Published online by Cambridge University Press: 06 September 2021
Il est des disciplines vouées à la fixité comme d'autres au renouvellement : au premier abord, l'archéologie paraît sans mystère et, s'il existe encore un refuge pour le vieil humanisme, c'est bien là qu'on peut espérer le trouver. Depuis la constitution au XIXesiècle des règles de l'érudition classique, le développement des « sciences de l'Antiquité » s'est poursuivi sans transformation majeure et sans crise. En témoignent la longévité des collections scientifiques, l'ampleur des encyclopédies et la prospérité des institutions. Imagine-t-on les pays développés entretenir des observatoires dans tous les points du globe qui sont encore le siège de cultures « archaïques » ? Et pourtant, cette observation attentive qui fait défaut à l'ethnographie est réservée à chaque foyer de culture « classique » : à Rome, Athènes ou Le Caire, les Instituts archéologiques sont aussi nombreux qu'anciens.
1. Les principales revues qui traitent de l'Antiquité classique ont été fondées dans la deuxième moitié du xixe siècle : Revue Archéologique, 1844 ; Mitteilungen des Deutschen archàologischen Institut in Athen, 1872 ; Bulletin de Correspondance hellénique, 1877 ; Journal of Hellenic Studies, 1880 ; American Journal of Archaeology, 1885 ; Revtie des Études Grecques, 1888.
2. Les encyclopédies des sciences de l'Antiquité qui ont commencé à paraître à la même époque ont été rééditées et complétées jusqu'à nos jours, tant la Realenzyklopàdie der klassichen Altertumswissenschaft(1831) que le Handbuch der Altertumswissenschaft(1886).
3. Cf. A. Leroi-Gourhan, Les fouilles préhistoriques (techniques et méthodes), Paris, 1950 ; R. E. M. Wheeler, Archaeology front the earth, Londres, 1954 ; P. Courbin (éd.), Études archéologiques, Paris, 1963.
4. Cf. D. Brothwell et H. Higgs, Science in archaeology, New York, 1963 ; F. H. Goodyear, Archaeological site science, Londres, 1971.
5. Cf. Furet, F., « Histoire quantitative et faits historiques», Annales E.S.C., 26, 1971, pp. 63–75.Google Scholar
6. Cf. G. et Vovelle, M., « La mort et l'au-delà en Provence d'après les autels des âmes du Purgatoire (XVe-XXesiècles)», Annales E.S.C., 24, 1969, pp. 1602–1634 Google Scholar; C. Bérard, Eretria III, l'Hérôon de la porte de l'Ouest, Berne, 1969.
7. Archéologie du village déserté, ouvrage collectif, Paris, 1970.
8. M. I. Finley, « Archaeology and History », Dedalus, 1971, pp. 168-186.
9. Pour des raisons évidentes qui tiennent à l'histoire des Amériques, la perspective des archéologues d'outre-Atlantique est fondamentalement anthropologique, ce qui explique en partie, mais en partie seulement, le peu d'intérêt manifesté par la plupart des archéologues européens envers leurs travaux.
10. S. R. Binford et L. R. Binford, New perspectives in Archaeology, Aldine, 1968. On remarquera la modification, restée sans suite, dans l'orthographe du titre.
11. Deetz, The dynamic of the stylistic change in the ceramic from Arikara, Illinois Studies in Anthropology, 1965.
12. Hill, , « Broken K. Pueblo», Anthropological Papers ofthe University of Arizona, 18, Tucson, 1970.Google Scholar
13. Doran, , « Systems theory, computers simulations and Archaeology», World Archaeology, I, 3, 1970, pp. 289–298 CrossRefGoogle Scholar; et dans « Archéologie et Calculateurs », pp. 57-67.
14. Borillo, M., « Formai procédures and the use of Computers in Archaeology», Norvegian Archaeological Review, n° 4, 1971, 7, pp. 2–27.CrossRefGoogle Scholar
15. Fritz, J. M.et Plog, F. T., « The nature of archaeological explanation», American Antiquity, 35-4, 1970, pp. 405–412.CrossRefGoogle Scholar
16. L. Robert, Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1966, p. 498, et 1967, p. 2.
17. Divers pays ont tenu, depuis deux ans, des colloques nationaux expressément consacrés à cette question ; citons le plus proche de nous, tenu à Marseille en juin 1972, à l'initiative du Centre de Recherche Archéologique et du Centre d'Analyse Documentaire pour l'Archéologie (C.N.R.SJ.
18. P. Bruneau, Rev. Ét. gr., 1970, pp. 538-545.
19. Bayard, D. T., « Science, Theory and Reality in the New Archaeology», American Antiquity, vol. 34, n° 4, 1969, pp. 376–384.CrossRefGoogle Scholar
20. La plupart des auteurs de la « New Archaeology » (Binford, Fritz et Plog) se réfèrent à Hempel, C. G., Philosophy of Natural Sciences, Prentice Hall, Englewood Cliffs, 1966.Google Scholar
21. Binford, L. R., « Smudge pits and hide smoking. The use of analogy in archaeological reasoning», American Antiquity, vol. 32, n° 1, 1967, pp. 1–12 CrossRefGoogle Scholar; L. R. Binford, op. cit.note 10 et J. M. Fritz et F. T. Plog, op. cit., note 15.
