Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
La première floraison des études médiévales soviétiques remonte aux années trente, bien que certains des travaux poursuivis pendant cette période n'aient été achevés et publiés qu'après la seconde guerre mondiale. Les chercheurs les plus connus sont J. Kosminskij, N. Gracianskij et A. Neusyhin, et l'objet principal de leurs recherches l'histoire agraire de l'Europe occidentale, depuis la Loi Salique jusqu'aux Rotuli Hundredorum. Cette préoccupation s'explique par la vieille tradition des études médiévales russes, avec son intérêt constant pour les destinées de la commune villageoise — laquelle, faut-il le rappeler, se profile à l'arrière-plan de divers programmes politiques en Russie au seuil de notre siècle — et aussi par la forte tendance matérialiste de l'historiographie postérieure à la Révolution. L'histoire de la vie spirituelle médiévale ne se trouve pas alors explicitement interdite, mais la recherche dans le domaine religieux décline en volume et en qualité : elle se limite virtuellement à des généralisations simples, dans lesquelles ecclésiastique est synonyme de diabolique ou, pour reprendre le mot du temps, de réactionnaire.