 204–229 Google Scholar.
58 - Sur l’iconographie du dêmosion sêma, voir Stupperich, Reinhard, «The iconography of Athenian state burials in the Classical period», in Coulson, W. D. E. et al. (dir.), The archaeology of Athens and Attica under the democracy, Oxford, Oxbow Books, 1994, p. 93–103 Google Scholar, ici p. 94-95. Les cavaliers semblent avoir souvent, sinon systématiquement, fait l’objet d’une stèle à part qui, outre les noms des cavaliers morts, portait des reliefs équestres.
59 - Cette stèle en marbre, haute de plus de deux mètres sans le couronnement ni la base, est datée des années 429/409 av. J.-C. Voir à ce propos Parlama, Liana et Stampolidis, Nicholas C. (dir.), Athens: The city beneath the city: Antiquities from the metropolitan railway excavations, New York/Londres, Harry N. Abrams, 2001, no 452 Google Scholar.
60 - On connaît également, à Éleusis, un relief votif consacré par l’hipparque Pythodoros, vainqueur chorégique en 415/4, dont le registre supérieur est très proche de celui de la stèle de Dexiléos. Voir à ce propos HÖLscher, Tonio, Griechische Historienbilder des 5. und 4. Jahrhunderts v. Chr., Würzburg, Triltsch, 1973, p. 99–101 Google Scholar, pl. 8, 2.
61 - Voir à ce propos I. G. Spence, The cavalry of classical Greece..., op. cit., p. 219. Après 350 av. J.-C., la cavalerie fut peut-être moins sinistrement connotée: Hyperide, Pour Lycophron, I, 16-18. Malgré tout, des résonances négatives continuaient d’être associées au monde équestre: Demosthene, , Sur la Couronne, XVIII, 320 Google Scholar et les remarques d’I. G. Spence, The cavalry of classical Greece..., op. cit., p. 226-228.
62 - [Nikolaos le Rhéteur], Ps.-Libanios, Progymnasmata, 27, in Progymnasmata, argumenta orationum Demosthenicarum , éd. par Foerster, R., Leipzig, Teubner, 1915, p. 533–555 Google Scholar. Voir A. Stewart, Faces of power..., op. cit., p. 397 et p. 400 (pour la bibliographie).
63 - L’ancien, Pline, Histoire naturelle, XXXIV, 19, 15 (Lysippe)Google Scholar; XXXIV, 19, 27 (Euphranor); XXXV, 95 (Apelle). Voir aussi Stace, , Silves, I, 1, 84–90 Google Scholar (Lysippe) et ÉLien, , Histoire variée, II, 3 (Apelle)Google Scholar. On connaît par ailleurs deux statuettes en bronze représentant le roi Alexandre sur un cheval: l’Alexandre d’Herculanum, réplique romaine d’un original datant de 330-320 av. J.-C. et l’Alexandre de Bagram, mise au jour en Afghanistan, réplique hellénistique ou romaine d’un original remontant aux années 330/300 av. J.-C. Voir à ce propos A. Stewart, Faces of power..., op. cit., p. 45 et p. 423.
64 - Ainsi Démétrios Poliorcète se vit-il accorder une statue équestre en bronze sur l’agora par les volontaires athéniens, dès 303/2 av. J.-C.: SEG, 32, 1982, no 151.
65 - Voir par exemple Ma, John, «The many lives of Eugnotos of Akraiphia», Studi Ellenistici, 16, 2005, p. 141–191 Google Scholar. Cet officier béotien reçut une statue équestre après être tombé en combattant Démétrios Poliorcète en 293 av. J.-C.: Iscrizioni Storiche Ellenistiche, 69. Toujours au IIIe siècle, Milon, officier du koinon épirote, se voit décerner le même privilège dans le sanctuaire de Dodone. Voir Katsikoudis, Nikolaos, «Dôdônê. Oi Timêtikoi Andriantes [Dodone: les statues honorifiques]», Etaireia Êpeirôtikôn Meletôn Idruma Meletôn Ioniou kai Adriatikou Xôrou, 14, 2006, p. 32–35 Google Scholar.
66 - Voir C. Habicht, Athènes hellénistique..., op. cit., p. 74-75 et p. 419, n. 52 pour la bibliographie. Le dossier a été étudié à nouveaux frais par Stears, Karen, «Losing the picture: Change and continuity in Athenian grave in the fourth and third centuries B.C.», in Rutter, N. K. et Sparkes, B. (dir.), Word and image in ancient Greece, Édimbourg, Edinburgh University Press, 2000, p. 206–227 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 212-222.
67 - Ciceron, , Lois, II, 26, 6 Google Scholar. Voir aussi Philochore, Die Fragmente der griechischen Historiker (dorénavant FGrHist), 328 F 65. Sur ces lois somptuaires, voir Bernhardt, Rainer, Luxuskritik und Aufwandsbeschränkungen in der griechischen Welt, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2003, p. 80–82 Google Scholar.
68 - Voir à ce propos Marchiandi, Daniela, «Il peribolo funerario attico: lo specchio di una borghesia», thèse de doctorat de l’université de Naples, 2005 Google Scholar.
69 - Le comptage est établi à partir des IG II2. Outre 221 petites colonnes, on compte 12 structures basses ressemblant à des tables – probablement les mensae de Cicéron – et 10 petites stèles sans ornement; enfin deux colonnes semblent avoir été réutilisées de bassins ornementaux – peut-être l’énigmatique labellum évoqué par l’orateur latin. Voir à ce propos K. Stears, « Losing the picture... », art. cit., p. 219-220.
