Développé autour de la conspiration d’esclaves africains en 1807, à Bahia, cet article s’intéresse, d’une part, à la présence africaine en contexte brésilien, aux mentalités religieuses, aux symboles politiques, à l’organisation, aux objectifs et stratégies des rebelles ; d’autre part, il examine la politique de contrôle et de répression du gouvernement colonial. Dans la capitale et dans les régions contiguës aux plantations de canne à sucre, la chasse aux suspects mit à jour un monde complexe de relations sociales, économiques et rituelles, qui englobait les esclaves, les affranchis et les maîtres. On découvre que, à côté de la résistance plus ouverte de la révolte, fleurissait une résistance sourde, moléculaire, caractérisée par la lutte pour des espaces d’autonomie, par la formation de réseaux de solidarité et par la construction d’identités où, cependant, les conflits – tant verticaux qu’horizontaux – ne manquaient pas.