Les historiens se prennent souvent de passion pour les périodes de « régression » ou de « déclin »; il semble que toute discontinuité, toute rupture introduite dans le cours linéaire de l' Histoire se doive d'être comblée en priorité. Et ainsi s'ébauche un foisonnement de reconstitutions, dont la hardiesse égale généralement la fragilité. Le « Moyen Age grec » (appellation impropre mais fréquente), ne fait pas exception à la règle. Une série de mythes historiques, cohérents d'ailleurs pour la plupart, s'est constituée, parfois dès l' Antiquité, afin d'établir une liaison satisfaisante pour l'esprit entre les données archéologiques dont le caractère spectaculaire frappait les imaginations (trésors de Mycènes, puissance des forteresses...) et la tradition orale (guerre de Troie, retour des Héraclides, etc.). Citons parmi ces mythes celui de la « conquête dorienne », responsable à la fois de l'effondrement du monde mycénien, de l'hilotisme à Sparte, de l'introduction de la métallurgie du fer, etc.