70 - C’est le cas par exemple de la tombe de l’orateur Isocrate, mort en 338, qui était surmontée d’une colonne de trente coudées et d’une sirène de sept coudées: Ps.-Plutarque, , Vie des dix orateurs [Isocrate], 838CGoogle Scholar. Quant au tombeau du Macédonien Harpale, il était remarquable « par la grandeur et l’ornement (kosmon) »: Pausanias, Périégèse, I, 37, 4-5. Cette loi resta en vigueur après la chute de Démétrios, ce qui suggère qu’elle rencontrait les préoccupations de la majorité des citoyens athéniens: jusqu’au IIe siècle av. J.-C., aucun monument funéraire figuratif n’est attesté à Athènes. Voir à ce propos Oliver, Graham J., «Athenian funerary monuments: Style, grandeur, and cost», in Oliver, G. J. (dir.), The epigraphy of death: Studies in the history and society of Greece and Rome, Liverpool, Liverpool University Press, 2000, p. 59–80 Google Scholar, ici p. 72-74, qui rapporte la législation de Démétrios à des évolutions sociales plus larges.
71 - Wilson, Peter, The Athenian institution of the Khoregia: The chorus, the city, and the stage, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 270–272 Google Scholar.
72 - Respectivement IG II2, 3055 et 3056 (320/19 av. J.-C.) et IG II2, 3073 (307/6 av. J.-C.). Lambert, S. D., «The first Athenian Agonothetai », Horos, 14-16, 2000-2003, p. 99–105 Google Scholar, souligne que, dans cette dernière inscription, le nom de Xénoclès est restitué: peut-être est-ce son frère Androclès qui fut le premier agonothète athénien.
73 - Ce changement date peut-être de 309/308 av. J.-C., à l’époque où, en tant qu’archonte éponyme, Démétrios de Phalère donna un lustre spécial à la pompè des Dionysies. Toutefois, l’interdiction pourrait très bien remonter aux premières années de son « gouvernement », vers 317 av. J.-C. Voir à ce propos P. Wilson, The Athenian institution of the Khoregia..., op. cit., p. 307-308.
74 - Plutarque, Sur la gloire des Athéniens, 349B.
75 - Voir Goette, Hans Rupprecht, «Choregic monuments and the Athenian democracy», in Wilson, P. (dir.), The Greek theatre and festivals: Documentary studies, Oxford, Oxford University Press, 2007, p. 122–149 Google Scholar.
76 - Voir Gehrke, Hans J., «Das Verhältnis von Politik und Philosophie im Wirken des Demetrios von Phaleron», Chiron. Mitteilungen der Kommission für alte Geschichte und Epigraphik des Deutschen Archäologischen Instituts, 8, 1978, p. 149–193 Google Scholar, ici p. 173, et Mikalson, Jon D., Religion in Hellenistic Athens, Berkeley, University of California Press, 1998, p. 55 Google Scholar. En outre, l’agonothésie était bien moins distinctive que la chorégie. Dans les inscriptions en l’honneur des agonothètes, le peuple prend désormais la place honorifique autrefois tenue par le chorège – comme dans le monument en l’honneur du premier agonothète connu, Xenoklès (ou Androklès) de Sphettos, en 307/6 av. J.-C. (IG II2, 3073).
77 - Certes, ces mesures font écho aux recommandations d’Aristote, Politique, 1309a16-20 ou de Platon, Lois, XII, 958D-960B. Toutefois, comme l’a bien montré H. J. Gehrke, « Das Verhältnis von Politik... », art. cit., les choix opérés par Démétrios ont leur propre logique politique et ne sauraient être conçus comme l’application d’un programme de réforme philosophique.
78 - Athenee, , Deipnosophistes, XII, 542B–D Google Scholar, in P. Stork, J. M. van Ophuijsen et T. Dorandi, « Demetrius of Phalerum... », art. cit., fr. 43A (nous traduisons), dont la source semble remonter à Douris de Samos (FGrHist, 76 F 10), contemporain de Démétrios de Phalère. Cette procession eut lieu le 9 du mois Élaphèbolion, en mars 308, puisque Démétrios fut archonte éponyme en 309/308 av. J.-C. (Marmor Parium, B, ligne 24).
79 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit. V, 75: « en revenus et en construction, il fit croître la cité, bien qu’il ne fût pas bien né (ouk eugenês) ». Voir ÉLien, Histoire variée, XII, 43, in P. Stork, J. M. van Ophuijsen et T. Dorandi, « Demetrius of Phalerum... », art. cit., fr. 4. Toutefois, la supposée ascendance servile de Démétrios est une invention provenant de sources hostiles ou, à tout le moins, biaisées de façon grossière et caricaturale. Ainsi est-il possible que, par mariage, Démétrios ait tissé des liens avec la famille de Conon: voir à ce propos Davies, John K., Athenian propertied families, 600-300 B.C., Oxford, Clarendon Press, 1971, p. 107–108 Google Scholar.
80 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 79.
81 - Ce souci se traduisait notamment par l’attention particulière qu’il portait aux traits du visage: « Il disait que les sourcils ne sont pas une partie minime du visage, ils peuvent bel et bien assombrir (episkotêsai) la vie entière » (Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 82). Sur les jeux de sourcils et leur signification oligarchique, voir par ailleurs les analyses de J. Tanner, The invention of art history..., op. cit., p. 128-130.
82 - Voir Walbank, Frank W., «Two Hellenistic processions: A matter of self-definition», Scripta Classica Israelica, 15, 1996, p. 119–130 Google Scholar et Chaniotis, Angelos, «Theatricality beyond the theater: Staging public life in the Hellenistic world», Pallas, 41, 1997, p. 219–259 Google Scholar (p. 233 sur Démétrios de Phalère).
