Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
La loi mongole, le jasaq, a donné lieu à une longue tradition d’études qui fut inaugurée par Pétis de la Croix dans un ouvrage publié en 1710. Il fut le premier à dresser une liste des préceptes du jasaq, sans tenir compte de la chronologie des sources et de leur provenance. Les chercheurs qui se sont penchés par la suite sur cette question ont repris, pour la plupart d’entre eux, cette vision du jasaq. Le débat s’est ensuite focalisé sur l’existence ou non d’un code de loi écrit chez les Mongols. Mais, jusqu’à présent, il a été peu discuté de ce que le jasaq représentait pour les Mongols eux-mêmes et comment cette loi mongole a été perçue par les auteurs médiévaux qui confondaient, la plupart du temps, les édits impériaux (jasaq) et les coutumes (yosun). Le jasaq est ici examiné dans son contexte politicoculturel, et, en particulier, il prend en compte, dans l’analyse des préceptes, le système de représentations des Mongols, le chamanisme. Il met ainsi en lumière les raisons de l’incompréhension, de la part des musulmans, de certaines coutumes en désaccord avec l’islam, ce qui les a conduits à voir dans le jasaq l’équivalent de la sharia: un ordre mongol imposé aux populations tombées sous leur domination.
Mongol law, the jasaq, has provided the basis for a long tradition of studies which were inaugurated by Pétis de la Croix in 1710. He was the first to define a list of precepts of the jasaq, but without taking in consideration either the chronology or their origins. Most subsequent scholars dealing with the question revived this same vision of the jasaq. Debate was especially focused on whether or not the Mongols possessed a written code of laws. But, until now, little discussion has taken place concerning what the jasaq represented for the Mongols themselves and how this Mongol law was perceived by mediaeval authors who, on the whole, confused the imperial edicts (jasaq) with customs (yosun). The paper examines the jasaq in its political and cultural contexts and, in particular, in the analysis of the precepts takes into consideration the shamanism, the Mongol system of representations. Reasons for the lack of understanding by Muslims of certain customs in disharmony with Islam are thereby highlighted, reasons which led them to see, in the jasaq, an equivalent of the sharia: a Mongol order imposed on populations which had fallen under their domination.
Je remercie Françoise Aubin et Jean-Claude Garcin qui ont bien voulu relire une pre-mière version de cet article et l’ont enrichi de leurs remarques.
1 - Une vue d’ensemble sur les études mongoles est présentée par Morgan, David,«The Mongol empire: a review article», Bulletin of the school of Oriental and Africanstudies, 14, 1981, pp. 121–125;Google Scholar ID., The Mongols, Oxford, Basil Blackwell, 1986, pp. 5-31 ;et Jackson, Peter, «The Mongol empire, 1986-1999», Journal of Medieval history,26/2, 2002, pp. 189–210.Google Scholar
2 - Le terme apparaît, dans les sources islamiques, sous des graphies différentes : yasaq,ğāsāq, yāsāq, yāsā.Voir l’importante notice « Yāsāq» dans Doerfer, Gerhard, Türkischeund mongolische Elemente in Neupersischen, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1963-1975,vol. IV, no 1789.Google Scholar Nous avons adopté la forme jasaqlorsqu’il s’agit de sources en mongolclassique (m. c.) et yāsālorsqu’il s’agit de sources en persan et en arabe, car c’est souscette forme que le terme apparaît le plus souvent. Pour la translittération des motsarabes et persans, nous suivons le système de la revue Arabica; pour les termes chinois,nous avons adopté le système Wade qui est utilisé dans le Dictionnaire français de la langue chinoise, publié par l’Institut Ricci. Les noms propres sont translittérés selon lesystème de la langue mongole, sans voyelles longues.
3 - Sur ce terme, voir Doerfer, G., Türkische…, vol. I, op. cit., no 408.Google Scholar
4 - Le terme yūsūnvient du mongol yosun.
