Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Rarement un concept de science politique a connu une fortune comparable à celui de « dépolitisation » ces dernières années. En lançant ce néologisme en 1958, les journalistes allaient donner à l'Association Française de Science Politique la matière d'une Table Ronde qui se réunit en novembre 1960 sous la présidence de Georges Vedel. Si fécondes qu'aient été les analyses auxquelles la nouvelle notion donna lieu, elles n'aboutirent pourtant qu'à en souligner « le flou et la subjectivité ». Souhaité, contesté ou incriminé, le phénomène devait être confronté, avec l'accord de tous, à l'influence des grands moyens d'information. Plus précisément devait-on imputer la dépolitisation de la société française à celle, non moins abusivement postulée, de la grande presse. A l'instar de la littérature, du cinéma ou de toute autre manifestation culturelle, la presse quotidienne exprime en effet autant qu'elle la façonne, la société à laquelle elle s'adresse. Mais elle en offre un reflet brouillé, une image plus ou moins falsifiée par une réfraction dont il importe précisément de connaître les lois.