83 - Athenee, Deipnosophistes, XII, 542E-F, in P. Stork, J. M. van Ophuijsen et T. Dorandi, « Demetrius of Phalerum... », art. cit., fr. 43A.
84 - Encore s’agit-il du décret déjà évoqué en l’honneur d’Asandros (IG II2, 450), un proche de Cassandre, honoré par une statue sur l’agora: c’est que Démétrios était tout de même obligé de composer avec le pouvoir macédonien et d’accepter les signes de sa domination. Voir G. J. Oliver, « Space and visualization... », art. cit., p. 190.
85 - C. Habicht, Athènes hellénistique..., op. cit., p. 88-89.
86 - Voir à ce propos les remarques suggestives de Hedrick, Charles W. Jr, «Democracy and the Athenian epigraphical habit», Hesperia, 68-3, 1999, p. 387–439 Google Scholar.
87 - Vernant, Jean-Pierre, «Le pur et l’impur», Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, F. Maspero, 1974, p. 121–140 Google Scholar.
88 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77.
89 - Que les compatriotes de l’athlète victorieux soient jaloux de sa fortune constitue ainsi un lieu commun de la poésie de louange. Voir par exemple Pindare, Pythiques, Vii, v. 18-19; Id., Isthmiques, Ii, v. 43. Le poète doit précisément apprendre la mesure au vainqueur et apaiser l’envie de la communauté. Sur la fonction (ré)intégratrice du poète, voir Kurke, Leslie, The traffic in praise: Pindar and the poetics of social economy, Ithaca, Cornell University Press, 1991, p. 195 Google Scholar.
90 - Plutarque, Préceptes politiques, 820F.
91 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77.
92 - Strabon, , Géographie, IX, 1, 20 Google Scholar. Dans son récit, Diogène Laërce donne la même impression, même s’il mentionne, in extremis, le rôle de Démétrios Poliorcète: Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77. Voir aussi L’ancien, Pline, Histoire naturelle, XXXIV, 12, 2 Google Scholar. Favorinos d’Arles, fr. 70 Barigazzi – cité par Diogène Laërce – fait aussi allusion à cet événement: Favorino Di Arelate, Opere, éd. par A. Barigazzi, Florence, Le Monnier, 1966.
93 - Plutarque, , Sur les délais de la justice divine, 16, 559DGoogle Scholar, qui évoque « la statue de Cassandre fondue par les Athéniens (andrianta Kasandrou katakhalkeuomenon hup’ Athênaiôn) ».
94 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 81. Dans la liste des œuvres de Démétrios de Phalère, le Peri pisteôs, consacré à la bonne foi et à la confiance, et le Peri Charitos, sur la gratitude, sont mentionnés de concert avec le Sur la fortune (Peri tukhês).
95 - Polybe, , Histoires, XXIX, 21, 3–6 Google Scholar, in P. Stork, J. M. van Ophuijsen et T. Dorandi, « Demetrius of Phalerum... », art. cit., fr. 82A. Méditant sur le destin croisé des Perses et des Macédoniens, Démétrios aurait anticipé dans son traité Sur la fortune la fin de la puissance macédonienne plus d’un siècle à l’avance, à la grande admiration de Polybe.
96 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77: « il fut, sans comparaître, condamné à mort ».
97 - [Dion de Pruse], Favorinus, Discours aux Corinthiens, XXXVII, 41 Google Scholar; Plutarque, Préceptes politiques, 820E. Quant à Strabon, , Géographie, IX, 1, 20 Google Scholar, il évoque le rôle des « insurgés » (hoi epanastantes) dans la destruction des statues, ce qui suggère un contexte d’émeute.
98 - En l’occurrence, ce n’est pas l’historicité de l’anecdote qui importe, mais les motifs anthropologiques qui ont irrigué les sources anciennes et dont on peut repérer les rejeux sur la longue durée.
99 - Le verbe employé par Diogène Laërce est buthizein, «plonger au fond de la mer ». Voir Hesychius, s. v. buthizôn: pontizôn en buthô[i]. Le terme a donc une signification proche de katapontizein.
100 - Herodote, , Histoires, I, 165 Google Scholar.
101 - Aristote, , Constitution des Athéniens, XXIII, 5 Google Scholar.
102 - Un tel rituel peut parfois fonctionner en sens inverse. Au lieu de marquer la punition, il symbolise alors la réhabilitation. Ainsi la stèle témoignant des crimes d’Alcibiade et de ses complices fut-elle solennellement jetée à la mer lors du retour du coupable à Athènes: voir Isocrate, , Sur l’attelage, XVI, 9 Google Scholar; Philochore, , FGrHist, 328 F 133 Google Scholar; de Sicile, Diodore, Bibliothèque historique, XIII, 69 Google Scholar, 2 (katepontisan); Cornelius Nepos, Alcibiade, 6. Le katapontismos est en l’occurrence une façon d’oublier l’outrage et non d’effacer l’honneur. Voir à ce propos Bertrand, Jean-Marie, De l’écriture à l’oralité. Lectures des Lois de Platon , Paris, Publications de la Sorbonne, 1999, p. 160 Google Scholar.