5 - AL-Dīn, Rašīd, Ğāmiʿ al-tawārīḫ, Baku, A. A. Alizade, 1957, vol. III, p. 23.Google Scholar
6 - Voir REUVEN AMITAI-PREISS, « In the aftermath of ʿAyn Jālūt: the beginnings of the Mamlūk-Īlkhānid cold war», al-Masāq,10, 1990, pp. 1-21 ; ID., « ʿAyn Jālūt revisited»,Tarih, 2, 1992, pp. 119-150.
7 - Sur l’état de guerre entre Ilkhans et Mamelouks, voir Amitai-Preiss, Reuven,Mongols and Mamluks. The Mamluk-Īlkhānid war, 1260-1281, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.CrossRefGoogle Scholar
8 - ID., « An exchange of letters in Arabic between Abaγa Īlkhān and sultan Baybars(A. H. 667/A. D. 1268-1269)», Central Asiatic journal, 38, 1, 1994, pp. 11-33, ici pp. 28-30.
9 - Ibid., p. 30.
10 - Voir la discussion sur le sens, dans cette lettre, donné au terme yāsādans ibid., p. 31 ; Broadbridge, Anne F., «Mamluk legitimacy and Mongols: the reigns of Baybars andQalāwūn», Mamluk studies review, 5, 2001, pp. 91-118, ici pp. 108–109.Google Scholar
11 - Chronologie et récit des trois invasions deGhazan-khan en Syrie dans Michot, Jean,Ibn Taymiyya. Lettre à un roi croisé, Lyon, Tawhid, 1995, pp. 35–62.Google Scholar
12 - Al-Dīn, Rašīd, Taʾrīḫ-i mubārak-i Gāzānī,éd. par Karl Jahn, Londres, 1940, p. 124.Google Scholar
13 - Ibid., p. 125.
14 - ID., Ğāmiʿ al-tawārīḫ, op. cit., p. 251.
15 - Amitai-Preiss, Reuven, «Ghazan, Islam andMongol tradition: a view from the Mamlūksultanate»,Bulletin of the school of Oriental and African studies, LIX/1, 1996, pp. 1-10, ici pp. 3–4.Google Scholar
16 - MUFAḌḌAL IBN ABĪ L-FAḌĀʾIL, al-Nahğ al-sadīd wa l-durr al-farīd fī-mā baʿda Ibn al-ʿAmīd (Histoire des sultans mamelouks), éd. par Edgar Blochet, PatrologiaOrientalis, Paris,Firmin-Didot, 1920, t. XIV, pp. 641-642.
17 - Voir la bonne lecture de ce passage de la fatwa anti-mongole de Ibn Taymiyya dans JEAN MICHOT, «Un important témoin de l’histoire et de la société mamelouke àl’époque des Ilkhans et de la fin des croisades : Ibn Taymiyya», in Vermeulen, U. et De Smet, D. (éds), Egypt and Syria in the Fatimid, Ayyubid and Mamluk eras, Louvain,Peeters, 1995, pp. 335-353, ici p. 346.Google Scholar
18 - Mağmūʿ al-Fatāwā Šayḫ al-islām Aḫmad b. Taymiyya, éd. par ʿAbd al-Rahgmān b.Qāsim al-Nağdidī, Riyad-La Mecque, 1381-1386h [1961-1967], vol. XXVIII, p. 530.
19 - Les spécialistes s’accordent pour dater le texte de 1240 : voir IGOR DE RACHEWILTZ,” Some remarks on the dating of the Secret history of the Mongols»,Monumenta serica, XXIV,1965, pp. 185-205. Pour les besoins de cet article, nous avons utilisé sa translittération encaractères latins du texte mongol (Index to the Secret history of the Mongols), Bloomington,Indiana University Press, «Uralic and Altaic Series-121», 1972, et la traduction françaisede Marie-Dominique Even et Rodica Pop (Histoire secrète des Mongols. Chronique mongole du XIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1994 [par la suite : Hist. S.]), dans laquelle nous avonsintroduit la translittération de certains termes et restitué les noms propres.
