Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Michel Vovelle a montré la voie. Une enquête sur les attitudes devant la mort à Paris aux xvie, xviie et xviie siècles a été lancée en 1971-1972. Les dépouillements se poursuivent. Il était tentant de faire le point à mi-course. Le colloque franco-britannique de Lyon 2 en a procuré l'occasion. Une cinquantaine de personnes ont, à des titres divers, dans le cadre du séminaire que je dirige, participé à une recherche qui aboutira à la publication prochaine, nous l'espérons, d'un Mourir à Paris. Le livre, l'image volante, le testament surtout apprennent comment on meurt à Paris. Nous avons vu près de 7 000 testaments, 3 000 sont en cours de dépouillement. Nous sommes loin encore des 20 000 testaments provençaux de Michel Vovelle. Il est vraisemblable que nous nous tiendrons un peu en deçà de cette très ambitieuse visée, préférant l'utilisation en profondeur d'un échantillon plus restreint.
This article outlines a research project currently being directed by the author on the attitudes of the inhabitants of Paris towards death in the 16th, 17th and 18th centuries.
Three principal sources: post-mortem inventories, “images volantes”, wills contained in the Central Records of the Parisian Notaries (Minutier Central des Notaires parisiens). Ten thousand wills (out of nearly 450,000 preserved) were used.
The study confirms the conclusions of Michel Vovelle for Provence and the analysis of Philippe Aries. In Paris, the reaction is more rapid than in Provence. Especially noteworthy are the abbreviated formulations ofthe “Merites du Christ” in the invocation to the will (dominant from the end of the 16th to the beginning of the 18th century) and the importance of the Church's déductions on inheritances, around 10% for the middle of the 18th century, at the height of the Catholic Reformation.
1. Vovelle, Michel, Piété baroque et déchristianisation en Provence au XVIIIe siècle. Les attitudes devant la mort d'après les clauses des testaments, Paris, Pion, 1973, 700 p.Google Scholar
2. Cet article reprend, à peu de chose près, le texte de la communication que nous avons présentée à Lyon le 2 octobre 1974. Il donne l'état des travaux en septembre 1974. Je tiens à remercier Roger Chartier et Daniel Roche qui ont préparé, dans le cadre de notre séminaire sur la mort, les deux belles études qu'on lira plus loin : « Les arts de mourir, 1450-1600 » et « ‘La Mémoire de la Mort'. Recherches sur la place des arts de mourir dans la Librairie… ». C'est sur leur pression amicale que je livre aujourd'hui ces réflexions préalables. Je tiens à remercier également M. Roland Mousnier, directeur de Centre de Recherches sur l'Europe moderne qui a insisté pour que je participe au colloque de Lyon.
3. Successeur, dans la chaire de l'histoire de la civilisation moderne à la Sorbonne, de Victor- Lucien Tapie, trop tôt arraché à l'affection de ceux qui ont eu le privilège de le connaître, donc de l'aimer, j'ai eu à coeur de poursuivre une des voies qu'il avait tracée dans l'élaboration de son Enquête sur les Retables (Victor-Lucien Tapie, Jean-Paul Le Flem, Annik Pardailhé-Galabrun, Retables baroques en Bretagne, Paris, PUF, 1971, 317 p.+XL planches), et décidé de porter après d'autres, et avec d'autres, le quantitatif au troisième niveau ; j'ai recueilli de nombreux concours. Mme Annik Pardailhé-Galabrun, co-auteur des Retables baroques m'a porté au bénéfice de sa science de l'image. Elle reprend au niveau de l'ensemble de l'échantillon les calculs que les étudiants effectuent dans le cadre monographique des Études du notariat parisien. Je remercie tout particulièrement, outre Daniel Roche et Roger Chartier, Bernard Vogler, Bernard Vincent, M. Blasco, Madeleine Foisil dont l'article « Les attitudes devant la mort au xvme siècle : sépultures et suppressions de sépultures dans le cimetière parisien des Saints-Innocents », a paru dans Revue historique, n° 510, avril-juin 1974, pp. 303-330 ; Annie MoliniÉ-Bertrand, Michel BÉE, Jacques Depauw. Ont également participé à des titres divers, J.-P. Poisson, Paule Attali, – auteur d'une bonne étude encore inédite sur Les faire-parts, une forme de deuil aux XVIIe et XVIIIe siècles ; Roberte Machard, musicologue ; Mme Mesnard, dont l'étude sur les Retables manceaux est très attendue ; M. F. Pernot, Mme Suzanne Pillorget, Christine Varachaud ; Guy Lemeunier a réalisé, dans le cadre de nos recherches, une étude sur les monuments aux morts de la guerre de 1914-1918.
