Dans son article « Du Tage au Gange au XVIe siècle: une conjoncture millénariste à l’échelle eurasiatique », Sanjay Subrahmanyam propose comme exemple d’histoire connectée le millénarisme, qu’il caractérise comme l’idéologie de l’expansion impériale en Europe et en Asie. C’est un outil précieux que le projet d’histoire connectée, à mener parallèlement à l’histoire comparée (que j’ai moi-même pratiquée sur trois chantiers de recherche: la magie, l’Inquisition et l’expansion européenne), pour briser le carcan des historiographies nationales et dépasser les limites de l’historiographie mondiale. L’histoire connectée mise sur un niveau intermédiaire d’analyse, flexible et pertinent, en reconstituant les échanges sociaux, culturels, politiques et économiques concrets, non seulement dans le cadre de régions de frontières mais aussi dans celui de larges espaces intercontinentaux. Pour autant, je suis en total désaccord avec la thèse présentée par l’auteur ainsi qu’avec sa démarche, que je considère expéditive et en rupture avec les méthodes les plus élémentaires des sciences sociales.