Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
En se focalisant sur deux villages de la région rurale de Houaïlou examinés depuis le milieu du XIXe siècle, cet article questionne l’évidence de la « chefferie » comme objet d’étude et comme catégorie anthropologique océaniste. La reconnaissance des « chefs » par les Français fut l’occasion d’une concurrence continue entre membres de lignages déjà en conflit, et qui perdure sous d’autres formes jusqu’à maintenant. L’État colonial est ainsi devenu une composante majeure d’un fonctionnement politique segmentaire dont, dans le même temps, il transformait radicalement les moyens. L’histoire constitue alors un outil perspectif qui permet d’établir, contre la rigidité de certains modèles anthropologiques et du discours justificatif de certains chefs, que l’institution de la chefferie ne peut être comprise que par la confrontation et l’articulation d’intentionnalités tout à la fois locales et étatiques.
By focusing on two villages in the rural area of Houailou studied since the middle of the nineteenth century, this paper discusses the relevance of the “chieftaincy” as a subject-matter and category of oceanist anthropology. The acknowledgement of the “chiefs” by the French created competition between members of lineages already in conflict–competition which has persisted in other forms until now. The colonial state has thus become a major component of a segmentary political mechanism, while simultaneously radically transforming its means. In this context, history is a tool that allows perspective: against the rigidity of some anthropological models and against the legitimizing discourses of some chiefs, the institution of chieftaincy can only be understood through confrontation and articulation of intentionality all at once local and state-based.
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15 - Ibid., p. 98.
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21 - Pour nous en tenir à un « structuralisme de type yin-yang », comme l’écrit M. Sahlins, Des îles..., op. cit., p. 16.
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28 - Ibid., p. 286, ce sont les auteurs qui soulignent.
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32 - A. Bensa, « Le chef kanak...», op. cit., p. 34.
33 - Ibid., p. 42.
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44 - A. Saussol, L’héritage..., op. cit.
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46 - Nous respectons l’orthographe des noms propres telle qu’elle apparaît dans les sources citées ou commentées, tout en mentionnant dans le corps de notre texte, et parfois entre crochets, une orthographe conforme aux normes de transcription de la langue ajië élaborées par Sylvain ARAMIOU, Euritein, Jean et Kavivioro, Georges, Dictionnaire a’jië-français, Nouméa, Fédération de l’Enseignement Libre Protestant, 2000 Google Scholar.
47 - Dans les années 1840, des santaliers anglophones avaient abordé dans la baie de Houaïlou, comme l’attestent leurs journaux de bord. C’est ainsi l’un d’entre eux, E. Woodin, qui évoque la première fois les habitants de Houaïlou dans un texte publié, « Sandalwood voyage», Nautical magazine, mai 1850, p. 298-302. Il semble qu’un autre de ces santaliers, Georges Wright, vivait à Houaïlou depuis 1855 environ.
48 - Caom, Série Géographique Nouvelle-Calédonie [désormais SGNC] 42, E. Le Bris, lettre au ministre de la Marine et des Colonies du 7 août 1856.
49 - Pannetrat, Martin, «1856 au pays des Alikis» (1857), Bulletin de la Société d’Études Historiques de la Nouvelle-Calédonie, 96, 1993, p. 17-47 Google Scholar, ici p. 36.
50 - C’est-à-dire, dans le vocabulaire colonial français de 1856, en Algérie.
51 - M. Pannetrat, « 1856 au pays des Alikis », art. cit., p. 37.
52 - Maspero, François, L’honneur de Saint-Arnaud, Paris, Le Seuil, [1993] 1995, ici p. 177-179 Google Scholar.
53 - Ibid., p. 194.
54 - E. Le Bris, lettre au ministre de la Marine et des Colonies, op. cit.
55 - Nous retrouvons le vocabulaire de la féodalité mentionné plus haut. Nous reviendrons sur la relation entre ces deux chefs, « Wanga » et « Ykà » à la fin de cet article.
56 - M. Pannetrat, « 1856 au pays des Alikis », art. cit., p. 39.
57 - « Nouvelles locales», Moniteur de la Nouvelle-Calédonie, 1er mai 1864.
58 - En raison de sa proximité géographique avec Warai, il est d’ailleurs possible de faire l’hypothèse que ce village ait été le troisième détruit par les militaires français et leurs auxiliaires de Canala lors de l’opération de 1856.
