Le 14 mai 1903 le Comité international reçut un acte d'accession de l'Etat libre de Counani à la Convention de Genève, et il s'empressa de faire savoir au signataire de ce document, M. Adolphe Brezer (en indien Hayama Assu) chef du gouvernement du dit Etat, qu'il n'avait pas qualité, comme l'écrivain paraissait le croire, pour donner suite à cette déclaration faite « au nom du peuple counanien ». Il lui offrit toutefois de la transmettre officieusement à qui de droit, c'est-à-dire au Conseil fédéral suisse, lorsque le texte en aurait été revu et qu'on en aurait retranché le désir d'accéder aux articles additionnels de 1868, attendu que ceux-ci n'avaient jamais existé qu'à l'état de projet et que, même à ce titre, ils devaient être considérés comme n'existant plus depuis la Conférence de la Paix tenue à La Haye en 1899. Il pria également son correspondant occasionnel de le renseigner sur la situation du gouvernement counanien au point de vue du droit international, divers indices lui faisant craindre qu'elle ne fût pas absolument régulière.

La Société autrichienne atteint en 1904 sa 25me année d'existence et publie son 25me rapport sur l'année 1903. L'archiduchesse Marie-Valérie a continué à exercer sur la Société son bienveillant protectorat. La Société a eu le chagrin de perdre son vice-président, le comte von Hoyos-Sprinzenstein, qui avait exercé ces fonctions pendant quatorze ans; c'était le doyen des membres de la Croix-Rouge autrichienne. Il avait été le premier, en 1859, à porter des secours en personnel et en matériel aux malades et blessés, estimant que celui qui ne pouvait pas servir sa patrie les armes à la main devait d'une autre manière savoir faire des sacrifices pour elle. Cet esprit de sacrifice et de dévouement, il l'a abondamment manifesté au sein de la Croix-Rouge, dont toute l'histoire en Autriche est intimément liée à son nom. Une autre perte est celle de M. Langer, membre du Comité central, dont les conseils, pleins de bon sens, ont souvent été précieux pour la Société.

La séance est ouverte à midi, sous la présidence de M. Moynier.

M. le Président donne d'abord connaissance à l'assemblée de l'envoi à la Conférence d'une brochure intitulée: Projet d organisation d'hospitaliers militaires, par son auteur, M. le comte de Breda, ancien colonel de cavalerie, qui, dans une lettre adressée au Comité genevois, déclare qu'il a pris le plus vif intérêt à l'œuvre de la Conférence; il s'excuse sur une impossibilité matérielle de n'avoir pu assister à ses délibérations, comme il en avait eu jusqu'au dernie moment l'intention bien arrêtée.

Une étude sur le patriotisme, conflée à une élite d'écrivains, sera publiée prochainement, à Paris, par La Revue.

Ce périodique y a préludé dans son numéro du 1er janvier 1904, par un travail dû à la plume de M. Sully-Prudhomme, de l'Académie française, intitulé « Patrie et Humanité ».

M. le Dr H. Cramer, médecin d'état-major à Rostock, a publié récemment une monographie traitant du soin des malades dans le service sanitaire militaire et dans l'assistance volontaire envisagés dans leurs rapports réciproques. Nous l'avons annoncée dans nos Ouvrages reçus, mais nous désirons la présenter en quelques mots à nos lecteurs.

Dans notre dernier Bulletin nous avons publié la lettre du Comité de Vienne du 19 mai 1904 qui indiquait la manière dont la Société autrichienne avait donné suite aux vœux de la Conférence de 1902. Sur quelques points cependant, le Comité central avait désiré consulter son gouvernement et avait en conséquence différé ses communications.

Il est intéressant de rappeler que cet ouvrage a eu plusieurs éditions dont la première parut à Genève en 1862 (Imprimerie Jules-Guillaume Fick). Il eut à cette époque un grand retentissement par la description saisissante des misères et des souffrances des soldats blessés, émut l'opinion publique et inspira le Comité international lors de ses premiers travaux pour la fondation de la grande œuvre de la Croix-Rouge.

Nous exprimions, dans un précédent article, le vœu que le Dr Port complétât son remarquable enseignement sur l'improvisation des moyens de secours sur le champ de bataille, par un traité des procédés et appareils qu'il a introduits dans l'arsenal médico-militaire durant ces dernières années et qu'il a publiés partiellement dans différents périodiques. Il s'agit ici non plus de pansements, de fortune ou de modes de transport improvisés en hâte sur place, mais d'appareils répondant strictement aux besoins des blessés pour toute la durée de leur traitement, bien que fabriqués par les médecins et infirmiers militaires eux-mêmes au fur et à mesure des besoins, avec un matériel partout à disposition.

Ouverte à midi, sous la présidence de M. Moynier.

Il est donné connaissance à l'Assemblée, par M. le Président, de deux nouvelles adresses de sympathie envoyées à la Conférence.

L'une est une lettre datée de Stockholm, de l'honorable Dr Grähs, Suédois, qui avait été invité à assister à la Conférence, et qui ex prime tous ses regrets de n'avoir pu donner suite à cette invitation.

L'association des établissements hospitaliers de la Croix-Rouge, s'est réunie en assemblée générale à Stuttgart du 27 au 30 octobre 1903.

