Le Conseil central de la Société française de secours aux blessés militaires, qui ne néglige rien et ne recule devant aucun sacrifice pour propager et rendre efficace l'œuvre éminemment patriotique créée pour secourir les blessés des armées, ne pouvait laisser passer l'occasion favorable que lui offrait l'Exposition internationale de Nice, sans chercher à augmenter encore les nombreuses sympathies que la Société compte déjà, en faisant connaître davantage le but philanthropique qu'elle poursuit et les moyens dont elle dispose pour l'atteindre.

M. J. Furley, notre fidèle correspondant, directeur du matériel de secours de l'Ordre des chevaliers de St-Jean de Jérusalem, en Angleterre, nous a adressé un volume de 120 pages, qui est une sorte de manuel du visiteur au département de la Croix-Rouge de l'Exposition internationale d'hygiène de Londres. Il a été rédigé par le docteur chirurgien-major, G.-J.-H. Evatt.

Dans notre précédent Bulletin nous avons parlé d'une publication de M. le Dr Gruby, dont la seconde partie ne devait pas tarder à suivre la première, seule parue à ce moment-là. Or, l'auteur a tenu parole, et nous sommes aujourd'hui en possession de l'ouvrage complet.

Nous ne nous étendrons pas sur le dernier fascicule, car ce n'est qu'une deuxième édition, revue il est vrai et augmentée, d'un travail dont nous avons rendu compte en 1880, et nous ne pourrions que répéter aujourd'hui les éloges que nous donnions alors à cette précieuse étude.

Le ministère de la guerre en Angleterre a publié récemment un manuel de législation militaire. Ce volume, fort in-80 de 1099 pages, avec table des matières, renferme, entre autres documents intéressants, une « Histoire de l'organisation et des lois militaires » et « Les coutumes de la guerre. »

On y trouve également les origines de la Convention de Genève de 1864, dont le texte traduit en anglais est publié pour la première fois dans un ouvrage militaire officiel émanant du ministère de la guerre anglais.

Le 16 novembre dernier s'est tenue à Paris, sous la présidence de Mme Wurtz, l'assemblée générale de l'Association des dames françaises. Le compte rendu de cette assemblée offre d'intéressants détails.

Tout en se félicitant de l'accroissement du nombre des membres de l'Association, qui atteindra probablement le chiffre de 5,000 dans le courant de l'année 1884, Madame la Présidente a dû reconnaître que la France est encore en retard sur l'Allemagne.

Parmi les travaux auxquels la Convention de Genève a donné lieu en France, il en est peu que nous puissions recommander à nos lecteurs autant que celui dont nous venons leur parler aujourd'hui. Il est dû à M. Jules Guelle, qui joint à la qualité de capitaine celle de docteur en droit, et remplit les fonctions de professeur de législation et d'administration à l'école de St-Cyr.

Les services de M. J.-S. Young, officier du commissariat et de l'état-major de transport de l'armée anglaise, ont été mis temporairement à la disposition de la Société nationale anglaise de secours aux militaires blessés et malades. M. Young est parti pour l'Egypte, comme représentant de la Société pendant les opérations militaires dans ce pays; il a été muni d'abondantes ressources pécuniaires, pour acheter sur place tout ce que le médecin officiel de l'organisation du commissariat ne pourrait pas procurer, ainsi que tout ce qui pourrait ajouter au confort des malades et blessés, dans les hôpitaux des champs de bataille ou durant leur transport d'une station à l'autre. La mission dont est chargé M. Young a l'approbation complète des autorités militaires.

M. le Dr Gruby, de Paris, est un admirateur fervent de la Croix-Rouge, et le livre qu'il vient de lui consacrer mérite assurément que nous le signalions à l'attention de nos lecteurs.

Il se compose de deux parties, fort différentes quant à leur objet, quoique se rattachant toutes deux soit à notre œuvre, soit à la dernière exposition universelle de Paris. Elles répondent au double but poursuivi par l'auteur. « Le mobile qui nous a poussé à faire et à publier cette étude, dont l'esprit est surtout historique et descriptif, » dit-il dans sa préface, « est autant le désir de faire connaître les appareils de secours présentés à l'exposition de 1878, que de chercher à répandre le goût et les idées qui doivent animer tous les hommes de cœur désireux de secourir les victimes de la guerre, d'aider à perfectionner le matériel nécessaire, d'instruire les hommes qui doivent jouer un rôle bienfaisant au milieu de la destruction, enfin de provoquer la création et le développement des Sociétés volontaires de secours aux blessés militaires.

Depuis longtemps les Sociétés de la Croix-Rouge se préoccupent des moyens de reconnaître les individus trouvés morts sur les champs de bataille, et de diminuer, par conséquent, le nombre toujours trop grand des inhumations de cadavres anonymes. Nous n'avons pas besoin de rappeler ici les motifs de cette sollicitude; la question, d'ailleurs, figure au programme de la prochaine conférence de Genève, et le rapporteur qui en sera chargé ne manquera pas de faire ressortir les grands intérêts qui s'y rattachent. Ce que nous voulons faire connaître aujourd'hui, c'est la manière dont elle a été résolue en France depuis peu de temps. Un livre récent contient sur ce sujet une note, dont nous croyons utile de reproduire la majeure partie.

Le matériel de secours présenté à l'Exposition nationale de Turin par la Croix-Rouge italienne, attire toujours l'attention des militaires et des philanthropes.

