Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Un type de source extraordinairement précieux, les comptes d'inventaire après décès, très peu utilisés jusqu'ici pour étudier les phénomènes économiques, permettent de saisir dettes et crédits ruraux dans l'Angleterre de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. J'aimerais montrer en quoi ces sources laissent approcher, par delà le poids de l'endettement sur lequel d'autres se sont déjà penchés, les acteurs sociaux qui sont ainsi liés, les rythmes de l'endettement dans des chronologies fines et le choix des formes dans lesquelles s'inscrivent ces relations de crédit.
P. Spufford has begun a large project on the 33,000 surviving probate accounts exhibited by executors and administrators a year or more after the corresponding probate inventories had been drawn up. From work done so far he has been able to show that, as well as the all pervasive amount of credit involved in buying and selling, already worked on by Dr Muldrew, there was also a broad network of formai, longterm, interest-bearing loans on bonds, which underpinned the development of agriculture in seventeenth-century England. Many of these loans were provided by lenders whom historians can recognize as family, and others by those known to the borrowers. However, brokers, such as money-scriveners, were also used as intermediaries between investors and borrowers otherwise unknown to each other. It is not yet clear how far these loan-brokers were the precursors of country bankers.
* Des versions précédentes de cette communication ont été présentées au colloque génois consacré à l'histoire de la banque, Banchi pubblici, banchi privati et monti di pieta nell'Europa preindustriale et lors de séminaires aux universités de Toronto, British Columbia et Christchurch. Il s'agit encore d'un rapport intermédiaire sur un travail en cours.
1. Margaret Spufford a attiré l'attention sur cette source dans « The Limitations of the Probate Inventory », dans Chartres, John et Hey, David éds, English Rural Society, 1500-1800. Essays in Honour of Joan Thirsk, Cambridge, 1990, pp. 139–174 Google Scholar. Il y a quelque temps, le Dr Holderness a également étudié un petit corpus de comptes du Lincolnshire sous cet angle, et les a utilisés dans « Widows in Pre-Industrial Society : An Essay upon their Economie Functions », dans Smith, Richard M. éd., Land, Kinship and Life-Cycle, Cambridge, 1984.Google Scholar
2. Faraday, Michael, Calendar of Probate and Administration Acts 1407-1541 and Abstracts of Wills 1541-81 in the Court Books of the Bishop of Hereford, British Record Society, 1989 Google Scholar, Introduction. Il montre à quel point les actes d'enregistrement d'inventaires après décès et de règlements administratifs furent nombreux dans l'Angleterre du xve siècle, même dans ce diocèse très faiblement peuplé situé aux frontières du pays de Galles, 412 par exemple en 1445- 1446, ou 564 en 1479-1480.
3. Takahashi, Motoyasu, « The Number of Wills Proved in the Sixteenth and Seventeenth Centuries », dans The Records of the Nation, G. H. Martin et Peter Spufford éds, Londres, 1990, pp. 187–213 Google Scholar, démontre que l'on peut accéder à un nombre adéquat de testaments rédigés, sous forme d'originaux ou de copies enregistrées, à partir des années 1540.
4. Spufford, Peter, « A Printed Catalogue of the Names of Testators », dans Records of the Nation, G. H. Martin et Peter Spufford éds, Londres, 1990, pp. 169–170.Google Scholar
5. Spufford, Margaret, Contrasting Communities, English Villagers in the Sixteenth and Seventeenth Centuries, Cambridge, 1974 Google Scholar ; Holderness, B. A., « Crédit in a Rural Community 1600-1800 », Midland History, Iii, 1975-1976 Google Scholar ; « Crédit in English Rural Society before the Nineteenth Century, with Spécial Référence to the Period 1650-1720 », Agricultural History Review, XXIV, 1976 ; « The Clergy as Moneylenders in England 1550-1700 », dans Princes and Paupers in the English Church 1500-1800, Rosemary O'Day et Felicity Heal éds, 1981, pp. 195-210 ; The Agrarian History of England and Wales, Joan Thirsk éd., V, 1984 ; et Margaret Spufford, « Limitations… », art. cité.
6. B. A. Holderness a eu conscience du problème dans son travail novateur sur le crédit dans la société rurale cité note 5, « Crédit in a Rural Community… », pp. 94-95, 108.
7. Dans le cadre de ce projet, nous avons déjà publié : Amy Louise Erickson, « Introduction », Peter Spufford, « Crédit in Rural England before the Advent of Country Banks », dans Banchi pubblici, banchi privati e monti di pieta nell'Europea preindustriale, Puncuh, Dino éd., Atti délia Societa Ligure di Storia Patria, n. s., XXXI, 1991, pp. 893–911 Google Scholar ; et Jacqueline Bower, « Probate Accounts as a Source for Early Modem Kent Economie and Social History », Archaeologia Cantiana, CIX, 1991.