4. Dont la publication est prévue chez Arthème Fayard. Ce travail collectif est l'oeuvre d'une équipe d'étudiants qui ont travaillé sous ma direction. Je ne citerai pas les travaux en cours qui n'ont pas encore abouti à cette date (une vingtaine de mémoires). J'ai une dette de reconnaissance particulière à l'égard de Claire Lacroix, Elisabeth Bonnin et J.M. Le Guevellou qui m'ont aidé à définir des modèles de recherches. Nous disposons donc à cette heure des monographies préparatoires de Claire Lacroix, Les attitudes devant la mort d'après les clauses des testaments entre 1700 et 1730, 1972 (Étude XXX de 1700 à 1730) ; Elisabeth Bonnin, id. (Étude LXXXV de 1700 à 1712) ; J.M. Le Guevellou, Les estampes et leurs thèmes au XVIe siècle (essai d'étude quantitative), 1973, 250 p., 12 photographies ; Marie-Françoise Barnay, Les estampes et leurs thèmes au XVIe siècle (essai d'étude quantitative), 1974 ; Catherine Douville, Les images de la mort dans les estampes du XVIe siècle en France, 1974 ; Bernard Faivre, La mort à travers la littérature protestante aux XVIe et Xviie siècles, 1973, étude sur les fonds de la Bibliothèque de la Société d'Histoire du Protestantisme (54, rue des Saints-Pères). Marie-Hélène Borrély, Les attitudes devant la mort de 1650 à 1670, d'après les Études LXXII et XX, 1973 ; Hervelyne Kerriou, id., Étude LXII (Maître Veillard) de 1707 à 1738, 1973 ; Marie-Josèphe Le Magourou, id., Étude LXXXIX, de 1750 à 1770, 1973 ; Danièle Marois, id., Études V et XII, de 1650 à 1674, 1973 ; Jean de Mathan, id., Étude XLIII, de 1650 à 1670, Étude LXXV, de 1655 à 1665, 1973 ; Annick Moro, id., Étude LXXXI, de 1631 à 1662, 1973 ; Josette Schmitt, id., Étude XLV, 1700 à 1730 ; M. Wullschleger, id., Étude XXX, de 1750 à 1792, 1973 ; Marie-Hélène Zervudacki, id., Étude XXX, de 1750 à 1792, 1973 ; Anne Bataille, id., Étude CV (rue Saint- Antoine) de 1650 à 1670, 1974 ; Geneviève Delaporte, id., Étude XLV, de 1655 à 1694, 1974 ; Gilbert Labelle, id., Étude LXXIII, 1667-1696, 1974 ; Patrik Landier, id., Étude V( 1600-1630) ; Étude IV (1600-1630), 1974; Catherine Martin, id., Étude XI et Étude Lxxiii (1589-1600), 1974 ; Jean-Claude Saut, id., à Belleville et à Vincennes, Étude XXXVII (1600-1805), Étude CXL (1636-1806), 1974 ; Emmanuel Tranchant, id., Étude de D.G. Lange, LXXXIX, paroisse Saint-Paul, 1670-1690, 1974 ; Christine Genin, id., Études XXI, VIII, 1589-1649, 1974 ; Adeline Raynaud, id., Études XXIII, XXV, 1670-1700, 1974; Michel Lacout, id., Étude de Maître Meslin, 157, rue Saint-Antoine, paroisse Saint-Paul, 1690-1731, 1974 ; Mme Michelle Massuco, id., Étude CXXII, regroupe 36 notaires, sur les deux rives de part et d'autre de la Cité, 2e moitié du xvie siècle, 1974; Philippe Martin, id., Étude XXXVIII, M.Pierre Asseline sur Saint- Martin, face à l'église Saint-Nicolas-des-Champs ; Pierre-Alexandre CarrÉ, id., Étude XXXV, quartier Saint-Eustache (1646-1673), 1974. Le travail de M. Bruno de Cessole mérite une mention spéciale. Il porte sur les Études Claude Le Vasseur (1599-1645), Nicolas Dournel (1606-1611), Denis Camuset (1629-1641), Jean Colas (1645-1665) regroupées au n° XXXV du Minutier central. Ce mémoire de plus de 300 pages utilise toutes les possibilités offertes par l'analyse du contenu et la sémantique quantitative la plus « sophistiquée ». Toute l'équipe doit beaucoup à l'aide et à la compréhension des conservateurs des estampes de la B.N. et surtout, du Minutier central aux A.N. (Mlle Antoinette Fleury, M. Collard, M. Gourmelon). Qu'ils en soient remerciés.