20 - Hist. S., § 189. Gürbesü était la mère de Tayan, roi des Naiman, une tribu de hauteAsie largement convertie au christianisme.
21 - Sur ce terme, voir Lessing, Ferdinand D., Mongolian-English dictionary, Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1960, « zaγala», p. 1040.Google Scholar
22 - En mongol moderne, zasagdésigne le gouvernement.
23 - Hist. S., §§ 9, 56, 96, 110, 116, 117, 139, 147, 150, 164, 177, 180, 216, 241, 244, 263,270 et 272.
24 - Cette lettre, qui fut à l’origine rédigée en mongol, ne nous est parvenue que dansdes traductions en persan et en latin, reproduites dans PAUL PELLIOT, «Les Mongolset la papauté», Revue de l’Orient chrétien, 23, 1922-1923, respectivement pp. 13-14 etpp. 17-18. Jean de Plan Carpin (m. 1252), frère franciscain envoyé par le pape Inno-cent IV à la cour mongole en 1245, participa à la traduction latine.
25 - DAVID AYALON, «The Great Yāsaof Chingiz Khān, a reexamination. Preface»,Studia islamica, 33, 1971, pp. 97-140, ici pp. 98 et 101-104 (part A, «The basic data inthe Islamic sources on the Yāsaand on its contents»).
26 - AL-ĞUVAYNĪ, Tārīḫ-i ğahāngušā,éd. par Muhg ammad Qazvīnī, Leyde-Londres, E. J.Brill/Luzac&Co., 1912, vol. I, pp. 16-25.
27 - Ibid., p. 17.
28 - Le ḫaddsignifie « ordonnance restrictive de Dieu». Cette peine est appliquée pourpunir les crimes contre la religion, c’est-à-dire les actes interdits et sanctionnés par deschâtiments dans le Coran.
29 - AL-ʿUMARĪ, Das Mongolische Weltreich: al-ʿumarīʾs Darstellung der mongolischen Reichein seinem Werk Masālik al-abṣār wa mamālik al-amṣār,éd. par Klaus Lech, Wiesbaden,Asiatischen Forschungen, vol. XIV, 1968, p. 9.
30 - AL-MAQRĪZĪ, al-Mawāʿiẓ wa l-iʿtibār fī ḑikr al-ḫiṭaṭwa l-ātaār,2 vol., Bulāq, 1270h/1854, pp. 357-359.
31 - IOHANNES DE PLANO CARPINI, « Ystoria Mongalorum», in Sinica Franciscana, vol. I,éd. par le P. Anastasius Van den Wyngaert, Karachi-Florence, Apud Collegium S. Bona-venturae, 1929, p. 40.
32 - Le Yuan-shih, selon la tradition historiographique, en Chine, fut compilé par lessavants de la dynastie Ming (1368-1644) ; voir Cleaves, Francis W., «The memorialfor presenting the Yuan shih», Asia Major, 1, 1988, pp. 59–69.Google Scholar
33 - En chinois, fa-lingsignifie : lois, décrets, voir Dictionnaire français de la langue chinoise,Institut Ricci, Taipei-Paris, Kuangchi Press, 1994, no 1494, sous le caractère fa.
34 - Le quriltaiest une assemblée de tous les chefs mongols.
35 - Ch’en, Paul Heng-Chao, Chinese legal tradition under the Mongols. The code of 1291 asreconstructed, Princeton, Princeton University Press, 1979, pp. 5–6,Google Scholar et FRANÇOISE AUBIN,«Les sanctions et les peines chez les Mongols», in ID., La peine. Punishment, Bruxelles,De Boeck Université, 1991, pp. 242-293.
36 - IOHANNES DE PLANO CARPINI, « Ystoria Mongalorum», op. cit. : « Et inde in terrampropriam est reversus et ibidem leges et statua mutiplicia fecit, que Tartari inviolabiliterobservant» (p. 64).
