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Représentations et attitudes à l'égard de la propriété pendant le haut moyen âge

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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La question du développement des rapports de propriété fait partie des problèmes fondamentaux étudiés par la science marxiste de l'histoire, qui situe l'analyse de tout problème du passé dans le contexte historique réel dont il reçoit sa signification.

Le féodalisme est une formation sociale caractérisée par la domination de la grande propriété foncière sur la petite production. Ce fait ne pouvait manquer de poser aux esprits de l'époque féodale le problème de la propriété. Et, en effet, le thème de la richesse et de la propriété fut constamment présent dans la pensée médiévale. Rappelons-nous les réflexions des théologiens sur la propriété, mise en rapport avec la dignité de l'individu, leur jugement de valeur sur richesse et pauvreté, la théorie du « juste prix » et la condamnation de l'usure.

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Frontières Nouvelles
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Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1972

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References

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5. Cela se rapporte non seulement aux sources juridiques, mais aux textes narratifs et poétiques. Le poème religieux sur des thèmes de l'Évangile, Heliand, écrit en ancien saxon, donne plus d'informations sur les rapports sociaux de l'Allemagne féodalisée du rxe siècle, que les textes des chroniqueurs latins. N'en est-il pas de même pour Beowulfet Yhistoria ecclesiastica gentis Anglorum de Bède? Si les documents en latin concernant le droit médiéval peuvent servir de source avant tout dans le domaine de l'histoire du droit et des relations socio-économiques qui le déterminaient, on découvre en outre dans les textes en langue vulgaire le monde très riche de la psychologie sociale, des croyances religieuses, de la poésie et de la sagesse populaires. Cf. par exemple, J. Grimm, Von der Poésie im Recht. Darmstadt, 1957 (2 Aufl.); O. Gberke, Der Humor im deutschen Redit, Berlin, 1886 (2 Aufl.); H. Fehr, Das Recht in der Dichtung, 1931; B. Rehfeldt, « Recht, Religion und Moral bei den fruhen Germanen », Zeitschrift der Savigny-Stiftung fur Rechtgeschichte. Germanistische Abteilung, 71, 1954.

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16. Edda. Die Lieder des Codex Regius nebst verwandten Denkmâlern. Hg. von G. Neckel. 1. Text. 4. Aufl. von H. Kuhn. Heidelberg, 1962; pp. 288-286. La datation des chants de Vedda le plus ancien soulève de grandes difficultés. Si, comme le suppose la majorité des chercheurs, le « Chant de Hyndla » se rapporte à une époque qui n'est pas antérieure au xm’ siècle, elle appartient à la même époque que les inscriptions du droit norvégien qui exigeaient, lors d'un litige concernant les possessions foncières, une explication de la généalogie des possesseurs de l'ôdal.

17. On suppose qu'Ottar est un personnage réel, peut-être un des chefs de la Norvège occidentale. Voir les commentaires de M. I. Steblin-Kamenskij dans : « Starsaja Edda ». Drevneislandskije pesni o bogah i gerojah. Traduction de A. I. Korsun, Moscou-Leningrad, 1963, pp. 252-253.

18. C'est ce que l'on appelle « La courte prédiction de Volva » (Volva = prophète), ainsi nommée à cause de son imitation flagrante de « La prophétie de Volva » (Volaspa), qui est le chant de Vedda le plus connu et le plus riche en renseignements mythologiques.

19. Hyndluljôd, 9, 45.

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23. Le terme handgemal (handmahal) que l'on rencontre dans les textes durant tout un millénaire, du vni° au xvme siècle, est proche par son sens du complexe de notions que nous étudions et qui sont embrassées par les termes du groupe adel. Les chercheurs, en se fondant notamment sur le texte de Heiland (11, 345-346, où l'on trouve odil et handmahal) le rapprochent de Valod et de Y ôdal. Dans de nombreuses sources Handgemal est appelé praedium libertatis, patria. Dans la notion de Handgemal la liberté et la noblesse du personnage, le caractère particulier de la possession de la terre par la famille sont exprimés aussi clairement que dans la notion d'ôdal. Kroomann, Cf. W., « Handmahal », Zeitschrift der Savigny-Stiftung fur Rechtsgeschichte. Germanistische Abteilung, 71, 1954 Google Scholar; Balon, J., « L'Handgemal à l'épreuve du droit », Und., 73, 1956.Google Scholar Dans le même ouvrage on trouvera une bibliographie.

