Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
« C'est une des tâches les plus difficiles de l'historien que de rassembler les documents dont il estime avoir besoin. Il ne saurait guère y parvenir sans l'aide de guides divers : inventaires d'archives ou de bibliothèques, catalogues de musées, répertoires bibliographiques de toutes sortes. On voit parfois des pédants à la cavalière s'étonner du temps sacrifié par quelques érudits à composer de pareils ouvrages et par tous les travailleurs à en apprendre l'existence et le maniement. Comme si, grâce aux heures ainsi dépensées à des besognes qui, pour n'être pas sans un certain attrait, manquent assurément d'éclat romanesque — le plus affreux gaspillage d'énergie ne se trouvait pas finalement épargné. »
page 1147 note 1. Apologie pour l'Histoire ou Métier d'historien (1952), p. 29. Il faut lire la page entière : « L'outil, certes, ne fait pas la science. Mais une société qui prétend respecter les sciences ne devrait pas se désintéresser de leurs outils. Sans doute serait-elle sage aussi de ne pas trop s'en remettre pour cela à des corps académiques, que leur recrutement, favorable à la prééminence de l'âge etpropice aux bons élèves, ne dispose pas particulièrement à l'esprit d'entreprise. Notre Ecole de Guerre et nos États-Majors ne sont pas seuls, chez nous, à avoir conservé au temps de l'automobile la mentalité du char à boeufs. »
page 1147 note 2. On connaît mal les difficultés multiples rencontrées par les administrateurs de la Bibliothèque Nationale depuis un demi-siècle, principalement en matière financière : les rapports des Administrateurs sont très éloquents à cet égard. Voir les rapports de Roland-Maecel pour 1929 (1930) et ceux de J. Cain pour 1945-1951 et 1952-1955 (publiés en 1954 et 1958).
page 1148 note 1. Catalogue des factums et d'autres documents judiciaires antérieurs à 1790, par A. Corda, Trudon des Ormes, etc., 7 vol., 1890-1905, plus 3 vol. de tables (le dernier paru en 1937). En fait on a retrouvé depuis un certain nombre de factums dans des recueils postérieurs.
page 1148 note 2. Le catalogue de Corda comprend 42 000 fiches, dont 10 000 concernant la collection Morel de Thoisy. Or le fonds des factums comprenait, en 1890, 57 000 factums cf. A. Corda, Avant-propos du Catalogue, t. I, 1890, pp. VII-XI). En 1897, L. delisle évaluait 1’ « ancien recueil des factums » à 53 671 pièces, la « nouvelle série » à 8 011, soit au total 61 682 pièces. (Introduction au Catalogue général des livres imprimés, 1897, p. XJ.I.)
page 1148 note 3. Actuellement, 31 boîtes de fiches. Certaines fiches ont été établies au nom de l'avocat (15 boîtes), d'autres à celui des parties (14 boîtes), nombre ont été faites par des chômeurs intellectuels, etc..
page 1148 note 4. Cour de Cassation et Conseil d'État notamment.
page 1148 note 5. Pour l'histoire bancaire et industrielle du xixe siècle, nous avons relevé quelques centaines de fiches.
page 1148 note 6. « On peut espérer que la série post-révolutionnaire (des factums) fera l'objet d'un répertoire analogue, accessible au public, écrivait Ledos en 1936. Sans être peutêtre aussi riche et sans offrir un intérêt aussi varié, elle en a suffisamment et au point de vue historique et au point de vue juridique, pour qu'on la fasse mieux connaître au public des travailleurs et que l'on ne néglige pas les moyens de la développer » (Histoire des Catalogues des Livres imprimés de la Bibliothèque Nationale, 1936, pp. 209- 210).
page 1148 note 7. Suzanne Honoré-Duvergé, « Les archives imprimées de l'Ancien Régime à la Bibliothèque Nationale », Bibliothèque de VÉcole des Chartes, t. 104 (1943), pp. 219- 86.
page 1149 note 1. Le classement de ce fonds fut entrepris en 1886. Sur l'importance de ce fonds, on se reportera à la préface d'Albert Isnahd en tête du Catalogue général des Livres imprimés de la Bibliothèque Nationale, Actes Royaux, t. I, 1910, p. XV-LI, qui donne une liste des recueils factices anciens et recueils méthodiques. Certes, ce travail de catalogage n'est pas parfait. « Un travail d'une telle ampleur, écrit Mme S. Honoré- Duvergé, ne va pas sans quelques oublis : certains recueils factices n'ont pas été dépouillés, certaines collections des Manuscrits ont été omises, de même que la plupart des actes de la série L ; en outre la grande majorité des recueils d'actes ne figure pas au fichier et les fiches de renvoi d'une section à l'autre n'ont pas été dressées. On s'occupe actuellement de combler ces lacunes » (art. cité, p. 220).