37 - Histoire du grand Genghizcan, par feu PÉTIS DE LA CROIX, le père, Paris, Vve Jombert,1710. Le texte fut édité après sa mort, survenue le 4 novembre 1695, par son fils qui aajouté au texte de son père «L’Abrégé de la Vie des auteurs dont on a tiré l’histoirede Gengis-khan». Une traduction en anglais suivit peu après, en 1722, dédiée auprince de Galles, le futur Georges II.
38 - Jean de Plan Carpin, par exemple, ne considère pas l’accomplissement de ces tâchescomme des yāsā,alors qu’al-Maqrīzī, lui, en fait un précepte du yāsā.
39 - PÉTIS DE LA CROIX, Histoire du grand Genghizcan, op. cit., p. 104.
40 - Ibid., p. 98. Le passage sur le yāsāse trouve aux pages 98-110.
41 - Ibid., p. 108.
42 - Voltaire, , Essai sur les mœurs, éd. par René Pomeau, Paris, Bordas, 1990, vol. II,p. 731.Google Scholar
43 - Ibid., vol. II, p. 314.
44 - Ibid., vol. I, pp. 604-616.
45 - Ibid., p. 606.
46 - Histoire de Gentchiscan et de toute la dynastie des Mongous ses successeurs, Paris, Briasson,1739. L’auteur s’appuie sur les sources chinoises.
47 - Voltaire, , Essai sur les mœurs, vol. I, op. cit., p. 605.Google Scholar
48 - Ibid., vol. I, p. 607.
49 - Ibid., pp. 606-607.
50 - D’Ohsson, Baron Constantin, Histoire des Mongols depuis Tchinguiz-Khan jusqu’àTimour-Lanc, avec une carte de l’Asie au XIIIe siècle, Paris, Firmin Didot, 1824.Google Scholar
51 - Ibid., pp. 306-316.
52 - Ibid., pp. 308-309.
53 - Ibid., p. 313.
54 - Ibid., p. 310.
55 - Sacy, Silvestre De, Chrestomathie arabe ou Extrait de divers écrivains arabes, tant enprose qu’en vers, Paris, Imprimerie royale, 1826, t. II, pp. 157–190.Google Scholar
56 - Valentin A. Riasanovsky, dans un ouvrage publié en 1937, présentait ce qu’il appe-lait « des fragments du grand yassa». Il en répertoriait trente-six, dont la plupart étaienttirés des Ḫiṭaṭ d’al-Maqrīzī (Fondamental principles of Mongol law, Bloomington, IndianaUniversity Publications, 1937, pp. 83-86). Les principaux représentants de ce couranthistoriographique sont GUEORGUI VERNADSKY, « Juwaini's version of Chingis Khan’syasa», Annales de l’Institut Kondakov, XI, 1940, pp. 33-45 ; A. N. POLIAK, «The influenceof Chingiz-Khān's Yāsaupon the general organization of the Mamlūk state», Bulletin ofthe school of Oriental and African studies, 10, 4, 1942, pp. 862-876 ; et MANSURA HAIDER,«The Mongolian traditions and their survival in Central Asia (14th-15th centuries)»,Central Asiatic journal, 28-1/2, 1984, pp. 57-79.
57 - D. AYALON, «The Great Yāsa…», art. cit.
58 - Voir l’argumentation d’al-Maqrīzī dans Ayalon, D., «The Great Yāsaof Chingiz Khān, A re-examination», Studia islamica, 38, 1973, pp. 107–156 CrossRefGoogle Scholar (part C2, « Al-Maqrīzī’sPassage on the Yāsaunder the Mamlūks»).
59 - Morgan, David O., «The Great Yāsāof Chingiz Khān and Mongol law in theĪlkhānate», Bulletin of the school of Oriental and African studies, 49, 1, 1986, pp. 163–176.CrossRefGoogle Scholar
60 - Ibid., pp. 172-173.
