Il n'est pas de lieu public plus massivement présent en Algérie que le café. Seule la banalité du fait nous empêche sans doute de le voir.
En regard des lieux majeurs de l'économie et de la politique, de l'espace secret de la maison, qui ordonnent et contrôlent le lien social, il paraît anomique et sans valeur. Est-il pourtant un lieu de sociabilité par où passe plus continuement l'échange social ? Autrement prolifique que la mosquée, accordé comme elle aux heures de prières mais tout autant aux horaires de transport et de bureau, aux activités du marché, aux fluctuations du ciel et des saisons, au désœuvrement des sans-travail et au délassement du passant, n'est-il pas ouvert à tous (en fait à tous les hommes) et à tout moment ? La diversité de ses usages, la variété de ses formes, la multiplicité de ses ancrages et de ses clienteles.