No CrossRef data available.
Published online by Cambridge University Press: 25 January 2021
Cet article examine la manière dont les groupes sociaux représentaient les conflits politiques dans les Pays-Bas de la fin du Moyen Âge, en étudiant non seulement comment l’on se souvenait de ces événements, mais aussi comment ils pouvaient être recyclés et manipulés. Il a déjà été démontré que la politique de la fin du Moyen Âge devait être générationnelle, les personnes impliquées dans les révoltes conservant activement la mémoire des luttes de leurs prédécesseurs. Cette étude soutient cependant que les formes de ces mémoires cycliques des révoltes passées ont été façonnées par la matrice sociale et religieuse fondamentale qu’était le temps liturgique chrétien et qui se reflétait dans des noms aussi parlants que « Vendredi saint » ou « Mauvais Mercredi», donnés par les artisans urbains à leurs soulèvements. Cette pratique consistant à se souvenir des conflits politiques par l’utilisation des jours de la semaine, qui semble être une allusion au cycle de la Passion, est fréquemment attestée, en particulier dans la Flandre du xive siècle. L’étude de cet usage, ainsi que celle de la représentation et de l’utilisation de symboles liturgiques dans ces révoltes, montrent que les citoyens du Moyen Âge tardif n’étaient pas de simples récepteurs passifs des catégorisations ecclésiastiques du temps imposées d’en haut ; ils réinterprétaient activement les éléments chronologiques en façonnant et en modifiant la représentation des événements, politiques ou autres, en fonction des publics. Ainsi, les différentes manières de nommer les événements politiques importants témoignent de la façon dont les groupes sociaux ont forgé une représentation des passés communs au sein d’un « temps social » pertinent pour leur identité de groupe, même si ces discours étaient basés sur une conception chrétienne largement partagée du temps historique influencée par la pratique liturgique collective.
This article explores the ways that social groups represented political strife in the late medieval Low Countries, considering how these events were remembered but also how they could be recycled and manipulated. It has already been shown that late medieval politics must have been generational, with those involved in revolts actively maintaining the memories of their predecessors’ struggles. This study argues, however, that the forms of these cyclical memories were also shaped by the fundamental social and religious matrix that was Christian liturgical time, as reflected in the telling names—such as “Good Friday” or “Evil Wednesday”—that urban craftsmen gave to their uprisings. This practice of remembering political conflicts with days of the week that seem to be allusions to the Passion cycle is frequently attested, especially in fourteenth-century Flanders. The study of such name-giving, along with the performance and use of liturgical symbols in revolts, shows that late medieval citizens were not merely passive receptors of ecclesiastical categorizations of time imposed from above; they also actively reinterpreted chronological elements as they shaped and altered the representation of events, political and otherwise, with specific audiences in mind. Ways of naming important political events thus offer an indication of how social groups constructed ideology to represent common pasts within a “social time” relevant to their group identities—even if those discourses were based on a widely shared Christian conception of historical time influenced by liturgical practice.
Traduction de Cécile Dutheil de la Rochère
1 Victor Fris, Histoire de Gand, Bruxelles, Librairie nationale d’Art et d’Histoire G. Van Oest Cie, 1913, p. 47-50 ; David Nicholas, The Metamorphosis of a Medieval City: Ghent in the Age of the Arteveldes, 1302-1390, Lincoln, University of Nebraska Press, 1987, p. 1-16 ; Marc Boone, « Une métropole médiévale », in M. Boone et G. Deneckere (dir.), Gand. Ville de tous les temps, Bruxelles, Fonds Mercator, 2010, p. 53-94.
2 Julius Vuylsteke et Alfons Van Werveke (éd.), Gentsche stads- en Baljuwsrekeningen, vol. 1, 1280-1315, Gand, s. n., 1900, p. 132 ; Julius Vuylsteke (éd.), Uitleggingen tot de Gentsche stads- en Baljuwsrekeningen, vol. 2, 1280-1315, Gand, F. Meyer-Van Loo, 1906, p. 185.
3 Polydore Van der Meersch (éd.), Memorieboek der Stad Ghent van ’t jaar 1301 tot 1737, vol. 1, Gand, s. n., 1852, p. 29. En tant que genre, ces « livres de mémoire », chroniques privées appartenant pour la plupart à de riches familles bourgeoises, datent du xve siècle : voir Anne-Laure Van Bruaene, De Gentse Memorieboeken als spiegel van stedelijk historisch bewustzijn (14de tot 16de eeuw), Gand, Maatschappij voor geschiedenis en oudheidkunde te Gent, 1998.
4 Le Dimanche sanglant du 22 janvier 1905, à Saint-Pétersbourg, les troupes tsaristes tirèrent sur des manifestants sans armes. Autres Dimanches sanglants, celui d’une tuerie comparable qui eut lieu le 21 novembre 1920 à Dublin et, surtout, le massacre du « Bloody Sunday », le 30 janvier 1972 à Derry.
5 Stijn Streuvels, In oorlogstijd, vol. 1, 1914, Tielt, Lannoo, [1979] 2015, p. 109 : « En de Vlaming, die voor alles gauw een naam weet, heet het : de Vliegende Maandag. » Pour les autres exemples, voir Antoon Viaene, « De dagen in Vlaamse historienamen », Biekorf, 60, 1959, p. 88.
6 Kathleen Davis, Periodization and Sovereignty: How Ideas of Feudalism and Secularization Govern the Politics of Time, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2008, p. 3-6 et 105-106 : l’autrice déconstruit les distinctions trop rigides entre temporalités modernes/séculières et médiévales/théologiques.
7 Jean-Claude Schmitt, Les rythmes au Moyen Âge, Paris, Gallimard, 2016. Le livre couvre une grande variété de « rythmes » qui articulent les vies personnelle et sociale des hommes et des femmes du Moyen Âge. De même, Matthew S. Champion, The Fullness of Time: Temporalities of the Fifteenth-Century Low Countries, Chicago, The University of Chicago Press, 2017 : le livre analyse les rythmes et les « temporalités » – deux mots plus ou moins synonymes – des actions humaines dans plusieurs villes des Pays-Bas méridionaux et du Brabant.