61 - ROBERT G. IRWIN, «What the partridge told the eagle: a neglected Arabic sourceon Chinggis Khan and the early history of the Mongols», in Amitai-Preiss, R. et Morgan, D. (éds), Mongol empire&its legacy, Leyde, E. J. Brill, 1999, pp. 5–11.Google Scholar
62 - PAUL RATCHNEVSKY, «Die Yasa[Jasaq] Cinggis-khans und ihre Problematik»,Schriften zur Geschichte und Kultur des alten Orients, 5, 1974, pp. 471-487 ; ID., Cinggis-khansein Leben und Wirken, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1983, pp. 164-172.
63 - Ibid., pp. 165-166.
64 - P. HENG-CHAO CH’EN, Chinese legal tradition…, op. cit., pp. 4-10.
65 - IOHANNES DE PLANO CARPINI, « Ystoria Mongalorum», op. cit. : « Aliud statutum estquod sibi subiugare debeant omnem terram» (p. 64).
66 - L’original mongol devait comporter la formule möngke tenggeri küncündür, dont ontrouve l’équivalent turc dans le préambule de la lettre en persan : mängü tängri küncündä(dans la version latine : dei fortitudo).
67 - Sur ces deux termes voir Doerfer, G., Türkische…, vol. II, op. cit., no 768 et no 653.Google Scholar
68 - Voir MARIE-LISE BEFFA, «Le concept de tänggäri, “ciel” dans l’Histoire secrète des Mongols», Études mongoles et sibériennes, 24, 1993, pp. 215-236, et FRANÇOISE AUBIN,« Some characteristics of penal legislation among the Mongols (13th-21th centuries)»,communication au colloque «Central Asian law: an historical overview», Leyde,octobre 2003. La notion de mandat éternel est toujours sujette à discussion. La traduc-tion par Heavenau lieu de skya renforcé cette interprétation dans l’historiographiecontemporaine.
69 - GRIGOR AKANCʿI, History of the nation of the archers (the Mongols),éd. et trad. parRobert P. Blake et Richard N. Frye, Harvard journal of Asiatic studies, 12-3/4, 1949,pp. 269-443.
70 - Ibid., p. 289. On trouve également cette assimilation entre le tenggerimongol et allāhdans la plupart des sources mameloukes. Al-Qalqašandī, par exemple, écrit dans sanotice sur le yāsā: « Il est apparent qu’ils croient à l’unicité de Dieu, le créateur du cielet de la terre» (Ṣubḫ al-aʿšā fī ṣinā ʿāt al-inšāʾ,Le Caire, 1913-1919, vol. IV, p. 310).
71 - Voegelin, Eric, «The Mongol orders of submission to European powers, 1245-1255», Byzanton, XV, 1940-1941, p. 412.Google Scholar
72 - Hebraeus, Bar, Maktebonûth zabnê, éd. par Paul Bedjan, Paris, Maisonneuve,1890, p. 354.Google Scholar
73 - Sur les chroniques de Bar Hebraeus, voir DENISE AIGLE, « Bar Hebraeus et sonpublic, à travers ses chroniques en arabe et en syriaque», in ID. et alii(éds), Lectureshistoriques des chroniques médiévales,Damas, Institut français du Proche-Orient (souspresse).
74 - IBN AL-ʿIBRĪ [BAR HEBRAEUS], Taʾrīḫ muḫtasgar al-duwal, éd. par A. Sg ālihg ānī,Beyrouth, 1890, p. 277.
75 - La référence à Gengis-khan fils de Dieu se trouve dans la lettre de Güyük au papeInnocent IV (voir note 24) et dans la lettre de Möngke (texte dans GUILLELMUS DERUBRUC, « Itinerarium», in Sinica Franciscana, vol. I, éd. par le P. Anastasius Van denWyngaert, Karachi-Florence, Apud Collegium S. Bonaventurae, 1929, pp. 307-309).
76 - L’expression est empruntée à E. VOEGELIN, «The Mongol…», art. cit., p. 404.
