Les lecteurs du Bulletin ont pu lire, dans notre précédent numéro, les conclusions du remarquable mémoire présenté à la section de chirurgie militaire du Congrès médical international de Rome par le Dr Tosi.

Nous croyons devoir extraire de ce rapport et reproduire ici le paragraphe qui concerne l'intervention de la Croix-Rouge sur le champ de bataille. Les idées émises par l'honorable rapporteur sur ce point tranchent, en effet passablement sur l'opinion qui a cours généralement dans les milieux militaires.

On sait que, des trois sociétés qui, en France, concourent à l'assistance volontaire des victimes de la guerre, une seule a dans ses attributions, en vertu de décrets officiels, l'établissement d'infirmeries de gare. C'est la «Société de secours aux blessés militaires», laquelle aussi fait seule partie de la Fédération internationale de la Croix-Rouge, et a, par conséquent, la faculté d'appeler à son aide, en cas de besoin, les sociétés similaires de l'étranger.

Art. 6. — Il est interdit dè vendre ou d'offrir en vente, dans le pays, des marchandises portant, sur des étiquettes, sur leur emballage ou ailleurs, l'emblème de la Croix-Rouge, tel qu'il a été adopté par la Convention de Genève du 22 août 1864, ou quelque désignation ou dénomination analogue et rappelant cet emblème.

Nous sommes à même, grâce à une brochure qui nous a été envoyée sur ce sujet, de donner, sur l'hôpital de la Société japonaise de la Croix-Rouge, quelques détails complémentaires, qui empruntent à la guerre de Corée un intérêt particulier.

Lorsque, en 1887, l'hôpital, qui avait été construit en 1884, à l'instigation du Dr Hashimoto, de retour de son voyage à Genève, fut devenu trop exigu pour satisfaire aux demandes croissantes, la cour impériale affecta une somme de 100,000 yen à la construction d'un bêtiment plus vaste, situé dans un quartier plus sain.

Dans une conférence sur les « Secours aus blessés dans les guerres maritimes », M. le médecin en chef Rouvier, membre du Conseil de santé de la marine, après avoir exposé en quoi consistent les apprêts faits habituellement sur les navires de guerre dans l'intérêt des blessés, et expliqué comment on procède, pendant et après un combat, pour porter secours à ces malheureux, a abordé la question de l'activité maritime des sociétés de la Croix-Rouge. Il a rappelé les diverses circonstances dans lesquelles, jusqu'ici, ce sujet a été mis à l'étude, et constaté que la solution du problème est toujours en suspens. Le conférencier lui-même ne se prononce pas à son sujet, mais il pense qu'elle doit être cherchée dans la direction indiquée par M. de Vogüé à la conférence de Rome, en 1892, c'est-à-dire en prenant pour point de départ le projet d'articles additionnels de 1868, plus ou moins modifié.

Au mois d'août 1892, ont eu lieu, près de Bordeaux, les manœuvres du service de santé du 18e corps d'armée, sous la haute direction de M. le général Caillard et de M. le Dr Morache, directeur régional du service de santé.

Le président du Comité départemental de la Croix-Rouge, M. le Dr Pery, et M. le capitaine de Marque, revêtus du brassard réglementaire, assistaient à ces manœuvres. L'excessive bienveillance avec laquelle ces délégués ont été accueillis, a démontré de la façon la plus heureuse que la Croix-Rouge faisait bien partie intégrante, à titre auxiliaire, du service de santé des armées.

Le rapport présenté par D. César Ordax-Avecilla au président de la Commission exécutive, sur un projet de règlementation des corps ouvrier et sanitaire de la Croix-Rouge à Madrid, est divisé naturellement en deux chapitres, consacrés l'un à l'organisation du corps des ouvriers ou travailleurs de la Croix-Rouge, l'autre à celle du corps sanitaire. Nous en indiquerons sommairement le contenu.

Un important ouvrage de médecine militaire vient de paraître à Paris, sous ce titre:

Les Maladies du Soldat, étude étiologique, épidémiologique, clinique et prophylactique, par le Dr A. Marvaud, médecin principal de 1re classe de l'armée, médecin-chef de l'hôpital militaire de Villemanzy à Lyon, professeur agrégé libre à l'école du Val-de-Grâce.

Pour assurer l'observation des règles imposées à des belligérants par la Convention de Genéve, il est indispensable que les autorités de chaque pays en fassent l'objet d'ordres directement adressés à leurs ressortissants. Les traités tracent aux peuples leurs devoirs réciproques, mais les Etats ne doivent pas se borner à les signer; il faut en outre qu'ils prennent des mesures pour que leurs sujets respectifs s'y conforment. La prudence veut que les gouvernements ne se reposent pas trop sur la fiction en vertu de laquelle tout individu est censé connaître la loi qui le régit, surtout quand la violation de cette loi peut les compromettre eux-mêmes envers l'étranger. De là la nécessité, pour les pouvoirs compétents, de reproduire dans les diverses législations nationales, les clauses des conventions internationales qui en sont le complément.

Le rapport qui a paru cette année embrasse une période d'activité de quatre ans, de 1889 à 1893.

En 1889 la Société perdit deux hommes profondément attachés à sa cause, M. Schnitler et M. Selmer. M. Schnitler était un des fondateurs de la Société; il fonctionna comme secrétaire de 1865 à 1867, et fut, depuis 1871 jusqu'à sa mort, membre de la Direction. M. Selmer y entra en 1880, lorsque le ministre d'Etat M. Stanz la quitta. Il fut élu président de la Direction, et conserva cette charge jusqu'à sa mort. La Société leur doit la plus grande reconnaissance pour leur travail assidu et dévoué.