Dans la première séance, présidée par M. Chuchul, il fut donné lecture du rapport annuel qui constate entre autres que l'association compte un personnel féminin de 3479 personnes, soit sœurs proprement dites, soit auxiliaires théoriquement formées, et que 300 d'entre elles sont déjà réparties parmi les troupes officielles avec lesquelles elles devront partir en cas de mobilisation. Il constate en outre que depuis que le signe de la croix rouge est légalement protégé il tend à disparaître de la vie commerciale.

La Société bavaroise des dames de la Croix-Rouge se prépare à célébrer en novembre prochain le centième anniversaire de la fondation en Bavière de la première Société de dames ayant pour but les soins à donner aux prisonniers de guerre. A cette occasion on a complété l'histoire de la Société bavaroise des dames dont le premier volume avait été publié en 1894, lors du 25e anniversaire de la Société, et comprenait la période de 1580 à 1881; le deuxième, devant paraître au mois de novembre 1904, embrassera la période s'étendant de 1881 jusqu'à nos jours.

La coopération de la Croix-Rouge avec les syndicats professionnels en vue des secours à porter aux victimes d'accidents du travail, dont nous avons à plus d'une reprise entretenu nos lecteurs, continue à se développer dans différentes villes de l'Allemagne.

La Conférence internationale, désireuse de venir en aide aux blessés dans les cas où le service de santé militaire serait insuffisant, adopte les résolutions suivantes:

Article premier. — Il existe dans chaque pays un Comité dont le mandat consiste à concourir en temps de guerre, s'il y a lieu, par tous les moyens en son pouvoir, au service de santé des armées.

Ce Comité s'organise lui-même de la manière qui lui paraît la plus utile et la plus convenable.

La résolution IX de la Conférence de Saint-Pétersbourg était ainsi conçue:

Les vœux et résolutions de chaque conférence qui comportent une mise à exécution par les Sociétés de la Croix-Rouge, seront communiqués à ces dernières par le Comité central du pays où a siégé la conférence.

Les Sociétés de la Croix-Rouge, seront, en même temps, priées de faire connaître le plus tôt possible au Comité international la suite qu'elles ont pu donner à ces vœux et à ces résolutions et, en tout cas, d'adresser cette communication au Comité central qui convoquera la conférence suivante, pour que celui-ci puisse saisir cette conférence des réponses qu'il aura reçues.

Le Dr Kimmle, qui avait été appelé à remplacer provisoirement, en mars 1903, le secrétaire général des Associations allemandes de la Croix-Rouge, Dr Lieber, décédé le 14 mars, a été définitivement élu à ces fonctions dès le 1er juillet 1903.

Nous avons donné dans notre dernier numéro, d'après le journal allemand Das Rothe Kreuz un aperçu aussi complet que possible des délibérations intéressantes de la Conférence des comités des Associations allemandes de la Croix-Rouge, qui a eu lieu à Strasbourg du 4 au 6 juin 1903.

On a vu par notre dernier Bulletin que la Chine avait accédé à la Convention de Genève. Il ne sera peut-être pas sans intérêt pour nos lecteurs de lire l'échange de correspondance suivant, que le Comité international a eu avec le Ministère des affaires étrangères à Pékin, et qui peut-être n'a pas été indifférent à la détermination du gouvernement chinois. La lettre du 3 juin avait été écrite avant que la réponse du 3 avril (reçue le 4 août) nous fût parvenue.

Lorsque la Conférence de 1863 eut été dissoute, on se rendit compte qu'elle n'avait pas parachevé la tâche dont elle avait bien voulu se charger. Elle n'avait, par exemple, confié expressément à personne le soin de répandre les idées fécondes et nouvelles qu'elle venait de proclamer, de susciter la création de centres d'activité qu'elle avait reconnus nécessaires, ni surtout d'amener les gouvernements civilisés à exaucer les vœux qu'elle leur avait adressés. Il y avait là tout un programme de travaux à l'exécution desquels il fallait pourvoir, si on ne voulait pas courir le risque de laisser les créations désirées être mal comprises ou tomber dans l'oubli, et les malheureux dont la Conférence avait visé à améliorer le sort ne retirer aucun bénéfice de ses labeurs.

M. de Roskowski, député au Parlement autrichien, vient de publier dans la Revue de Droit International et de législation comparée, paraissant à Bruxelles, une monographie sur la loi autrichienne, concernant la protection de l'emblème de la Croix-Rouge.

Après avoir dit quelques mots de la fondation des Sociétés de la Croix-Rouge et de l'abus qui s'est bien vite introduit, dans un but de réclame ou de vanité, du signe adopté par elles pour distinguer leur personnel et leur matériel, l'auteur passe en revue les réactions que cet abus a amenées et les tentatives qu'il a fait naître pour la protection légale de cet emblème; il constate qu'il a été reconnu que le seul moyen efficace était la promulgation par chaque Etat de lois pénales réprimant ces abus. L'insigne de la Croix-Rouge a pour les Sociétés qui ont le droit de s'en servir la -valeur d'un nom. et mérite d'être protégée au même titre que les noms de famille des individus. En outre il y a très généralement dans l'usage abusif de ce nom une usurpation inspirée par le lucre qui doit être réfrénée.

La solidarité internationale qui existe entre les Croix-Rouges des différents Etats trouve à se manifester dans des catastrophes générales comme celle qui vient de frapper la ville d'Aalesund, en Norvège.