77 - Laoust, Henri, « Ibn Taymiyya», Encyclopédie de l’Islam, Leyde, E. J. Brill, vol. III,2002, pp. 976–979.Google Scholar
78 - Mağmūʿ al-Fatāwā…,vol. XXVIII, op. cit., pp. 521-522.
79 - Sur le développement de ce mythe, voir DENISE AIGLE, «Les transformations d’unmythe d’origine : l’exemple de Gengis-khan et de Tamerlan», Revue des mondes musul-mans et de la Méditerranée, 89-90, « Figures mythiques de l’Orient musulman», 2000,pp. 151-168.
80 - Mağmūʿ al-Fatāwā…,vol. XXVIII, op. cit., p. 521.
81 - Ibid., p. 525.
82 - Ibid., p. 505.
83 - ROBERTE HAMAYON, «Mérite de l’offensé vengeur, plaisir du rival vainqueur. Lemouvement ascendant des échanges hostiles dans deux sociétés mongoles», inR. VERDIER (éd.), La vengeance. Études d’ethnologie, d’histoire et de philosophie, vol. II, Ven-geance et pouvoir dans quelques sociétés extra-occidentales, Paris, Éditions Cujas, 1980,pp. 107-108, et F. AUBIN, «Les sanctions…», art. cit., pp. 245-248.
84 - G. AKANCʿI, History of the nation…, op. cit., p. 290, mentionne la même peine en casde trahison.
85 - R. HAMAYON, «Mérite de l’offensé vengeur…», art. cit., p. 124.
86 - Hebraeus, Bar, Maktebonûth zabnê, op. cit., p. 412.Google Scholar
87 - On trouve une version un peu différente de cette règle militaire chez AL-ʿUMARĪ,Das Mongolische…, op. cit., p. 8 : celui qui trouvait un fuyard et ne le restituait pas à sonchef était exécuté. Al-Maqrīzī reprend l’ensemble de la liste établie par al-ʿUmarī ; afinde ne pas alourdir l’exposé, nous ne le mentionnerons que lorsque son point de vuediffère de celui d’al-ʿUmarī.
88 - AL-ʿUMARĪ, Das Mongolische…, op. cit., p. 9.
89 - Sur cette notion, voir R. HAMAYON, «Mérite de l’offensé vengeur…, art. cit.,pp. 122-123.
90 - Voir F. D. LESSING,Mongolian-English dictionary, op. cit., « oboγ» et « omoγ», p. 611.Sur l’évolution étymologique du terme, voir Doerfer, G., Türkische…, vol. IV, op. cit.,no 572.Google Scholar
91 - Le terme ulusdésigne ici des peuples. Le sens «État doté d’un territoire délimité»est postérieur.
92 - Sigi-Quduqu, un enfant trouvé dans un camp de Tatars, avait été adopté et élevécomme un frère de Gengis-khan. Sur son rôle, voir PAUL RATCHNEVSKY, « Sigi-Qutuqu,ein mongolische Gefolgsmann im 12.-13. Jahrhundert», Central Asiatic journal, X, 2,1965, pp. 87-120.
93 - Hist. S., § 203.
94 - En persan, l’expression ba-yāsā rasānidānsignifie « comparaître au yārgh ū». Sur le yār-gh ū,voir D. O. MORGAN, «The Great Yāsā…», art. cit., pp. 173-175, et K, Ann. Lamb-Ton, S., Continuity and change in Medieval Persia, Londres, Tauris, 1988, pp. 95-96 et 274–275.Google Scholar
95 - F. D. LESSING, Mongolian-English dictionary, op. cit., « jarγu», p. 1037.
96 - Mağmūʿ’ al-Fatāwā…,vol. XXVIII, op. cit., p. 523.
97 - HENRI LAOUST, «La biographie d’Ibn Taimīya d’après Ibn Kathīr», Bulletin d’étudesorientales, IX, 1943, pp. 115-162, ici p. 131.