page 1149 note 2. Cinq volumes d'Actes Royaux ont été publiés, le dernier en 1960 ; un volume de table fort utile y a été adjoint récemment.
page 1149 note 3. D'après S. Honoré-Duvergé (art. cité, pp. 225-232), le fonds comprenait en 1942 230 000 actes sur lesquels les actes royaux représentaient environ 55 000 fiches. Sur les 90 boîtes de fiches du fonds — actuellement conservées à l'hémicycle — les actes publiés représentaient seulement 10 boîtes (pour le Conseil d'État, boîtes 10-52; Parlements provinciaux 70-73 ; Châtelet 73-80, etc.). Cadre de classement et nombre de fiches par catégories figurent dans S. Honoré-Duvergé (art. cité, pp. 232-234).
page 1149 note 4. S. Honoré-Duvergé, art. cité, p. 219.
page 1149 note 5. Ibidem, p. 235. Mme Honoré-Duvergé suggérait également la rédaction d'un Catalogue général pour la province des pièces administratives et judiciaires, pamphlets, plaquettes, brochures politiques, pièces fugitives : « disséminées dans les bibliothèques de province, perdues au milieu de catalogues mal faits pour elles, accessibles seulement aux érudits locaux, comment l'historien pourrait-il les découvrir ? »
page 1150 note 1. La diffusion de tels documents est assurément limitée, s'agissant principalement des bibliothèques de province et des services d'archives départementales : le nombre de 300 peut paraître un maximum.
page 1150 note 2. Cf. L. delisle, Introduction au Catalogue général, p. LXXI.
page 1150 note 3. Ce fichier, qui comprend actuellement 28 boîtes de fiches, concerne également les ordres religieux, congrégations, établissements d'enseignement, confréries, associations, e t c . On notera que les collections de mandements êpiscopaux sont très souvent incomplètes en province (on trouve ici pour 1*« administration locale » 13 boîtes).
page 1150 note 4. Ces actes ont été exclus du Catalogue général…. à partir de la lettre E (LEDOS, ouv. cité, p. 228).
page 1150 note 5. Sur ce répertoire, refait par Pelletier, on se reportera aux remarques de LEDOS, ouv. cité, pp. 209-253. Il n'est pas indifférent de savoir que tous les documents concernant les sociétés de secours mutuels portent la cote R 33, les chemins de fer la cote V 52, etc..
page 1150 note 6. Sur l'histoire de ce catalogue, on se reportera à LEDOS, Ouv. cité, p. 168 et suiv., et à la préface de J. Cain (Revue des deux Mondes, 15 mars 1936, pp. 440-457). Les neuf premiers tomes du Catalogue général ont été publiés de 1855 à 1865, le tome X en 1870, un certain nombre de suppléments de 1870 à 1887.
page 1150 note 7. On peut saisir l'importance des accroissements grâce aux précisions données par L. delisle en 1897 (ouv. cité, p. LXXV) : le Catalogue publié comprend 161 763 articles principaux, alors que la division L en compte 279 408, « et ce nombre serait infiniment plus considérable si on avait pu continuer à coter isolément des milliers Il serait curieux de connaître les chiffres correspondants, par exemple, pour 1950, date à laquelle un fichier accessible au public a été mis en place.
page 1151 note 1. On trouvera l'inventaire des différentes rubriques des onze premiers tomes de la série L dans Léon Vallée, La Bibliothèque Nationale, choix de documents pour servir à l’histoire de l'établissement de ses collections (1894), pp. 19-42.
page 1151 note 2. La Bibliothèque Nationale pendant les années 1945 à 1951, Rapport présenté… par M. Julien Cain, 1954, p. 124.
page 1151 note 3. Notamment pour tout ce qui est Biographie, Moeurs et coutumes des Français, Histoire administrative.
page 1151 note 4. La série L s'accroît actuellement à un rythme rapide, 5 000 pièces par an (J. Cain, La Bibliothèque Nationale pendant les années 1952 à 1955, 1958, p. 138). On regrettera toutefois que l'administration ait cru bon, depuis 1959, de ne plus recevoir ni cataloguer les tirages à part de revues, ce qui prive parfois la Bibliothèque, pour cette série tout au moins, d'une documentation importante (les tirages à part, au surplus, sont corrigés par l'auteur et parfois sont différents des articles publiés…).