8 Jan Dumolyn et Jelle Haemers, « Patterns of Urban Rebellion in Medieval Flanders », Journal of Medieval History, 31-4, 2005, p. 369-393.
9 Jelle Haemers et Anke Demeyer, « Le cri du rebelle, le cri du criminel. Slogans, insultes et langage des ‘malfaiteurs’ dans les villes des Pays-Bas méridionaux (xive-xvie siècles) », Histoire, économie & société, 37-1, 2019, p. 15-31.
10 Voir la publication posthume de son travail principal : Henri Pirenne, Les villes et les institutions urbaines, Bruxelles, Nouvelle société d’éditions, 1939. Sur l’influence de cette œuvre, voir Marc Boone, « Cities in Late Medieval Europe: The Promise and Curse of Modernity », Urban History, 39-2, 2012, p. 329-349.
11 Pour des études récentes et des références bibliographiques, voir Marc Boone, À la recherche d’une modernité civique. La société urbaine des anciens Pays-Bas au bas Moyen Âge, Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, 2010 ; Véronique Lambert et Peter Stabel (dir.), Golden Times: Wealth and Status in the Middle Ages in the Southern Low Countries, Tielt, Lannoo, 2016 ; Bruno Blondé, Marc Boone et Anne-Laure Van Bruaene (dir.), City and Society in the Low Countries: City and Society in the Low Countries, 1100-1600, Cambridge, Cambridge University Press, 2018 (traduction française à paraître en 2020 aux éditions Classiques Garnier, sous le titre de Faire société au Moyen Âge. Histoire urbaine des anciens Pays-Bas, 1100-1600).
12 Jan Dumolyn et Jelle Haemers, « ‘A Bad Chicken Was Brooding’: Subversive Speech in Late Medieval Flanders », Past & Present, 214-1, 2012, p. 45-86 ; Sam K. Cohn, Lust for Liberty: The Politics of Social Revolution in Medieval Europe, 1200-1425; Italy, France, and Flanders, Cambridge, Harvard University Press, 2006 ; Patrick Lantschner, The Logic of Political Conflict in Medieval Cities: Italy and the Southern Low Countries, 1370-1440, Oxford, Oxford University Press, 2015.
13 Franco Franceschi, « La mémoire des laboratores à Florence au début du xve siècle », Annales ESC, 45-5, 1990, p. 1143-1167 ; Margaret Haines, « Artisan Family Strategies: Proposals for Research on the Families of Florentine Artists », in G. Ciapelli et P. Rubin (dir.), Art, Memory, and Family in Renaissance Florence, Cambridge, Cambridge University Press, 2000, p. 163-175 ; Renato Bordone, Uno stato d’animo. Memoria del tempo e comportamenti urbani nel mondo comunale italiano, Florence, Firenze University Press, 2002, p. 19-32.
14 Jacques Paul, « Expression et perception du temps d’après l’enquête sur les miracles de Louis d’Anjou », in Temps, mémoire, tradition au Moyen Âge, actes du xiiie congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 1983, p. 19-41, ici p. 29.
15 Galbert de Bruges, Le meurtre de Charles le Bon, trad. par J. Gengoux, Anvers, Fonds Mercator, 1978.
16 Hilda Johnstone (éd.), Annals of Ghent, Londres, Nelson, 1951 (nous traduisons).
17 Jelle Haemers, « Social Memory and Rebellion in Fifteenth-Century Ghent », Social History, 36-4, 2011, p. 443-463 ; Lisa Demets et Jan Dumolyn, « Urban Chronicle Writing in Late Medieval Flanders: The Case of Bruges during the Flemish Revolt of 1482-1490 », Urban History, 43-1, 2016, p. 28-45 ; Anne-Laure Van Bruaene, « L’écriture de la mémoire urbaine en Flandre et en Brabant (xive-xvie siècle) », in É. Crouzet-Pavan et É. Lecuppre-Desjardin (dir.), Villes de Flandres et d’Italie (xiii e-xvi e siècle). Les enseignements d’une comparaison, Turnhout, Brepols, 2008, p. 149-164, en particulier p. 173.
18 Guy P. Marchal, « De la mémoire communicative à la mémoire culturelle. Le passé dans les témoignages d’Arezzo et de Sienne (1177-1180) », Annales HSS, 56-3, 2001, p. 563-589, ici p. 584.
19 Jan Dumolyn et Jelle Haemers, « Political Songs and Memories of Rebellion in the Later Medieval Low Countries », in É. Guillorel, D. Hopkin et W. G. Pooley (dir.), Rhythms of Revolt: European Traditions and Memories of Social Conflict in Oral Culture, Londres, Routledge, 2018, p. 43-63 (l’article est également publié en français : Jan Dumolyn et Jelle Haemers, « Chansons politiques et mémoires des rébellions dans les Pays-Bas de la fin du Moyen Âge », in É. Guillorel et D. Hopkin (dir.), Traditions orales et mémoires sociales des révoltes en Europe, Rennes, PUR, 2020, p. 53-71).
20 Marc Boone et Jelle Haemers, « ‘The Common Good’: Governance, Discipline and Political Culture », in B. Blondé, M. Boone et A.-L. Van Bruaene (dir.), City and Society in the Low Countries, op. cit., p. 93-127.
21 Peter Burke, « History as Social Memory », in T. Butler (dir.), Memory: History, Culture and the Mind, Oxford, Blackwell, 1989, p. 97-113 ; Jeffrey Olick et Joyce Robbins, « Social Memory Studies: From ‘Collective Memory’ to the Historical Sociology of Mnemonic Practices », Annual Review of Sociology, 24, 1998, p. 105-140 ; Charles Zika, « Memory and Commemoration in Recent English-Language Historiography and Discourse », in P. Münch (dir.), Jubiläum, Jubiläum… Zur Geschichte öffentlicher und privater Erinnerung, Essen, Klartext, 2005, p. 241-257. Sur la façon dont les individus et les institutions du Moyen Âge exploitaient la mémoire des conflits pour construire des identités, voir Megan Cassidy-Welch (dir.), Remembering the Crusades and Crusading, Londres, Routledge, 2017. Des mises en garde utiles contre l’usage souvent problématique de cette notion se trouvent dans Kerwin Lee Klein, « On the Emergence of Memory in Historical Discourse », Representations, 69, 2000, p. 127-150 et Wulf Kansteiner, « Finding Meaning in Memory: A Methodological Critique of Collective Memory Studies », History and Theory, 41-2, 2002, p. 179-197.