98 - Ibn ʿArabšāhavait été emmené en captivité par Tamerlan en 1401, après le siègede Damas ; il séjourna dans le monde turco-mongol jusqu’en 1422. Dans un ouvrageintitulé Fākihat al-ḫulafāʾ wa mufākahāt al-ẓurafāʾ,il parle des lois de Gengis-khan etdes coutumes mongoles. Il n’utilise pas le terme yāsā,mais tūrā(m. c., töre, règle). Surce terme, voir G. DOERFER, Türkische…, vol. I, op. cit.,no 134 ; F. D. LESSING,Mongolian-English dictionary, op. cit., pp. 835-836. Passage sur Gengis-khan et le yāsādans Georgfreytag, (éd.), Liber Arabicus sive Fructus imperatorum et Jocatio ingeniosorum, Bonn, Typisregiis arabicis in officina F. Baadeni, 1832, pp. 227–250.Google Scholar
99 - NIẒĀM AL-DĪN ŠĀMĪ, Histoire des conquêtes de Tamerlan intitulée Ẓ afarnāma, par Niẓāmuddīn Šāmī,édition critique par Felix Tauer, Prague, t. I, 1937 ; t. II, 1956, icipp. 88-89 ; JOHN E. WOODS, «Timur's genealogy», inM. MAZZAOUI et Morreen, V.(éds), Intellectual studies on Islam. Essays written in honor of Martin Dickson, Salt Lake City,University of Utah Press, 1990, p. 101.Google Scholar
100 - IOHANNES DE PLANO CARPINI, « Ystoria Mongalorum», op. cit., p. 47.
101 - ANTOINE MOSTAERT et FRANCIS WOODMAN CLEAVES, «Trois documents mongolsdes Archives secrètes vaticanes», Harvard journal of Asiatic studies, 15-3/4, 1952, p. 450.
102 - L’original persan est perdu, mais le texte a été transmis en latin par Matthieu Parisdans ses Chronica Majora. Texte reproduit par PAUL PELLIOT, «Les Mongols et lapapauté», art. cit., pp. 23-26.
103 - Ibid., p. 25.
104 - Mağmūʿ al-Fatāwā…,vol. XXVIII, op. cit., p. 505.
105 - Ibid., p. 521.
106 - Coran, IX : 29.
107 - IBN ABĪ L-FAḌĀʾIL, al-Nahğ al-sadīd…, op. cit., p. 644.
108 - Sur la conversion de Ghazan-khan, voir CHARLES MELVILLE, « Pādishāh-i islām:the conversion of Sultg ānMahgmūdGhāzān Khān», inC. MELVILLE (éd.), Pembroke papersI. Persian and Islamic studies in honour of P. W. Avery, Cambridge, Cambridge UniversityPress, 1990, pp. 159-177.
109 - Mağmūʿ al-Fatāwā…,vol. XXVIII, op. cit., p. 523.
110 - On ne trouve cette précision sur la manière de légiférer selon la raison de Gengis-khan que dans les sources islamiques, preuve que les auteurs musulmans voyaient dansle yāsāl’équivalent d’une loi à portée religieuse, contraire à la sharia.
111 - Mağmūʿ al-Fatāwā…,vol. XXVIII, op. cit., p. 523.
112 - J. MICHOT, Ibn Taymiyya…, op. cit., p. 64.
113 - Ibid., p. 66 ; ID., «Un important témoin…», art. cit., pp. 252-253.
114 - AL-ʿUMARĪ, Das Mongolische…, op. cit., p. 9, dit simplement que d’après « le yāsāancien des Mongols» il était interdit de se tremper dans l’eau, sous peine de mort.
115 - AL-MAQRĪZĪ, op. cit., p. 358.
116 - Les sources mentionnent d’autres interdits en rapport avec le respect dû auxesprits : ne pas uriner dans les cendres ou dans l’eau, ne pas heurter le seuil de la tente,ne pas enjamber un plat de nourriture, ne pas jeter de la nourriture dans les cendresmais les déposer avec la main.
