La Fronde des actes est aussi une « Fronde des mots ». L'action puise dans un « répertoire de contestation », elle use d'« un langage de gestes convenus » , d'« un langage qui s'élabore au coeur de l'événement » ; elle sert « un texte que les acteurs improvisent tout en se conformant à d'anciens canevas»… Manifester dans la grande salle du Palais, crier sur le passage de la reine ou d'un prince, fermer les boutiques, tendre les chaînes, élever des barricades, tirer des escopades durant la nuit, sonner le tocsin…, ce sont là expressions courantes dans l'idiome parisien de la révolte. Cette langue naturelle est-elle en usage sur le « théâtre » où Gabriel Naudé proposait d'exercer « les meilleurs coups d'État par le moyen de la populace»? Ou bien ce théâtre des esprits forts, qui est rituel et violence symbolique, se voit-il opposer un « contre-théâtre » démystificateur où ce qu'on appelle le «peuple” partirait en quête d'une balbutiante autonomie ?
On ne peut pas douter du caractère politique de la langue que firent parler les Parisiens contre le ministère, lors des barricades d'août 1648. « Logiques de la foule ». « Révoltes logiques ». Le logos séditieux se déploie en marge de l'historicité. Ses lois ne font pas appel à un développement historique, regrès ou progrès, elles dérivent des relations qu'entretiennent les divers foyers producteurs de représentations communes, de modèles de pensée et de comportement civiques.