103 - Voir à ce propos Lindenlauf, Astrid, «The sea as a place of no return in ancient Greece», World Archaeology, 35-3, 2003, p. 416–433 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 420. Sur cette pratique romaine, voir Donderer, Michael, «Irreversible Deponierung von Grossplastik bei Griechen, Etruskern und Römern», Jahreshefte des Österreichischen Archäologischen Instituts, 61-2, 1991, col. 192-275Google Scholar, ici col. 222. A. Lindenlauf pointe toutefois des différences importantes entre les pratiques grecques et romaines. Tandis que les Romains jetaient seulement les têtes des statues et réutilisaient souvent leurs torses, les Athéniens se débarrassaient apparemment de l’effigie tout entière. Cette différence tient peut-être, si l’on peut hasarder une hypothèse, à des spécificités culturelles et rituelles: tandis que la culture romaine des imagines mettait en valeur la tête des défunts et non leur corps, la culture statuaire grecque considérait l’effigie comme un tout, un ensemble où la notion de ressemblance tenait peu de place.
104 - Porphyre, , De l’abstinence, II, 31 Google Scholar, 1. Qu’il s’agisse là d’une procédure habituelle est attestée par la Constitution des Athéniens d’Aristote, LVII, 4. Pausanias, Chez, Périégèse, I, 24, 4 et I, 28, 10Google Scholar, c’est la hache (pelekus) qui est jugée, mais finalement acquittée. Voir plus largement Durand, Jean-Louis, Sacrifice et labour en Grèce ancienne. Essai d’anthropologie religieuse, Paris/Rome, La Découverte/École française de Rome, 1986, p. 66 Google Scholar.
105 - Voir Parker, Robert, Miasma: Pollution and purification in early Greek religion, Oxford, Clarendon Press, 1983 Google Scholar.
106 - Voir Plutarque, , Collection d’histoires parallèles grecques et romaines, 315C Google Scholar, citant Callimaque (IIIe siècle av. J.-C.). Au demeurant, la sombre réputation du tyran était déjà constituée au Ve siècle, comme l’atteste Pindare, , Pythiques, I, 185 Google Scholar, qui évoquait déjà le fameux taureau. « Mythe » et histoire sont en l’occurrence indissociables. Biaisées par des lieux communs anti-tyranniques, les sources anciennes portent notamment l’empreinte du cycle crétois, reprenant en particulier le motif de la génisse de Minos, construite par Dédale: voir Luraghi, Nino, Tirannidi arcaiche in Sicilia e Magna Grecia: da Panezio di Leontini alla caduta dei Dinomenidi, Florence, L.S. Olschki, 1994, p. 21–49 Google Scholar.
107 - Timee, FGrHist, 566 F 28C (nous traduisons). Voir à ce propos Bianchetti, Serena, «Falaride pharmakon degli Agrigenti», Sileno, 12/1-4, 1986, p. 101–109 Google Scholar.
108 - L’histoire de Théogénès/Théagénès a fasciné les auteurs anciens et a été racontée maintes fois, avec quelques variantes: Pausanias, , Périégèse, VI, 11, 5–6 Google Scholar; de Pruse, Dion, Discours aux Rhodiens, XXXI, 96–98 Google Scholar; Plutarque, Préceptes politiques, 811D-E; Lucien, Assemblée des Dieux, 12 sq.; Sur la manière d’écrire l’histoire, 35; de Cesaree, Eusebe, Préparation évangélique, V, 34, 2–7 Google Scholar et 9.
109 - Pausanias, , Périégèse, VI, 11, 6 Google Scholar. Après une longue famine, les Thasiens consultèrent la Pythie qui leur reprocha le traitement subi par l’effigie de Théagénès. Finalement repêchée, la statue fut réinstallée au cœur de la cité et devint l’objet d’un culte héroïque, par ailleurs bien attesté archéologiquement. Dans une bibliographie abondante, voir notamment Pouilloux, Jean, Recherches sur l’histoire et les cultes de Thasos, t. 1. De la fondation de la cité à 196 avant J.-C., Paris, De Boccard, 1954, p. 61–105 Google Scholar et Chamoux, François, «Le monument de ‘Theogénès’: autel ou statue?», Thasiaca, suppl. au BCH, 5, 1979, p. 143–153 Google Scholar.
110 - Un autre parallèle, tout aussi vénérable, pourrait être invoqué: l’expulsion du bouc émissaire, le pharmakos, lors de la fête des Thargélies. D’abord couronné à la manière d’un roi et entretenu aux frais de la communauté dans une parodie de sitèsis, le pharmakos était finalement exclu du territoire civique au terme de la cérémonie. Des honneurs suprêmes à l’exil ritualisé: c’est bien le même parcours que suivirent les effigies du législateur, depuis le centre de la cité jusqu’aux tréfonds des océans. Voir à ce propos Jones, Susan C., «Statues that kill and gods who love them», in Hartswick, K. J. et Sturgeon, M. C. (dir.), Stephanos: Studies in honor of Brunilde Sismondo Ridgway, Philadelphie, University of Pennsylvania for Bryn Mawr College, 1997, p. 139–143 Google Scholar, ici p. 141 (sur la statue de Théagénès de Thasos).
111 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77: « Certes, ils ne s’assurèrent pas de sa personne, mais ils déversèrent leur venin (ion) sur le bronze, renversant ses effigies. » Voir à ce propos les remarques de Michel Narcy in Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., p. 634, n. 2: « Ion désigne en grec à la fois, comme dans l’épigramme, le venin d’un serpent, et la rouille qui ronge le fer. »
112 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 78.
113 - Voir par exemple Vernant, Jean-Pierre, «De la présentification de l’invisible à l’imitation de l’apparence», Mythe et pensée chez les Grecs, Paris, La Découverte, [1966] 1985, p. 340–341 et p. 350-351Google Scholar, qui reconstitue de façon quelque peu téléologique le passage de « la présentification de l’invisible à l’imitation de l’apparence » (p. 340).
114 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77.