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38. Dans la société du Moyen Age, le caractère particulier des mesures, notamment des mesures agraires, est l'une des manifestations de la compréhension spécifique de l'espace à cette époque. Cf. J. Le Goff, La civilisation…, pp. 169 et suiv. A propos du mépris pour le calcul au Moyen Age, cf. ibid., p. 279. Cf. A. J. Gurevic, « Socialnaja psihologija i istorija. Istoônikovedceskij aspekt », Istoénikovedenije. Teoretiâeskije i metodiâeskijeproblemy, Moscou, 1969, pp. 407 et suiv. Sur l'absence de normes pour les mesures dans les sociétés fondées sur l'exploitation naturelle, cf. A. J. Hallowell, « Some Psychological Aspects of Measurement among the Saulteaux », in A. J. Hallowell, Culture and Expérience, p. 214.

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41. Cf. par exemple Cartularium Langobardicum (Mgh, Leges, éd. G. H. Pertz, t. 4, Hannoverae, 1868, 595 f.): « ‘Si est Salichus, si est Roboarius; si est Francus, si est Gothus vel Alamannus venditor : « Pone cartulam in terrain, et super cartam mite cultellum, festucam notatam, wantonem et wasonem terrae et ramum arboris et atramentarium’ et in Alamanna wandilanc, et levet de terra; et eo cartam tenente die traditionem ut supra diximus. Et adde in istorum cartulis et Baioariorum et Gundebadorum, nam in Baioaria et Gundebada non ponitur insuper cultellum… »

42. J. Grimm, Deutsche Rechtsalterthümer, II, S. 89; H. Zoepfl, Alterthümer des deutschen Reichs und Rechts, II, Leipzig-Heidelberg, 1860, pp. 467 et suiv.; H. Brunner, Zur Rechtsgeschichte der rômischen undgermanischen Urkunde, I, Berlin, 1880, pp. 104 et suiv., 303 et suiv.

43. E. Goldmann, « Cartam levare », Mitteilungen des Instituts fur ôsterreichischen Geschichtsforschung, 35 n 1,1914. Pour autant que la charte servait de symbole, elle pouvait en général ne pas comporter de texte : un simple morceau de parchemin possédait la même force que le texte qu'il contenait. Le seigneur qui désirait obtenir la soumission de ses sujets, ou leur transmettre un ordre, pouvait leur envoyer par l'intermédiaire d'un mandataire un morceau de parchemin ou un sceau sans charte écrite, et ce symbole de son pouvoir était suffisant. M. Kos, « Carta sine litteris », Mitteilungen des Instituts fur ôsterreichischen Geschichtsforschung, 62, 1954.

44. Tangl, M., « Urkunde und Symbol », Festschrift Heinrich Brunner zum siebzigsten Geburtstag, Weimar, 1910, pp. 769 et suiv.Google Scholar

45. H. Fichtenau, « Carta » et « Notifia » en Bavière du vin* au Xe siècle », Le Moyen Age, 69, 1963. Sur la profonde opposition entre la Schriftlichkeit romaine développée et la Schriftfremdheit et la Mùndlichkeit allemande, cf. H. Steinacker, « Traditio cartae » und « traditio per cartam », ein Kontinuitâtsproblem », Archiv fur Diplomatik, 5/6, 1959-1960, pp. 2-3.

46. Cf. C. Borchling, « Rechtssymbolik im germanischen und rômischen Recht », Vortràge der Bibliothek Warburg 1923-1924, Berlin-Leipzig, 1926.

