Cet article vise à expliquer la valeur cognitive de certaines œuvres littéraires grâce au concept d’« éthopée » (mimesis morale, peinture de mœurs). Cette notion d’origine rhétorique peut être élargie pour indiquer un genre transversal qui se situe au point d’intersection idéal entre littérature et connaissance, et qui peut être pratiqué par toutes les « sciences morales » – l’histoire, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie, etc. – se rapportant à la réalité humaine par le biais d’une représentation phénoménologique de l’ethos(caractère/mœurs au double sens individuel et collectif). On présentera donc cette conception de l’éthopée, dont on retracera la fortune à travers quelques jalons marquants de la tradition « moraliste » occidentale, d’Aristote et Théophraste aux romanciers réalistes modernes, en soulignant les continuités et les discontinuités qui ont caractérisé cette tradition, ainsi que les relations entre littérature et sciences humaines.