page 1152 note 1. « La consultation de ces divers répertoires est fort compliquée. En outre, pour des raisons diverses, des séries importantes ont été réservées… » (Rapport précité, 1945-1951, 1954, pp. 170-171 et Rapport 1952-1955, 1958, pp. 188-190.) J . Cain annonçait également « un véritable supplément au Catalogue des manuscrits français dont la publication a été arrêtée en 1902 au n° 6170 ». En effet, depuis 1892, l'on ne publie plus que des inventaires sommaires, listes publiées dans la Bibliothèque de l'École des Chartes (Cf. H. Omont, Avertissement du Catalogue général des manuscrits français, Ancien supplément français, t. I, 1895, p. vi).
page 1152 note 2. Pour vérifier si le Cabinet possède une lettre de tel personnage du xvii» siècle, il faut une vingtaine de vérification d'index — encore la recherche est-elle incomplète puisque des fonds d'autographes — comme le fonds Allard du Chollet — ne possèdent qu'un inventaire manuscrit (n. a. f. 13 234-13 236) qui n'a point été repris au fichier…
page 1152 note 3. A notre connaissance, la seule liste existante des fonds est celle donnée dans le Catalogue alphabétique des Livres imprimés mis à la disposition des lecteurs…. suivi de la liste des catalogues usuels du département des manuscrits, 4e éd., 1933, p. 121 et suiv.
page 1152 note 4. Un inventaire par P. M. Bondois des 2 561 registres de ce fonds était indiqué en 1933 par le Catalogue précité « en préparation, 3 volumes » : or, il n'est pas accessible au public et l'on ne dispose que d'un inventaire très sommaire datant de cent ans : il s'agit pourtant d'un fonds très important pour l'histoire sociale et politique des XVIIe et XVIIIe siècles.
page 1152 note 5. L. delisle avait rédigé un Inventaire général et méthodique des manuscrits français de la Bibliothèque Nationale (2 vol., 1876-1878), où il recensait 2 488 manuscrits pour la théologie, 3 805 pour la jurisprudence et 1 575 pour les sciences et arts. « Cette publication si utile et malheureusement interrompue, sera prochainement reprise », lit-on dans le Répertoire de Droit administratif de Bequet (t. III, p. 462). Or le besoin d'un fichier méthodique est rendu nécessaire par l'accroissement des fonds depuis cette date (les nouvelles acquisitions françaises s'élevaient à 6 800 en 1895, 11 649 en 1907). Les 53 000 volumes de 1895 (H. Omont, ouv. cité) s'élèvent peut-être à 80 000 volumes (si l'on y comprend le fonds maçonnique…).
page 1152 note 6. Par exemple, pour le fonds Joly de Fleury, ou les catalogues particuliers rédigés par P. M. Bondois (cf. papiers Trudaine : n. a. f. 13 259, papiers Isambert, 13 239, collection Coquebert de Montbret : n. a. f. 13 261, e t c . ) .
page 1152 note 7. L'œuvre fut commencée en 1883 : « M. Charmes rappelle que le ministre dispose d'un crédit de 30 000 francs par an pendant cinq années pour la rédaction d'un Catalogue général des manuscrits des départements… » (n. a. f. 13 031, f° 243) : l'œ entreprise dura cinquante ans ! — et rien ne fut publié de 1933 à 1951. Sur l'œuvre réalisée, on se reportera à VAvant-propos de Julien Cain, en tête du t. XLIX (1951) On notera d'ailleurs que l'on ne publia qu'un seul volume du « Catalogue des manuscrits conservés dans les bibliothèques des sociétés savantes » (1931)…
page 1153 note 1. Par découpage des volumes imprimés. Le lieu d'un tel fichier serait normalement au Cabinet des Manuscrits.
page 1153 note 2. Ainsi le Centre lyonnais d'histoire économique et sociale, préparant une étude des sources de l'histoire économique du xvie siècle, a entrepris un fichier de dépouillement des manuscrits des bibliothèques de Paris et des départements (R. Gascon et P. Léon, « Le Centre Lyonnais d'histoire économique et sociale », Revue historique, juillet-septembre 1963, p. 136).