115 - Aristote, C’est, Politique, I, 9, 1257a31–b17 Google Scholar, qui conceptualise la monnaie comme étalon universel. Sur la fonction civique et égalitaire du monnayage, voir notamment Will, Édouard, «De l’aspect éthique des origines grecques de la monnaie » et « Réflexions et hypothèses sur les origines du monnayage», Historica Graeco-Hellenistica. Choix d’écrits 1953-1993, Paris, De Boccard, 1998, p. 89–110 et p. 111–123 Google Scholar. Voir aussi V. Azoulay, Xénophon et les grâces du pouvoir..., op. cit., p. 171 sq.
116 - Hellanicos de Lesbos, FGrHist, 323A F 26 et Philochore, FGrHist, 328 F 141 (selon qui l’or venait des statues d’Athéna Nikè). Voir à ce sujet Samons, Loren J., Empire of the owl: Athenian imperial finance, Stuttgart, F. Steiner Verlag, 2000, p. 281–286 Google Scholar. Au début de l’année 406/5, les trésoriers d’Athéna transférèrent des offrandes auparavant déposées dans le pronaos aux trésoriers de la ligue de Délos, qui convertirent les objets en argent en drachmes athéniennes (IG I3, 316).
117 - Thucydide, , Guerre du Péloponnèse, II, 13, 3–5 Google Scholar. Voir Kurke, Leslie, Coins, bodies, games, and gold: The politics of meaning in archaic Greece, Princeton, Princeton University Press, 1999, p. 307 Google Scholar.
118 - de Sicile, Diodore, Bibliothèque historique, XVI, 57, 3Google Scholar. L’auteur situe l’épisode « avant les affaires de Delphes », c’est-à-dire avant la quatrième guerre sacrée, qui débuta en 355 av. J.-C. Or, en XV, 47, 7, il mentionne la capture par Timothée et Iphicrate de neuf trières siciliennes, envoyées par Denys à ses alliés lacédémoniens.
119 - Ibid.
120 - Plutarque, , Il ne faut pas s’endetter, 828B Google Scholar: « Et pourtant le grand Périclès fit exécuter pour la déesse une parure (kosmon) de quarante talents d’or, qui était démontable: ‘Ainsi, disait-il, elle pourra nous servir à financer la guerre et nous restituerons ensuite le même poids d’or’. »
121 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 75 (« en revenus et en construction, il fit croître la cité »). Au demeurant, fondre du bronze pour en faire des monnaies n’est pas d’un intérêt financier considérable.
122 - C’est le cas, en revanche, à Cos, placée dans une situation financière difficile sous le Haut-Empire: Segre, Mario, Iscrizioni di Cos, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1993, no 230 Google Scholar. Retrouvée dans l’Odéon romain en 1928, une inscription du Ier siècle après J.-C. fournit en effet une liste de seize statues honorifiques de citoyens de Cos (vraisemblablement des citoyens méritants de la première moitié du IIe siècle av. J.-C.) que la Gerousia autorise à fondre en raison des « circonstances exceptionnelles » et ce, probablement dans le but de frapper monnaie. Voir à ce propos Habicht, Christian, «Neue Inschriften aus Kos», Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 112, 1996, p. 83–93 Google Scholar, ici p. 86 et n. 17.
123 - Les mêmes procédés eurent cours, à l’époque romaine, lors de la damnatio memoriae de Domitien: « Après la mort de Domitien, les Romains proclamèrent empereur Cocceius Nerva. En haine du tyran, ses nombreuses statues d’argent et même d’or furent fondues, et l’on en retira des sommes énormes » ( Cassius, Dion, Histoire romaine, LXVIII, 1, 1 Google Scholar). Sur Domitien et ses statues dévastées, voir aussi Pline, , Panégyrique, LII, 4–5 Google Scholar.
124 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77.
125 - Strabon, , Géographie, IX, 1, 20 Google Scholar. Dans les Préceptes politiques, 820E-F, Plutarque fait subir ce traitement infamant aux statues de Démade: « Mais des 300 statues de Démétrios de Phalère, aucune n’eut le temps de rouiller ou de se patiner et elles furent toutes détruites de son vivant. Celles de Démade, on les fondit pour faire des pots de chambre (Tous de Dêmadou katekhôneusan eis amidas). » Il est toutefois possible que Plutarque confonde les deux personnages. Au demeurant, il se trompe en parlant « des » statues de Démade, puisque celui-ci n’obtint jamais qu’une seule effigie honorifique: voir à ce propos I. Kralli, « Athens and her leading citizens... », art. cit., p. 147, n. 35. Sur les honneurs de Démade, abrogés soit à l’été 323 après la mort d’Alexandre, soit en 319 après le décès de l’orateur, voir P. Gauthier, Les cités grecques..., op. cit., p. 109-110 et P. Brun, L’orateur Démade..., op. cit., p. 78-83.
126 - Dittenberger, Wilhelm (éd.), Orientis graeci inscriptiones selectae: supplementum syl-loges inscriptionum graecarum, Leipzig, Hirzel, 1903-1905, no 6Google Scholar. Sur l’instauration du culte civique d’Antigonos, voir Habicht, Christian, Gottmenschentum und griechische Städte, Munich, C. H. Beck, 1970, p. 42–44 Google Scholar. Malgré ce geste de reconnaissance, Skepsis fut détruite par Antigonos quelques années plus tard: le souverain fonda Antigoneia de Troade, par synœcisme des cités alentour, dont Skepsis ( Strabon, , Géographie, XIII, 1, 52 Google Scholar).
