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Tissu urbain et architecture. L'analyse parcellaire comme base de l'histoire architecturale*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Françoise Boudon
Françoise Boudon*
Affiliation:
C.N.R.S.-C.R.H.A.M.M.
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L'histoire de l'architecture s'est depuis longtemps constituée sur la base de l'étude des « styles » à partir d'innombrables monographies sur les édifices notables. Tout le monde a observé que cette discipline ne recouvrait pas tous les phénomènes de la construction et de l'architecture urbaines. Pour rejoindre la réalité globale de la chose bâtie, il a fallu accomplir un double et difficile redressement. D'abord introduire et approfondir la notion d'architecture mineure; en second lieu, considérer la ville comme une continuité à la fois dans l'espace et dans le temps, où ce qui s'étale aux yeux dans l'étendue, et est toujours perçu par définition en simultanéité, doit être saisi en même temps dans la dimension de la durée. Dans une ville, la perception « synchronique », est naturelle, la mise en « diachronie » demande un effort spécifique.

Type
L'Espace Parisien
Information
Annales. Histoire, Sciences Sociales , Volume 30 , Issue 4 , August 1975 , pp. 773 - 818
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1975

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Footnotes

*

L'illustration de cet article est de Jean Blécon, architecte DPLG

References

Notes

1. Dans ce domaine, ce sont surtout les travaux italiens qui font date. De l'énorme production de ces dernières années, on citera Muratori, Saverio, Studi per una opérante storia urbana di Venezia, Rome, 1959 Google Scholar ; S. Muratori, R. et E. Bollati, Marinucci, G., Studi per una opérante storia urbana di Roma, Rome, 1963 Google Scholar ; Forma urbana ed architettura nella Torino barocca,sous la dir. de A. Cavallari-Murat, Turin, 1968 ; C. Aymonino, M. Brusatin, G. Fabbri, M. Lena. P. Lovero, S. Lucianetti, Rossi, A., La città di Padova, Rome, 1970 Google Scholar.

2. Le plan archéologique d'Adolphe Berty est le report sur un fond parcellaire du xixe siècle de toutes les indications puisées dans les censiers, terriers et autres documents originaux. La différenciation des tracés veut exprimer l'origine des informations mises en oeuvre. Ainsi se superposent des limites correspondant à des époques successives, de sorte que le plan, en dépit de la qualité de sa gravure, est d'une lecture difficile. D a été étudié par Michel Fleury, « Un plan archéologique de Paris du XIIe au xvue siècle » et la « Topographie du Vieux Paris », Bulletinmunicipal officiel de la Ville de Paris,8-9 févr. 1959, pp. 292-294.

3. Les historiens de la campagne et de la propriété rurale ont démontré depuis longtemps le recours obligatoire à la cartographie historique et à l'étude parcellaire : Bloch, Marc, Les caractères originaux de l'histoire rurale française, nlle éd., Paris, 1968 Google Scholar et «Les plans parcellaires », Annales d'histoire économique et sociale,t. I, 1929.

4. On entend par parcellela portion de terrain lotie d'une maison (en un ou plusieurs corps de logis) appartenant à un seul propriétaire. On n'a pas retenu la notion d'îlot de propriété qui est la notion fondamentale du cadastre depuis 1807. Sous ce terme sont souvent regroupées plusieurs parcelles arbitrairement fondues en une seule unité parce qu'appartenant à un même propriétaire ; ce regroupement est incompatible avec l'étude de l'unité architecturale, la maison.

5. La tentative a été faite pour le quartier des Halles à Paris, entendant par là le quart de cercle délimité par l'enceinte de Philippe-Auguste entre la rue St-Denis et la Seine (Travaux de la Rcp n° 10, C.N.R.S. sous la direction d'André Chastel : « Recherches méthodiques et enquêtes sur l'architecture et l'habitat : le quartier des Halles à Paris », en cours de publication).