59 - « Nouvelles locales », art. cit.
60 - « Nouvelles locales », art. cit.; « Nouvelles locales. Expédition de Monéo, Mou et de Pounérihouen», Moniteur de la Nouvelle-Calédonie, 8 mai 1864.
61 - « De Canala à Bourail et à Houaïlou», Moniteur de la Nouvelle-Calédonie, 2 août 1868.
62 - Il apparaît comme chef dans plusieurs actes administratifs de la fin du XIXe siècle: « Nékoué, chef Combo», Bulletin Officiel de Nouvelle-Calédonie, arrêté no 211 du 17 mai 1876 relatif aux délimitations prescrites par l’arrêté du 6 mars 1876; « La tribu de Nékoué, chef Cambo», Bulletin Officiel de Nouvelle-Calédonie, arrêté no 375 du 17 novembre 1876 relatif à la délimitation des tribus canaques de Houaïlou, de Canala et de Nakéty. Il est également identifié comme chef par Lemire, Charles, La colonisation française en Nouvelle-Calédonie et dépendances, Paris, Challamel, 1877, p. 170 Google Scholar et Id., Voyage à pied en Nouvelle-Calédonie et description des Nouvelles-Hébrides, Paris, Challamel, 1884, p. 180: « Tribu de Nékoué, chef Kambo», ou «Cambo» (p. 309, et p. 179). Gauharou, Léon, Géographie de la Nouvelle-Calédonie et dépendances, Nouméa, Imprimerie du Gouvernement, 1882, p. 76 Google Scholar, l’identifie ainsi: « Kambo, à Nékoué ». Cette reconnaissance est ratifiée par son inscription parmi les chefs du 3e arrondissement lors de la séance du Conseil Privé du 12 novembre 1886: «Nékoué, chef Cambo ».
63 - Muckle, Adrian, «Troublesome chiefs and disorderly subjects: The Indigénat and the internment of Kanak in New Caledonia (1887-1928)», French Colonial History, 11, 2010, p. 131-160 CrossRefGoogle Scholar.
64 - « De Canala à Bourail et à Houaïlou », art. cit.
65 - CAOM, SGNC 99, p. 378.
66 - Nous n’avons pas retrouvé d’autre trace de cette mesure d’internement de Kavo antérieure à 1876.
67 - CAOM, SGNC 99, p. 380.
68 - « Fils » réel ou classificatoire: il est en une occasion qualifié de « neveu », mais les fils de frères, et plus généralement les membres du clan de la génération postérieure à Ego sont nommés «fils» dans la langue de Houaïlou. Mavino apparaît comme chef dans les actes de cantonnement: « Ouraye, chef Mavino», Bulletin Officiel de Nouvelle-Calédonie, arrêté no 211 du 17 mai 1876 relatif aux délimitations prescrites par l’arrêté du 6 mars 1876; « Tribu d’Ouraye, chefs Mavino et Maou», Bulletin Officiel de Nouvelle-Calédonie, arrêté no 375 du 17 novembre 1876 relatif à la délimitation des tribus canaques de Houaïlou, de Canala et de Nakéty. Dans les textes de C. Lemire, La colonisation..., op. cit., p. 170 et p. 309 et Voyage..., op. cit., p. 180: « Tribu de Ouraye, chef Mavino », et de L. Gauharou, Géographie..., op. cit., p. 76: « Mavino (entre les rivières de Houaïlou et de Dû). » Il n’est donc pas surprenant de le voir reconnu, lui aussi, comme l’un des chefs du 3e arrondissement, « Ouarai, chef Mavino », au cours de la séance du Conseil Privé du 12 novembre 1886.
69 - Dousset-Leenhardt, Roselène, Terre natale, terre d’exil, Paris, Maisonneuve et Larose, 1976, p. 101 Google Scholar. La source de ces informations est une copie de la lettre du 20 juin 1878 du surveillant Hory au gouverneur et au directeur de l’intérieur, Houaïlou, Centre de Documentation sur l’Océanie, 2, 67. Le fonds du Centre de Documentation sur l’Océanie créé au Musée de l’Homme par J.Guiart dans les années 1970 ayant disparu, nous n’avons pas réussi jusqu’à présent à retrouver la lettre en question et ne pouvons nous appuyer que sur le résumé qu’en donne Roselène Dousset-Leenhardt. On en trouve toutefois une confirmation dans le Moniteur de la Nouvelle-Calédonie du 4 septembre 1878 qui évoque le fait qu’au début du mois d’août 1878, « Les différends entre les tribus de Monéo, qui avaient donné lieu à des attaques à main armée, entre indigènes, furent déférés au conseil des grands chefs de Canala. »
70 - Moncelon, Léon, «Réponse alinéa par alinéa, pour les Néo-Calédoniens, au questionnaire de sociologie et d’ethnographie de la société», Bulletins de la société d’anthropologie de Paris, 9, 1886, p. 345-380 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 366.