22 Maurice Halbwachs, Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, F. Alcan, 1925.
23 James Fentress et Chris Wickham, Social Memory, Oxford, Blackwell, 1992 ; Geoffrey Cubitt, History and Memory, Manchester, Manchester University Press, 2007, p. 224-226 ; Astrid Erll, Kollektives Gedächtnis und Erinnerungskulturen. Eine Einführung, Weimar, J. B. Metzler, 2005 ; Jeffrey K. Olick, Vered Vinitzky-Seroussi et Daniel C. Levy (dir.), The Collective Memory Reader, Oxford, Oxford University Press, 2011 ; Alain Hugon, Naples insurgée. De l’événement à la mémoire, 1647-1648, Rennes, PUR, 2011.
24 G. Cubitt, History and Memory, op. cit., p. 16 et 216.
25 Voir Jürgen Straub (dir.), Narration, Identity, and Historical Consciousness, New York, Berghahn, 2005.
26 Andy Wood, The Memory of the People: Custom and Popular Senses of the Past in Early Modern England, Cambridge, Cambridge University Press, 2013, p. 28.
27 Patrick J. Geary, Phantoms of Remembrance: Memory and Oblivion at the End of the First Millennium, Princeton, Princeton University Press, 1994, p. 12. Pour les Pays-Bas méridionaux, voir Steven Vanderputten, « Individual Experience, Collective Remembrance, and the Politics of Monastic Reform in High Medieval Flanders », Early Medieval Europe, 20-1, 2012, p. 70-89.
28 J. Fentress et C. Wickham, Social Memory, op. cit., p. 144-172 ; Jacques Le Goff, Histoire et mémoire, Paris, Gallimard, 1988, p. 130.
29 Philippe Joutard, La légende des Camisards. Une sensibilité au passé, Paris, Gallimard, 1977 ; id., Histoire et mémoires, conflits et alliance, Paris, La Découverte, 2013 ; Philip Benedict, « Divided Memories? Historical Calendars, Commemorative Processions and the Recollection of the Wars of Religion during the Ancien Régime », French History, 22-4, 2008, p. 381-405 ; Judith Pollmann et Erika Kuijpers, « Introduction: On the Early Modernity of Modern Memory », in E. Kuijpers et al. (dir.), Memory before Modernity: Practices of Memory in Early Modern Europe, Leyde, Brill, 2013, p. 1-23 ; Alexandra Merle, Stéphane Jettot et Manuel Herrero Sánchez (dir.), La mémoire des révoltes en Europe à l’époque moderne, Paris, Classiques Garnier, 2018.
30 Aleida Assmann, Der lange Schatten der Vergangenheit. Erinnerungskultur und Geschichtspolitik, Munich, Beck, 2006, p. 75.
31 René Fedou, « Une révolte populaire à Lyon au xve siècle : la Rebeyne de 1436 », Cahiers d’histoire, 3, 1958, p. 129-150 ; Natalie Zemon Davis, Society and Culture in Early Modern France: Eight Essays, Cambridge, Cambridge Polity, 1987, p. 8-9.
32 Karl Von Hegel (éd.), Die Chroniken der niedersächsischen Städte, vol. 1, 12 : Köln, Leipzig, S. Hirzel, 1875, p. 243-257 ; Klaus Militzer, « Führungsschicht und Gemeinde in Köln im 14. Jahrhundert », in W. Ehbrecht (dir.), Städtische Führungsgruppen und Gemeinde in der werdenden Neuzeit, Cologne, Böhlau Verlag, 1980, p. 1-24, en particulier p. 20-22.
33 August Lübben et Karl Schiller, Mittelniederdeutsches Wörterbuch, vol. 4, Brême, J. Kühtmann, 1878, p. 85. Le soulèvement de Minden a aussi été appelé d’après le nom d’un de ses instigateurs, Matthias von Hadeber, dit Lange Matz (Matz le Long) : voir W. Ehbrecht, « Form und Bedeutung innerstädtischer Kämpfe am Übergang vom Mittelalter zur Neuzeit : Minden, 1405-1535 », in W. Ehbrecht (dir.), Städtische Führungsgruppen…, op. cit., p. 115-152. Pour les autres révoltes, voir Matthias Puhle, « Die ‘Große Schicht’ in Braunschweig », in J. Bracker, V. Henn et R. Postel (dir.), Die Hanse. Lebenswirklichkeit und Mythos, Lübeck, Schmidt-Römhild, 1998, p. 812-822 ; Uwe Grieme, « Die Auseinandersetzungen zwischen Bischof, Klerus und Stadt in Halberstadt im 14. und 15. Jahrhundert », in U. Grieme, N. Kruppa et S. Pätzold (dir.), Bischof und Bürger. Herrschaftsbeziehungen in den Kathedralstädten des Hoch- und Spätmittelalters, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2004, p. 187-193.
34 Pierre Monnet, Villes d’Allemagne au Moyen Âge, Paris, Picard, 2004, p. 165-166. Le Schichtbuch se trouve dans Karl von Hegel (éd.), Die Chroniken der niedersächsischen Städte, vol. 2, 6 : Braunschweig, Leipzig, S. Hirzel, 1880, p. 299-468.
35 Notre première analyse de ces noms a été publiée dans Jan Dumolyn et Jelle Haemers, « Takehan, Cokerulle, and Mutemaque: Naming Collective Action in the Later Medieval Low Countries », in J. Firnhaber-Baker (dir.), The Routledge History Handbook of Medieval Revolt, Londres, Routledge, 2017, p. 39-54.
36 Leonardo Sciascia, « Il mito dei Vespri siciliani da Amari a Verdi », Archivio storico per la Sicilia orientale, 69, 1973, p. 183-192.
37 John-Payne Collier et al. (éd.), Early English Poetry, Ballads, and Popular Literature of the Middle Ages, vol. 1, Londres, Percy Society, 1842, p. 17-22 ; Jacob Selwood, Diversity and Difference in Early Modern London, Farnham, Ashgate Publishing Limited, 2010, p. 53-56.