5. Gaby et Michel Vovelle, Vision de la mort et de l'au-delà en Provence d'après les autels des âmes du Purgatoire, XVe-XXe siècles, Colin, A., 1970, 100 p. Et surtout Piété baroque et déchristianisation, Paris, 1973, 700 p.Google Scholar, op. cit. J'ai eu l'occasion déjà de dire ce que nous devons à une des oeuvres les plus importantes de ces dernières années (les Informations, nov. 1971, et Mélanges F. Braudel, « Un nouveau champ pour l'histoire sérielle : le quantitatif du troisième niveau», Toulouse 1973, t. II, pp. 105-128).
6. Philippe ARIÈS achève sur la mort dans le monde chrétien un livre sans nul doute comparable à ses classiques sur les attitudes devant la vie et sur l'Enfant. On peut en juger à travers une série d'articles : « Contribution à l'étude du culte des morts à l'époque contemporaine », Revue des travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques, vol. CIX, 1966, pp. 25-34 ; « La mort inversée, le changement des attitudes devant la mort dans les sociétés occidentales », Archives européennes de Sociologie, VIII, 1967, pp. 169-195, un des articles les plus importants jamais écrits sur la crise de notre civilisation ; et… une brillante plaquette, Western attitudes towards Death from the Middle Ages to the présent, John Hopkins University Press, Baltimore and London, 1974, 114 p. Au moment où nous relisons les épreuves, vient de paraître le très brillant recueil de Ph. Ariès, Essais sur l'histoire de la mort en Occident du Moyen Age à nos jours, Paris, Éditions du Seuil, 1975, 226 p.
7. Emile MÂLe, L'art religieux de la fin du Moyen Age en France. Etude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration, Paris, A. Colin, 1908, 6e édition ; Huizinga, J.. Le déclin du Moyen Age, Paris, éd. française, Payot, 1948 ;Google Scholar Tenenti, Alberto, La vie et la mort à travers l'art du XVIe siècle, Paris Google Scholar, Colin, A., 1952, 122 p. et Il senso délia morte e l'amore délia vita nel Rinascimento, Turin, 1957;Google Scholar Panofski, E., Tomb sculpture, Londres, 1964;Google Scholar Gorer, G., Death, grief Mowening in contemporary Britain, New York, 1968 ;Google Scholar Morin, Edgar, L'homme et la mort, \” éd., 1951, 2e éd., Paris, Le Seuil, 1970, 350 pGoogle Scholar ; Lebrun, François, Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles. Étude de démographie et de psychologie historique, Paris-La Haye, Mouton, 1971, x-562 p.Google Scholar Le comparatiste retiendra Decary, R., La mort et les coutumes funéraires à Madagascar, Paris, Maisonneuve et Larose, 1962, 306 p + planches.Google Scholar.
8. On doit à André Corvisier, La danse macabre de Mesley le Grenet, Chartres, 1970, pp. 33-124 et les « Représentations de la société dans les danses des morts, xve-xvme siècles », Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1969, n° 4, pp. 489-535 ; Winkler, Eberhard, Die Leichenpredigt im deutschen Luthertum bis Spaner, Munich, 1967, Chr. Kaiser Verlag, 24.Google Scholar
9. Chaunu, Pierre, Histoire, science sociale. La durée, l'espace et l'homme, Paris, Sedes, 1974, 440 p.Google Scholar, et «Conjoncture, Structures et Systèmes de civilisation, Conjoncture économique. Structures sociales », Hommage à Ernest LabrousseParis, Mouton, 1974, pp. 21-35.
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13. François Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou, op. cit.
14. Dans Histoire, science sociale, op. cit., et plus récemment dans De l'histoire à la Prospective, Paris, Robert Laffont, « Libertés, 2000 », 1975, 400 p.
15. Pierre Chaunu «Le quantitatif du 3e niveau», art. cité, Toulouse 1973.
16. Philippe Ariès, Western attitudes towards Death, distingue Tamed Death, One's Own Death, Thy Death, Forbidden Death.
17. Pierre Chaunu, Histoire, science sociale, op. cit.
18. Dans son dernier livre, Mourir autrefois. Attitudes collectives devant la mort aux XVIIe et XVIIIe siècles, présenté par Michel Vovelle, Paris, « Archives », Gallimard/Julliard, 1974, 252 p., Michel Vovelle, tout en restant fidèle aux attitudes, effectue un retour encore timide aux pensées en interrogeant quelques bons auteurs.
