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Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Le dernier ouvrage de M. Dumézil, comme tous ses autres livres depuis Mitra-Varuna (1940), est une contribution tant à l'histoire générale des religions indo-européennes qu'à l'histoire de la plus ancienne religion romaine. Nous disons bien : histoire des religions et non mythologie comparée — car, si les mythes occupent une place importante dans les recherches de M. Dumézil (place d'ailleurs méritée, les mythes étant les formules les plus cohérentes et les plus transparentes d'un système religieux), l'étude des rites, des dieux et surtout de la modification des ensembles religieux par l' « histoire », est loin d'être négligée.
page 183 note 1. Tarpeia, Paris, Gallimard, 1947, in-16, 294 p
page 183 note 2. Nous pensons aux pages pénétrantes sur l' « historicisalion » do la matière mythique par les Romains (Jupiter-Mars-Quirinus, p. 148. Horace et les Cariaces, p. 64 et suiv., Sereins et la fortune, p. 190 et suiv., Naissance de Rome, p. 164 et suiv., etc…).
page 184 note 1. Leipzig, 1914-1946, t. I et II Le t. III devait s'occuper du culte des morts, etc. Plus de 45o pages sont consacrées aux mythes et aux cultes solaire*, contre moins de dix pages aux mythologies et aux rituels lunaires.
page 184 note 2. Nous pensons, par exemple, à la polémique A. Nehring, Brandenstein, Koppers-Flor, W. Hauer, W. Wüsi.
page 185 note 1. Jupiter-Mars-Quirinus, p. 25 ; voir aussi Servius, p. 15 et suiv. Naissance de Rome, p. 83 et suiv.
page 185 note 2. L'auteur a d'ailleurs soin de rappeler, au fur et à mesure de ses nouveaux livres, les méthodes utilisées et les résultats acquis. Une page de son avant-dernier ouvrage (Naissance d'Archanges, 1946, p. 181-182) résume encore une lois le» grandes articulations de la pensée religieuse et politico-religieuse des Indo-Européens : « D'abord la division de toute la vie du monde et de la société en trois zones superposées correspondant à trois fonctions solidaires mais de dignité inégale, souveraineté magique et juridique, force guerrière, prospérité économique ; puis la division de la première fonction en deucc parties, aspects ou tendances complémentaires, ceux que l'Inde couvre des noms de Varuna et de Mitra. ».
page 186 note 1. Sigle qui sert également ipour les diptyques Jupiter-Dius Fidius, Wodhanaz-Tîwaz, Romulus-Numa, etc…; voir les retouches à la formule dans Naissance d'Archanges, p. 110.
page 186 note 2. On pourrait ajouter les Gètes qui, aux dires de Strabon, VII, 31, ou plutôt de ses sources, connaissaient, eux aussi, une tripartition sociale équivalente.
page 186 note 3. M. Dumézil continue : « Ces récits, datés et situés dans une perspective proche, n'en étaient pas moins en grande partie fictii et hérités die temps où llome n'existait pas encore, et ils n'en remplissaient pas moins le même rôle que, chez les Grecs et chez les Inldiens, les récits prodigieux ; ils justifiaient, ils authentifiaient les rituels, les moeurs et toutes les composanlea de la société romaine, du caractère et de l'idéal romains… » (Horace et les Curiaces, p. 64-65 ; voir aussi Servius et la fortune, :p. 29, sur 1' « histoire » romain formée « de faits, de faux et de fables » ; ibid. p. 112 et suiv., 131 : « L'histoire construite, celle des premiers empereurs chinois ou celle des rois die Rome, ne fait que se donner, par fraude ou mimétisme, les apparences contingentes die l'histoire enregistrée n ; cf. Naissanee de Rome, p. 1128 ; aussi Servius, p. 1S9, sur les différences entre les « champs idéologiques » de l'Inde et de Rome : « Les Romains pensent historiquement, alors que les Indiens pensent fabuleusement », e t c …).
