Dans le monde atlantique du XVIIIe siècle, les gazettes et journaux politiques se copient, se traduisent, et se répondent. La technologie qui facilite le mouvement des informations à cette époque, c’est le paragraphe. Cette technologie de lecture ancienne devient au XVIIIe siècle l’unité de base des nouvelles imprimées, à la fois véhicule des messages politiques et instrument d’analyse de ces messages. Grâce aux interventions des rédacteurs, imprimeurs, lecteurs et capitaines de bateaux, les nouvelles changent de forme et de fond tandis qu’elles voyagent. Cet article, qui repose sur des études de journalisme en Europe, Grande-Bretagne et Amérique du Nord, met à profit une lecture comparative des périodiques de langues anglaise, française et espagnole pour décrypter les processus de création, de transmission et de réception des nouvelles. Il montre, à partir d’exemples précis tirés de la guerre d’indépendance américaine, l’oeuvre collective qu’est le journalisme transatlantique au XVIIIe siècle. Ce faisant, il met en valeur le paragraphe comme objet d’étude historique.