Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Le culte rendu aux tombes de saints est commun dans toute l’aire islamique, excepté la péninsule Arabique. Beaucoup d’entre elles ont été découvertes plusieurs siècles après la mort des saints qui y gisaient, en fonction des contextes politico-religieuses ; ‘AlÎ b. AbÎ Tâlib apparut dans un village de l’Afghanistan au moment même de la situation tendue, à la veille de l’invasion des nomades païens ; le crâne de l’imam Husayn fut découvert dans le Palestine occupée par les Fatimides shiites juste après la chute de l’Iraq aux mains des Seljoukides sunnites… En Asie centrale, la découverte des tombes organisée par des soufis était un moyen pour islamiser des régions et y consolider la religion. Aujoud’hui, dans la région autonome des Ouïgours du Xinjiang (Turkestan oriental), la découverte des tombes traduit la volonté des lettrés ouïgours de glorifier l’histoire de leur nation et celle des autorités politiques de soutenir les manifestations de pratiques religieuses enracinées dans les cultures pour diminuer l’influence des intégristes, catégoriquement hostiles au culte des saints.
The saint cult or the “tomb cult” is a common phenomenon spread all over the Islamic world, except for the Arabic peninsula. Many of the tombs were rediscovered, long time after the burial of saints, meeting the politico-religious demands of the times; ‘AlÎ b. AbÎ Tâlib appeared in a village of Afghanistan on the eve of the invasion of the infidel nomads; the head of the imam Husayn was rediscovered in Palestine by the Shiite Fatimides just after the Sunnite Seljukides conquered Iraq… In Central Asia, the discovery of the saint tombs pushed forward by the Sufis was a means to propagate the Islam among the populations. Today, in the Uyghur Autonomous Region of Xinjiang of China, the boom of the rediscovery of tombs of the cultural heroes/heroines indicates the eagerness of Uyghur cultural elites who want to glorify their history. The political authorities of China, in the necessity of diminishing the influences of the so-called fundamentalists in this region, seem to sustain the manifestation of the religious practices of the local and cultural nature.
1 - Ferrand, Gabriel, «Le Tuḥfat al-albābde Abū Ḥāmid al-Andalūsī al-Ġarnāṭī, éditéd’après les mss. 2167, 2168 et 2170 de la Bibliothèque nationale et le ms. de l’Alger»,Journal asiatique, 207, 1925, pp. 1–148, 193-304.Google Scholar La date précise de sa visite à Balkh estinconnue. D’après la biographie du voyageur, établie par l’éditeur du Tuḥfat, il se trou-vait en 530/1135-1136 à Bulghar sur la Volga, puis se rendit dans la région de Bactre(Balkh). Quinze ans après, en 545/1150-1151, il réapparut en Hongrie. Après 555/1160,il quitta Bagdad pour le Khorassan où il resta pendant un certain temps (G. FERRAND,«Le Tuḥfat al-albāb…», art. cit., pp. 21-22). Évariste Lévi-Provençal ne dit rien sur lavisite à Balkh en 530, mais il indique que Abū Ḥāmid quitta la Hongrie en 548/1153et regagna Bagdad deux ans après, en 350/1155, viale pays des Saqāliba, le Kwarezm,Boukhara, Marv, etc. (” Abū Hāmid al-Gharnātī», Encyclopédie de l’Islam, nouvelleédition, t. I, 1975, pp. 125-126. Le voyageur visita donc Balkh soit entre 1135-1136 et1150-1151, soit entre 1153 et 1155.
2 - G. FERRAND, «Le Tuḥfat al-albāb…», art. cit., pp. 145-147.
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34 - Ibid., f. 115b.
35 - D’aucuns considèrent que cet hagiographe n’est autre que Ḥwāğa Muḥ ammad Šarīflui-même ; sur cette hagiographie, voir Baldick, Julien, Imaginary Muslims. The UwaysiSufis of Central Asia, Londres-New York, I. B. Tauris&Co. Ltd, 1993 Google Scholar ; M. HAMADA,«Le mausolée…», art. cit., p. 68.
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39 - Quntuği, quntağiou bien qontaisha(en russe), le titre honorifique du roi des Junghar,ou Qalmaq, sont des formes plus ou moins corrompues du hontayijimongol, qui est àson tour un emprunt au chinois hongtaizi, prince héritier.
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51 - Ibid., p. 42.
52 - ABDUREHIM SABIT, « Yusuf Has Hağib qabrigahi togh risidiki tarihiy huğğätlär» (Lespreuves historiques de la localisation de la tombe de Yusuf Has Hağib), Bulaq, 40-3,1992, pp. 141-144.
53 - La première preuve consiste en deux rajouts inscrits par un certain Muḥ ammadṢāʾim Sūfī Allāhyār à la fin d’un rouleau manuscrit du Baḥr al-anṣāb, une généalogiespirituelle rédigée par Mīr Ḥusayn Ṣabrī, poète kasḥhari du XIXe siècle. Ce rouleau futoffert à l’Office d’observation des objets historiques en 1983 par un historien, uléma etpoète, Emir Häsän Qazi Hağim (1900-1985). Ce dernier avait déjà offert, deux ans plustôt, la « preuve irréfutable» du waqf-nāmaaux autorités scientifiques d’Ürümchi. Laseconde preuve introduite par l’auteur est un rajout inscrit dans la marge d’une page d’unCoran offert, encore une fois, par Emir Häsän Qazi à l’Office de l’observation des objets.
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