127 - Isis et Osiris, 360C-D: Bergk, Theodorus, Poetae Lyrici Graeci, Leipzig, 1882, III 637 Google Scholar. Comment ne pas rapprocher ce mot du propos célèbre de Hegel, Georg Wilhelm Friedrich, La Phénoménologie de l’esprit, Paris, Aubier, 1939-1941, ici t. 2, p. 195 Google Scholar: « Il n’y a pas de héros pour son valet de chambre, non parce que le héros n’est pas un héros, mais parce que le valet de chambre n’est qu’un valet de chambre, auquel le premier a affaire non en tant que héros, mais comme quelqu’un qui mange, boit, s’habille, etc., bref, est pris dans la singularité du besoin et de la représentation. »
128 - ÉPicharme, fr. 131 Kaibel = D’Alexandrie, Clement, Le protreptique, II, 24, 4 Google Scholar: Kaibel, Georg (dir.), Comicorum Graecorum fragmenta I, Berlin, Weidmann, 1899 Google Scholar. Voir D. Tarn Steiner, Images in mind..., op. cit., p. 126-129, ici p. 127. Attaquant les pratiques religieuses athéniennes, en particulier la cérémonie des Mystères, il est, dans les Nuées, le modèle de l’impie, remplaçant Zeus par le règne du Tourbillon (v. 828-830). Comme Socrate après lui, Diagoras fut au demeurant poursuivi pour impiété, probablement en 415/4 av. J.-C., juste après la terrible répression que les Athéniens firent subir à son île natale en 416: Melanthios, FGrHist, 326 F 3; Krateros, FGrHist, 342 F 16.
129 - Dans la conception aristotélicienne, une statue est la combinaison de la matière et de la forme: Aristote, Métaphysique, D, 2, 1013b5-8 et 1014a1-15; Z, 3, 1029a1-5 et Z, 10, 1035a6-7: « Par matière, j’entends par exemple le bronze, par forme, la configuration qu’elle revêt, et par le composé des deux, la statue, le tout concret. »
130 - Voir, dans un autre contexte, L. Kurke, « The language of metals», Coins..., op. cit., p. 41-64.
131 - Le motif se retrouve à l’époque romaine. En 31 apr. J.-C., les statues de Séjan, le proche de Tibère, sont coulées et transformées en objets prosaïques. Juvenal, Voir, Satires, X, v. 56 Google Scholar sq.; Cassius, Dion, Histoire romaine, LVIII, 11, 3 Google Scholar. Voir plus largement Stewart, Peter, Statues in Roman society: Representation and response, Oxford, Oxford University Press, 2003, p. 297 Google Scholar, n. 161, pour d’autres exemples romains d’hubris contre des statues et Varner, Eric R., Mutilation and transformation: Damnatio memoriae and Roman imperial portraiture, Leyde/Boston, Brill, 2004, p. 92–93 Google Scholar.
132 - Plutarque, Apophtegmes lacédémoniens, 234C.
133 - Favorinus, , Corinthiaca, XXXVII, 41 Google Scholar. Natif d’Arles, Favorinus bénéficia de la faveur de l’empereur Hadrien, jusqu’à ce qu’il fût accusé d’adultère avec la femme d’un consul et exilé probablement en 131/132 apr. J.-C. En conséquence, les Athéniens mirent à bas la statue de bronze dont ils l’avaient honoré (§ 35), avant que Corinthe ne prît peut-être la même décision.
134 - Giallombardo, Selon Anna Maria Prestiani, « Philippos ho basileus. Nota a Favorin. Corinth., 41», Quaderni Urbinati di Cultura Classica, 20-2, 1985, p. 19–27 CrossRefGoogle Scholar, il s’agirait de Philippe V, dans la mesure où le titre de basileus n’est pas attesté pour Philippe II – ce qui est un argument fragile, dans la mesure où Favorinus ne rédige pas un texte officiel, où la titulature serait importante. Toujours est-il qu’en 200 av. J.-C., après avoir appris la destruction de Chalcis par les Romains, Philippe V fit une expédition contre Athènes qu’il dévasta: Live, Tite, Ab Urbe Condita, XXXI, 24–26 Google Scholar. L’été suivant, les Athéniens votèrent un décret prescrivant de démolir toutes les statues de Philippe et de ses ancêtres: Live, Tite, Ab Urbe Condita, XXXI, 44, 4–5 Google Scholar. Voir C. Habicht, Athènes hellénistique..., op. cit., p. 218-219. Pausanias mentionne toutefois l’existence de statues de Philippe II et d’Alexandre, situées au nord de l’agora, avant l’odéon, « effet d’une flatterie du peuple à leur égard » (Périégèse, I, 9, 4). Érigées vers 338 ou un peu plus tard, durant le règne d’Alexandre, elles pourraient également avoir été l’objet de la vindicte des Athéniens. Au demeurant, les Éphésiens renversèrent les statues de Philippe Ii, à la nouvelle de sa mort: Arrien, , Anabase, I, 17, 11Google Scholar.
135 - Le même imaginaire est à l’œuvre à l’époque romaine dans Juvenal, , Satires, I, 131 Google Scholar: « La journée est magnifiquement ordonnée: la sportule, puis le forum, Apollon le juriste, les statues des généraux triomphateurs, parmi lesquels ose avoir son inscription je ne sais quel Égyptien, un percepteur de là-bas, s’il vous plaît. Ah, contre cette effigie-là, permission de pisser, pour le moins ! »
136 - Sur la pratique de nettoyer et d’oindre les statues de culte, voir Pausanias, , Périégèse, V, 11, 10Google Scholar (pour la statue de Phidias). L’image d’Apollon à Délos était nettoyée avec une solution faiblement acide avant d’être frottée d’huile, cirée et parfumée. Voir Kahil, Lilly, «Bains de statues et de divinités», in Ginouves, R. et al. (dir.), L’eau, la santé et la maladie dans le monde grec, Athènes, École française d’Athènes, 1994, p. 217–223 Google Scholar et D. Tarn Steiner, Images in mind..., op. cit., p. 106-113.