page 187 note 1. Nous pensons au rôle joué par le mythe dans les sociétés océaniennes. Chez les Polynésiens, par exemple, le mythe « explique » aussi bien l'origine d'une île que celle d'une coutume par le simple fait qu'il révèle l'acte primordial qui a eu lieu in illo tempore. En réalité, le mythe polynésien n'explique pas ; ils se contente de proclamer oe qui s'est passé aux commencements. Mais, si nous regardons bien, il s'agit toujours d'un événement qui, quoique exemplaire typique, a été en un certain sens « historique » P C'est ce concept d' « histoire mytique » qui sert, chez les Polynésiens', à expliquer aussi bien l'Univers que la structure de leur propre société et leurs traditions particulières.
page 187 note 2. Le système de M. Dumézil est encore en élaboration. Il y reste certaines difficultés. Par exemple, le cas de Romulus : pourquoi a-t-il été identifié, après sa mort, à Quirinus ? (J.-M.-Q., p. 184). On s'explique mal un « souverain terrible » devenant le patron de la troisième fonotion, celle des éleveurs-agriculteur». M. Dumézil rappelle que, dans diverses traditions, le premier roi devient, après sa mort, dieu die l'Enfer (Yama, Yima), mai», ajoute-t-il (Ibid., p. 185 et suiiv.), aucun texte n'atteste la structure infernale de Quirinus (voir aussi Naissance de Rome, p. 303 ; l'assimilation RomuilusjQuirinus est sûrement tardive. Peutron espérer découvrir un jour ce qu'on a dissimulé sous cette identification ?). — Un beau chapitre de Naissance de Borne (p. 315 et suiv.) est consacré à Mars, a oe Dieu qu'on a voulu insérer dans le groupe des dieuix agraires ou funéraires, en oubliant trop facilement ses caractères, essentiellement guerriers, de patron de la deuxième fonction. M. Dumézil a raison de rejeter ces interprétations ohtonicofunéraires dans la mesure où elles s'avèrent exclusives et totalitaires. Mais, dès le début, le dieu guerrier n'a-t-il pas eu des rapports serrés avec le monde des morts (au moins de certains morts : les « héros », la Classe militaire) ? On rene contre la symbiose des éléments héroïques et funéraires dans certaines sociétés secrètes océaniennes, chez les Japonais (Susanowo), chez les Germains (Odhin, Wotan, chef de la « W.iide Heer »). Parfois, le dieu guerrier reçoit aussi des attributs de la fécondité, spécialement de fertilittié agraire : Indra est urvâvapati, « le maître du champ », sîrapati, « le maître die la charrue », et aussi « le taureau de la terre » et sahasramushka « aux mille ‘testicules ». Susanowo rend fertile îles champs de sa soeur Amaterasu exactement comme la « Wilde Heer » assure, par sa chevauchée frénétique, la fécondité de la glèbe (Odhin lui-même a eu des liaisons, peut-être tardives, avec le monde chtonico-agraire). M. Dumézil a très bien montré d'ailleurs pourquoi et comment Mars est aussi le gardien des champs. Il n'est pas impossible que parfois, et en certains moments, cette mission édllipse sa principale fonction, celle de guerrier ; ce sera encore un exemple de 1’ « impérialisme » des formes religieuses, phénomène connu de l'histoire des religions.
page 188 note 1. Une autre étude, Mamurius Veturius (p. 207-244), poursuit, spécialement sur le plan indien et Scandinave, la comparaison, amorcée dans Naissance d'Archanges, p. 48 et suiv , de certaines légendes ayant trait à la confection, par trois ouvriers divins, des objets magiques destinés à la triade des dieux fonctionnels.
page 190 note 1. Le cas des déesses-mères autochtones (méditerranéennes) assimilées et intégrées dans ie panthéon latin, étudiées récemment par Mme Momolina Marconi (Rijlessi mediterranei ncl più antica religione lazialc. Milan, 1940), constitue un exemple typique de ce complexe processus d'absorption et de substitution.
page 191 note 1. Spécialement, dans celles que l'ethnologie historico-oulturelle appelle les Urknlturen, c'est-à-dire les Australiens du Sud-Est, les Pygmées de l'Afrique et de l'Asie, les indigènes de la Californie du Nord et du Centre, etc…