Published online by Cambridge University Press: 06 September 2021
On connaît la coutume des anciens Romains lors de la naissance d'un enfant, qui consistait à prendre le nouveau-né « encore rouge du sang de la mère », dit Ovide, et à le déposer à terre aux pieds du père. Dans le cas où celui-ci le reconnaissait et décidait de pourvoir à ses besoins, il le soulevait de terre pour le prendre dans ses bras. S'il doutait de sa légitimité, si cette naissance était monstrueuse ou s'accompagnait de mauvais présages, alors il ne le relevait pas. L'enfant était exposé et abandonné. Ce sont les esclaves qui se chargeaient de le placer dans une corbeille et de le porter la nuit dans des lieux destinés à cet usage, par exemple au pied de la colonne Lactaria. Il était parfois recueilli par un passant pour être adopté par lui ou destiné au sort d'esclave.
1. Citons, : Ovide, , Trist, IV, 3, 46 Google Scholar; Varron, , Antiquitates rerum divinarum, liv. I, XIV, XV, XVII, XXIVGoogle Scholar; Tertullien, , Ad. nat., II, 11 Google Scholar; Suétone, , Nero, 6 Google Scholar; Augustin, , De civ., IV, 11.Google Scholar
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18. E. Rolland, op. cit.
19. Remarquons au passage que plus tard on fabriqua la glu avec le houx, ce qui est peut-être une des raisons de leur association contemporaine lors des fêtes de fin d'année, outre le fait que ce sont deux végétaux encore verts à cette saison.
20. Dans le Dictionnaire étymologique de la langue latinede Ernout et Meillet, on trouve d'une part « uiscum, -i, n., le gui, la glu ; il doit y avoir un rapport avec gr. iξbζ, glu, mais lequel ? », d'autre part « uiscus, -eris, surtout uïscera, -um, n., entrailles, viscères ; sans étymologie claire ». Il est donc impossible de déterminer si l'origine des deux mots est la même.
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