Comment penser le folklore en 1937 ? Pour les folkloristes de l'entredeux- guerres, il s'est agi d'abord de l'identifier en procédant à un pur inventaire des productions « traditionnelles ». Il fallait s'enquérir des différents spécimens de folklore, énumérer des objets, des textes, des genres, des thèmes, des coutumes et des rituels, pour partir ensuite, comme les naturalistes, en quête de l'altérité, et dresser alors des listes d'échantillons plus lointains, pour les classer et les comparer. Ce travail interminable nous est restitué maintenant sous forme de catalogues indéfiniment augmentés et recomposés. Malgré la pierre de touche de la comparaison, ces folkloristes ont pris le risque de brasser une universalité factice. Ce type d'énumération conditionne des constructions dont aucun musée ethnographique, aucun centre d'archives folkloriques n'est encore complètement dégagé de nos jours ; et pourtant, cette analyse folklorique s'est avérée insuffisamment efficace pour sortir de l'impasse d'une fondation impossible.