117 - L’ongonest un « être sacré, envisagé dans son support matériel». Le terme s’ap-plique à la fois à l’esprit et à l’objet dans lequel il réside, le nourrir a pour objectif dele maintenir dans son support ; voir ROBERTE HAMAYON, La chasse à l’âme. Esquisse d’unethéorie du chamanisme sibérien, Nanterre, Société d’ethnologie, 1990, p. 404. Certainespopulations turques d’Asie centrale, après leur conversion à l’islam, ont continué àcroire dans les pouvoirs des ongon: voir VLADIMIR N. BASILOV, Samanstvo u narodovSrednej Azii i Kazaxtana, Moscou, Nauka, 1992, pp. 232-234. Les Tatars Baraba (XVIIIe-XXe siècle) fabriquaient des figurines (qongïrchaq)qu’ils nourrissaient : cf. FRANK J. ALLEN,« Varieties of Islamization in Inner Asia. The case of the Baraba Tatars, 1740-1917»,41-2/3, 2000, «En islam sibérien», Cahiers du monde russe, pp. 256-260, ici p. 250.
118 - R. Hamayon la qualifie de «maladie-contrepartie».
119 - Ibid., p. 408.
120 - Sur les religions en Mongolie, voir WALTHER HEISSIG, The religions of Mongolia,Londres, Berkeley University Press, 1980.
121 - Jüldesignifie « essentiel, principal, central», selon la traduction de Marie-Domi-nique Even (Hist S., p. 255, n. 34).
122 - Voir P. HENG-CHAO CH’EN, Chinese legal tradition…, op. cit., pp. 4-8.
123 - AL-ĞUVAYNĪ, Tārīḫ-i…,vol. I, op. cit., p. 163.
124 - AL-ʿUMARĪ, Das Mongolische…, op. cit., p. 9.
125 - GUILLELMUS DE RUBRUC, « Itinerarium», op. cit., p. 262.
126 - Coran, IX : 59.
127 - Voir D. AYALON, «The Great Yāsa…», art. cit. [part C2, « Al-Maqrīzī passage onthe Yāsaunder the Mamlūks»], pp. 107-156 (voir n. 38).
128 - Mağmūʿ al-Fatāwā…,vol. XXVIII, p. 505.
129 - BÉATRICE MANZ, «Tamerlane and the symbolism of sovereignty», Iranian studies,21-1/2, 1988, pp. 105-122 ; ID., «Temür and the problem of a conqueror's legacy»,Journal of the royal Asiatic society, 3, 8, 1998, pp. 21-41, et J. E. WOODS, «Timur's Genea-logy», art. cit., pp. 85-125.
130 - MUʿĪN AL-DĪN NATg ANZĪ, Muntahcab al-tawārīḫ-i Muʿīnī,éd. par Jean Aubin, Téhé-ran, 1336 š., p. 206.
131 - Sur les dynasties qui ont recherché une légitimité gengiskhanide en Asie centrale,voir DENISE AIGLE, «Le mythe créateur d’histoire», Revue des mondes musulmans et dela Méditerranée, 89-90, 2000, pp. 7-38 ; ID., « Figures mythiques et histoire. Réinterpréta-tions et contrastes entre Orient et Occident», ibid., pp. 39-71.
132 - FRANÇOISE AUBIN, «Renouveau gengiskhanide et nationalisme dans la Mongoliepost-communiste», Cahier d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien,no 16, 1993, pp. 137-203 ; ID., « La Mongolie des premières années de l’après-commu-nisme : la popularisation du passé national dans les mass mediamongols (1990-1995)»,Études mongoles et sibériennes, XXVII, 1996, pp. 305-326 ; FRANÇOISE AUBIN et ROBERTEHAMAYON, «Alexandre, César et Gengis-khan dans les steppes d’Asie centrale», Les civili-sations dans le regard de l’autre, Paris, UNESCO, 2002, pp. 73-106 (notes pp. 262-269).
133 - Daily Newsdaté du 7 juin 2002. Je remercie Marie-Dominique Even de m’avoirdonné accès à ce document.