38 Edward Muir, Mad Blood Stirring: Vendetta and Factions in Friuli during the Renaissance, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1993, p. 89 ; Laura Casella, « Mémoire de la révolte et mémoires de famille. La crudel zobia grassa (1511) dans les livres de famille du xvie siècle : brève histoire des manuscrits et des éditions », in A. Merle, S. Jettot et M. Herrero Sanchez (dir.), La mémoire des révoltes…, op. cit., p. 143-169. L’origine et la transmission de ce nom ne sont pas vraiment analysées.
39 Adolphe Borgnet et Stanislas Bormans (éd.), Chronique et Geste de Johan des Preis dit d’Outremeuse, Bruxelles, 1887, dl. VI, p. 295.
40 Geneviève Xhayet, Réseaux de pouvoir et solidarités de parti à Liège au Moyen Âge (1250-1468), Genève, Droz, 1997, p. 164 ; Jean-Louis Kupper et Marylène Laffineur-Crépin (dir.), 1312-2012. 700 ème anniversaire du Mal Saint-Martin, Liège, Société d’art et d’histoire du diocèse de Liège, 2013.
41 Pour une étude détaillée des événements, voir Markus Wenninger, « Fasching als Krisenzeit. Die ‘Böse Fasnacht’ von Basel und andere Konflikte », in J. Grabmayer (dir.), Das Königreich der Narren. Fasching im Mittelalter, Klagenfurt, Alpen-Adria-Univiversität Klagenfurt, 2009, p. 213-251. Voir aussi Peter Weidkuhn, « Fastnacht – Revolte – Revolution », Zeitschrift für Religions- und Geistesgeschichte, 21-4, 1969, p. 289-306.
42 Rudolf Wackernagel (éd.), Urkundenbuch der Stadt Basel, vol. 4, Bâle, Helbing & Lichtenhahn, 1900, p. 384-395.
43 August Bernoulli (éd.), Basler Chroniken, vol. 5, Leipzig, S. Hirzel, 1895, p. 30 et 62.
44 Ibid., vol. 5, p. 120.
45 Véronique Lambert, « De Brugse Metten : een andere lieu de mémoire van de Vlamingen », Handelingen van het Genootschap voor Geschiedenis, 139, 2002, p. 185-198 ; Georges Declercq, Jan Dumolyn et Jelle Haemers, « Social Groups, Political Power and Institutions I, c. 1100-c. 1300 », in A. Brown et J. Dumolyn (dir.), Medieval Bruges, c. 850-1550, Cambridge, Cambridge University Press, 2018, p. 148-151.
46 Herman Van der Linden, Willem De Vreese et Paul de Keyser (dir.), Lodewijk Van Velthem’s Voortzetting van den Spiegel historiael, vol. 2, 1240-1316, Bruxelles, Hayez, 1931, p. 272.
47 Thierry de Limburg-Stirum (éd.), Codex Diplomaticus Flandriae inde ab anno 1296 ad usque 1325, vol. 2, Bruges, A. de Zuttere, Imprimeur de la Société d’Émulation, 1889, p. 18.
48 Jos De Smet, André Vandewalle et Carlos Wyffels (éd.), De rekeningen van de stad Brugge, vol. 2, 1280-1319, Bruxelles, Palais des académies, 1995, p. 12.
49 Henri Lemaitre (éd.), Chronique et Annales de Gilles Le Muisit, abbé de Saint-Martin de Tournai (1272-1352), Paris, Librairie Renouard/H. Laurens, 1906, p. 65.
50 La Chronique artésienne parle du « vendredi apres mi-may » où « chil de Bruges trairent nos gens en leur lis » : Frantz Funck-Brentano (éd.), Chronique artésienne (1295-1304), Paris, Picard, 1899, p. 35. Guillaume Guiart date le massacre (« mut à Bruges mortel contenz ») en « l’an tout droit mil trois cens et deus » : Jean Alexandre C. Buchon (éd.), Branche des royaux lignages. Chronique métrique de Guillaume Guiart, Paris, Librairie Verdière, 1828, p. 221. Les chroniques plus tardives telles que l’Ancienne chronique de Flandre l’appellent « la trahison de ceulx de Bruges » : Thierry Kervyn de Lettenhove (éd.), Istore et Croniques de Flandres, vol. 1, Bruxelles, Hayez, 1879, p. 226. Il existe une étude détaillée de ces chroniques et d’autres références dans Victor Fris, La bataille de Courtrai, Gand, Vuylsteke, 1902.
51 Dans les versions manuscrites de l’Excellente Chronique des Flandres, composée à la fin du xve siècle, la formule « Vendredi saint » était déjà hors d’usage, alors que ces textes évoquaient le passé séditieux de leur ville avec sympathie : voir Bruges, Bibliothèque municipale, MSS 436 et 437 ainsi que Douai, Bibliothèque municipale, MS 1110.
52 Voir P. Van der Meersch (éd.), Memorieboek der Stad Ghent…, vol. 1, op. cit., p. 54, qui le date, faussement, de 1343. Sur la période, voir David Nicholas, The van Arteveldes of Ghent: The Varieties of Vendetta and the Hero in History, Ithaca, Cornell University Press, 1988 ; sur le souvenir de ce dirigeant rebelle, lire Jan Dumolyn et Jelle Haemers, « We Will Ask for a New Artevelde: Names, Sites, and the Memory of Revolt in the Late Medieval Low Countries », in A. Merle, S. Jettot et M. Herrero Sánchez (dir.), La mémoire des révoltes…, op. cit., p. 231-249.