47. J. Le Goff, La civilisation…, p. 126.

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49. G. Misch, auteur d'une vaste recherche fondamentale sur l'histoire des autobiographies, parle avec raison du caractère « déconcentré » de la personnalité de l'homme du Moyen Age. Il note que pour cette époque était caractéristique l'individualisation non pas « organique », mais « morphologique » : l'individu ne se manifeste qu'à travers ce qui est général, essentiel à toute une catégorie d'hommes et non pas à travers un centre organisateur de sa vie individuelle intérieure. En outre, la description du chemin spirituel de la personnalité est produite au moyen de clichés littéraires, de lieux communs — topoi — et les évaluations morales ne sont pas des déductions propres de l'auteur, mais de simples emprunts à la morale commune. G. Misch oppose les moyens de description de l'individualité de l'homme à l'époque de la Renaissance à ceux du Moyen Age : les hommes de la Renaissance affirmaient leur propre personnalité d'une manière « centripète », incluant en soi le monde, alors que les hommes du Moyen Age affirmaient leur moi d'une manière « centrifuge » en le projetant dans le monde qui les entourait, de sorte que ce dernier absorbait la personnalité. G. Misch, Geschichte der Autobiographie, II, 1; II, 2. Frankfurt am Main, 1955, 1962. Cf. P. Lehmann, « Autobiographies of the Middle Ages », Transactions ofthe Royal Historical Society, 5th ser., London, 1953.

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51. J. Le Goff, La civilisation…, p. 404.

52. L. Genicot, Valeur de la personne…, p. 1.

53. J. Le Goff, La civilisation…, p. 405. 4. M. Mauss, « Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques ». In M. Mauss, Sociologie et Anthropologie, Paris, 1950 ( l r e édition, 1924).

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58. Le don établissait un rapport particulier entre le donateur et le receveur. L'objet de valeur qui était donné demeurait une incarnation évidente de ce lien étroit. Il est intéressant de constater qu'en vieux Scandinave, l'homme qui fait un don et le don lui-même s'appellent de la même façon : nautr, « l'ami ». Par exemple, hringrinn Hakonarnautr, « le bracelet donné par Hakon ». Cf. A. Gurevich, « Wealth and Gift Bestowal… », p. 136.

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61. Dans Vheliand, 11/2738, Jésus-Christ est appelé le « dispensiateur de bracelets » (bâggebon) et devient dans ce texte le chef puissant d'un détachement d'apôtres. Melicher, Cf. Th., « Die germanische Gefolgschaft im Heliand », Mitteilungen des ôsterreichischen Instituts fur Geschichtsforschung, 51, 3-4, 1937.Google Scholar

62. Beowulf, 11, p. 1865 et suiv.

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64. Sur la relation spécifique des féodaux envers la richesse dans la période du Moyen Age classique et sur les formes de l'influence exercée par l'économie sur les liens sociaux dans le milieu de la classe dominante, voir J.-L. Bessmertnij, Feodalnaja derevnja i rynok v Zapadnoj Evrope XIIXIII vv., Moscou, 1969, pp. 30 et suiv., 143 et suiv., 148.

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68. La tendance à admirer la richesse et à en faire étalage est un trait typique des sociétés archaïques. F. Steiner cite les notes d'une conversation entre un Européen et un éleveur de rennes yourak. L'étranger propose au Yourak de lui acheter un renne, mais l'éleveur refuse. L'Européen : « Mais tu as trois mille rennes, pourquoi en posséder autant? » Le Yourak : « Les rennes vagabondent, je les regarde. L'argent il faudrait que je le cache et je ne pourrais pas l'admirer ». F. Steiner, « Notes on a Comparative Economies ». The British Journal of Sociology, V, 2, 1954, p. 118.

69. T. Andersson qui rapporte des exemples concordants ( Andersson, Th. M., « Skalds and Troubadours », Mediaeval Scandinavia, 2, 1969, pp. 27Google Scholar et suiv.), fait un parallèle avec les scaldes islandais qui donnent une évaluation encore plus précise sur le plan des richesses matérielles des qualités de la jeune fille qu'ils chantent.

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73. Ibid., p. 73.

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76. R. A. Fridman, « Liubovnaja lirika… », p. 180.