6. L'étude du quartier des Halles repose sur onze cartes au 1/2 000e qui restituent son tissu parcellaire en remontant au xxe siècle à la fin du xive siècle. Les principaux documents utilisés sont, outre les plan contemporains de la ville, l'Atlas général des quarante-huit quartiers de laville de Paris(1827-1836) de Vasserot et Bellanger (et leurs minutes aux Arch. Nat.) le plan de la Censive de l'Archevêché (1786) pub. par Brette, le Terrier du Roi de 1705, Arch. Nat. Q1* 1099) A ces sources graphiques s'ajoutent des documents d'archives généraux comme le Sommier foncier pour le xixe et la Taxe des Pauvres pour le début du XVIIe siècle. A partir de la fin du xviic siècle, la documentation est presque exclusivement manuscrite. Ont été utilisées : l'État et partition de la ville et des Faubourgs de Paris en 16 quartiers de 1684 (B.N. Ms fr. 8603-8604), le Rôle de la Taxe des boues et lanternes de 1643 (A.N. KK 1027-1036), les censiers de l'Évêché de 1623 (A.N. S* 1263), 1620 (A.N. S* 1261), 1575 (A.N. S* 12572), 1530 (A.N. S* 1256), 1490 (A.N. S* 1255), 1380 (A.N. S* 1254).

7. Bardet, Jean-Pierre, « La maison rouennaise aux XVIIe et XVIIe siècles, Économie et comportements », Le Bâtiment. Enquête d'histoire économique. XIVe-XIXe siècles, Paris, 1971 Google Scholar.

8. L'hypothèse d'un lotissement dans ce secteur de la ville du xni’ siècle a été posée par Anne Jourdan, « La ville étudiée dans ses quartiers : autour des Halles de Paris au Moyen Age », Annalesd'histoire économique et sociale,1935.

9. Les travaux de Dumolin, Maurice, Études de topographie parisienne, Paris, 1930-1933Google Scholar et plus récemment ceux de Jean-Pierre Babelon, « De l'hôtel d'Albret à l'hôtel d'O. Étude de topographie d'une partie de la culture Ste-Catherine », Bull. Soc. Hist. de Paris,1970, pp. 88-145 ont contribué à l'étude du phénomène de lotissement dans Paris au milieu du xvie siècle.

10. Un groupe de recherches de l'Université de Paris sous la dir. d'A. Chastel, « L'aménagement du marché central de Paris de la « Réformation » des Halles du xvie siècle à celle du xixe siècle», Bulletin monumental,t. CXXVII, 1969.

11. Rouleau, Bernard, Le tracé des rues de Paris. Formation, typologie, fonctions, Paris, 1967, p. 11 Google Scholar, souligne l'inadéquation relative de l'îlot comme base d'analyse de la structure urbaine ; qu'il s'agisse de phénomènes socio-professionnels ou d'évolution architecturale, c'est au niveau de la rue que les problèmes se définissent clairement.

12. L'occupation de l'hôtel parisien aux XVIIe et XVIIe siècles, son mode de fonctionnement n'a pas été encore sérieusement abordé. On trouvera des éléments de réflexion dans l'ouvrage de Jean-Pierre Babelon, Demeures parisiennes sous Henri IV et Louis XIII,Paris, 1965 et dans l'étude très générale et théorique de Fichet-Poitrey, Françoise, « L'architecture fonctionnelle. Naissance et développement depuis le XVIIe siècle », Famille et habitation. I. Sciences humaines et concentration de l habitation, 2e éd. Paris, 1967, pp. 126–141 Google Scholar.

13. ToméI, Piero, L'architettura a Roma del Quattrocento, Rome, 1942 Google Scholar, Roberto Fregna et Salvatore Polito, « Fonti di archivio per una storia edilizia di Roma », Controspazio,3e année, n° 9, 1971 et 4e an., n° 7, 1, 1972.

