Dans deux ouvrages influents, J. Israel a proposé de réinterpréter l’histoire intellectuelle des Lumières en mettant au premier plan l’influence massive de Spinoza sur un courant radical, démocratique, athée et égalitaire qui serait aux origines de la modernité européenne. Cet article présente et discute cette thèse en insistant sur la diversité des auteurs et des textes les plus hétérodoxes des Lumières, sur l’ambiguïté même du « spinozisme » comme catégorie historiographique, et en contestant la notion de « Lumières radicales ». Ce faisant, l’article essaye de réfléchir autrement à ce que pourrait signifier le radicalisme des Lumières, au regard des pratiques d’écriture et de publication, et s’interroge plus largement sur les différentes façons d’écrire aujourd’hui l’histoire intellectuelle des Lumières à l’échelle européenne.