53 Dans une autre version brugeoise manuscrite de l’Excellente Chronique, Bruges, Bibliothèque municipale, MS 437, fol. 170v, nous avons trouvé « AD 1345, le premier jour de mai, alors appelé le mauvais lundi, à Gand les tisserands se sont battus contre les foulons et les petites guildes » – l’événement est antidaté d’un jour. La Rijmkroniek van Vlaenderen, qui utilisait le terme Quaden maendaghe, est sans doute la source des usages postérieurs de « Mauvais Lundi » dans plusieurs chroniques du xvie siècle : Herman Brinkman et Janny Schenkel (éd.), Het Comburgse Handschrift Stuttgart. Hs. Stuttgart, Württembergische Landesbibliothek, Cod. poet. Et phil. 2o22, vol. 2, Hilversum, Verloren, 1997, p. 1439. Cette chronique en vers, écrite en 1370-1390, se fondait sur la tradition orale : Véronique Lambert, « De kronieken van Vlaanderen 1164-1520 : een overzicht, met bijzondere aandacht voor hun basis, de ‘Genealogia comitum Flandriae’ (Flandria Generosa) », mémoire de master, université de Gand, 1988, p. 138 ; Henri Pirenne (éd.), « La Rijmkroniek van Vlaenderen et ses sources », Bulletin de la Commission royale d’histoire, 15, 1888, p. 346-364.
54 Georges Espinas et Henri Pirenne (éd.), Recueil de documents relatifs à l’histoire de l’industrie drapière en Flandre, vol. 2, Deymze-Hulst, Bruxelles, P. Imbreghts, 1909, p. 477-478. Dans les comptes rendus de la ville de Gand, le conflit était aussi qualifié de « discorde entre les foulons et les tisserands ». Le « Mardi saint », littéralement « Bon Mardi », fut aussi mentionné dans les comptes rendus et les documents administratifs de la ville au cours des années suivantes : Napoléon De Pauw et Julius Vuylsteke (éd.), De rekeningen der stad Gent. Tijdvak van Jacob van Artevelde, vol. 2, 1336-1349, Gand, Hoste, 1880, p. 388 ; charte datée du 3 mars 1349 dans Julius Vuylsteke, « De Goede Disendach, 13 januari 1349 », Annales de la Société d’histoire et d’archéologie de Gand, 1, 1894, p. 41-42.
55 G. Espinas et H. Pirenne (éd.), Recueil de documents relatifs à l’histoire de l’industrie drapière en Flandre, vol. 2, op. cit., p. 495.
56 J. Vuylsteke, « De Goede Disendach, 13 januari 1349 », art. cit., p. 42.
57 Raf Verbruggen, Geweld in Vlaanderen. Macht en onderdrukking in de Vlaamse steden tijdens de veertiende eeuw, Bruges, Van de Wiele, 2005, p. 76.
58 Jan Assmann pense que la transmission orale au sein des groupes (la mémoire communicative) dure trois générations, entre 80 et 100 ans, avant de devenir une « mémoire culturelle » sous forme de chronique, d’image, de rituel ou de monument : Jan Assmann, Das Kulturelle Gedächtnis. Schrift, Erinnerung und politische Identität in frühen Hochkulturen, Munich, Beck, 1992. Voir aussi Bas Diemel et Jeroen Deploige, « United or Bound by Death? A Case-Study on Group Identity and Textual Communities within the Devotio Moderna », Revue d’histoire ecclésiastique, 105-2, 2010, p. 346-380.
59 Jan van Boendale, Brabantsche Yeesten, vol. 2, Bruxelles, Hayez, 1843, p. 50 : « À Bruxelles, on lui donna le nom Mauvais Mercredi ». Cent ans après la bataille, un monastère fut construit sur le champ de bataille : voir Mario Damen et Robert Stein, « Collective Memory and Personal Memoria: The Carthusian Monastery of Scheut as a Crossroads of Urban and Princely Patronage in Fifteenth-Century Brabant », in P. Peporte et J.-M. Cauchies (dir.), Mémoires conflictuelles et mythes concurrents dans les pays bourguignons (ca 1380-1580), Turnhout, Centre européen d’études bourguignonnes (xive-xvie), 2012, p. 29-48.
60 Nicolas Despars, Cronycke van den lande ende graefscepe van Vlaenderen, Bruges, Jean de Jonghe, 4. vol, 1839-1842, respectivement vol. 1, p. 411 et vol. 2, p. 285-286.
61 Eviatar Zerubavel, Time Maps: Collective Memory and the Social Shape of the Past, Chicago, The University of Chicago Press, 2003, p. 30.
62 Nancy D. Munn, « The Cultural Anthropology of Time: A Critical Essay », Annual Review of Anthropology, 21, 1992, p. 93-123, ici p. 94-96 ; John Hassard, « Durkheim, Émile (1858-1917) », in S. Macey (dir.), Encyclopedia of Time, New York, Garland, 1994, p. 170-171 ; Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse. Le système totémique en Australie, Paris, Alcan, 1912, p. 14-15.
63 Jean-Claude Schmitt, « L’invention de l’anniversaire », Annales HSS, 62-4, 2007, p. 793-835 ; Matthew S. Champion, « The History of Temporalities: An Introduction », Past & Present, 243-1, 2019, p. 247-254.
64 Johanna Dale, « Royal Inauguration and the Liturgical Calendar in England, France, and the Empire, c. 1050-c. 1250 », Anglo-Norman Studies, 37, 2015, p. 83-98.
65 M. S. Champion, The Fullness of Time, op. cit.
66 Jacques Le Goff, « Au Moyen Âge : temps de l’Église et temps du marchand », Annales HSS, 15-3, 1960, p. 417-433.
67 M. S. Champion, The Fullness of Time, op. cit., passim ; Peter Stabel, « Labour Time, Guild Time? Working Hours in the Cloth Industry of Medieval Flanders and Artois (Thirteenth-Fourteenth Centuries) », The Low Countries Journal of Social and Economic History, 11-4, 2014, p. 27-54 ; Mathieu Arnoux, « Relation salariale et temps du travail dans l’industrie médiévale », Le Moyen Âge, 115-3/4, 2009, p. 557-581.
68 Par exemple, Jacoba Van Leeuwen, De Vlaamse wetsvernieuwing. Een onderzoek naar de jaarlijkse keuze en aanstelling van het stadsbestuur in Gent, Brugge en Ieper in de Middeleeuwen, Bruxelles, Palais des académies, 2004.