19. Articles Cités, «Les arts de mourir», «La Mémoire de la Mort».
20. Philippe Ariès, Western Attitudes…, op. cit.
21. Gaby et Michel Vovelle, Vision de la mort et de l'au-delà…, op. cit.
22. Pierre Chaunu, Histoire, science sociale, op. cit.
23. Calvin, Jean. Institution chrétienne (éd. Benoît), t. III, ch. xxv, § 6, p. 482.Google Scholar
24. La Législation sur les sépultures dans les états allemands protestants au XVIe siècle, article très important, à paraître.
25. Morin, Edgar, L'homme et la mort, op. cit., 2e éd., p. 309.Google Scholar
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27. Vacant-Mangenot, Dictionnaire de théologie catholique, article « Purgatoire », t. XIII, p. 1165 ss., colonnes 1165 à 1326 et 1326-1398, par A.Michel.
28. Trois dates dans la formulation dogmatique du Purgatoire, le Concile de Lyon 1274, le Concile de Florence surtout, 1439 et bien sûr, en réponse à la négation réformée, Trente, 1562- 1563.
29. Gaby et Michel Vovelle, Vision de la mort, op. cit.
30. L'herméneutique catholique depuis Bellarmin retient Matth. XII, 31-32, Matth. V, 26-26 ; Luc XVI, 9 ; Matth. v. 22 ; Luc XXII, 42 ; Act. II, 24 ; I Corinth. XV, 29 ; Phil. II, 10 ; Luc XX, 48 ; Tim. I, 16-18 ; I Corinth. III, 11-15. Mais la lecture de Bellarmin ne peut convaincre qu'un convaincu par l'enseignement conciliaire et par une tradition latine récente. Le seul texte qui fonde non le Purgatoire mais la prière pour les morts est II Macc. XII, 39-46. Or les livres des Macchabées appartiennent au canon grec des Septante qui est contesté par une partie des Pères et progressivement, à partir du xviie siècle, par les églises protestantes.
31. Personne qui interroge les morts car l'Éternel a en abomination qu'on s'adonne à de telles pratiques. Lév. 20, 6; Deut 18-12.
32. Voyez par exemple dans le Perche, à 150 km de Paris, la Chapelle-Montligeon, le pèlerinage et l'impressionnante basilique Notre-Dame construite de 1894 à 1911, autour de l'oeuvre expiatoire pour la délivrance des âmes délaissées du Purgatoire. L'oeuvre a été fondée en 1884 par l'abbé Buguet († 1918). Au début des années 1970, le pèlerinage reste très fréquenté de France, d'Europe et d'Amérique (particulièrement Canada).
33. Roger Chartier, « Les arts de mourir », art. cité.
34. Pierre Chaunu, Le temps des Réformes de l'Église. L'éclatement, 572 p., A.Fayard, 1975.
35. Daniel Roche, «La mémoire de la mort», art. cité.
36. Emmanuel Tranchant, mémoire cité, 1974.
37. Catherine Martin, mémoire cité, 1974.
38. Danièle Marois, mémoire cité, 1973.
39. Hervelyne Kerriou, mémoire cité, 1973.
40. Vovelle, Michel, Piété baroque, p. 48.Google Scholar
41. Chaunu, Pierre « Une histoire religieuse sérielle », R.H.M.C, 1965, n° l, pp. 31–34, pp. 3-34.Google Scholar
42. Vovelle, Michel, Piété baroque, op. cit., pp. 49–50.Google Scholar
43. Geneviève Delaporte, mémoire cité, 1974.
44. Adeline Raynaud, mémoire cité, 1974.
45. Anne Bataille, mémoire cité, 1974.
46. Mme Christine GÉNIN, mémoire, septembre 1974 (XXI, 1589-1626 et VIII, 1618-1649) voit monter en fin de période les mérites du Christ. La référence explicite aux mérites du Christ dans ces 286 testaments des études XXI et VIII est respectivement de 39,87 % et de 26,69 %, 35,31 % pour les deux études.
47. Marie-José Le Magourou, mémoire cité, 1973.
48. Série relevée par M“e Madeleine Foisil.
49. P. Chaunu, Le temps des Réformes, op. cit.
50. A.N., Minutier, XIX, 19, 17 avril 1502 (M“e Foisil).
51. Catherine Martin, mémoire cité, 1974.