137 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77.
138 - É. Perrin-Saminadayar, « Aere perennius... », art. cit., p. 137: « occasionnellement, le portrait pouvait également avoir une fonction de mémoire, mais il faut noter que cette mémoire est négative ».
139 - Voir L. Kurke, Coins..., op. cit., p. 314-316.
140 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 82.
141 - Pausanias, , Périégèse, V, 21, 2–18 Google Scholar. On connaît cinq séries de Zanes, érigées entre 388 av. J-C. et 125 après J.-C., le long de la terrasse des trésors – dont Pausanias rapporte les origines à la façon d’un mythe étiologique. Certaines bases parvenues jusqu’à nous sont même signées par le sculpteur: on connaît ainsi un Zanes de 388 av. J.-C., portant la signature de Kléon de Sicyone: Dittenberger, Wilhelm et Purgold, Karl (dir.), Inschriften von Olympia, Berlin, Asher, 1896, no 637 Google Scholar.
142 - Pausanias, , Périégèse, V, 21, 3–4 Google Scholar.
143 - Aristote, , Constitution d’Athènes, Lv, 5 Google Scholar; Platon, Phèdre, 235d8-e1; Aristote, , Parties des animaux, LV, 5 Google Scholar (qui précisent tous deux que ces statues d’or devaient être des images du fautif lui-même, à taille réelle, et érigées à Delphes); Plutarque, , Vie de Solon, XXV, 3 Google Scholar; Aristote, fr. 611 Rose: Rose, Valentin (dir.), Aristotelis qui ferebantur librorum fragmenta collegit, Leipzig, Teubner, 1886 Google Scholar; Pollux, , Onomasticon, VIII, 85–86 Google Scholar. Voir plus largement R. Krumeich, Bildnisse griechischer Herrscher..., op. cit., p. 59-63. Celui-ci souligne toutefois que l’on ne connaît aucune application de la mesure (p. 61).
144 - Selon J.-P. Vernant, Figures, idoles, masques, op. cit., p. 76-77, il se serait également agi, pour l’archonte, de consacrer une figure de substitution, rachetant la faute à sa place.
145 - Les exemples abondent dans l’œuvre de Pausanias, Périégèse, livre VI.
146 - Pausanias, , Périégèse, III, 14, 1 Google Scholar. Thucydide, , Guerre du Péloponnèse, I, 134, 4 Google Scholar, mentionnait déjà la stèle et l’inscription funéraire du roi Pausanias. Voir à ce propos Higbie, Carolyn, «Craterus and the use of inscriptions in ancient scholarship», Transactions of the American Philological Association, 129, 1999, p. 43–83 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 62.
147 - Demosthene, , Sur l’Ambassade, XIX, 271–272 Google Scholar; Troisième Philippique, Ix, 41-43; Dinarque, Contre Aristogiton, 24-25. La mesure fut prise entre 477 et 450 av. J.-C., sans qu’il soit possible d’être beaucoup plus précis. Voir à ce propos Nouhaud, Michel, L’utilisation de l’histoire par les orateurs attiques, Paris, Les Belles Lettres, 1982, p. 239 Google Scholar, n. 380, et plus largement Thomas, Rosalind, Oral tradition and written record in classical Athens, Cambridge, Cambridge University Press, 1989, p. 85 CrossRefGoogle Scholar et p. 87.
148 - Demosthene, , Sur l’ambassade, XIX, 272 Google Scholar.
149 - Loraux, Nicole, La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot, 1997, p. 173–194 Google Scholar. Les Athéniens avaient ainsi supprimé de leur calendrier le jour où Athéna et Poséidon s’étaient querellés pour remporter la première place en Attique – le 2 du mois de Boédromion. «À passer chaque année du premier au troisième jour de ce mois, les Athéniens creusent, au tout début de la numération, un trou qui, comme une cicatrice très visible, est la trace de l’opération chirurgicale de non-mémoire » (p. 192).
150 - Diogene Laërce, Vies et doctrines..., op. cit., V, 77. Cette mesure exceptionnelle trouve un écho, bien plus tard, dans la damnatio memoriae dont Mithridate VI du Pont fut l’objet à Athènes: désigné comme archonte éponyme en 87/6, son nom fut effacé par la suite de la liste archontale et remplacé par l’inscription anarkhia (absence de pouvoir). Voir IG II2, 1713, l. 12 [= Syll. 3, 733] et les analyses de Habicht, Christian, «Zur Geschichte Athens in der Zeit Mithridates’ VI», Chiron. Mitteilungen der Kommission für alte Geschichte und Epigraphik des Deutschen Archäologischen Instituts, 6, 1976, p. 127–142 Google Scholar. Si le parallèle est frappant, il n’est toutefois que partiel: dans le cas de Démétrios de Phalère, rien n’indique explicitement que les Athéniens effacèrent son nom de la liste. Favorinus mentionne un ajout – année d’illégalité (anomia) – et non une suppression.
151 - Plutarque, , Vie de Démétrios, XLVI, 2 Google Scholar: « Cependant, les Athéniens [...] rayèrent de la liste des [archontes] éponymes Diphilos, qui y était inscrit comme prêtre des Dieux Sauveurs » (nous traduisons). Voir à ce propos Gastaldi, Enrica Culasso, «Abbattere la stele. Riscrittura epigrafica e revisione storica ad Atene», Cahiers du Centre Gustave-Glotz, 14, 2003, p. 241–262 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 258-259, n. 57.