69 Arnold van Gennep, Le folklore de la Flandre et du Hainaut français, Paris, Maisonneuve, 1935 ; id., Manuel de folklore français contemporain, Paris, Maisonneuve, 1937-1958 ; Hervé Stalpaert, Van Vastenavond tot Pasen. Oudvlaamse volksgebruiken : historie en folklore, Heule, Gmeenteadministratie, 1960. Pour comparer avec les notions d’élection aux postes civils en Angleterre, lire Christian Liddy, Contesting the City: The Politics of Citizenship in English Towns, 1250-1530, Oxford, Oxford University Press, 2017, p. 83-124.
70 J.-C. Schmitt, Les rythmes au Moyen Âge, op. cit., p. 666-667. Les paragraphes sur « les rythmes du pouvoir » (p. 572-579) sont courts et ne tiennent pas compte des révoltes populaires, pas plus que M. S. Champion, The Fullness of Time, op. cit.
71 Charles Tilly, « How Protest Modernized in France, 1845-1855 », in W. O. Aydelotte, A. G. Bogue et R. W. Fogel (dir.), The Dimensions of Quantitative Research in History, Princeton, Princeton University Press, 1972, p. 192-255, ici p. 199. Voir aussi la critique de Samuel Cohn, « The ‘Modernity’ of Medieval Popular Revolt », History Compass, 10, 2012, p. 731-741.
72 P. Burke, « History as Social Memory », op. cit., p. 103. Voir aussi Yves-Marie Berce, Fête et révolte. Des mentalités populaires du xvi e au xviii e siècle, Paris, Hachette, 1976. L’histoire de la Réforme fournit d’autres exemples de lien entre agitation, fêtes de carnaval et calendrier religieux : voir Natalie Zemon Davis, « The Sacred and The Body Social in Sixteenth-Century Lyon », Past & Present, 90-1, 1981, p. 40-70.
73 Margaret Aston, « Corpus Christi and Corpus Regni: Heresy and the Peasants’ Revolt », Past & Present, 143-1, 1994, p. 3-47, ici p. 10 ; Chris Humphrey, The Politics of Carnival: Festive Misrule in Medieval England, Manchester, Manchester University Press, 2001, p. 4-5 et 63-78 ; Thomas Pettitt, « ‘Here Comes I, Jack Straw!’: English Folk Drama and Social Revolt », Folklore, 95-1, 1984, p. 3-20.
74 Rebekka Nöcker, Klaus Ridder et Beatrice von Lüpke, « From Festival to Revolt: Carnival Theater during the Late Middle Ages and Early Reformation as a Threat to Urban Order », in C. Dietl, G. Ehrstine et C. Schanze (dir.), Power and Violence in Medieval and Early Modern Theater, Göttingen, V&R Unipress, 2014, p. 153-168 ; Robert W. Scribner, For the Sake of Simple Folk: Popular Propaganda for the German Reformation, Oxford, Clarendon Press, 1994, p. 65-74 ; Emmanuel Le Roy Ladurie, Le carnaval de Romans. De la Chandeleur au mercredi des Cendres, 1579-1580, Paris, Gallimard, 1979 ; Y.-M. Bercé, Fête et révolte, op. cit., p. 75-82 ; Peter Burke, Popular Culture in Early Modern Europe, Londres, Temple Smith, 1978, p. 199-204.
75 Peter Arnade, Realms of Ritual: Burgundian Ceremony and Civic Life in Late Medieval Ghent, Ithaca, Cornell University Press, 1996, p. 142-150 ; Marc Boone, « De Sint-Lievensbedevaart. Bouwsteen van de stedelijke identiteit van Gent (late middeleeuwen en vroege 16de eeuw) », Handelingen van de Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent, 61, 2007, p. 105-122.
76 Notons une exception : en 1470, à Leyde (Hollande), les foulons ont tenté une grève un Mardi gras. Voir Rudolf Dekker, « Labour Conflicts and Working-Class Culture in Early Modern Holland », International Review of Social History, 35-3, 1990, p. 377-420, ici p. 388.
77 Pour l’influence du cycle pascal sur la chronologie, voir Edward Muir, Ritual in Early Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 65-67 ; Françoise Autrand, « Les dates, la mémoire et les juges », in B. Guenee (dir.), Le métier d’historien au Moyen Âge. Études sur l’historiographie médiévale, Paris, Publications de la Sorbonne, 1977, p. 169-171 ; Monique Gramain, « Mémoires paysannes. Des exemples bas-languedociens aux xiiie et xive siècles », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 83-2, 1976, p. 315-324, ici p. 319-321.
78 Murray Melbin, « Social Time », in S. Macey (dir.), Encyclopedia of Time, op. cit., p. 566-567, ici p. 566.
79 Aron Gurevich, Categories of Medieval Culture, Londres, Routledge/Kegan Paul, 1985, p. 104 et 109-112. Voir les études de cas dans Miriam Czock et Anja Rathmann-Lutz (dir.), Zeitenwelten. Zur Verschränkung von Weltdeutung und Zeitwahrnehmung, 750-1350, Cologne, Böhlau Verlag, 2016.
80 Henri-Irénée Marrou, L’ambivalence du temps de l’histoire chez Saint-Augustin, Montréal, Institut d’études médiévales, 1950 ; Andrew Brown, « Liturgical Memory and Civic Conflict: The Entry of Emperor Frederick III and Maximilian, King of the Romans, into Bruges on 1 August 1486 », in P. Péporté et J.-M. Cauchies (dir.), Mémoires conflictuelles et mythes concurrents…, op. cit., p. 129-148, ici p. 145.
81 Marc Bloch, La société féodale, vol. 1, La formation des liens de dépendance, Paris, Albin Michel, 1939, p. 118 ; Jacques Le Goff, La civilisation de l’Occident médiéval, Paris, Arthaud, 1964, p. 221-223.
82 J. Le Goff, « Au Moyen Âge : temps de l’Église et temps du marchand », art. cit.
83 Id., À la recherche du temps sacré. Jacques de Voragine et la Légende Dorée, Paris, Perrin, 2011. Voir aussi Jean-Claude Schmitt, « Comment concevoir une histoire des rythmes sociaux ? », in J.-P. Genet (dir.), La légitimité implicite, vol. 2, Paris/Rome, Publications de la Sorbonne/École française de Rome, 2015, p. 7-14.