Sous le pavillon des chemins de fer, on voit un train pour voyageurs transformé en train-lazaret, ou, plus exactement, en un train destiné à l'évacuation d'un champ de bataille.

Lors du terrible tremblement de terre qui se fit sentir dans l'île d'Ischia le 28 juillet 1883, le Comité napolitain de la Croix-Rouge pensa qu'il ne devait pas demeurer inactif en présence de ce désastre, et que, si la lettre de ses statuts l'obligeait à ne s'occuper que des blessés et des malades en temps de guerre, l'esprit de son institution lui permettait d'agir. Il considéra la catastrophe d'alors comme une grande bataille livrée à sa porte, et se dit qu'il ne serait pas infidèle à sa mission en se rendant là où se portait l'armée elle-même, et où le service de santé militaire établissait ses ambulances. Il fut approuvé d'ailleurs par le Comité central de Rome, qui contribua à son œuvre en fournissant quatre superbes tentes, affectées à l'habitation temporaire d'autant de familles du bourg de Forio.

On voit rarement, depuis que l'œuvre de la Croix-Rouge existe, une exposition internationale dans le programme de laquelle le matériel de secours pour les militaires blessés ne soit pas mentionné. C'est que cela répond à un besoin de progrès, que notre institution a révélé et qui est aujourd'hui universellement senti. Perfectionner les objets dont le service sanitaire des armées peut faire usage, est bien un des moyens les plus efficaces d'améliorer le sort des blessés et des malades en campagne; on peut dire que ceux qui travaillent au développement des industries qui s'y rattachent, sont de précieux auxiliaires des Sociétés de la Croix-Rouge.

L'impulsion donnée par la Croix-Rouge aux progrès de la chirurgie militaire se traduit, non seulement par l'invention de procédés nouveaux et de méthodes perfectionnées, plus sûres ou plus expéditives, mais aussi par la publicalion d'ouvrages techniques propres à vulgariser les découvertes de la science. Celles-ci en effet ne doivent plus demeurer l'apanage exclusif des médecins militaires, instruits dans des écoles spéciales; il faut en faire bénéficier la grande armée des secoureurs civils, et pour cela mettre à leur portée, dans des livres d'une lecture facile et d'une étendue res treinte, les notions les plus utiles à l'exercice de leurs charitables fonctions.

« Les lois de guerre et la Convention de Genève, » tel est le titre d'un ouvrage que M. Pierre Bosco, lieutenant au 35me régiment d'infanterie italienne, a fait paraître cette année-ci, d'abord dans la Revue militaire italienne, ensuite en brochure.

L'auteur cherche comment ces habitudes ou lois de la guerre ont pris naissance et se sont développées; il en fait l'historique depuis les temps les plus reculés; les Grecs et les Romains ont méconnu toute loi de guerre, en niant l'égalité de traitement entre vainqueurs et vaincus, en surprenant même la bonne foi de l'adversaire, comme à Carthage.

L'exposé de nos travaux,, du 1er janvier au 31 décembre 1882, a élé publié l'année passée et nous le soumettons maintenant, avec le présent compte rendu, à l'assemblée générale des fondateurs et des membres de ce syllogue.

La Croix-Rouge hellénique, en sa qualité d'institution philanthropique, a démontré par des faits et de plusieurs manières, depuis l'époque de la fondation, comment elle entend accomplir son devoir. Elle a accordé des secours généreux, non-seulement aux blessés de la guerre, mais aussi aux victimes de divers grands désastres. Malheureusement les occasions ne lui ont pas manqué. En particulier, l'année dernière, elle a montré qu'elle n'hésite pas à remplir ses obligations internationales et à venir en aide aux frères malheureux qui ont besoin d'elle. Les victimes des tremblements de terre, aussi bien dans notre pays qu'à l'étranger, ont reçu des secours pécuniaires de notre Syllogue.

Au mois de février 1877 (10me année de Meiji) une révolte éclata à Kagoshima, dans l'île de Kiushiu, située à l'extrémité sud-ouest du Japon. Les insurgés, qui avaient à leur tête Takamori Saigo, opposèrent une résistance désespérée aux attaques des troupes impériales, envoyées à la hâte à leur rencontre. Il a fallu huit mois pour vaincre cette formidable insurrection.

L'exercice 1882–1883 a été marqué tristement par la mort du grand-duc Frédéric-François II, dont le nom était uni de la manière la plus étroite à l'œuvre de la Croix-Rouge. La grandeur de la perte qu'a faite la Société a été signalée dans le précédent rapport annuel; mais celui que nous résumons aujourd'hui donne l'assurance que l'œuvre mecklembourgeoise continuera à jouir de la protection du souverain, Son Altesse Royale le grand-duc Frédéric-François III ayant daigné accepter le protectorat de la Société, en déclarant que son intention est d'accorder à celle-ci le même appui et la même sollicitude dont elle avait été l'objet de la part de son bienheureux père.

La place nous manque pour noter tout ce que nous trouvons d'intéressant dans les 16 derniers numéros du « Messager de la Société Russe de la Croix-Rouge. » Nous nous bornons aux faits qui nous paraissent les plus importants.

Au mois d'avril, les sociétaires ont reçu le Rapport de l'Administration principale (Comité central) de la Société pour l'an 1881.