14. Simone Roux, « L'habitat urbain au Moyen Age : le quartier de l'Université à Paris », AnnalesE.S.C.,24e année, n° 5, sept.-oct. 1969, pp. 1196-1219.

15. A. N. Min. centr,xi, R.122, 27 avril 1628. Vente d'une maison appartenant aux frères Breban et devis de maçonnerie. « Item fault faire le mur sepparant l'allée passagère du logis de derrière et le logis de devant»…

16. A. N. Min. centr,LXI, R.97, f 373, 7 oct. 1585. Marché de maçonnerie pour une maison rue des Deux-Écus appartenant à M. l'Auditeur Fallaize : « Pour accomoder… la maison [de Monsieur Fallaize] à deux louages fault faire une porte sur la rue… pour l'entrée au louage de derrière et [une] allée ».

17. R. Berardi, « Lecture d'une ville : la médina de Tunis », L'architecture d'aujourd'hui, déc. 1970-janv. 1971, pp. 38-43. Pour l'auteur qui analyse le plan de la maison sans le replacer dans le tissu urbain environnant, cette forme est la manifestation, l'expression du désir propre à la civilisation musulmane d'éloigner^ la maison de la rue.

18. J.-P. Babelon, Demeures parisiennes…, op. cit.,p. 120.

19. A. N.,S 3346, plans levés et dressés le 23 avril 1739 par Lobreau et de Vigny.

20. Il s'agit peut-être d'un phénomène commun aux villes européennes : cf. C. Aymonino, M. Brusatin, C. Fabbri, M. Lena, P. Lovero, S. Lucianetti, A. Rossi, La Città di Padova,op. cit.,p. 138 qui aboutissent à des conclusions très voisines.

21. Adeline Daumard, Maisons de Paris et propriétaires parisiens au XIXe siècle, 1809-1880, Paris, 1965 et Gabriel Désert, « Aperçus sur l'industrie française du bâtiment au xixe siècle », LeBâtiment, enquête…, op. cit.

22. Sur la pratique de l'urbanisme insulaire en Italie, voir Polleggi, Ennio, Strada nuova. Una lotizzazione del Cinquecento a Genova, Gênes, 1968 Google Scholar et Luigi Salerno, Luigi Spezzaferro, Tafuri, Manfredo, Via Giulia, una utopia urbanistica del 500, Roma, 1973 Google Scholar. Sauvai s'est montré très sensible à cette rareté du type insulaire dans le tissu parisien : « L'hôtel de la Ferté Sennectaire est entouré de quatre rues, ce qu'on appelle une Isle ou maison isolée : et même est-ce le seul à Paris qui soit de cette manière : même les Palais Royaux qui devroient être ainsi, afin que les Rois fussent Maîtres des dehors de leur demeure, néanmoins n'ont pas cet avantage », Sauval, Henri, Histoire et recherches sur les antiquités de la ville de Paris, Paris, 1724, t. II, p. 158 Google Scholar.

23. Léon Mirot, « Les origines de l'hôtel de Sully et la censive du prieuré de la Couture Ste- Catherine », Bull. Soc. de l'Hist. de Paris,1911.

24. Friedmann, Adrien, Paris, ses rues, ses paroisses du Moyen Age à la Révolution, Paris, 1959, pp. 211–217 Google Scholar.

25. Françoise Boudon, «Urbanisme et spéculation à Paris au xvin* siècle: le terrain de l'hôtel de Soissons », Journal of the Society of architectural historians,vol. xxxn, 4, déc. 1973, pp. 267-307.

26. André Chastel, « L'flot de la rue du Roule et ses abords », Paris et Ile-de-France.Mémoires…,tomes XVI-XVII, 1965-1966, pp. 7-109.

27. Roland Barthes, «Sémiologie et urbanisme», L'architecture d'aujourd'hui,n° 153, déc. 1970-janv. 1971, pp. 11-13.