71 - Identifié un peu plus loin dans le même texte comme «Maôn l’ancien ».
72 - CAOM, SGNC 99, p. 380-381.
73 - Moncelon, Léon, «Présentation d’un Canaque néo-calédonien», Bulletins de la société d’anthropologie de Paris, 8, 1885, p. 353-365 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 363.
74 - À l’exception près d’un de mes interlocuteurs de la moyenne vallée de Houaïlou remontant à cinq générations avant Ego.
75 - Ce qui ne constitue évidemment pas une preuve que personne ne sache rien des individus en question.
76 - Ka-tö ou wêmwâ: M. NAEPELS, Histoires de terres kanakes..., op. cit., p. 163-166.
77 - Maurice Leenhardt, «Warai. Lignée des Néporo», notes manuscrites dans un cahier d’Élia Mârârhë, s. d. [1915-1926], archives privées Geneviève Leenhardt.
78 - Ainsi, un arrêté du 30 juin 1908 portant approbation d’une cession de terrain mentionne «le petit chef Munemoin de la tribu de Nékoué»: Christiane TERRIER-DOUYERE, «La colonisation de peuplement libre en Nouvelle-Calédonie (1899-1909) », thèse d’histoire, université de Nouvelle-Calédonie, Nouméa, 2000, p. 92. Dans ses mémoires, Nerho, Acöömwa, Acoma Nérhon raconte sa vie, multigraphié, Paris, s. d., p. 45 Google Scholar, mentionne «le chef Neporo Munemoa». « Néporo Munémoin» est également présenté comme «chef» dans le recensement de «Nékoué» effectué par Leenhardt, Maurice, Recensement ethnologique de la vallée de Houaïlou, microfiche, Musée de l’Homme, c. 1917-1919 Google Scholar. À Warai, Louis est reconnu comme petit chef le 1er février 1905 (par l’arrêté 725). M. Leenhardt en parle également dans sa corresondance: « Louis était le principal chef païen, et très habile au point de vue administratif avec une place prépondérante aux yeux de l’Administration » (CAOM, APOM 54/1, lettre du 31 décembre 1910 à ses parents). «Néporo Séé Louis» est également présenté comme «chef» dans le recensement de « Néaria » (l’un des deux hameaux de Warai) effectué par M. Leenhardt, Recensement ethnologique..., op. cit.
79 - C. Lemire, Voyage..., op. cit., p. 179.
80 - Gauharou, Léon, Géographie de la Nouvelle-Calédonie et dépendances, Nouméa, Imprimerie Nouméenne, [1882] 1892, p. 77 Google Scholar.
81 - On pourrait conjecturer que Mau comme Mwâciri sont deux façons de mal entendre ou de mal transcrire le prénom kanak Mavui, mais cela demeure hypothétique en l’absence d’autres éléments de confirmation.
82 - CAOM, APOM 54/2, Maurice Leenhardt, journal 1910-1917, 1er janvier 1911.
83 - Voir notamment Bazin, Jean, «La production d’un récit historique», Cahiers d’Études africaines, 73-76, 1979, p. 435-483 CrossRefGoogle Scholar.
84 - M. Naepels, « Le conflit...», op. cit.
85 - CAOM, APOM 54/2, Maurice Leenhardt, journal 1910-1917, 17 juillet 1914.
86 - De uxö, faire la cuisine à la vapeur; et -wî, suffixe indiquant l’idée de fermeture: M. Naepels, Histoires de terres kanakes..., op. cit., p. 117-119 et p. 197.
87 - M. Leenhardt, Recensement ethnologique..., op. cit.
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96 - Ce qui pourrait expliquer, d’ailleurs, le rôle joué par les gens de Canala dans l’opération de répression de 1856.
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99 - Nous nous permettons de rétablir cet adjectif malencontreusement omis dans la traduction française du texte de M. Sahlins.
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