77. Ibid., p. 179 et suiv. La proximité des notions de « donner » (” servir ») et « prendre » dans la langue des troubadours nous rappelle le passage réciproque de ces notions dans les langues indo-européennes. Le mot « do », d'après l'observation de E. Benveniste, pouvait à l'origine recouvrir la signification soit de « prendre », soit de « donner », selon la construction grammaticale dans lequel il était utilisé. Ce verbe signifie seulement le fait de prendre : c'est cependant par la syntaxe que l'on déterminait le sens : ou « prendre » ou « donner ». Ces notions étaient étroitement liées entre elles. Benveniste voit dans cette proximité de significations opposées le reflet du principe de réciprocité, qui apparaît dans l'échange de dons, dans l'hospitalité, dans le serment de fidélité et dans l'échange de services. Benveniste considère le matériau linguistique qu'il apporte comme une illustration des recherches de M. Mauss. E. Benveniste, « Don et échange… », pp. 317 et suiv. En élargissant le cercle d'exemples donnés par Benveniste, nous voudrions indiquer qu'en ancien islandais les notions de « prendre » et de « donner » pouvaient être signifiées par un même verbe — «fa » — et là aussi les significations étaient différenciées par le contexte et la fonction grammaticale. Cf. J. DE Vries, Altnordisches etymologisches Wôrterbuch, Leiden, 1957-1961, p. 108.

78. R. A. Fridman, « Liubovnaja lirika trubadurov… », p. 323.

79. Ibid., p. 327.

80. Fridman, R. A., « ‘Kodeks’ i ‘zakony’ kurtuaznogo sluZenija dame v liubovnoj lirike trubadurov », Uienyje zapiski Riazanskogo pedinstituta, t. 34, vyp. H, Moscou, 1965, p. 83.Google Scholar

81. Paetow, L. J., Morale scolarium of John of Garland, Berkeley, 1927, pp. 195196 Google Scholar; PÉtri Cantoris, Verbum Abbreviatum. PL, t. 205, Paris, 1855, col. 78-90. Cf. E. R. Curtius, Europâische Literatur und Lateinisches Mittelalter, Berne, 1948, p. 467.

82. E. KÔHler, Idéal und Wirklichkeit in der hôfischen Epik, Tiibingen, 1965, pp. 23, 29, 33. E. Kôhler (ibid., pp. 34-35), apporte un exemple du caractère obligatoire de la générosité et des dons. Une jeune fille noble demande à Lancelot en cadeau la tête d'un ennemi vaincu, et celui-ci lui promet de le faire. Mais, après le duel, le vaincu implore sa grâce et Lancelot ne peut pas ne pas faire preuve de miséricorde. Ainsi apparaît le conflit entre la « largesse » et la « pitié ». Quelle issue trouver? Lancelot provoque une seconde fois son adversaire au combat, vainc de nouveau et la conscience tranquille lui coupe la tête. Ainsi, les exigences de « largesse » et de « pitié » sont remplies.

83. A Good Short Debate between Winner and Waster. « Select Early English Poems in Alliterative Verse », éd. by sir I. Gollancz, III. London, 1930, pp. 253-256, 297-299. Ce poème présente un grand intérêt pour l'historien. Il fut écrit visiblement aux environs de 1352, et reflète l'état d'esprit d'une partie de la société anglaise à un moment critique, immédiatement après la peste noire et les premières victoires remportées par les Anglais au début de la guerre de Cent Ans. L'auteur anonyme fait du roi Edouard III l'arbitre entre le thésaurisateur et le gaspilleur : le roi cependant ne prend parti ni pour l'un ni pour l'autre. Le litige entre la cupidité et l'avarice demeure sans solution… Il serait curieux de comparer ce poème avec d'autres oeuvres identiques du xive siècle, notamment avec « La vision de William concernant Pierre le Laboureur », où le thème de la richesse et du rapport vis-à-vis d'elle trouve un large reflet, mais à partir de positions sociales plus nettement définies.

84. Marx, K. et Engels, F., Iz rannih proizvedenij, Moscou, 1956, pp. 554555.Google Scholar

85. Cf. K. Marx, « Analyse du livre de M. M. Kovalevski: « L'agriculture communale, cause, cours et conséquences de sa dissolution », in Sovetskoje Vostokovedenije, 1958, n° 5, p. 12.