84 Camarin Porter, « Time Measurement and Chronology in Medieval Studies », in A. Classen (dir.), Handbook of Medieval Studies: Terms, Methods, Trends, vol. 2, Berlin, De Gruyter, 2010, p. 1350-1367, ici p. 1351 ; Denis Casey et Ken Mondschein, « Time and Timekeeping », in A. Classen (dir.), Handbook of Medieval Culture: Fundamental Aspects and Conditions of the European Middle Ages, vol. 3, Berlin, De Gruyter, 2015, p. 1657-1679, ici p. 1669.
85 J. Le Goff, Histoire et mémoire, op. cit., p. 131 ; Keith Thomas, Religion and the Decline of Magic: Studies in Popular Beliefs in Sixteenth- and Seventeenth-Century England, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 1971, p. 429 ; Eviatar Zerubavel, Hidden Rhythms: Schedules and Calendars in Social Life, Chicago, The University of Chicago Press, 1981, p. 101-137.
86 Raymond Van Uytven, « 1477 in Brabant », in W. P. Blockmans (dir.), 1477. Het algemene en de gewestelijke privilegiën van Maria van Bourgondië voor de Nederlanden, Courtrai, UGA, 1985, p. 253-371, ici p. 257. La fête de l’été, une époque de changement et de renversement, pouvait aussi être associée avec la subversion carnavalesque : pour connaître les connotations de cette journée, voir Sandra Billington, Midsummer: A Cultural Sub-Text from Chrétien de Troyes to Jean Michel, Turnhout, Brepols, 2000, p. 19-45.
87 Georges Espinas et Henri Pirenne (éd.), Recueil de documents relatifs à l’histoire de l’industrie drapière en Flandre, vol. 3, La Gorgue-Ypres, Bruxelles, P. Imbreghts, 1920, p. 719.
88 Ibid., p. 728. Une charte de 1311 désignait ainsi les événements : « meurdre qui fu fais a Yppre sour la nuit saint Andrieu » (Jean-Jacques Lambin, Verhael van den moord van eenige schepenen, raeden en andere inwooners der stad Ypre, Ypres, Lambin et fils, 1831, p. 43).
89 G. Espinas et H. Pirenne (éd.), Recueil de documents relatifs à l’histoire de l’industrie drapière en Flandre, vol. 3, op. cit., p. 740 et 743.
90 Frederik A. Stoett, Nederlandse spreekwoorden, spreekwijzen, uitdrukkingen en gezegden, Zutphen, Thieme, 1923, p. 95. Pour les Pays-Bas, voir la référence en matière de chronologie : Egidius Strubbe et Léon Voet, De chronologie van de middeleeuwen en de moderne tijden in de Nederlanden, Bruxelles, Palais des académies, 1991.
91 Charles Phytian-Adams, Local History and Folklore: A New Framework, Londres, Bedford Square Press, 1975, p. 21. Voir aussi Ronald Hutton, The Rise and Fall of Merry England: The Ritual Year 1400-1700, Oxford, Oxford University Press, 1996, p. 22.
92 Richard C. Trexler, Public Life in Renaissance Florence, New York, Academic Press, 1980, p. 74.
93 K. Thomas, Religion and the Decline of Magic, op. cit., p. 615-622.
94 R. C. Trexler, Public Life in Renaissance Florence, op. cit., p. 73.
95 R. Verbruggen, Geweld in Vlaanderen, op. cit., p. 76 ; A.-L. Van Bruaene, De Gentse Memorieboeken…, op. cit., p. 131-132.
96 Joseph Jean De Smet (éd.), Corpus Chronicorum Flandriae, vol. 1, Bruxelles, Hayez, 1837, p. 167.
97 Philippe Blommaert et Constant Serrure (éd.), Kronyk van Vlaenderen van 580 tot 1467, vol. 1, Gand, Vanderhaegen-Hulin, 1839, p. 152-154. Sur la représentation du conflit politique dans cette chronique, voir Bram Caers et Lisa Demets, « Opposing Reports on Loyalty and Rebellion: Urban History Writing in Late Medieval Bruges and Mechelen », in B. Caers, L. Demets et T. Van Gassen (dir.), Urban History Writing in Northwest Europe (15th-16th Centuries), Turnhout, Brepols, 2019, p. 137-156.
98 P. J. Geary, Phantoms of Remembrance, op. cit., p. 15-19 ; J. Le Goff, Histoire et mémoire, op. cit., p. 135-138.
99 Des exemples de ce type d’événements dans les Pays-Bas méridionaux se trouvent dans Guido Marnef et Anne-Laure Van Bruaene, « Civic Religion, Community, Identity and Religious Transformation », in B. Blonde, M. Boone et A.-L. Van Bruaene (dir.), City and Society in the Low Countries, op. cit., p. 128-161.
100 Andrew Brown, Civic Ceremony and Religion in Medieval Bruges, c. 1300-1520, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 156-157. Pour voir des exemples de commémoration de victoires militaires dans les Pays-Bas méridionaux médiévaux, voir Jacques Toussaert, Le sentiment religieux en Flandre à la fin du Moyen Âge, Paris, Plon, 1963, p. 250-259. Autre tradition, le pain cuit dans la ville hanséatique de Greifswald pour commémorer la victoire des milices urbaines contre l’armée du prince de Mecklenburg en 1327. Voir Klaus Graf, « Erinnerungsfeste in der spätmittelalterlichen Stadt », in H. Brand, P. Monnet et M. Staub (dir.), Memoria, communitas, civitas. Mémoire et conscience urbaines en Occident à la fin du Moyen Âge, Ostfildern, Thorbecke, 2003, p. 263-273.
101 Walter Simons et Paul Trio, « Achtergronden bij het ontstaan van de tuindagprocessie : bronnen en situering », in R. Vinckier (dir.), Ieper Tuindag. Zesde eeuwfeest, Ypres, Stedelijke Culturele Raad, 1983, p. 107-128.
102 J.-J. Lambin, Verhael van den moord…, op. cit., p. 22. Les sept échevins tués en 1303 ont été enterrés sous des tombes prestigieuses de l’église, ce qui encourageait les pratiques mémorielles en leur faveur. Voir Stijn Bossuyt, « Media vita in morte sumus. Graven als representatie van sociale structuren », in R. Bauer (dir.), In de voetsporen van Jacob van Maerlant, Louvain, Universitaire pers Leuven, 2002, p. 301-314, ici p. 310.
