Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Appréhender, dans ses plus larges dimensions et certes pas dans toutes ses complexités, le phénomène d'ensemble des réformes et de leurs enracinements socioculturels, serait présomptueuse et vaine gageure, n'était le biais d'approches phénoménologiques convergentes. Ce qui veut dire : approche nécessairement du dehors, selon les plus amples mouvements déformes, et plus dans la mise en évidence de liaisons, de filiations, de transferts, surtout de cohérences organiques, parfois implicites, assez souvent patentes.
Pareil exercice demande cependant des garde-fous. Ceux-ci seront ceux de l'historien, car l'historien est prophète à bon compte, puisqu'il parle post factum. La mise en situation d'enracinements ou de sources, rien de plus sûr que de les reconnaître dans leurs produits. Aussi s'attachera-t-on à démontrer l'évidence : à savoir la part prédominante des mouvements réformateurs dans l'élaboration de la société moderne, dont ils sont à la fois les signes cliniques et pour les libérations au grand jour, les acteurs. Cette caution de l'établi doit permettre d'aller et venir dans une bonne épaisseur de siècles. Tout autre parti eût risqué l'arbitraire ou l'imaginaire.
The author begins by outlining the socio-mythical complexes that still prevailed in the early sixteenth century: first, Christianity; second, a society divided into three orders — orantes, militantes, laborantes.
He goes on to analyze what are commonly called the “reformation” movements. Their drive for liberation as well as their development, aims, and achievements are examined here from three angles with a view to defining the essence of the Reformation: (1) desacralization, a constant feature of the Reformation, is shown at work in three major areas: abuses, the condemnation of abuses, and the reforms that followed; the establishment of heresy in the form of Churches; universal priesthood (the Church was henceforth built up front below); (2) the advent of time: the shift from medieval society, striving toward timeless eternity, to modem society, wich acquired a time of its own; this process is illustrated by the irrational impulses of the eschatological imagination, by the confrontation with history, and by what the author calls the “test of naked time”; (3) the mental construction of a social order, of a new model, freed from the old order of Christendom, and endowed with an internal energy that led to the emergence of a society based on homogeneity, culture (through direct access to the printed book), and ethics.
* Ces réflexions ont été présentées en conclusion des travaux du Colloque organisé par l'Université de Tours sur Les réformes : enracinement socio-culturel, en juillet 1982.
1. Institution chrétienne, I, ch. vu, 4-5.
2. Tischreden, II, ch. i.
3. Ibid., I, ch. vi.
4. Ibid., III, ch. i, Satan.
5. Ibid., II, ch. v.
6. Cf. Godin, André, Humanisme et Patristique. Erasme lecteur d'Origène, Thèse de Sorbonne, 1979 (ex. dactylographiés), p. 170.Google Scholar
7. Paraclesis, 146, 26-27.
8. Enchiridion militischristiani, 63, 8-13.
9. Paraclesis, 145, 5-7.
10. Essais, I, XXXII.