152 - Voir Bertrand, Jean-Marie, «De l’usage de l’épigraphie dans la cité des Magnètes platoniciens», in Thür, G. (dir.), Symposion 1995: Vorträge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte (Korfu, 1-5 sept. 1995), Cologne, Böhlau, 1997, p. 27–47 Google Scholar.
153 - Souda, s. v. stêlizein. Soumis à la stêliteusis (publication solennelle), un condamné pouvait, tout à fait simplement et couramment, être appelé stêlitês. Voir à ce propos J.-M. Bertrand, De l’écriture à l’oralité..., op. cit., p. 154-155.
154 - Voir Pebarthe, Christophe, Cité, démocratie et écriture. Histoire de l’alphabétisation d’Athènes à l’époque classique, Paris, De Boccard, 2006, p. 267 Google Scholar.
155 - J.-M. Bertrand, De l’écriture à l’oralité..., op. cit., p. 155.
156 - Lycurgue, Contre Léocrate, 117. Sur la signification de cette énigmatique transformation, voir les analyses de Ober, Josiah, «From epistemic diversity to common knowledge: Rational rituals and cooperation in democratic Athens», Episteme. A Journal of Social Epistemology, 3-3, 2006, p. 214–233 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 220-222.
157 - En 488/7 av. J.-C., Aristote, d’après, Constitution des Athéniens, XXII, 4 Google Scholar.
158 - Petit-fils du tyran Hippias et chef des aristocrates, cet Hipparque fut élu archonte éponyme en 496/5. Androtion, Voir, FGrHist, 324 F 6Google Scholar.
159 - Voir R. Krumeich, Bildnisse griechischer Herrscher..., op. cit., p. 63-64. D’après lui, la statue serait une offrande privée, consacrée avant 488/87 – la date de son ostracisme. D’après Keesling, Catherine M., The votive statues of the Athenian Acropolis, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 179 Google Scholar, il s’agirait peut-être de la consécration d’une statue de vainqueur olympique.
160 - Lycurgue, Contre Léocrate, 119.
161 - Voir M. Haake, Der Philosoph in der Stadt..., op. cit., p. 77-78. Sur les defixiones à l’époque d’Alexandre, voir plus largement Habicht, Christian, «Attische Fluchtafeln aus der Zeit Alexanders des Grossen», Illinois Classical Studies, 18, 1993, p. 113–118 Google Scholar.
162 - Latabletteporte l’inscription: Pleistarkhon| Eupolemon |Kassa[n]dron | Dêmêt[rion] | Ph[al]ê[rea]. Sur le texte, Jordan, David, «Two inscribed lead tablets from a well in the Athenian Kerameikos», Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, 95, 1980, p. 225–239 Google Scholar (avec une datation toutefois erronée). Voir Gager, John G. (dir.), Curse tablets and binding spells from the ancient world, New York, Oxford University Press, 1992, p. 147–148 Google Scholar, no 57.
163 - Sur cette guerre dite de « quatre ans » (307-303), voir C. Habicht, Athènes hellénistique..., op. cit., p. 92-93.
164 - N. Loraux, La cité divisée..., op. cit.
165 - Que ces deux moments aient été parfois confondus par les auteurs anciens est peut-être à la source de la confusion des auteurs modernes: Plutarque, Préceptes politiques, 820E-F, évoque ainsi la transformation des statues de Démade en pots de chambre.
166 - IG II2, 487, l. 6-20. Pour un commentaire général de l’inscription, voir Syll. 3, 336.
167 - IG II2, 487, l. 8-10. Le décret emploie une formule qui n’était plus en usage depuis plus d’un siècle, témoignant de la volonté de renouer avec le passé démocratique de la cité. Voir à ce propos C. W. Hedrick Jr, «Democracy and the Athenian epigra-phical habit », art. cit., p. 412-413 et les nuances apportées par Pebarthe, Christophe, «Inscriptions et régime politique: le cas athénien», in Bresson, A., Cocula, A.-M. et Pebarthe, C. (dir.), L’écriture publique du pouvoir, Bordeaux, Ausonius, 2005, p. 169–182 Google Scholar, ici p. 179.
168 - Voir C. Habicht, Athènes hellénistique..., op. cit., p. 88-89 et p. 422, n. 15. C. Pebarthe, « Inscriptions et régime politique... », art. cit., p. 176, souligne à juste titre qu’« il est dangereux d’associer automatiquement baisse du nombre d’inscription et institutions politiques »; toutefois, cet écart ne saurait relever de la simple coïncidence: si les inscriptions étaient plutôt destinées à être vues qu’à être lues, leur multiplication soudaine après 307 témoigne pour le moins d’un souci renouvelé de transparence, en rupture avec les restrictions d’affichage de la décennie précédente.
169 - Voir à ce propos les remarques d’É. Perrin-Saminadayar, « Aere perennius... », art. cit., p. 110.
170 - N. Loraux, La cité divisée. .., op. cit., p. 46.
171 - Voir à ce propos Azoulay, Vincent et Ismard, Paulin, «Les lieux du politique dans l’Athènes classique. Entre structures institutionnelles, idéologie civique et pratiques sociales», in Schmitt-Pantel, P. et de Polignac, F. (dir.), Athènes et le politique. Dans le sillage de Claude Mossé, Paris, Albin Michel, 2007, p. 271–309 Google Scholar, ici p. 306-309.