8. Margaret Spufford, « Limitations… », art. cité.
9. Maintenant au Centre for Kentish Studies, anciennement Kent Archives Office de Maidstone. Nous témoignons une grande reconnaissance à l'ancien archiviste du comté, M. Nigel Yates, et à son assistante qui lui a succédé, Miss Kathleen Topping, ainsi qu'aux autres membres du personnel des archives, pour leur aide précieuse.
10. Seuls 62 d'un groupe expérimental initial de 244 comptes d'inventaire après décès enregistrés dans le Kent dans les années 1671-1675, que nous avons dépouillés à la main en attendant leur traitement informatique, contenaient des dettes spécifiquement présentées comme correspondant à des marchandises livrées à la personne décédée. Archdeaconry Court de Canterbury, CKS, PRC2/35/1-270 et PRC2/36/1-72.
11. Buckinghamshire Probate Inventories, 1661-1714, Michael Reed éd., Buckinghamshire Record Society, XXIV, 1988, n° 15, pp. 24-27, 44-46, et 42-44.
12. Muldrew, Craig, « Crédit and the Courts : Debt Litigation in a Seventeenth-Century Urban Community », Economie History Review, XLVI, 1993, pp. 23–38 CrossRefGoogle Scholar. Voir aussi le Ph. D. récent à Cambridge de Timothy Stretton (Women and Litigation in the Elizabethan Court of Requests) qui contient de nombreuses informations sur les litiges concernant les dettes.
13. Brooks, C. W., Pettyfoggers and Vipers of the Commonwealth, Cambridge, 1986, pp. 67–71 CrossRefGoogle Scholar. Le Dr Stretton me signale qu'il existe une semblable augmentation spectaculaire des litiges pour dettes à la Court of Requests.
14. Ils sont désormais conservés au Magdalene Collège à Cambridge. Voir Spufford, Margaret, Small Books and Pleasant Historiés, Londres, 1981, pp. 130–155.Google Scholar
15. Ce livre est relié dans son second volume de « Penny Merriments », pp. 783-806. On peut dater, par critique interne, l'édition qu'il a collectionnée approximativement de 1686.
16. Dix comptes d'inventaire après décès, rendus à la fin des années 1680 dans le Kent, dont ceux des six laboureurs (yeomen) cités ensuite dans cet article, laissent paraître 23 prêts formels sur obligation. Trois de ces prêts officiels se montent à 10 £, et deux portent sur des sommes encore plus réduites. Le reste des prêts porte sur des sommes plus importantes, allant fréquemment jusqu'à 150 £, parfois davantage. Les sommes couvertes par des prêts formalisés dans la totalité des 47 comptes du Northamptonshire, vont de 5 £ à 264 £, avec une médiane se situant autour de 50 £.
17. Dans les dix comptes d'inventaire déjà mentionnés, les prêts informels remboursés vont de 10 shillings à 14 £ 3 s.
18. William Wraight de Warhorne : Will CKS, PRC17/76/338 ; inventaire PRC11/49/215 ; compte PRC2/41/111. Le troupeau qui comprend 60 brebis et leurs agneaux, 60 jeunes bovins et 11 autres bêtes, dont 2 juments et 2 porcs de moins d'un an, est évalué à 75 £ 10 s.
19. Des obligations de 20£ 12 s et de 33 £ 4 s 6 d. Ces sommes comprennent vraisemblablement un intérêt sur des prêts de 20 £ et de 30 £, comme cela est indiqué dans The Country- Man's Counsellor.
20. Michael Hills de Chilham : compte CKS, PRC2/41/123. Thomas Ives de Milton, village voisin de Sittingbourne : inventaire, PRC11/53/143 ; compte PRC2/41/152.
21. Au XVIIe siècle, l'acre anglais varie selon le lieu, mais il désigne généralement la même surface que l'acre moderne (0,4 hectare).
22. John Taylor de Kingsnorth : inventaire, CKS PRC11/59/71 ; compte PRC2/42/136. Henry Harnett de St. Lawrence in Thanet : inventaire PRC11/49/15 ; compte PRC2/41/55.
23. Basil Harrison de Chislett : testament CKS, PRC17/76/383 ; inventaire PRC11/50/134 ; compte PRC2/41/124.
24. Les montants des sommes globales dont les exécuteurs sont responsables dans ce groupe de laboureurs coïncident, comme on pouvait s'y attendre, presque exactement avec ceux des valeurs d'inventaires trouvées par Chalklin dans son étude des inventaires après décès du diocèse de Canterbury au cours d'une période similaire. C. W. Chalklin, Seventeenth-Century Kent, 1965, p. 232.
25. Margaret Spufford, « Limitations… », art. cité, pp. 165-169.
26. Dans le Lincolnshire rural, sur 35 comptes concernant les biens de petits laboureurs (husbandmen), 11 ont été clos avec un solde négatif ; et sur 24 comptes concernant des journaliers (labourers), seuls 5 ont été clos sur un solde négatif. Margaret Spufford, « Limitations… », art. cité, pp. 150-174.