22. Ce joli néologisme a été forgé, pour désigner les archéologues intéressés par l'emploi de procédures formelles, par Kim Wong-Yong dans une lettre vengeresse à Antiquity(XLIX, n° 173, 1970, pp. 1-2) à propos de Analytical Archaeology, « ouvrage monstrueux » de D. L. Clarke.
23. Bayard regrette que la publication de ces expériences (il cite Binford, L. R., « Red other caches from the Michigan Lake area, A possible case of cultural drift», Southwestern Journal of Anthropology, vol. 19, n° 1, 1963, pp. 89–108 CrossRefGoogle Scholar, et Longacre, W. A., « Changing patterns of social intégration. A prehistoric example from the american Southwest», American Anthropologist, vol. 68, n° 1, 1966, pp. 94–102 CrossRefGoogle Scholar,) ne s'appuie que sur une partie des données. Il s'agit à notre avis d'une confusion entre la mise à la disposition des chercheurs de l'information recueillie (par l'intermédiaire de publications ou de banques de données) et une construction théorique où l'auteur est libre du choix des données, en fonction du problème à traiter.
24. Plusieurs articles traitant de la question ont paru ces dernières années dans American Antiquity.Citons Swartz, B. K.(« A logical séquence of archaeological perspectives», Am. Ant., vol. 32, 1967, pp. 487–497 CrossRefGoogle Scholar), proche de Bayard, Fritz et Plog (op. cit.note 15), et King, T. F.(« A conflict of values in American Archaeology», Am. Ant., vol. 36, n° 3, 1971, pp. 255–262 CrossRefGoogle Scholar), partisans de la démarche hypothético-déductive de Binford.
25. Voir les conclusions de R. E. M. Wheeler à la fin de son manuel cité note 3.
26. Outre un certain nombre de travaux anglo-saxons, certains passages du récent article de Ginouvès, R.(« Archéographie, archéométrie, archéologie», Revue Archéologique, 1971, 1, pp. 93–126)Google Scholar, dont la valeur pédagogique n'est pas niable, sont justiciables de ce reproche.
27. E. Terray, Le marxisme devant les sociétés primitives, Paris, 1968.
28. Fiedorov-Davydov, G. A., « La notion de type archéologique et de culture archéologique dans ‘ l'archéologie analytique ’ de D. Clarke», Sovietskaja Arkheologija, 1970, 3, pp. 258–270(en russe).Google Scholar
29. Pour une étude plus approfondie cf. L. Klein (Université de Leningrad), « Marxism, the systemic approach and Archaeology », communication au séminaire « Models in Prehistory », Sheffield, 1971, à paraître.
30. Voir l'introduction de l'ouvrage collectif sous la direction de G.-Ch. Picard, L'Archéologie, découverte des civilisations disparues, Paris, 1969.
31. Ouvrages analysés plus loin en comptes rendus.
32. Longacre, W., « Archaeology as Anthropology», Science, 144, 1964, pp. 1454–1455.CrossRefGoogle ScholarPubMed
33. Norbert Wiener, Cybernetics, Paris, 1948.
34. Bourrelly, L., Exploitation automatique des données de fouilles préhistoriques, brochure miméographiée, C.A.D.A., Marseille, 1971.Google Scholar
35. G. Bataille, Lascaux ou la naissance de l'art occidental, Paris ; A. Leroigourhan, Préhistoire de l'art occidental, Paris, 1965. On rapprochera ces remarques de celles de R. Jaulin dans La Paix Blanche, Paris, 1970, p. 299 : « Faire la critique des monographistes peut s'achever sur l'éloge d'un anti-monographiste de grand talent : Michel Leiris (…). ‘J'ai en tête Cuba, cette rose', un de ses textes publiés dans le n° 4 de la revue l'Éphémère.C'est là le type même du ’ portrait ‘ que l'on ne rencontre jamais en ethnologie : et pourtant, aussi bien l'histoire de cette ville, ses rêveries passées — cette femme entr'aperçue, ses espérances en chemin, d'autres femmes, des mots, un buste — que la quotidienneté, le ’ réalisme ‘ de cette histoire, de cette ville s'inscrivent en quelques pages. Les lourdes et sottes monographies ne nous renseignent pas si bien, si juste. »
36. Voir à ce sujet la « spirale » proposée par J.-C. Gardin comme modèle du rapport entre « théorie » et « pratique » archéologiques, lors de la séance de clôture du Congrès de Marseille (Archéologie et calculateurs, p. 363) et les remarques de M. Borillo (op. cit.note 14), particulièrement pp. 10-13. Tout ce qui peut être dit à ce jour sur l'avenir proprement épistémologique de l'archéologie et ce que « science » y veut dire, est posé là par ces deux auteurs.
37. Outre le travail de M. Borillo dont il est rendu compte plus bas, il faut citer les recherches de Lagrange, M. S., Essai d'application de l'analyse sémiologique à l'histoire de l'art : la littérature descriptive et interprétative de l'archéologie, Doctorat de 3e cycle, E.P.H.E., VIe section, Paris, 1970(miméographié).Google Scholar