Le rapport présidentiel, présenté à l'assemblée générale du 17 mai 1894 par M. le général duc d'Aumale, commence par rendre un pieux hommage à la mémoire du maréchal de Mac-Mahon. Cette perte, immense par elle-même, a entraîné la retraite de la maréchale de Mac-Mahon, à qui son affliction n'a pas permis de rester au sein du Comité des Dames, et qui a dû être remplacée par Mme la générale Février.

Le Conseil fédéral suisse a reçu du gouvernement néerlandais l'office suivant:

« Le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas à Monsieur le président de la Confédération suisse.

« La Haye, le 10 mars 1894.

« Monsieur le Président,

« Par une note du 30 janvier 1869, no 574, M. Rœst van Limbourg, à cette époque ministre des affaires étrangères du feu roi, mon auguste souverain, a eu l'honneur d'informer Son Excellence Monsieur le président de la Confédération suisse de l'adhésion donnée, par le gouvernement des Pays-Bas, aux articles additionnels à la Convention internationale du 22 août 1864 pour l'amélioration du sort des militaires blessés à la guerre, articles dont le projet avait été signé à Genève le 20 octobre 1868, de même qu'à la modification proposée dans l'un de ces articles par le gouvernement français.

Le cinquième Bulletin du Comité départmental de la Seineinférieure, résume sommairement les résultats de l'activité sociale à Rouen pendant l'année 1893. Toutes les mesures ont été prises pour pouvoir transformer en hòpitaux auxiliaires permanents une dizaine de vastes locaux, tant lycées qu'écoles ou pensionnats. Une compagnie de navigation s'est engagée à transporter les malades et les blessés, par la Seine, de Paris à Rouen et au Havre. Enfin, le matériel dont la Section peut disposer et qui se compose d'une voiture, d'un fourgon d'ambulance, de huits brancards sur roues, du matériel d'exploitation et des approvisionnements nécessaires à un hôpital auxiliaire de campagne pour cent malades, et à une infirmerie de gare pour quatre cent trente hommes, ainsi que d'une réserve considérable de lingerie, a atteint une valeur approximative de 30,000 francs.

Après aveir publié il y a six mois l'annonce du VIIIe congrès international d'hygiène et de démographie, qui doit se réunir à Budapest le premier septembre prochain, nous nous préparions à compléter aujourd'hui cette information par quelques renseignements supplémentaires relatifs à la XIIIe section, réservée à la Croix-Rouge, quand la lettre suivante est venue nous faire tomber la plume des mains:

A Monsieur le Président du Comité international de la Croix-Rouge.

Budapest, le 20 mars 1894.

Monsieur le Président,

Les buts humanitaires, si intimement liés à l'hygiène et que poursuivent les Sociétés de la Croix-Rouge, avaient amené le Comité d'organisation du Congrès à ménager une section spéciale pour la Croix-Rouge au sein de cette assemblée scientifique. Les questions placées à l'ordre du jour de cette section, questions fort importantes et actuelles, nous avaient fait espérer que les Sociétés de la Croix-Rouge ne refuseraient pas leur collaboration à notre assemblée scientifique; nous avions même compté avec certitude que les dites Sociétés prendrait la part la plus active à l'éclaircissement et à la discussion des questions sus-mentionnées.

Le premier numéro de notre Bulletin, du mois d'octobre 1869, disait, en annonçant cet ouvrage, dont la première édition venait de paraître: « Un traité sur les moyens de transport est une nouveauté dans la littérature médicale. Jusqu'à présent on se contentait d'aborder superficiellement ce sujet dans des ouvrages généraux ou dans des monographies destinées à préconiser telle ou telle invention, mais il n'était venu à l'esprit de personne d'en faire une étude complète et systématique, pour en dégager des principes rationnels, propres à guider dans la recherche des perfectionnements ultérieurs. L'ouvrage du Dr Longmore est donc en quelque mesure un événement dans la science. »

Le Comité central italien a entrepris en 1893, comme dans les années précédentes, des exercices pratiques, qui ont eu lieu avec 3 hôpitaux de guerre de 200 lits, et 4 de 50 lits. Elles se composèrent de sept expériences de mobilisation et d'un cours d'instruction.

L'autorité militaire suivit ces exercices avec l'intérêt habituel qu'elle porte à la Croix-Rouge, et, à la fin des manœuvres, le chef de l'état-major de l'armée adressa au président de la Croix-Rouge italienne une lettre pour lui exprimer sa satisfaction, le félicitant de l'excellent résultat auquel la Société était arrivée.

La guerre de 1866 qui, sans avoir pour théâtre la contrée avoisinant Eisenach, se déroula cependant dans les pays immédiatement environnants, suscita, par les misères qu'elle fit éclater à tous les yeux, la première idée de la constitution, à Eisenach, d'une branche de la Croix-Rouge. Fondée en 1868, par M. Coudray, avec vingt-quatre membres, la jeune Société se développa rapidement, et vit le nombre de ses membres, déjà plus que doublé à la fin de la première année, s'élever à cent trente-six en 1870.

Une question financière, qui est de nature à intéresser toutes les sociétés de la Croix-Rouge, a été soulevée en France dernièrement, et il nous paraît utile d'en dire ici quelques mots.

La quinzième assemblée générale, tenue à Budapest le 17 mai 1893, fut présidée par le comte André Czekonics. Avant de procéder à la lecture du rapport, le président so réjouit du développement que ne cesse de prendre l'œuvre de la Croix-Rouge en Hongrie et de l'intérêt que lui ont témoigné l'archiduc Joseph et l'archiduchesse Clotilde.