103 A. Brown, Civic Ceremony and Religion in Medieval Bruges, op. cit., p. 9.
104 Jan-Frans Verbruggen, « Pierre de Coninc et Jean Breidel, tribuns brugeois au début du xive siècle », Le Moyen Âge, 76, 1970, p. 61-89, ici p. 81-82.
105 Il faut noter que les rebelles brugeois envoient une lettre aux tisserands séditieux de Saint-Omer en 1306 en donnant leur avis sur le conflit de 1302. En réaction, avec le soutien du roi français, les autorités locales de Saint-Omer organisent une cérémonie religieuse en face de l’abbaye principale de la ville au cours de laquelle les habitants doivent jurer qu’ils ne feront pas d’alliance avec les rebelles flamands : voir à ce sujet Jelle Haemers, « Diffuser des lettres pour contracter des alliances. La communication des rebelles en Flandre et en Brabant au bas Moyen Âge », Revue française d’histoire du livre, 138, 2018, p. 131-150, ici p. 144-145 ; Alain Derville, Histoire de Saint-Omer, Lille, Presses universitaires de Lille, 1981, p. 64-71.
106 Gordon Kipling, Enter the King: Theatre, Liturgy, and Ritual in the Medieval Civic Triumph, Oxford, Clarendon Press, 1998, p. 48-51 ; Élodie Lecuppre-Desjardin, La ville des cérémonies. Essai sur la communication politique dans les anciens Pays-Bas bourguignons, Turnhout, Brepols, 2004, p. 284-287 ; M. S. Champion, The Fullness of Time, op. cit., p. 116-124.
107 Jelle Haemers, For the Common Good: State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, Brepols, 2009, p. 233.
108 Éva Guillorel, « Folksongs, Conflicts and Social Protest in Early Modern France », in L. P. Grijp, W. van Anrooij et D. Van der Poel (dir.), Identity, Intertextuality, and Performance in Early Modern Song Culture, Leyde, Brill, 2016, p. 304-305 ; ead., « La mémoire comme moteur de la révolte. Réflexions autour du rôle subversif des traditions orales dans l’Europe moderne », in A. Merle, S. Jettot et M. Herrero Sanchez (dir.), La mémoire des révoltes…, op. cit., p. 251-267, ici p. 261-262.
109 Anne Middleton, « The Idea of Public Poetry in the Reign of Richard II », Speculum, 53-1, 1978, p. 94-114 ; Paula Leverage, « Memory », in A. Classen (dir.), Handbook of Medieval Studies, vol. 2, op. cit., p. 1530-1537, ici p. 1531-1532.
110 Vladimir Propp, Theory and History of Folklore, Manchester, University of Minnesota Press, 1984, p. 36-37 (nous traduisons).
111 Bart Hendrik Van’t Hooft, Honderd jaar Geldersche geschiedenis in historieliederen, Arnhem, Gouda Quint D. Brouwer, 1948, p. 13. Ces chansons se trouvent sur des sites tels que dbnl.org et liederenbank.nl.
112 Cornelia Van de Graft, Middelnederlandsche historieliederen, Arnhem, Gysbers & van Loon, 1968, p. 136. « Als men schreef duyst vijf hondert » servait souvent d’ouverture pour les chansons de martyrs protestants (ibid., p. 21).
113 Herman Pleij, « Een onbekend historielied over het beleg van Poederoijen in 1507 », in T. Cram et al., Weerwerk. Opstellen aangeboden aan professor dr. Garmt Stuiveling, Assen, Van Gorcum, 1973, p. 19-31, ici p. 21-22.
114 Christiane Deluz, « Indifférence au temps dans les récits de pèlerinage (du xiie au xive siècle) ? » Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 83-2, 1976, p. 303-313, ici p. 306-308 ; M. Gramain, « Mémoires paysannes », art. cit., p. 321.
115 Voir Paul Fredericq, Onze historische volksliederen van vóór de godsdienstige beroerten der 16 de eeuw, Gand, Vuylsteke, 1894, p. 22-24 ; Louis de Baeker, Chants historiques de la Flandre, 400-1650, Lille, Vanackere, 1855, p. 179.
116 Jan Frans Willems, Oude Vlaemsche liederen, Gand, Gyselynck, 1848, p. 41. Comparer avec Éva Guillorel, « Sources orales et mémoire historique dans la Bretagne d’Ancien Régime. La représentation des héros », Port Acadie. Revue interdisciplinaire en études acadiennes, 13-14-15, 2008-2009, p. 407-419.
117 David M. Hopkin, Voices of the People in Nineteenth-Century France, Cambridge, Cambridge University Press, 2012, p. 256.
118 Jan Dumolyn, « The ‘Terrible Wednesday’ of Pentecost: Confronting Urban and Princely Discourses in the Bruges Rebellion of 1436-1438 », History: The Journal of the Historical Association, 92-305, 2007, p. 3-20. La chanson se trouve dans Louis Peter Grijp et Dieuwke Van der Poel (éd.), Het Antwerps Liedboek, vol. 2, Tielt, Lannoo, 2004, p. 151-153.
119 Hervé Stalpaert, « ’t Was op een Witten Donderdag », Biekorf, 60, 1959, p. 274-280 ; Magda Cafmeyer, « De oude Goede-Week in volksleven en volksgebruik », Biekorf, 69, 1968, p. 79-89, ici p. 82.
120 Gabrielle M. Spiegel, « Memory and History: Liturgical Time and Historical Time », History and Theory, 41-2, 2002, p. 149-162.
121 Ibid. ; David Nirenberg, Communities of Violence: Persecution of Minorities in the Middle Ages, Princeton, Princeton University Press, 1998 ; Jeremy Cohen, Sanctifying the Name of God: Jewish Martyrs and Jewish Memories of the First Crusade, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2004. Voir également Elliott Horowitz, Reckless Rites: Purim and the Legacy of Jewish Violence, Princeton, Princeton University Press, 2006, p. 154 ; Anna Sapir Abulafia, Christian-Jewish Relations 1000-1300: Jews in the Service of Medieval Christendom, Londres, Pearson, 2011, p. 144 et 152.