Pour un portrait triste de l'Argentine

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La revue argentine Realidad, comme sa soeur glorieuse Sur, s'intéresse au vaste monde des idées plus encore qu'aux passions propres de l'Argentine. Dans notre désir, assez naturel, de tout demander en esprit à des amis chers, nous regrettons cette lacune ou ce demi-silence qui nous paraît faiblesse. Raison de plus pour signaler le bel article d'Annibal Sanchbz Reulet, Fiction y realidad de la Argentina (1947, n° 3) qui, en quelques pages denses, d'une rare qualité de pensée et d'écriture, nous offre un croquis vigoureux de l'Argentine telle que viennent de la transformer les cinquante dernières années de son histoire. Longues et puissantes années d'une prospérité continue, — puisque toujours, à point nommé, de lointaines catastrophes sont venues secourir la fortune argentine : ainsi en 1914, ainsi encore en 1939. Donc cinquante années do vie facile où l'optimisme a poussé dru, « passé le cycle des trois grandes présidences durant lesquelles la pauvreté fut une vertu éminente, — unifié le pays, conquis le désert, mise en marche la nation », l'Argentine est devenue « un pays de vie facile ».