L’attachement au pays d’origine est bien analysé pour les diasporas contemporaines afin de démontrer leur dimension transnationale et décrire leurs rapports avec l’état-nation. Pour les XVIe-XVIIIe siècles, en revanche, cette question pourtant fondamentale est minorée au profit des liens entre communautés. Souhaitant sortir des perspectives mono-confessionnelles qui limitent l’historiographie des diasporas modernes, ce travail s’appuie sur l’étude de quatre groupes dispersés : les séfarades, les catholiques britanniques, les huguenots et les morisques. La terre d’origine, qui grave son empreinte culturelle sur la diaspora, constitue un liant structurant fondamental : lieu de l’événement-déclencheur de dispersion et du martyre, elle apparaît comme le front de la résistance qui légitime l’existence de « l’arrière », la diaspora. Territoire matriciel, souvent mythifié et mobilisé dans les visions messianiques, elle est indissociable de la notion de retour.