Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Je voudrais saisir l'occasion de la publication de ce dossier sur le rire pour souligner l'intérêt de ce sujet de recherche et de réflexion pour les historiens et les spécialistes des sciences humaines et sociales. Le titre est à la mode, études et colloques lui sont ici et là consacrés et, comme souvent, la mode exprime une reconnaissance de l'intérêt émergeant d'un thème dans le paysage scientifique et intellectuel. Je suggère qu ‘il vaudrait sans doute la peine d'ouvrir sur le rire dans l'histoire et les sciences sociales une enquête dont les Annales seraient prêtes, comme elles l'ont fait dans le passé, à définir des orientations et à accueillir les contributions théoriques ou monographiques d'historiens et d'autres.
1. Ce texte n'est pas un programme cohérent d'enquêtes et les travaux cités en note ne sont pas l'amorce d'une bibliographie, mais de simples points de repère. L'établissement d'une bibliographie aussi exhaustive que possible (il existe de nombreux travaux mais très dispersés, souvent peu connus ou d'une diffusion limitée à un seul milieu scientifique) devrait, avec rétablissement d'une problématique et un plan de recherches, être le préalable à une éventuelle enquête. Un tour d'horizon des aspects du rire d'un point de vue surtout philosophique et psycho-médical a été présenté par Smadja, Eric, Le rire, Paris, PUF, « Que sais-je ? », n° 2766, 1993 Google Scholar. Une excellente synthèse du point de vue anthropologique est celle de Clapier-Valadin, Simone, « L'homme et le rire », Histoire des moeurs, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », I, 1990, pp. 247–297.Google Scholar
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