page 1153 note 3. Prenons au hasard deux exemples : la Bibliothèque de l'École des Mines de. Paris ; la Bibliothèque municipale de Montpellier : le dernier catalogue imprimé remonte dans le premier cas à 1914, dans le second à 1904. Et comment le chercheur pourrait-il avoir connaissance, sinon en allant sur place, des accroissements — assez importants — de la Bibliothèque de l'École des Beaux-Arts ?
page 1153 note 4. Un autre problème doit être évoqué, celui du « fichier Charavay » du Cabinet des Manuscrits. depuis le début du xxe siècle, ce fichier, composé de découpures de catalogues de ventes d'autographes, n'est plus entretenu. Or il rend encore de grands services. Peut-être serait-il possible de reprendre ce fichier — d'autant qu'aujourd'hui nombre de manuscrits et autographes passés en vente s'en vont à l'étranger…
page 1154 note 1. Le dernier tome du Répertoire bibliographique de VHistoire de France a paru en 1938 pour 1931 (Cf. Colette Albert, Avertissement de la Bibliographie annuelle…, année 1955, pp. VIII-X).
page 1154 note 2. L'index comporte des « regroupements régionaux capables de signaler à I'érudit toute la production sur l'histoire de sa province ». Regrettons seulement que cette bibliographie ne donne pas de courtes indications sur le contenu des articles — des « abstracts » — ce qui en multiplierait considérablement l'efficacité. (Cf. la récente Bibliographie analytique des publications d'histoire et d'archéologie concernant Paris et la région parisienne, année 1961, in Bulletin de la Fédération des Soc. hisl. et archéol. de Paris et de l'Ile de France, II, 1961-1962, 1963, 130 p.). Sans doute s'agit-il de questions de crédits et de personnel, mais ce serait la seule solution rationnelle.
page 1154 note 3. Les volumes du Répertoire de Caron sont pratiquement inutilisables aujourd'hui, faute d'une table analytique générale.
page 1154 note 4. Bibliographie générale…, Période 1910-1940, t. V, 1961, pp. VII-VIII. Sur les difficultés du choix des articles, cf. les remarques de R. de Lasteyrie, dans sa Préface au t. I (1888), p. VII.
page 1155 note 1. Ainsi le Centre Lyonnais d'histoire et d'économie (cf. R. Gascon et P. LÉON, art. cité, p. 136). D'autres souhaitent, à défaut d'une table intégrale des sujets, un index au moins des noms de personnes qui « rendrait de grands services » (J. Bruno et M. Roussier, » Les recherches biographiques et la documentation imprimée », Bulletin des Bibliothèques de France, n° 6, juin 1963, pp. 251-259).
page 1155 note 2. J. Bruno et M. Roussier, art. cité, pp. 256-257.
page 1155 note 3. Cette inflation de la documentation devient un problème essentiel pour toutes les disciplines et la recherche documentaire, jusqu'à présent trop artisanale, tend à devenir une « science » particulière (cf. J. L. Ckémieux-Brilhac, « des extracteurs aux chercheurs d'information », Le Monde, 17 octobre 1963). Dans tous les domaines de la recherche aujourd'hui, on se heurte à ce « problème de l'indexation », ainsi que le soulignait le Comité d'Étude « Documentation » dans son Rapport au Ministre d'État chargé de la Recherche scientifique (22 avril 1963, La Documentation française, 51 pages, pp. 16-17). La mise à la disposition des chercheurs d'index valables et de bibliographies « correctes et complètes » devient une des tâches primordiales des Centres de Recherches (ibidem, pp. 22-23).
page 1155 note 4. Par exemple, pour les imprimés de la Bibliothèque Nationale, le cas des anonymes et publications des collectivités, administrations, sociétés financières, etc.. — ou encore pour la bibliographie, celui des mémoires dactylographiés, diplômes d'études supérieures, etc . , voir « Problèmes de la Recherche, I. Thèses et diplômes », Annales, 1964, pp. 740-744.
page 1156 note 1. II s'agit principalement d'attachés de recherches du C.N.R.S. et de bibliothécaires pour diriger le travail d'auxiliaires, ou de vacataires — les travaux de reproduction, dactylographie, etc.. pouvant être confiés à des entreprises privées. Ledos (ouv. cité, p. 211, n. 3) remarquait (en 1936), à propos des catalogues des actes imprimés de l'Ancien Régime, qu'il s'agissait de travaux « faits en travaux supplémentaires, hors des heures de service régulières naturellement, par des fonctionnaires déjà habitués aux travaux de ce genre. Ils ont ainsi pesé beaucoup moins lourdement sur le budget… »