27. Margaret Spufford, ibid., p. 172.
28. Amy Louise Erickson, « Introduction », op. cit., p. 283.
29. Si les obligations ne peuvent être honorées, on fait appel aux cautions, parfois avec des résultats ruineux. Le premier comte de Bridgewater, qui fut un homme très riche pendant la plus grande partie de sa vie d'adulte, est mort criblé de dettes en 1649, parce qu'il s'était porté garant des emprunts de son gendre William Courteen dont les deux bateaux partis pour les Antilles furent capturés par les Hollandais en 1643. Son fils, second comte du nom, a dû largement hypothéquer ses propriétés pour satisfaire les détenteurs des obligations, et c'est seulement en 1673, vingt-quatre ans plus tard, qu'il fut libéré du fardeau de ses dettes, plus de 71 000 £ héritées de son père, et dont la plus grande partie résultait du voyage désastreux de Courteen. Hamilton, Charles, « The Bridgewater Debts », Huntington Library Quarterly, XLII, 1979, pp. 217–229.CrossRefGoogle Scholar
30. CKS, PRC2/24/85 et CKS PRC2/24/148. Ces deux cas ont été aimablement signalés par le Dr Bower.
31. B. A. Holderness, « Widows », art. cité, p. 441.
32. Matthew Storey éd., The Diary of haac Archer, Suffolk Record Society, à paraître.
33. Dans « Kinship and Kin Interaction in Early Modem England », Past and Présent, CXIII, 1986, pp. 38-69, David Cressy a montré la densité et le développement du réseau de parenté auquel on pouvait faire appel lorsque le besoin s'en faisait sentir. Il donne des exemples de prêts entre parents pp. 51-52. Par exemple, William Gale, malteur de Wiltshire indique dans son testament, daté de 1680, qu'il a prêté la somme de 100 £ « à mon parent Elias Hosey, pour qu'il l'utilise dans son commerce ». En l'absence de cette référence, nous n'aurions pas su qu'Elias Hosey avait emprunté de l'argent à un parent.
34. Public Record Office, Chancery Lane, PROB. 5.1018, imprimé dans les Buckinghamshire Probate Inventories, n° 46, pp. 280-284.
35. B. A. Holderness, « The Clergy as Moneylenders », art. cité.
36. B. A. Holderness, « Widows », art. cité, souligne, pp. 435-442, le rôle des veuves comme prêteurs, tant sur obligations que sur hypothèques.
37. Spufford, Margaret, Contrasting Communities, Cambridge, 1974, p. 80.CrossRefGoogle Scholar
38. Marsh, Christopher, The Family of Love in English Society, 1550-1630, Cambridge, 1994.Google Scholar
39. Dr Bower, « The Congrégation of the Dover General Baptist Church 1660-1700 », Leicester, 1983 (MA dissertation).
40. CKS, PRC2/12/73 et PRC2/12/88.
41. Melton, Frank T., Sir Robert Clayton and the Origins of English Deposit Banking 1658- 1685, Cambridge, 1986, pp. 10–11 Google Scholar, 38. La loi stipule également une somme additionnelle de 12 d pour rédiger l'obligation. Ceux qui rédigent les obligations ne sont pas nécessairement les intermédiaires qui les ont négociées, mais simplement des personnes qui sont jugées compétentes pour le faire. Dans le Lancashire, dans les années 1660 et 1670, Roger Lowe, d'abord apprenti d'un boutiquier puis marchand lui-même, note dans son livre de raison qu'il a rédigé des obligations en de nombreuses occasions. Sachse, W. L. éd., The Diary of Roger Lowe of Ashton in Makerfield, Lancashire, 1663-1674, Londres, 1938, pp. 21 Google Scholar, 58, 72, 73, 87.
42. F. T. Melton, Sir Robert Clayton…, op. cit., pp. 20-23.
43. Dans « Widows », art. cité, p. 438, B. A. Holderness cite, dans le Lincolnshire, les activités de courtage de David Atkinson de Louth et de Benjamin Smith de Horbling, dont certains documents de travail ont survécu. Il cite aussi Anderson, B. L., « Money and the Structure of Crédit in the Eighteenth Century », Business History, XII, 1970, pp. 85–101.CrossRefGoogle Scholar
44. Pressnell, L. S., Country Banking in the Industrial Révolution, Oxford, 1956, pp. 36–44.Google Scholar
45. Leighton-Boyce, J. A. S., Smiths the Bankers 1658-1958, Londres, 1958 Google Scholar, et F. T. Melton, Sir Robert Clayton…, op. cit., pp. 20-21.
46. L. S. Pressnell, Country Banking…, op. cit.
47. F. T. Melton, Sir Robert Clayton…, op. cit.